Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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CONSERVER. v. tr. Maintenir en bon état,
apporter le soin nécessaire pour empêcher
qu'une chose ne se gâte, ne dépérisse. Conserver
des fruits. Cette femme a grand soin de
conserver son teint. Les cornichons se conservent
dans le vinaigre. Des vins qui ne se conservent
pas. Porter des lunettes qui conservent la
vue. Une vie réglée conserve la santé.

Cette médaille est bien conservée, ce tableau,
ce monument est bien conservé,
se dit d'une
Médaille, d'un tableau, etc., qui ont encore
leur beauté, leur fraîcheur.

Il signifie quelquefois simplement Maintenir
dans un certain état ; et alors le complément
est accompagné d'un adjectif qui exprime cet
état. Conserver une chose intacte. Se conserver
pur au milieu de la corruption générale.

Il signifie encore Ne pas perdre, empêcher
qu'une personne ou qu'une chose ne périsse.
Il a conservé tous ses enfants. Les secours de
l'art n'ont pu le conserver à sa famille. Tout ce
qui contribue à conserver notre vie. Aucune
partie de ce bel édifice ne put être conservée.
C'est un dépôt que je dois défendre et conserver
au prix de mon sang. Un général était se conserver
pour ses soldats.
On le dit quelquefois en
parlant des Choses morales. L'histoire conserve
la mémoire des grandes actions.

Il se dit, particulièrement, de Ceux qui ont
beaucoup de soin de leur santé. C'est un homme
qui se conservera longtemps, qui sait se conserver,
qui a soin de se conserver. Être bien
conservé,
se dit des Personnes d'un âge avancé
qui ont encore un air de fraîcheur et de
santé.

Il signifie également Garder quelque chose,
ne pas s'en défaire, ne pas y renoncer. À la
paix, on ne conserva que tant de régiments. Il
a conservé ses anciens domestiques. Il n'a conservé
de ses livres, de ses meubles que ceux qui
lui étaient absolument nécessaires. Je conserve
cela pour vous. Je vous conserve cela. Ils ont
toujours conservé cet usage. Conservez-moi votre
amitié, votre protection, vos bonnes grâces, etc.
Je conserve encore un peu d'espoir. Je conserverai
toujours la mémoire de ce bienfait. Ils
conservent encore le souvenir de ce grand
jour.

Il signifie également Ne pas perdre ce qu'on
a, ne pas en être dépossédé, privé. Il n'a pu
conserver qu'une très faible partie de son bien.
Conserver son emploi. Conserver son rang. Cet
homme est si difficile à vivre qu'il ne peut conserver
un seul de ses amis. Cette ville conserve
quelques restes de son antique splendeur. Conserver
sa tranquillité. Conserver son sang-froid,
toute sa présence d'esprit. Conserver le jugement.
Conserver son innocence, son honneur, sa réputation.
Conserver ses droits, ses privilèges. Conserver
l'estime, les bonnes grâces de quelqu'un.

Absolument, Ce n'est pas tout que d'acquérir, il
faut savoir conserver.

Fig., Conserver sa tête, toute sa tête, Conserver
son jugement, soit dans la vieillesse, soit dans
des circonstances critiques.

CONSIDÉRABLE. adj. des deux genres.
Qui attire la considération par l'autorité,
l'influence morale ou sociale. C'est un personnage
fort considérable. Il s'est rendu considérable.
Il tient un rang considérable.

Il signifie aussi Qui mérite d'être considéré
en raison de l'importance, de la grandeur, du
nombre, de la quantité, etc. Ouvrage considérable.
Un temps considérable. Somme considérable.
Dépense considérable. Événement considérable.
Avantage considérable.

CONSIDÉRABLEMENT. adv. D'une manière
considérable. Sa fortune s'est augmentée
considérablement.

CONSIDÉRANT. n. m. Ensemble des motifs
d'un arrêt, d'une loi, etc. Le considérant de
cette loi est très bien rédigé. Les considérants
d'un arrêt.

CONSIDÉRATION. n. f. Action de considérer,
d'examiner d'une façon particulière.
Cela est digne de considération. Cela mérite
considération, demande une longue considération,
beaucoup de considération.

Cela est de peu de considération, Cela est de
peu d'importance, n'est guère à considérer.
Cette circonstance doit être de peu de considération
pour vous.

CONSIDÉRATIONS, au pluriel, signifie Réflexions,
observations orales ou écrites. On ne
l'emploie guère que dans les cas indiqués par
les exemples suivants : Présenter des considérations
à une assemblée, à une commission. Il
est entré dans de longues considérations sur ce
sujet.

CONSIDÉRATION signifie aussi Circonspection,
attention dans la conduite. C'est un
homme qui agit sans considération.

Il désigne encore le Résultat de l'action de
considérer, les raisons, les motifs qui, après
examen, vous portent à agir de telle ou
telle manière. Diverses considérations l'ont
porté à cette démarche. Pesez bien toutes ces
considérations. Aucune considération ne saurait
le retenir.

Mettre, faire entrer, prendre quelque chose en
considération,
En tenir compte. On prendra
vos services en considération, on fera entrer
vos services en considération.

EN CONSIDÉRATION DE, loc. prép. En tenant
compte de. Cette place lui fut accordée en
considération des services que sa famille avait
rendus à l'État.

Il se dit aussi de l'Estime qu'on a pour
quelqu'un. C'est à votre considération qu'il en
a usé si bien. C'est en votre considération qu'il
l'a fait. Il n'a de considération pour personne.
Si l'on vous pardonne, c'est par considération
pour votre père.

