Fief roturier, feudum ignobile, est celui qui
n'a ni justice, ni censive, ni fief mouvant de lui.
En Artois on nomme fief roturier celui qui n'a ni
justice ni seigneurie, c'est - à - dire qui est sans mouvance.
Ce fief roturier ne peut pas devenir noble,
c'est - à - dire acquérir des mouvances par le bail à cens
ou à rente seigneuriale du gros domaine du fief, sans
le consentement du seigneur dominant; mais si le
seigneur ou ses officiers y ont une fois consenti, les
baux à cens ou à rentes seigneuriales subsistent, &
de roturier que le fief étoit auparavant, il devient
fief noble; de sorte qu'en Artois il est permis aux
seigneurs de donner la justice & la seigneurie au fief
roturier. Voyez Maillart, sur l'art. 17. de la coûtume
d'Artois.
Le fief roturier de Bretagne n'est pas proprement le
fief, c'est la terre du fief donnée à cens, ou à rente,
ou autre devoir roturier; il est ainsi nommé fief roturier, parce que la terre du fief est possédée par un
roturier, ou du moins roturierement; car le devoir
retenu est toûjours noble dans la main de celui qui
le perçoit, & il se partage comme noble. Voyez Guyot,
instit. féod. ch. j. n°. 5.
On entend aussi quelquefois par fief roturier, celui
qui étoit chargé de payer des tailles, des corvées,
& autres services de vilain, c'est pourquoi on l'appelloit
aussi fief vilain. Voyez
Fief cottier, Fief noble, Fief nonnoble, Fief rural , & l'ancienne
coûtume de Normandie, chap. liij. à la fin. (A)
Fief royal
Fief royal, est celui qui a été concédé par le
roi avec titre de dignité, comme sont les principautés,
duchés, marquisats, comtés, baronies: ces sortes
de fiefs donnent tous le titre de chevalier à celui
qui en possede un de cette espece. Voyez Loyseau,
en son traité des offices; Cowel, lib. II. instit. tit. ij.
§. 7. (A)
Fief rural
Fief rural, dans quelques coûtumes est la même
chose que fief non noble; il en est parlé dans la
eoûtume de Nivernois, tit. jv. art. 27. 28. 29. &
dans celle d'Acqs, tit. ij. Dans ces coûtumes le fief
noble est celui auquel il y a justice ou maison fort
notable, édifice, motte, fossés, ou autres semblables
signes de noblesse & d'ancienneté; tous autres
fiefs sont réputés ruraux & non nobles. (A)
Fief de Ser genterie
Fief de Ser genterie, c'est un office de sergent
tenu en fief, comme il y en a dans plusieurs provinces,
& même au châtelet de Paris. Voyez Huissiers - fieffés & Sergenterie - fieffée. (A)
Fief servant
Fief servant, est celui qui releve d'un autre
fief qu'on appelle fief dominant, lequel est lui - même
fief servant à l'égard du fief suzerain; il est ainsi appellé
à cause des services & devoirs qu'il doit au
seigneur dominant.
Le fief servant, quant aux profits, est régi par la
coûtume du lieu où il est affis; & quant à l'honneur
du service, par la coûtume du lieu du fief dominant.
Voyez Coquille, tom. II. quest - 267. & Bouvot, troisieme partie, au mot charge de fief. Voyez ci - devant
Fief dominant & Foi & Hommage. (A)
Fief servi
Fief servi, est celui dont le possesseur a acquitté
les droits & devoirs qui étoient dûs au seigneur dominant.
Quand le fief est ouvert, il n'est pas servi;
ou bien on dit que le seigneur n'est pas servi de son
fief. Voyez Fief ouvert. (A)
Fief simple
Fief simple, est celui qui n'a aucun titre de dignité.
Voyez ci - devant Fief de dignité.
Le terme de fief simple est aussi opposé à fief lige.
Voyez ci - devant Fief lige.
En quelques pays, comme en Dauphiné, on entendoit
par fief simple, celui qui étoit sine mero &
mixto imperio, c'est - à - dire qui n'avoit ni la haute ni
la moyenne justice, mais seulement la justice fonciere,
qui n'attribuoit au seigneur d'un tel fief d'autre
droit que celui de connoître des différends mûs
pour raison des fonds qui en relevoient. Cette jurisdiction
étoit fort limitée, car tous les hommes liges
du dauphin pouvoient appeller à sa cour des jugemens
rendus par d'autres seigneurs, quand ils ne
vouloient pas y acquiescer. Il y a même un article
du statut delphinal, qui restraint encore davantage
la jurisdiction attachée à ces fiefs simples, ne leur attribuant
la connoissance des causes dont on a parlé,
qu'au cas exprimé par ces paroles, quod querelantes
de & super ipsis rebus velint ad eos recurrere. Voyez
l'hist. de Dauphiné, par Valbonay, discours ij. p. 5.
(A)
Fief a simple Hommage lige
Fief a simple Hommage lige, est un fief lige
qui est simplement chargé de l'hommage, sans aucun
autre droit ni devoir seigneurial. Voyez la coûtume de
Cambrai, tit. j. art. 46. 47. 49. 50. 51. (A)
Fief de sodoyer dans les Assises de Jérusalem
Fief de sodoyer dans les Assises de Jérusalem, est dit pour fief de solde, feudum soldata,
seu stipendium. C'étoit lorsqu'on donnoit à un noble,
à titre de fief, une certaine provision alimentaire &
annuelle, qui n'étoit pas néanmoins assignée sur la
chambre ou thrésor, ni sur les impositions publiques:
ce fief étoit viager. Voy. Razius, part. XII. de feudis,
§. 32. (A).
Fief de Solde
Fief de Solde, voyez ci - devant Fief de sodoyer.
Fief solide
Fief solide ou entier, solidum, dans les constitutions
de Catalogne, est la même chose que fief
lige. Voyez
Fief entier, Fief lige
. (A)
Fief subalterne
Fief subalterne, subfeudum, retrofeudum, est
celui qui est d'un ordre inférieur aux fiefs émanés directement
du souverain: c'est la même chose qu'arriere - fief. Voyez Arriere - fief. (A)
Fief supérieur
Fief supérieur, est celui dont un autre releve
médiatement ou immédiatement. Voyez ci - dev.
Fief dominant, Fief inférieur, Fief servant, Fief suzerain
au mot Suzerain. (A)
Fief taillé
Fief taillé, talliatura, en termes de Pratique,
est un héritage concédé à titre de fief, avec de certaines
limitations & conditions; car le terme talliare
signifie fixer une certaine quantité, limiter. Cela arriveroit,
par exemple, si le fief n'étoit donné que pour
le possesseur actuel, & ses enfans nés & à naître en
légitime mariage; tellement que le vassal venant à
mourir sans enfans, le fief retourneroit au seigneur
dominant.
Le fief taillé paroît différent du fief restraint & abre<pb->
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