Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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d'estramaçon. Il fut estramaçonné dans ce combat. Il n'a guère d'usage.

ESTRAMAÇONNÉ, ÉE, participe .

ESTRAPADE. s.f. On appelle ainsi un arbre, une espèce de potence, au haut de laquelle on élève les criminels, pour le laisser tomber à quelques pieds de la terre. Planter une estrapade. Quand il fut au pied de l'estrapade.

On appelle aussi Estrapade, Le supplice même qu'on fait souffrir à un soldat, en l'élevant au haut d'une longue pièce de bois, les mains liées derrière le dos avec une corde qui soutient tout le poids du corps, & le laissant tomber avec roideur jusqu'à deux ou trois pieds de terre. Donner l'estrapade. On l'a condamné à trois traits, à trois tours d'estrapade. Il a eu l'estrapade si rudement, qu'il en est demeuré estropié.

On appelle Double estrapade, Un tour que font les danseurs de corde, en passant deux fois tout le corps entre leurs bras, & la corde qu'ils tiennent.

On dit figur. & famil. Donner l'estrapade à son esprit, pour dire. Se fatiguer l'esprit à quelque chose de fort difficile.

ESTRAPADER. v.a. Faire souffrir l'estrapade. On l'a estrapadé.

ESTRAPADÉ, ÉE, participe .

ESTRAPASSER. v.a. Terme de Manège. Fatiguer, excéder un cheval, en lui faisant faire un trop long manége.

ESTRAPASSÉ, ÉE, participe .

ESTROPIER. v.a. Ôter l'usage d'un membre, soit par une blessure, soit par quelque coup. Il a reçu un coup de mousquet dans le bras, dans le genou qui l'a estropié. Il en sera estropié toute sa vie. Il est estropié d'un bras, d'une jambe. Il fut estropié à tel siége.

On le dit aussi par extension Des maladies qui ôtent l'usage de quelque partie du corps. Il lui est tombé un rhumatisme sur le bras, il en est estropié. Une paralysie l'a estropié.

En terme de Peinture, de Sculputure, on dit, Estropier une figure, pour dire, N'y pas observer les proportions.

On dit aussi, Estropier un passage, une pensée, &c. pour dire, En retrancher une partie essentielle qui en altère le sens.

ESTROPIÉ, ÉE, participe Un soldat estropié. Figure estropiée. Passage estropié. Pensée estropiée.

ESTURGEON. s.m. Sorte de gros poisson de mer, qui monte dans les rivières comme les saumons. Chair d'esturgeon. OEuf d'esturgeon. La pêche des esturgeons.

ÉSULE. s.f. Plante. Il y en a de plusieurs espèces. La plus connue se nomme Petite Ésule. C'est un bon Hydragogue.

ET (On ne prononce pas le T.) Conjonction qui lie les Parties d'Oraison, commes les noms, les pronoms, les verbes & les adverbes. Alexandre & Philippe. Le feu & l'eau. Bon & sage. Vous & moi. Chanter & danser. Sagement & fortement.

Elle joint aussi les membres d'une période. Il a fait telle chose, & il est encore sur le point de...

Elle joint encore les périodes mêmes, Et véritablement on ne sauroit nier que...

ET CÆTERA (le T de l'ET se prononce.) Mot qui a passé du Latin dans le François. Il signifie, Et autres personnes, & autres choses semblables.

Il est quelquefois substantif, pour signifier ce mot même. Le reste n'est exprimé que par un & cætera.

On dit communément & proverbialement, Dieu nous garde d'un qui pro quo d'Apoticaire, & d'un & cætera de Notaire.

On dit aussi à la fin d'un conte, d'un récit, Et de boire, & de rire, &c. pour dire, Que l'affaire dont on parle, se termine par boire, par faire rire, &c.

ÉTABLAGE. s.m. Ce qu'on paye pour l'attache; pour la place d'un cheval, d'un boeuf, &c. dans une écurie, dans une étable. Quand on prend de soin & l'avoine dans une hôtellerie, on ne paye point l'établage. Ce cheval ne vaut pas l'établage.

ÉTABLAGE est aussi Le droit qui se paye aux Seigneurs en plusieurs endroits, pour avoir la permission d'exposer des marchandises en vente.

ÉTABLE. s.f. Lieu où l'on met des boeufs, des vaches, des brebis & autres bestiaux. Étable à vaches. Étable à cochons. Notre Seigneur voulut naître dans une étable. Il signifioit autrefois Écurie.

On dit proverbialement, Fermer l'étable quand les chevaux n'y sont plus, pour dire, Vouloir empêcher un mal quand il est arrivé, quand il n'est plus temps d'y remédier.

ÉTABLER. v.a. Mettre dans une étable. Il y a dans cette hôtellerie de quoi établer tant de chevaux, tant de boeufs, tant de moutons.

ÉTABLÉ, ÉE, participe .

ÉTABLI. s.m. Espèce de grosse table dont les Menuisiers, Serruriers, Arquebusiers & autres ouvriers se servent pour poser les ouvrages auxquels ils travaillent. L'établi d'un Menuisier.

ÉTABLIR. v.a. Rendre stable, fixer. Établir sa demeure en quelque lieu. Cette Colonie est allée s'établir en tel endroit. Constantin établit le Siége de l'Empire à Constantinople. Il a bien établi sa fortune.

On dit, qu'Un homme est bien établi dans une maison, auprès d'un Prince, pour dire, qu'Il y a beaucoup de crédit.

On dit, S'établir une espèce de Jurisdiction, une espèce d'empire, pour dire, Se procurer une grande fortune, se faire une espèce de Jurisdiction, d'empire, &c.

Il signifie aussi, Mettre dans un état, dans un emploi avantageux, dans une condition stable. Ce père a établi tous ses enfans, les uns dans la robe, les autres dans l'épée. Ce Ministre a établi avantageusement ses amis. Cette fille est bien établie. Il s'est bien établi. Établir un homme dans une charge. Un tel fut commis pour l'établir dans l'exercice de son Office.

On dit en ce sens, qu'On établit une fille, pour dire, qu'On la marie.

Il signifie aussi, Donner commencement à

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