Il se dit pareillement des Marques d'attention
particulières qu'obtiennent les talents, les
vertus, ou que les dignités et les charges attirent.
C'est un homme de grande considération,
qui s'est acquis une grande considération. Il est
en haute considération. Cet homme ne jouit
d'aucune considération. On n'a nulle considération
pour lui. C'est un homme de peu de
considération, de nulle considération, sans considération
dans le monde.

Je suis avec considération, avec une parfaite
considération, avec une considération distinguée,
avec une haute considération, etc. Veuillez
agréer l'expression, recevez l'assurance de ma
parfaite considération.
Formules de politesse
par lesquelles on termine les lettres qu'on
écrit.

CONSIDÉRER. v. tr. Regarder attentivement.
Considérer une chose en elle-même ou
dans ses rapports avec une autre. Quand vous
aurez tout considéré, vous serez bien obligé
d'avouer que...

Il signifie aussi figurément Examiner attentivement
une chose avant de l'entreprendre,
avant d'agir de telle ou telle manière. Considérer
une affaire sous tous ses aspects. Il faut
bien considérer les choses avant que de s'engager.
Vous ne considérez pas le travail qu'il y a dans
cet ouvrage. Considérez quels avantages il vous
reviendra de votre bonne conduite. Considérez
combien ce parti vous serait avantageux.

Tout bien considéré, Tout étant examiné.

Il signifie particulièrement Tenir compte
de. Considérez les longs services qu'il vous a
rendus. Un juge intègre ne considère ni les personnes,
ni les recommandations. Je ne considère
que son mérite.

CONSIDÉRANT QUE, loc. conj. Formule qui
précède l'exposé des motifs d'un arrêté, d'une
loi.

CONSIDÉRER signifie encore Tenir en estime
à cause de la valeur morale ou sociale. C'est
un homme très considéré.

Il signifie de même Réputer, tenir pour.
Je le considère comme le meilleur écrivain de
son temps. Ses soldats le considéraient comme

un père. On doit considérer cet événement
comme la source de tous nos malheurs.

CONSIGNATAIRE. n. m. Celui qui est préposé
à la garde d'une consignation. Le consignataire
délivra les fonds.

Il se dit plus ordinairement, en termes de
Commerce maritime, du Négociant ou commissionnaire
auquel on adresse soit un navire,
pour qu'il en opère le désarmement et le réarmement,
soit les marchandises chargées sur
un bâtiment, pour qu'il les reçoive en dépôt
ou se charge de les vendre.

CONSIGNATEUR. n. m. Celui qui consigne.

CONSIGNATION. n. f. Dépôt d'une somme
ou d'autre chose entre les mains d'une personne
publique. Consignation judiciaire. Faire
une consignation au greffe. Frais de consignation.
Accepter une consignation. Des sommes
qui restent en état de consignation.

En termes de Palais, Consignation d'amende,
Action de déposer, préalablement à certains
actes, le montant de l'amende qui peut être
encourue par l'issue d'un procès.

Caisse des Dépôts et Consignations, Caisse
publique établie pour recevoir seule certaines
consignations et certains dépôts.

En termes de Commerce, Marchandises à la
consignation d'un tel, Marchandises en consignation,

Marchandises dont un tel est le
consignataire.

CONSIGNE. n. f. Ordre, instruction que l'on
donne à une sentinelle, à une vedette, au chef
d'un poste, sur ce qui doit être l'objet de sa
surveillance et sur ce qu'il doit faire ou
empêcher, etc. Donner la consigne. Observer
la consigne. Changer la consigne. Violer la
consigne. Manquer à la consigne. Les factionnaires
se transmettent la consigne. La consigne
est de ne laisser entrer personne. Forcer la
consigne.

Il désigne aussi une Punition donnée à
des soldats ou à des écoliers qui consiste à
les priver de sortie. Donner une consigne.
Lever une consigne.

Il se dit aussi de l'Endroit où, dans les
gares de chemins de fer, on dépose les bagages
au départ, en attendant qu'ils soient expédiés ;
à l'arrivée, en attendant qu'ils soient réclamés.
J'ai mis mes bagages à la consigne.

CONSIGNER. v. tr. Déposer une somme
entre les mains de quelqu'un, pour qu'elle
soit délivrée en temps et lieu à qui il appartiendra.
Consigner de l'argent au greffe, chez
un notaire, etc.

En termes de Commerce maritime, il signifie
Adresser à un consignataire. Il n'a pas voulu
recevoir les marchandises qui lui étaient consignées.

Il signifie encore figurément Rapporter,
citer dans un écrit. Ce fait est consigné dans
nos annales. Cette circonstance a été consignée
au procès-verbal.

Consigner quelqu'un, Donner des ordres
pour empêcher qu'il ne sorte, par punition.
Les soldats furent tous consignés dans leurs
casernes. On l'a consigné pour huit jours.

Par extension, L'école a été consignée.

Consigner des troupes, Les maintenir dans
leurs quartiers par mesure d'ordre. Comme on
craignait quelques troubles, le régiment a été
consigné.

Fig., Je l'ai consigné à ma porte, J'ai donné
ordre qu'on ne le laissât point entrer. On dit
aussi, par extension, Consigner sa porte.

CONSISTANCE. n. f. État d'un corps qui
prend un certain degré de solidité. Faire évaporer
un liquide jusqu'à consistance de sirop.

Il se dit aussi de l'État d'un corps dont les
parties sont liées entre elles de manière à offrir
une certaine résistance. Manquer de consistance.
Ce bois n'a pas assez de consistance. Ce
terrain n'a point de consistance, il est sablonneux,
fangeux, etc.

Il signifie au figuré Stabilité, fixité, permanence.

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