ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
Previous page
Page 7:284
qu'on le prenne; mot venu des Francs, qui étoient
libres: il est si ancien, que lorsque le Cid assiégea &
prit Tolede dans l'onzieme siecle, on donna des franchies ou franchises aux François qui étoient venus à
cette expédition, & qui s'établirent à Tolede. Toutes les villes murées avoient des franchises, des libertés,
des priviléges jusque dans la plus grande
anarchie du pouvoir féodal. Dans tous les pays d'états,
le souverain juroit à son avenement de garder
leurs franchises.
Ce nom qui a été donné généralement aux droits
des peuples, aux immunites, aux asyles, a été plus
particulierement affecté aux quartiers des ambassadeurs
à Rome; c'étoit un terrein autour de leurs palais;
& ce terrein étoit plus ou moins grand, selon
la volonté de l'ambassadeur: tout ce terrein étoit
un asyle aux criminels; on ne pouvoit les y poursuivre: cette franchise fut restreinte sous Innocent
XI. à l'enceinte des palais. Les églises & les couvens
en Italie ont la même franchise, & ne l'ont point dans
les autres états. Il y a dans Paris plusieurs lieux de
franchises, où les débiteurs ne peuvent être saisis
pour leurs dettes par la justice ordinaire, & où les
ouvriers peuvent exercer leurs métiers sans être passés
maîtres. Les ouvriers ont cette franchise dans le
faubourg S. Antoine; mais ce n'est pas un asyle,
comme le temple.
Cette franchise, qui exprime originairement la liberté
d'une nation, d'une ville, d'un corps, a bientôt
après signifié la liberté d'un discours d'un conseil
qu'on donne, d'un procédé dans une affaire: mais il
y a une grande nuance entre parler avec franchise, &
parler avec liberté. Dans un discours à son supérieur,
la liberté est une hardiesse ou mesurée ou trop forte;
la franchise se tient plus dans les justes bornes, & est
accompagnée de candeur. Dire son avis avec liberté,
c'est ne pas craindre; le dire avec frenchise, c'est
n'écouter que son coeur. Agir avec liberté, c'est agir
avec indépendance; procéder avec franchise, c'est
se conduire ouvertement & noblement. Parler avec
trop de liberté, c'est marquer de l'audace; parler
avec trop de franchise, c'est trop ouvrir son coeur.
Article de M. de Voltaire.
Franchise
Franchise de pinceau, ou de burin, (Peint. Gravure.) on entend par ce terme cette liberté & cette
hardiesse de main qui font paroître un travail facile,
quoique fait avec art. Rien ne caractérise mieux les
talens & l'heureux génie d'un artiste qui ne fatigue
point, & qui se joue en quelque sorte des difficultés.
Voyez Facilité, Liberté.
FRANCISCAINS
FRANCISCAINS, s. m. pl. (Ordre monastiq.) religieux
encore plus connus sous leur autre nom de
Cordeliers. Voyez Cordeliers; & joignez - y, avec
vos propres réflexions, les deux traits historiques
qui suivent, & qui méritent de n'être pas oubliés
dans l'histoire de ces religieux.
Si les Franciscains vénerent singulierement François d'Assise; s'ils lui attribuent tant de miracles, il
faut du - moins convenir que c'en fut un bien grand
qu'opéra ce fondateur, en multipliant son ordre, au
point que neuf ans après l'avoir fondé, il se trouva
dans un chapitre général qui se tint près d'Assise, cinq
mille députés de ses couvens. Aujourd'hui même,
quoique les Protestans leur ayent enlevé un nombre
prodigieux de leurs monasteres, ils ont encore sept
mille maisons d'hommes sous des noms différens, &
plus de neuf cents couvens de filles. On a compté par
leurs derniers chapitres cent - quinze mille hommes,
& environ vingt - neuf mille filles.
La querelle théologique de cet ordre avec les Dominicains plus puissans qu'eux, quoique moins nombreux,
paroît avoir pris sa source dans la seule jalousie.
La premiere occasion qui se présenta de la déployer,
tomba sur la naissance de la mere de J. C. Les
Dominicains ayant dit qu'elle étoit livrée au démon
comme les autres, les Franciscains crierent à l'impiété,
& soûtinrent qu'elle avoir été exempte du
péché originel. Les Dominicains s'appuyerent de
l'autorité de S. Thomas, de celle même de S. Bernard, appellé le soldat de la Vierge; & les Franciscains
de celle de Jean Duns, écossois, nommé improprement
Scot, mais fort connu en son tems par le titre
de docteur subtil. Voyez Immaculée Conception.
