ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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dire: comme il paroît par divers écrits des Peres & autres monumens de l'Histoire ecclésiastique. Les Eglises même qui ne pouvoient pas se dire apostoliques, eu égard à leur fondation faite par d'autres que par des Apôtres, ne laissoient pas de prendre ce nom, soit à cause de la conformité de leur doctrine avec celle des Eglises apostoliques par leur fondation; soit encore parce que tous les Evêques se regardoient comme successeurs des Apôtres, ou qu'ils agissoient dans leurs dioceses avec l'autorité des Apôtres. V. Evêque.

Il paroît encore par les formules de Marculphe, dressées vers l'an 660, qu'on donnoit aux Evêques le nom d'apostoliques. La premiere trace qu'on trouve de cet usage, est une lettre de Clovis aux Prélats assemblés en concile à Orléans; elle commence par ces mots: Le roi Clovis aux SS. Evêques & très - dignes du Siége apostolique. Le roi Gontran nomme les Evêques assemblés au concile de Mâcon, des Pontifes apostoliques, apostolici Pontifices.

Dans les siecles suivans, les trois Patriarchats d'orient étant tombés entre les mains des Sarrasins, le titre d'apostolique fut réservé au seul Siége de Rome, comme celui de Pape au souverain Pontife qui en est évêque. Voyez Pape. S. Grégoire le grand qui vivoit dans le VI. siecle dit, liv. V. épit. 37. que quoiqu'il y ait eu plusieurs Apôtres, néanmoins le Siége du Prince des Apôtres a seul la suprème autorité, & par conséquent le nom d'apostolique, par un titre particuher. L'abbé Rupert remarque, L. I. de Divin. offic. c. xxvij. que les successeurs des autres Apôtres ont été appellés Patriarches; mais que le successeur de S. Pierre a été nommé par excellence apostolique, à cause de la dignité du Prince des Apôtres. Enfin le concile de Rheims tenu en 1049, déclara que le souverair. Pontife de Rome étoit le seul Primat apostolique de l'Eglise universelle. De là ces expressions aujourd'hui si usitées, Siége apostolique, Nonce apostolique, Notaire aposiolique, Bref apostolique, Chambre apostolique, Vicaire apostolique, &c. Voyez Nonce, Bref, &c. (G)

APOSTOLIQUES

APOSTOLIQUES, s. m. plur. (Théologie.) nom qu'Hospimen, & Bâle ou Balcé évêque d'Ossery, donnent à d'anciens moines autrefois répandus dans les îles Britanniques.

Ces deux Auteurs prétendent que Pélage si fameux par son hérésie, & qui étoit Anglois de naissance, ayant été témoin dans ses voyages en orient de la vie monastique, l'introduisit dans sa patrie, & qu'il fut abbé du monastere de Bangor, ayant sous sa conduite jusqu'à deux mille moines. Mais M. Cave dans son histoire littéraire, tom. I. pag. 291. quoiqu'il avoue que Pélage ait été moine, traite tout le reste de rêveries & de fables avancées sur l'autorité de quelques modernes, tels que Jean de Tinmouth, Nicolas Chanteloup, &c. écrivains sort peu respectables.

Bede dans son histoire d'Argleterre, liv. II. c. ij. fait mention de ce monastere de Bancor ou de Bangor, dans lequel on comptoit plus de 2000 moines: mais il ne dit rien du nom d'apostolique, qui paroît être entierement de l'invention de Bâle & d'Hospinien.

Bingham, de qui nous empruntons cet article, remarque qu'il y avoit en Irlande un monastere de Benchor, fondé vers l'an 520 par Congell, dont Saint Gal & S. Colomban furent disciples. Mais ou lui ou son traducteur se sont trompés, en prétendant que S. Colomban avoit fondé le monastere de Lizieux en Normandie: In Normaniâ Lexoviense monasterium. Il falloit dire: Luxoviense monasterium, le monastere de Luxeu ou de Luxeuil; & tout le monde sait que cette abbaye est située en Franche - Comté. Bingham, orig. ecclcsiast. lib. VII. c. ij. S. 13.

