Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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COMBAT. n. m. Action par laquelle on
attaque et l'on se défend. Combat d'homme
à homme. Combat singulier. Appeler quelqu'un
au combat. Combat d'une armée contre une
autre armée. Combat à outrance. Combat opiniâtre.
Combat sur terre. Combat sur mer.
Combat naval. Livrer un combat.

Combat judiciaire, Manière de procéder
en justice, qui consistait à soutenir son droit
en se battant contre son adversaire.

Il se dit également de l'Action des animaux
que l'on fait battre les uns contre les autres.
Combat de coqs.

Être hors de combat, N'être plus en état de
combattre. On dit de même Mettre quelqu'un
hors de combat.
L'une et l'autre phrase s'emploient
au propre et au figuré.

COMBATS, au pluriel, s'emploie souvent en
poésie et dans le style élevé pour désigner la
Guerre. L'art des combats. Le dieu des combats.
Je chante les combats. Le destin des combats.
Au milieu des combats. L'honneur vous appelle
aux combats.

COMBAT se dit aussi de Certains jeux
publics des anciens, où l'on disputait de force
et d'adresse dans les différents exercices du
corps. Combats gymniques. Combat à la course,
à la lutte. Combat du ceste, de l'arc, etc. Les
combats de gladiateurs offraient un spectacle
barbare.

Il se dit figurément de Toute sorte de rivalité,
de débat, de lutte. Combat de civilité,
d'esprit, de générosité.

Il se dit encore figurément de la Lutte des
sentiments intérieurs, des mouvements opposés
que l'âme éprouve. Il faut soutenir bien des
combats pour vaincre ses passions. Il ne prit
ce parti qu'après bien des combats. La vie de
l'homme est un combat perpétuel.

Soutenir le bon combat, Lutter pour une
bonne cause.

Par analogie, Le combat des éléments.

COMBATIF, IVE. adj. Qui porte au combat.
Instinct combatif. Humeur combative.

Il s'emploie quelquefois comme nom et se
dit de Celui, de celle qui aime la lutte, la
dispute. C'est un combatif.

COMBATIVITÉ. n. f. Penchant que l'homme
et les animaux semblent avoir pour le combat.

Il s'emploie aussi figurément au sens de
Penchant à la dispute, à la contradiction.

COMBATTANT. n. m. Homme de guerre
marchant en campagne sous les ordres d'un
chef. Une armée de trente mille combattants.

Il se dit aussi de Ceux qui, dans une armée,
prennent part aux combats, par opposition
à ceux qui n'y prennent pas part, tels que
les employés de l'administration, les chirurgiens,
etc. Cette armée, forte de trente mille
hommes, ne comptait pas vingt mille combattants.

Fig. et fam., Le combat finit faute de combattants,
se dit quand tout le monde se retire
d'une discussion, d'une partie de jeu, d'un
bal, etc.

COMBATTRE. (Il se conjugue comme
BATTRE.) v. tr. Attaquer son ennemi, ou en
soutenir l'attaque. Combattre les ennemis. Il
est souvent employé intransitivement. Combattre
vaillamment. On a combattu vaillamment
de part et d'autre. Combattre à outrance. Combattre
de pied ferme. Combattre corps à corps.
Combattre à pied. Combattre à cheval. Combattre
contre, avec quelqu'un.

Il signifie quelquefois, dans une acception
plus étendue, Faire la guerre. Combattre pour
son pays, etc. Combattre les ennemis de son
pays.
Fig., tant au sens physique qu'au sens
moral. Aristote combat souvent Platon. Combattre
les difficultés. Combattre les raisons, les
sentiments, les opinions d'autrui. Combattre un
avis par des raisons solides. Cet orateur combattit
le ministère. Combattre les vices, les préjugés,
l'erreur. Combattre les penchants de quelqu'un.

Combattre contre l'injustice. Ces raisons
se combattaient dans son esprit.

