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Si l'on consulte d'une part la disposition des parties sur lesquelles cette maladie s'exerce, & de l'autre les causes qui y donnent communément lieu; malgré la déférence dûe aux auteurs qui ont travaillé à l'histoire des maux auxquels le cheval est sujet, on se persuadera difficilement que cet animal en a toûjours été exempt, & qu'il ne sauroit en être atteint. Ruini qui a consacré quinze chapitres de son ouvrage à l'exposition des infirmités de l'organe dont il s'agit, & qui parmi celles qu'il décrit compte, outre la fluxion lunatique, l'épiphora, c'est - à - dire un écoulement continuel de larmes, accompagné d'inflammation, de rougeur & de picotement, n'en fait mention que très - imparfaitement: tous les écrivains connus, qui l'ont précédé & qui l'ont suivi, se taisent entierement sur ce point; leur silence naîtroit - il donc de l'impossibilité réelle de l'existence de cet ulcere dans le cheval, ou la difficulté de le reconnoître à des signes certains & très - sensibles, leur en a - t - elle dérobé la présence? C'est ce qu'il est important d'approfondir.
Cette eau limpide, filtrée par la glande lacrymale, & à qui la cornée doit sa transparence, ainsi qu'à l'humeur aqueuse, n'étoit pas moins nécessaire à l'entretien de la netteté, de la flexibilité, de la mollesse, & de la mobilité des yeux du cheval que de l'homme. Ceux de l'un & de l'autre en sont également pourvûs; elle est versée lentement & sans cesse entre le globe & la surface interne de la paupiere supérieure. Le superflu de cette lymphe lacrymale, qui n'est pas toûjours dans une juste proportion, poussé dans un espece de canal, qui résulte de la forme & du concours des bords des paupieres, est détermine vers le grand angle. Là elle frappe contre la caroncule lacrymale, & ne pouvant surmonter l'obstacle que lui oppose cette digue, elle est renvoyée à quelques lignes du même angle, vers les orifices des points lacrymaux qu'elle enfile, & qui sont chargés de la reprendre: un canalrépond à chacun de ces points; & ces canaux, dénommés ainsi que ces mêmes points qui en sont les ouvertures, se rendent dans un réservoir appellé le sac lacrymal; ce sac ou cette poche membraneuse m'a constamment paru plus petite que celle de l'homme. A peine a - t - elle reçu la sérosité qui lui est envoyée, qu'elle la verse & s'en décharge dans le canal nasal qui, percé dans l'os angulaire & pénétrant dans les fosses nasales, y vuide la liqueur inutile & surabondante, dont il est question.
Supposons ensuite de ce détail anatomique, la grande acreté de cette liqueur, conséquemment à l'acrimonie de la masse du sang en général, ou conséquemment à quelqu'autre cause, il n'est pas douteux que la membrane qui forme le sac sera irritée; elle se resserrera; elle comprimera les vaisseaux répandus dans son tissu, & sera considérablement enflammée. Les larmes obligées dès lors d'y séjourner, & se pervertissant toûjours davantage, l'inflammation accroîtra au point que les vaisseaux sanguins, & même les vaisseaux lymphatiques, souffriront une rupture, & le mélange disproportionné des liqueurs hors de leurs canaux, donnera incontestablement lieu à l'anchilops, c'est - à - dire à un abcès. La com<cb->
Telle est en peu de mots la marche de cette maladie, & telle est aussi son dernier degré. J'ose dire qu'il suffit d'appercevoir dans l'animal un assemblage de parties destinées à l'absorption de la lymphe lacrymale, qui ne different point de celles qui, dans le corps humain, sont préposées aux mêmes fonctions, pour les croire susceptibles des mêmes dérangemens; & si l'on ajoûtoit à cet argument, tiré de l'uniformité du méchanisme qui nous a frappé, ceux que suggere la source la plus ordinaire des altérations fréquentes de cet organe dans le cheval, tous les doutes s'évanoüiroient. J'avoue que tous les signes de cette fistule ne se montrent point avec autant d'évidence au maréchal qu'au chirurgien; l'inflammation de la peau se dérobe à sa vûe; la tumeur, pour être apperçue, veut être considérée de près; le larmoyement, d'abord peu considérable, ou ne fixe point son attention, ou il en accuse une infinité d'autres causes; il ne peut s'assûrer par aucun moyen de la sécheresse d'une des cavités des nasaux, &c. mais la rougeur de la conjonctive, l'écoulement abondant des larmes, l'espece de chassie qui aglutine les paupieres en ce même lieu, l'ulcération des points lacrymaux & de la caroncule, le reflux de la liqueur purulente par ces points, l'égylops, & tous les autres symptomes que j'ai décrits, sont d'une nature à ne devoir pas lui échapper; ainsi il est très - difficile de ne pas attribuer le silence, dont je me suis proposé d'abord de rechercher la raison, ou à une profonde ignorance, ou à un oubli toûjours condamnable.
Quoi qu'il en soit, certain & assûré de la possibilité
de cet accident, que j'ai observé moi - même dans un
cheval, accident qui peut non - seulement être occasionné,
ainsi que je l'ai dit, par le vice de la masse,
mais encore par des coups, par l'inflammation, &
l'épaississement de la membrane muqueuse, si souvent
attaquée dans l'animal par un polype situé tr&eagrave;s avant
dans une des fosses nasales, par les retours réitérés
des fluxions, & principalement de celle que
nous distinguons des autres par le terme de fluxion
lunatique; je me crois obligé d'indiquer les moyens
d'y remédier.
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