Apostoliques

Apostoliques, (Théologie.) nom que deux sectes différentes ont pris, sous prétexte qu'elles imi<cb-> toient les moeurs & la pratique des Apôtres.

Les premiers apostoliques, autrement nommés apotactites & apotactiques, s'éleverent d'entre les Encratites & les Cathares dans le troisieme siecle; ils professoient l'abstinence du mariage, du vin, de la chair, &c. V. Apotactites, Encratites, &c.

L'autre branche des apostoliques fut du XII siecle: ils condamnoient aussi le mariage; mais ils permettoient le concubinage; ne vouloient point admettre l'usage du baptême, & imitoient en plusieurs choses les Manichéens. S. Bernard écrivit contre la secte des apostoliques, & parle contre eux au sermon 66. sur les cantiques. Il paroît par Sanderus & Baronius qu'ils nioient le purgatoire, l'invocation des Saints, la priere pour les morts, & se disoient être le seul & le vrai corps de l'Eglise; erreurs qui ont beaucoup de rapport à celles des Albigeois qui parurent vers le même tems. Voyez Albigeois. (G)

APOSTROPHE

APOSTROPHE, s. f. (Belles - Lett.) figure de Rhétorique dans laquelle l'orateur interrompt le discours qu'il tenoit à l'auditoire, pour s'adresser directement & nommément à quelque personne, soit aux dieux, soit aux hommes, aux vivans ou aux morts, ou à quelqu'être, même aux choses inanimées, ou à des êtres métaphysiques, & qu'on est en usage de personnifier.

De ce dernier genre est ce trait de M. Bossuet dans son Oraison funebre de la duchesse d'Orléans: « Hélas, nous ne pouvons arrêter un moment les yeux sur la gloire de la Princesse, sans que la mort s'y mêle aussitôt pour tout offusquer de son ombre! O mort, éloigne - toi de notre pensée, & laisse - nous tromper pour un moment la violence de notre douleur par le souvenir de notre joie ».

Cicéron dans l'Oraison pour Milon, s'adresse aux citoyens illustres qui avoient répandu leur sang pour la patrie, & les intéresse à la défense d'un homme qui en avoit tué l'ennemi dans la personne de Clodius. Dans la même piece il apostrophe les tombeaux, les autels, les bois sacrés du mont Albain. Vos Albani tumuli atque luci, &c.

Enée dans un récit remarque, que si on avoit été attentif à un certain évenement, Troie n'auroit pas été prise.

Trojaque nunc stares, Priamique arx alta maneres. AEneid. II. L'apostrophe fait sentir toute la tendresse d'un bon citoyen pour sa patrie.

Celle que Démosthene adresse aux Grecs tués à la bataille de Marathon, est célebre; le cardinal du Perron a dit qu'elle fit autant d'honneur à cet Orateur, que s'il eût ressuscité ces guerriers. On regarde aussi comme un des plus beaux endroits de Cicéron, celle qu'il adresse à Tubéron dans l'Oraison pour Ligarius: Quid enim. Tubero, tuus ille districtus in acie Pharsalica gladius agebat? &c. Cette apostrophe est remarquable, & par la vivacité du discours, & par l'émotion qu'elle produisit dans l'ame de César.

Au reste il en est de l'apostrophe comme des autres figures. Pour plaire elle doit n'être pas prodiguée à tout propos. L'auditeur souffriroit impatiemment qu'on le perdît incessamment de vûe, pour ne s'adresser qu'à des êtres qu'il suppose toûjours moins intéressés que lui au discours de l'orateur.

Le mot apostrophe est Grec, A'W=OROFH\, aversio, formé d'APO\, ab, & de PEFW, verto, je tourne; quia orator ab auditore convertit sermonem ad aliam personam. (G).

Apostrophe

Apostrophe, s. m. est aussi un terme de Grammaire, & vient d'A'POPOFO, substantif masculin; d'où les Latins ont fait apostrophus pour le même usage. R. A'POÊTREFW, averto, je détourne, j'ôte. L'usage de l'apostrophe en Grec, en Latin & en François, est de

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