ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 1:409

d'anathème à toutes les offrandes, mais principalement à celles qu'on suspendoit aux piliers ou colomnes, & aux voûtes des églises, comme des monumens de quelque grace ou faveur signalée qu'on avoit reçûe du ciel. Bingham, Orig. ecclés. tome III. liv. VIII. c. viij. S. I. (G)

ANATOCISME

ANATOCISME, s. m. (Comm.) contrat usuraire où l'on stipule un intérêt de l'intérêt même uni au principal.

Ce mot est originairement Grec. Cicéron l'a employé en Latin, & il a passé dans la plûpart des autres langues: il vient de la préposition A'NA\, qui dans les mots composés signifie répétition, ou duplication, & de TOXO, usure.

L'anatocisme est ce que nous appellons vulgairement l'intérêt de l'intérêt, ou l'intérêt complsé. Voyez Intérêt.

C'est la plus criminelle espece d'usure; elle est sévérement condamnée par les loïs Romaines, & par le droit commun de la plûpart des nations; elle est contraire au droit naturel & divin; nulle autorité n'en peut accorder ni la dispense ni l'absolution, même à l'article de la mort, sans la restitution, ou du moins la promesse de restituer, si on le peut, tout le bien acquis par ce crime, également opposé à la justice & à la charité. Voyez Usure. (H)

ANATOLIE

* ANATOLIE. Voyez Natolie.

ANATOMIE

* ANATOMIE, s. f. (Ordre encycl. Entend. Raison, Philosophie ou Science, Science de la nat. Physiq. générale, particul. Zoologie, Anatomie simple & comparée.) C'est l'Art de disséquer ou de séparer adroitement les parties solides des animaux, pour en connoître la situation, la figure, les connexions, &c. Le terme Anatemie vient de A'NATEMNW, je coupe, je disseque. Il a différentes acceptions. S'il se prend, comme on vient de le dire, pour l'art de disséquer, il se prend aussi pour le sujet qu'on disseque ou qu'on a disséqué; & quelquefois même pour la représentation en plâtre, en cire, ou de quelque autre maniere, soit de la structure entiere, soit de quelqu'une des parties d'un animal disséqué. Exemple: il y a au cabinet du Roi de belles anatomies en cire.

But de l'Anatomie. Le but immédiat de l'Anatomie prise dans le premier sens, ou considérée comme l'art de disséquer, c'est la connoissance des parties solides qui entrent dans la composition des corps des animaux. Le but éloigné, c'est l'avantage de pouvoir à l'aide de cette connoissance, se conduire sûrement dans le traitement des maladies, qui sont l'objet de la Medecine & de la Chirurgie. Ce seroit sans doute une contemplation très - belle par elle - même, & une recherche bien digne d'occuper seule un Philosophe, que celle de la figure, de la situation, des connexions des os, des cartilages, des membranes, des nerfs, des ligamens, des tendons, des vaisseaux artériels, veineux, lymphatiques, &c. mais si on ne passoit de l'examen stérile des parties solides du corps à leur action sur les parties fluides, sur le chyle, sur le sang, le lait, la lymphe, la graisse, &c. & de là à la conservation & au rétablissement de la machine entiere; ce travail retomberoit dans le cas de beaucoup d'autres travaux, qui font un honneur infini à la pénétration de l'esprit humain, & qui seront des monumens éternels de sa patience, quoiqu'on n'en ait retiré aucune utilité réelle.

Avantages de l'Anatomie. Lorsqu'on examine combien il est nécessaire de connoître parfaitement le méchanisme de l'ouvrage le plus simple, quand on est préposé par état, soit à l'entretien, soit au rétablissement de cet ouvrage, s'il vient à se déranger; on n'imagine guere qu'il y ait eu & qu'il y ait encore deux sentimens différens sur l'importance de l'Anatomie pour l'exercice de la Medecine. Lorsqu'on s'est dit à soi - même que, tout étant égal d'ailleurs, celui qui connoîtra le mieux une horloge sera l'ouvrier le plus capable de la raccommoder, il semble qu'on soit forcé de conclurre que, tout étant égal d'ailleurs, celui qui entendra le mieux le corps humain, sera le plus en état d'en écarter les maladies; & que le meilleur Anatomiste sera certainement le meilleur Medecin.

