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Les Scythes avoient aussi cette barbare coûtume que les Tartares ont reçûe d'eux, si l'on en croit Cromer, Hist. de Polog. liv. VIII. & Strabon la rapporte aussi des anciens habitans de la Lusitanie, aujourd'hui le Portugal. Delrio regarde comme une branche de l'anthropomantie, le fanatisme des Hébreux qui sacrifioient leurs enfans à Moloch, dans la vallée de Tophet. Disquisit. magic. lib. IV. cap. ij. quoest. VII. sect. j. pag. 554. (G)
Les anthropomorphites sont d'anciens hérétiques qui, prenant à la lettre tout ce que Dieu dit de lui - même dans les Ecritures, prétendoient qu'il avoit réellement des piés, des mains, &c. en conséquence ils croyoient que les Patriarches avoient vû Dieu dans sa propre substance divine, avec les yeux du corps.
Ils se fondoient sur ce qu'il est dit dans la Genese, que Dieu fit l'homme à son image & à sa ressemblance. Les orthodoxes disoient au contraire, que Dieu est un être immatériel, & qui n'a aucune forme corporelle. Les anthropomorphites leur avoient donné le nom d'origénistes, par la raison, ajoûtoient - ils, que leurs adversaires tenoient d'Origene la méthode d'allégorier toutes les expressions de l'Ecriture qui ne favorisoient pas leur sentiment.
Saint Epiphane appelle les anthropomorphites, Audiens ou Odiens, d'Audius qu'on croit avoir été le chef de la secte. Audius étoit à peu près contemporain d'Arius. Il vécut dans la Mésopotamie.
Saint Augustin leur donne le nom de Vadiens, Vadiani.
Tertullien semble avoir donné dans l'erreur des anthropomorphites; on l'en disculpe: mais il n'est pas tout - à - fait aussi facile de le laver du reproche qu'on lui fait d'avoir crû que l'ame avoit une figure corporelle; erreur dont on attribue l'origine à quelques prophétesses de la secte de Montanus. (G)
On confond souvent les termes anthropopathie &
anthropologie; cependant, à parler strictement, l'un
doit être considéré comme le genre, & l'autre comme
l'espece; c'est par anthropologie qu'on attribue
à Dieu une chose, quelle qu'elle soit, qui ne convient
qu'à l'homme; au lieu qu'anthropopathie ne se
dit que dans le cas où l'on prête à Dieu des passions,
des sensations, des affections humaines, &c. Voyez
Les anthropophages sont des peuples qui vivent de
chair humaine. Voyez
Les cyclopes, les lestrygons & Scylla sont traités par Homere d'anthropophages ou mangeurs d'hommes. Ce Poëte dit aussi que les monstres féminins, Circé & les Syrenes, attiroient les hommes par l'image du
On apperçoit, long - tems après ces siecles, chez
les nations les plus policées, des vestiges de cette
barbarie, à laquelle il est vraissemblable qu'il faut
rapporter l'origine des sacrifices humains. Voyez
Les payens accusoient les premiers Chrétiens d'anthropophagie; ils permettent, disoient - ils, le crime
d'OEdipe, & ils renouvellent la scene de Thyeste.
Il paroît par les ouvrages de Tatien, par le chapitre
huitieme de l'apologie des Chrétiens de Tertullien, & par le IV
Quelques Auteurs font remonter l'origine de cette coûtume barbare jusqu'au déluge: ils prétendent que les géans ont été les premiers anthropophages. Pline parle des Scythes & des Sauromates, Solinus des Ethiopiens, & Juvenal des Egyptiens, comme de peuples accoûtumés à cet horrible mets. Voy. Pline, hist. nat. L. IV. c. xij. L. VI. c. xvij. xxx. L. VII. c. ij. Solin. Polih. c. xxxiij. Nous lisons dans Tite - Live qu'Annibal faisoit manger à ses soldats de la chair humaine pour les rendre plus féroces. On dit que l'usage de vivre de chair humaine subsiste encore dans quelques parties méridionales de l'Afrique, & dans des contrées sauvages de l'Amérique.
Il me semble que l'anthropophagie n'a point été le vice d'une contrée ou d'une nation, mais celui d'un siecle. Avant que les hommes eussent été adoucis par la naissance des arts, & civilisés par l'imposition des lois, il paroît que la plûpart des peuples mangeoient de la chair humaine. On dit qu'Orphée est le premier qui fit sentir aux hommes l'inhumanité de cet usage, & qu'il parvint à l'abolir. C'est ce qui a fait imaginer aux Poëtes qu'il avoit eu l'art de dépouiller les tigres & les lions de leur férocité naturelle.
Sylvestres homines sacer, interpresque deorum Coedibus & foedo victu deterruit Orpheus, Dictus ab hoc lenire tigres rabidosque leones. Horat.
Quelques Medecins se sont ridiculement imaginés avoir découvert le principe de l'anthropophagie dans une humeur acre, atrabilieuse qui, logée dans les membranes du ventricule, produit par l'irritation qu'elle cause, cette horrible voracité qu'ils assurent avoir remarquée dans plusieurs malades; ils se servent de ces observations pour appuyer leur sentiment. Un Auteur a mis en question si l'anthropophagie étoit contraire ou conforme à la nature. (G)
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