RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
Page 7:282
Selon la carte de la mesure de la terre donnée par M. Cassini, la France a d'orient en occident 220 lieues de large, & du nord au sud, depuis Dunkerque jusqu'aux fiontieres d'Espagne, 230, lieues de long. En prenant la France de biais, depuis la côte de Bretagne la plus éloignée jusqu'à Nice sur la côte de Provence, 250 lieues; & depuis les consins d'Espagne au midi de Bayonne, jusqu'aux confins d'Allemagne, du côté des Pays - Bas, 210 lieues ou environ. Ainsi en prenant 220 lieues pour milieu entre ces différences, cela donne pour l'etendue de la France 400 lieues quarrées. Ces lieues sont selon la même carte, de 25 au degré.
Dans cette étendue, l'air y est pur & sain, sous un ciel presque par - tout tempéré. L'Océan arrose la France d'un côté, & la Méditerranée de l'autre. Elle a de hautes montagnes & de belles rivieres. Son pays fertile & délicieux abonde en sel, grains, légumes, fruits, vins, &c. mines de fer, de plomb, de cuivre, &c. Il y a en France 18 archevêchés, 112 évêchés, 14777 couvents, 12400 prieurés, 1356 abbayes de religieux, 240 commanderies de l'ordre de Malthe, &c. On y compte 13 perlemens, 12 gouvernemens généraux, ou si l'on veut, 36 gouvernemens des provinces, & 25 universités, qui ne sont pas toutes célebres. Sa situation se trouve, selon l'académie des Sciences, entre le treizieme & le vingt - sixieme degré de longitude, & entre le quarante - deuxieme & le cinquante - unieme de latitude.
L'histoire de ce royaume, dit un homme de génie, nous fait voir la puissance des rois de France se former, mourir deux fois, renaitre de même; languir ensuite pendant plusieurs siecles: mais prenant insensiblement des forces, s'accroître de toutes parts, & monter au plus haut point; semblable à ces fleuves qui dans leur cours perdent leurs eaux, ou se cachent sous terre, puis reparoissent de nouveau, grossis par les rivieres qui s'y jettent, & entraînent avec rapidité tout ce qui s'oppose à leur passage.
Les peuples furent absolument esclaves en France, jusque vers le tems de Philippe - Auguste. Les seigneurs furent tyrans jusqu'à Louis XI. tyran lui - même, qui ne travailla que pour la puissance royale. François I. sit naître le commerce, la navigation, les lettres, & les arts, qui tous périrent avec lui. Henri le Grand, le pere & le vainqueur de ses sujets, fut assassiné au milieu d'eux, quand il alloit faire leur bonheur. Le cardinal de Richelieu s'occupa du soin d'abaisser la maison d'Autriche, le Calvinisme, & les grands. Le cardinal Mazarin ne songea qu'à se maintenir dans son poste avec adresse & avec art.
Aussi pendant neus cents ans, les François sont restés sans industrie, dans le desordre & dans l'ignorance: voilà pourquoi ils n'eurent part ni aux grandes découvertes, ni aux belles inventions des autres
Je suis très - dispensé d'entrer ici dans aucun détail
de l'état présent du royaume. Sa force réelle & telative;
la nature de son gouvernement; la religion
du pays; la puissance du monarque, ses revenus,
ses ressources, & sa domination, tout cela n'est igneré
de personne. L'on ne sait pas moins que les richesses
immenses de la France, qui montent peut - être en
matieres d'or ou d'argent, à un milliard du titre de
ce jour (le mare d'or à 680 liv. & celui d'argent à
50 liv.), se trouvent malheureusement réparties,
comme l'étoient les richesses de Rome, lers de la
chûte de la République. On sait encore que la capitale
forme, pour ainsi dire, l'état même, que tout
aborde à ce gouffre, à ce centre de puissance; que
les provinces se dépeuplent excessivement; & que
le laboureur accablé de sa pauvreté, craint de mettre
au jour des malheureux. Il est vrai que Louis XIV.
s'appercevant, il y a près d'un siecle (en 1666) de
ce mal invétéré, crut encourager la propagetion de
l'espece, en promettant de recompenser ceux qui
auroient dix enfans, c'est - à - dire de récompenser des
prodiges; il eût mieux valu remonter aux causes du
mal, & y porter les véritables remedes. Or ces causes
& ces remedes ne sont pas difficiles à trouver.
Voyez les articles
Francfort est partagé en deux par le Mein, que l'on y passe sur un pont de pierre. La partie qui est sur le bord septentrional du fleuve, porte proprement le nom de Francfort; on appelle l'autre Saxen - Hansen, c'est - à - dire les maisons des Saxons. Ces deux parties sont fortifiées avec des bastions à l'antique, un fossé plein d'eau, & un chemin - couvert.
Cette ville est la patrie de Charles le Chauve, roi de France: elle est riche, impériale, anséatique, peuplée, & marchande; on y tient deux foires chaque année, l'une au printems, & l'autre en automne, où entr'autres marchandises, il se fait un grand commerce de livres.
C'est - là que les électeurs se rendent pour élire un empereur ou un roi des Romains, conformément eu non conformément à la bulle d'or de l'empereur Charles IV. dont l'original se garde à la maison - de ville; c'est un parchemin in - 4°. de quarante - trois feuilles, selon Wagenseil.
Francsort est fameux par son concile de l'an 794,
un des plus célebres qui se soient tenus dans l'occident: Charlemagne, en qualité d'empereur, y eveiça
la même autorité qu'avoient autrefois les empereurs
d'orient dans les conciles, depuis qu'ils eurent
embrassé le Christianisme. On rejetta dans ce concile
le second concile de Nicée, dans lequel on avoit
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.