Combattre une maladie, Employer les
remèdes que l'on croit propres à la faire cesser.
Il employa, pour combattre le mal, toutes les
ressources que son art put lui fournir.
On le
dit aussi de l'Action même des remèdes. Ce
remède pourra combattre le mal avec succès.

Combattre de civilité, de politesse, de générosité,
etc.,
Faire assaut de civilité, etc.

COMBE. n. f. Petite vallée, repli de terrain.
Cette source se cache au fond d'une combe.

COMBIEN. adv. de quantité. En quelle
quantité, en quel nombre. Combien y a-t-il de
personnes? Combien de fois est-il venu? Combien
de jours, combien de temps avez-vous mis
pour faire ce voyage? Combien avez-vous d'argent?
De combien de centimètres est-il plus
grand? Demandez-lui combien nous avons de
lieues à faire.

Il sert fréquemment à indiquer une Quantité,
un nombre considérable. Il est incroyable
combien cet auteur a écrit d'ouvrages, combien
cet auteur a écrit. Il y avait là je ne sais combien
de gens. Je sais combien il a de savoir et
de piété. Combien de gens,
ou absolument,
Combien voudraient être à votre place! Combien
de fois ne le lui ai-je pas dit! À combien
de tentations n'est-il pas exposé! Combien de
temps n'a-t-il pas fallu! Combien il a montré
de sagesse et de courage!

Il s'emploie aussi absolument, lorsque le
sens permet de suppléer aisément le nom
auquel il se rapporte. Combien avez-vous mis
pour faire ce trajet? De combien le surpasse-t-il
en hauteur? Demandez-lui combien il y a d'ici
à la ville. Il sera furieux quand il apprendra
combien vous dépensez.

Il signifie encore absolument, dans un sens
particulier, Quel prix. Combien vendez-vous
ce volume? Combien vaut cela? Combien cette
toile? Je ne sais combien cela lui a coûté. À
combien évaluez-vous cela?

Il signifie aussi À quel point. Si vous saviez
combien il vous aime! Combien cet homme-là
est au-dessus de l'autre! Combien il m'est
pénible de vous parler ainsi! Si vous saviez
combien cette opinion est pernicieuse!

Dans le style élevé, COMBIEN peut précéder
immédiatement l'adjectif. Combien vaines sont
nos espérances!

COMBINAISON. n. f. Assemblage de plusieurs
choses disposées deux à deux, ou de
plusieurs choses disposées entre elles dans un
certain ordre. Il se dit tant au sens physique
qu'au sens moral. La combinaison des lettres.
Faire une combinaison, des combinaisons,
pour voir l'effet que deux choses ensemble peuvent
produire. Des combinaisons de chiffres.
Des combinaisons très variées. Il y a dans ce
roman, dans cette comédie une combinaison
d'incidents qui est fort ingénieuse.

Par extension, Une combinaison ministérielle,
Accord de plusieurs hommes politiques
en vue de composer un ministère.

Il se dit encore figurément des Mesures,
des calculs par lesquels on prépare le succès
de quelque affaire. Après avoir fait bien des
combinaisons, il échoua dans son entreprise.
De sages combinaisons. De fausses combinaisons.
Les combinaisons de la politique.

En termes de Chimie, il se dit de l'Acte par
lequel deux ou plusieurs matières s'unissent
pour former un composé doué de propriétés
différentes. L'eau est formée par la combinaison
de l'oxygène et de l'hydrogène.

COMBINER. v. tr. Assembler plusieurs
choses en les disposant deux à deux; ou les
arranger, les disposer entre elles dans un certain
ordre. Il se dit tant au sens physique
qu'au sens moral. Combiner les nombres. Combiner
des lettres. Combiner des raisonnements,
des preuves, des incidents. Nos idées se combinent
de plusieurs manières.

Il se dit aussi figurément, en parlant de
Ce que l'on calcule ou qu'on dispose de manière
à parvenir à un certain résultat. Combiner
un plan. Il combina sa marche avec celle
du premier corps d'armée. Ces deux généraux
combinèrent habilement leurs opérations, leurs
manoeuvres. Des opérations mal combinées. Un
plan sagement combiné.