C'étoit aussi l'avis de ceux d'entre les Medecins qu'on appelloit dogmatiques. Il faut, disoient - ils, ouvrir des cadavres, parcourir les visceres, fouiller dans les entrailles, étudier l'animal jusque dans ses parties les plus insensibles; & l'on ne peut trop loüer le courage d'Hérophile & d'Erasistrate, qui recevoient les malfaiteurs & qui les disséquoient tout vifs; & la sagesse des Princes qui les leur abandonnoient, & qui sacrifioient un petit nombre de méchans à la conservation d'une multitude d'innocens de tout état, de tout âge, & dans tous les siecles à venir.

Que répondoient à cela les Empiriques? Que les choses ne sont point dans un cadavre, ni même dans un homme vivant qu'on vient d'ouvrir, ce qu'elles sont dans le corps sain & entier: qu'il n'est guere possible de confondre ces deux états sans s'exposer à des suites fâcheuses: que si les demi - notions sont toûjours nuisibles, c'est surtout dans le cas présent: que la recherche anatomique, quelque exacte & parfaite qu'on la suppose, ne pouvant jamais rien procurer d'évident sur le tissu des solides, sur la nature des fluides, sur le jeu de la machine entiere, cette recherche ne manquera pas de devenir le fondement d'une multitude de systemes, d'autant plus dangereux, qu'ils auront tous quelque ombre de vraissemblance; qu'il est ridicule de se livrer à une occupation desagréable & pénible, qui ne conduit qu'à des ténebres, & de chercher par la dissection des corps, des lumieres qu'on n'en tirera jamais; que c'est tomber dans une lourde faute que de comparer la machine animale à une autre machine; que, quelque composé que soit un ouvrage sorti de la main de l'homme, on peut s'en promettre avec du tems & de la peine, une entiere & parfaite connoissance; mais qu'il n'en est pas ainsi des ouvrages de la nature, & à plus forte raison du chef - d'oeuvre de la Divinité; & qu'il faut pour developper la formation d'un cheveu, plus de sagacité qu'il n'y en a dans toutes les têtes des hommes ensemble. Celui, disent - ils, qui sur le battement du coeur & la pulsation des arteres, crut qu'il n'y avoit qu'à porter le scalpel sur un de ses semblables, & pénétrer d'un oeil curieux dans l'intérieur de la machine pour en découvrir les ressorts, forma de toutes les conjectures la plus naturelle en même tems & la plus trompeuse: l'homme vû au - dedans lui devint plus incompréhensible que quand il n'en connoissoit que la superficie; & ses imitateurs dans les siécles à venir, mieux instruits sur la configuration, la situation, & la multitude des parties, n'en ont été par cette raison que plus incertains sur l'oeconomie générale du tout.

Celse sentit la force des raisonnemens qu'on faisoit de part & d'autre, & prit un parti moyen: il permit à l'Anatomiste d'ouvrir des cadavres, mais non d'égorger des hommes: il voulut qu'on attendit du tems & de la pratique les connoissances anatomiques que l'inspection du cadavre ne pourroit donner; méthode lente, mais plus humaine, dit - on, que celle d'Hérophile & d'Erasistrate.

Me seroit - il permis d'exposer ce que je pense sur l'emploi qu'on fait iei du terme d'humanité. Qu'est - ce que l'humanité? sinon une disposition habituelle de coeur à employer nos facultés à l'avantage du genre humain. Cela supposé, qu'a d'inhumain la dissection d'un méchant? Puisque vous donnez le nom d'inhumain au méchant qu'on disseque, parce qu'il a tourné contre ses semblables des facultés qu'il devoit employer à leur avantage; comment appellerez - vous

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.