(D. J.)
FRANCISQUE
FRANCISQUE, s. f. (Hist. mod. milit.) arme faite en
façon de hache, dont se servoient les Francs; & c'est
peut - être de - là que lui vient son nom. Quoi qu'il en
soit, la francisque a été seulement en usage dans les
tems où les Francs n'accordoient à leurs rois qu'une
autorité très - bornée; ne connoissoient guere leurs
souverains dans le camp que comme genéraux de
soldats conquérans, & ne leur donnoient leur part
du butin, que selon que le sorz en décidoit: on sait
là - dessus ce qui arriva à Clovis, après sa victoire sur
Siagrius. Ce monarque voulant rendre à un évêque
un vase sacré qui avoit été pris dans un pillage, requit
de ses troupes qu'il ne sût point compris dans le partage
qui s'en devoit faire: mais un franc qui regardoit
cette pieuse libéralité du prince comme une entreprise
sur les droits de l'armée, donna un coup de
sa francisque sur ce vase, & dit fierement au roi, qu'il
ne disposeroit que de ce que le sort lui donneroit a
lui - même dans le partage du butin. Clovis, quoique
naturellement colere & terrible, fut obligé de dissimuler
le chagrin qu'il ressentoit de ce refus. N'osant
pas alors en tirer raison par l'autorité royale, il eut
recours l'année suivante à celle de général, en faisant
la revûe de ses troupes au champ de Mars; dans
cette revûe, il ne se contenta pas de reprimander ce
soldat, sous prétexte que ses armes étoient mal en
ordre, il lui arracha sa francisque, la jetta par terre,
prit la sienne, & lui en fendit la tête, en lui disant,
Souviens - toi du vase de Soissons: action bien indigne
d'un prince qui, en se faisant chrétien, auroit dû apprendre
à pardonner ou plûtôt à être juste. (D. J.)
FRANCKENDAL
FRANCKENDAL, (Géog.) petite, nouvelle, &
ci - devant forte ville d'Alsace, dans les états de l'électeur
palatin. Les François la prirent en 1688, & la
démolirent en 1689; elle fut rendue dans cet état,
par le traité de Westphalie à l'électeur palatin, qui
ne l'a guere rétablie; elle est proche le Rhin, à trois
lieues d'Heidelberg & de Spire, N. O. Long. 27. 4.
latit. 49. 28.
Heidanus (Abraham), grand partisan de Descartes, naquit dans cette ville l'an 1597, & mourut professeur
à Leyden en 1678. Sa theologie chrétienne a
été imprimée l'an 1686, en 2 vol. in - 4°. (D. J.)
FRANCKENSTEIN
FRANCKENSTEIN, (Géog.) ville de la haute
Silésie, dans la principauté de Munsterberg, mais qui
n'est guere connue que pour avoir été la patrie de
gens de lettres célebres, comme de David Pareus &
de Christophe Schillingius, auteur de poésies greques
& latines, imprimées à Genève, l'an 1580. Pareus, né en 1548, & disciple de Schilling, le surpassa
de beaucoup. Son commentaire sur l'épître de S. Paul
aux Romains, fut brûlé en Angleterre, parce qu'il
contient des maximes anti - monarchiques, qui ne plurent
pas à Jacques I. Ses oeuvres exégétiques ont été recueillies
en trois vol. in - fol. il est mort en 1622, à
l'âge de 74 ans, ou environ, & laissa un sils, qu'on
peut mettre au nombre des plus laborieux grammairiens
que l'Allemagne ait produits. (D. J.)
FRANÇOIS, ou FRANÇAIS
FRANÇOIS, ou FRANÇAIS, s. m. (Hist. Littérat. & Morale.) On prononce aujourd'hui Français, &
quelques auteurs l'écrivent de même; ils en donnent
pour raison, qu'il faut distinguer Français qui signifie
une nation, de François qui est un nom propre, comme
S. François, ou François I. Toutes les nations adoueis<pb->
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the
French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et
Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the
Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division
of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic
Text Services (ETS) of the University of Chicago.
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.