En termes de Chimie, il signifie Unir deux
ou plusieurs corps de manière qu'ils n'en forment
qu'un seul. Le cuivre peut se combiner
avec plusieurs autres métaux. Le gaz oxygène,
en se combinant avec un métal, en forme l'oxyde.
Une substance combinée avec une autre.

Le participe passé COMBINÉ se dit comme
nom, en termes de Chimie, de Tout corps qui
est le résultat d'une combinaison. Un combiné.

COMBLE. n. m. Ce qui peut tenir au-dessus
des bords d'une mesure, d'un récipient déjà
plein. Le comble d'une mesure.

Il signifie aussi Toute construction de bois,
de fer ou de maçonnerie, placée au-dessus
d'un édifice, pour soutenir la couverture
d'ardoises, de tuiles, de plomb, etc. Un comble
de charpente, de fer. Les ouvriers sont sur le
comble de la maison pour réparer la couverture.

On l'emploie également au pluriel dans ce
sens, et surtout en parlant des Logements
situés dans la partie la plus élevée d'une
maison, d'un édifice. Il loge dans les combles,
sous les combles.

DE FOND EN COMBLE, loc. adv. Voyez FOND.

COMBLE désigne figurément le Dernier
surcroît, le plus haut degré de quelque chose,
particulièrement de la gloire, de la joie, des
désirs, de l'affliction, des maux, des vices, etc.
Parvenir, arriver au comble des honneurs, au
comble de la fortune, au comble de ses désirs.
Il est au comble de ses voeux. Il a mis le comble
à ma félicité. Ce fut le comble de nos maux.
Le comble de son affliction, de sa douleur. C'est
le comble de l'effronterie. L'irritation des esprits
était au comble.

POUR COMBLE DE, loc. prép.; POUR COMBLE,
loc. adv. Pour dernier surcroît. Il tomba
malade, et pour comble de malheur, pour
comble de disgrâce,
ou simplement pour comble,
il perdit, peu de temps après, tout son bien.
Il gagna la bataille et, pour comble de gloire,
il fit le général ennemi prisonnier.

COMBLE. adj. des deux genres. Qui est
rempli jusque par-dessus les bords. Il ne se
dit proprement que des Mesures de choses
sèches, comme le blé, le seigle, la farine, etc.;
et il n'est d'aucun usage en parlant de la
Mesure des choses liquides. Mesure comble.

Fig., La mesure est comble, se dit en parlant
de Celui qui, par ses crimes, ou par ses fautes
réitérées, s'est rendu coupable au point de
ne devoir plus espérer de pardon.

Par extension, il se dit d'un Lieu rempli de
monde. Nous voulûmes entrer au spectacle;
mais il n'y avait plus de place, la salle était
comble.

COMBLEMENT. n. m. Action de combler
un creux, un vide. Le comblement d'un fossé,
d'un puits.

COMBLER. v. tr. Remplir une mesure, un
récipient jusque par-dessus les bords, tant
qu'il y en peut tenir. Combler une mesure, la
mesure.

Fig., Combler la mesure, Se rendre coupable
d'un dernier crime ou de fautes réitérées
qui ne permettent plus d'espérer de pardon.
Par sa dernière faute, il a comblé la mesure. On
dit aussi Leurs crimes, leurs fautes ont comblé
la mesure.

Fig., Combler une personne de biens, Lui
faire beaucoup de bien. On dit dans le même
sens Combler de bienfaits. Combler de grâces,
de faveurs. Combler d'honneurs. Combler de
présents, de gloire, de joie, de félicité, etc.

Fig., Combler les désirs, les voeux, les souhaits
de quelqu'un,
Les satisfaire, les remplir. Cette
union combla tous ses voeux.
Absolument, Il le
combla. Vous me comblez. Un homme comblé,

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