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On peut donc assûrer sans crainte de trop avancer, que la grande division des productions de la nature en animaux, végétaux, & minéraux, ne contient pas tous les êtres matériels: il existe, comme on vient de le voir, des corps organisés qui ne sont pas compris dans cette division. Nous avons dit que la marche de la nature se fait par des degrés nuancés, & souvent imperceptibles; aussi passe - t - elle par des nuances insensibles de l'animal au végétal: mais du végétal au minéral le passage est brusque, & cette loi de n'y aller que par nuances paroît se démentir. Cela a fait soupçonner à M. de Busson, qu'en examinant de près la
Mais sans nous arrêter davantage à la définition de l'animal, qui est, comme on voit, dès - à - présent fort imparfaite, & dont l'imperfection s'appercevra dans la suite des siecles beaucoup davantage, voyons quelles lumieres on peut tirer de la comparaison des animaux & des végétaux. Nous n'aurions presque pas besoin d'avertir qu'à l'exception de quelques réflexions mises en italique, que nous avons osé disperser dans la suite de cette article, il est tout entier de l'Histoire naturelle génér. & particuliere: le ton & les choses l'indiqueront assez.
Dans la foule d'objets que nous présente ce vaste
globe, (dit M. de Buffon, pag. 1.) dans le nombre
infini des différentes productions, dont sa surface est
couverte & peuplée, les animaux tiennent le premier
rang, tant par la conformité qu'ils ont avec nous,
que par la supériorité que nous leur connoissons sur
les êtres végétaux ou inanimés. Les animaux ont par
leurs sens, par leur forme, par leur mouvement,
beaucoup plus de rapports avec les choses qui les environnent
que n'en ont les végétaux. Mais il ne faut
point perdre de vûe que le nombre de ces rapports varie à
l'infini, qu'il est moindre dans le polype que dans l'huître,
dans l'>itre moindre que dans le singe; & les végétaux
par leur développement, par leur figure, par
leur accroissement & par leurs différentes parties, ont
aussi un plus grand nombre de rapports avec les objets
extérieurs, que n'en ont les minéraux ou les pierres,
qui n'ont aucune sorte de vie ou de mouvement.
Observez encore que rien n'empéche que ces rapports ne
var>ent aussi, & que le nombre n'>n soit plus ou moins
grand; en sorte qu'on peut dire qu'il y a des minéraux
>oins morts que d'autres. Cependant c'est par ce plus
grand nombre de rapports que l'animal est réellement
au - dessus du végétal, & le végétal au - dessus du minéral.
Nous - mêmes, à ne considérer que la partie
matérielle de nôtre être, nous ne sommes au - dessus
des animaux que par quelques rapports de plus, tels
que ceux que nous donnent la langue & la main, la
langue surtout. Une langue suppose une suite de pensées,
& c'est par cette raison que les animaux n'ont
aucune langue. Quand même on voudroit léur accorder
quelque chose de semblable à nos premieres appréhensions
& à nos sensations grossieres & les plus
machinales, il paroît certain qu'ils sont incapables
de former cette association d'idées, qui seule peut
produire la réflexion, dans laquelle cependant consiste
l'essence de la pensée. C'est, parce qu'ils ne peuvent
joindre ensemble aucune idée, qu'ils ne pensent
ni ne parlent, c'est par la même raison qu'ils
n'inventent & ne perfectionnent rien. S'ils étoient
doüés de la puissance de réfléchir, même au plus
petit degré, ils se>oient capables de quelque espece
de progrès; ils acquerroient plus d'industrie; les
castors d'aujourd'hui bâtiroient avec plus d'ar & de
solidité que ne bâtissoient les premiers castors; l'abeille
perfectionneroit encore tous les jours la cellule
qu'elle habite: car si on suppose que cette cellule
est aussi parfaite qu'elle peut l'être, on donne à cet
insecte plus d'esprit que nous n'en avons; on lui accorde
une intelligence supérieure à la nôtre, par laquelle
il appercevroit tout d'un coup le dernier point
de perfection auquel il doit porter son ouvrage, tandis
que nous - mêmes nous ne voyons jamais clairement
ce point, & qu'il nous faut beaucoup de réfle<pb->
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