Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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par badinage, en parlant à une personne
avec qui l'on vit familièrement.

Avoir à coeur de... Avoir un vif désir, une
ferme intention de... J'ai à coeur de vous
prouver ma reconnaissance. J'ai à coeur d'accomplir
ma tâche jusqu'au bout.

Prendre une chose à coeur, S'en affecter,
y être vivement sensible. Vous prenez cela
trop à coeur.
On dit de même Cette affaire
lui tient au coeur,
Il s'y intéresse fort, ou Il y
est très sensible.

Fam., Avoir coeur, Avoir le coeur au métier,
Travailler avec zèle, avec ardeur; affectionner
ce qu'on fait, ce qu'on doit faire.
On dit de même Avoir coeur ou avoir le coeur
à l'ouvrage.

De bon coeur, de grand coeur, de tout son
coeur,
Volontiers, avec plaisir. À contre-
coeur,
Avec répugnance, malgré soi.

Fam., Si le coeur vous en dit, Si vous êtes
d'humeur à faire cela. Le coeur vous en dit-il?

Fig. et fam., Prendre son coeur à deux
mains,
Faire un grand effort sur soi-même.

Il se dit aussi en parlant des Inclinations
de l'âme. C'est un bon coeur. C'est un
mauvais coeur. Avoir bon coeur. Avoir mauvais
coeur. Il a le coeur droit. Il a le coeur
franc. Il a le coeur bien placé. Coeur généreux.
Coeur dissimulé. Il a le coeur gâté, corrompu.
Coeur excellent. Coeur dur. Coeur compatissant.
Coeur sensible. La pureté du coeur.
Vous connaissez la droiture de son coeur. Être
doux et humble de coeur. Il le promit dans
toute la sincérité de son coeur. L'impulsion
du coeur. Régler les mouvements de son coeur.

Fig. et fam., C'est un coeur d'or, C'est un
excellent coeur.

Prov., Mauvaise tête et bon coeur, Les
gens étourdis et inconsidérés ont parfois
de bonnes intentions, un bon coeur.

Fig., Être tout coeur, Être très généreux,
plein d'affection, de dévouement. On dit dans
le même sens Il est plein de coeur. Il a un grand
coeur,
et même par ellipse C'est un grand
coeur,
C'est un homme capable des sentiments
les plus élevés.

Fig., N'avoir point de coeur, Être dépourvu
de toute sensibilité, n'avoir aucune noblesse,
aucune générosité dans les sentiments. On
dit aussi dans le même sens C'est un sans-
coeur.

Cet homme a le coeur endurci, c'est un coeur
endurci,
Il est tellement opiniâtre qu'on
ne peut le fléchir; et, en termes de Dévotion,
Il est extrêmement obstiné dans le mal, dans
le péché.

Fig., Avoir le coeur ou un coeur de roche,
un coeur de marbre, un coeur de pierre, un coeur
d'airain, etc.,
Avoir un coeur dur, insensible.
Avoir un coeur de tigre, Être d'une extrême
cruauté.

Il se dit aussi par opposition à l'Esprit,
dans les divers sens figurés qui précèdent.
Ce sermon plaît à l'esprit et ne touche point
le coeur. Former l'esprit et le coeur des enfants.
Son esprit égara son coeur.

Il se dit aussi, soit absolument, soit
avec un adjectif, en parlant du Courage, de
la fermeté d'âme, de la constance. Il a du
coeur. Il n'a point de coeur. Perdre coeur.
Reprendre coeur. C'est un homme de peu de coeur,
sans coeur. Ils se comportèrent en gens de coeur.
Cela lui a élevé, haussé le coeur; lui a abattu,
abaissé le coeur; lui a rendu le coeur. Le coeur
lui manque. Le coeur lui revient.

Fig., Un coeur de lion, Un grand courage,
et familièrement, Un coeur de poule, Une
extrême poltronnerie.

Fig. et fam., Mettre, remettre le coeur au
ventre à quelqu'un,
Lui donner, lui redonner
du courage. Il était consterné, mais ce succès
lui remit le coeur au ventre.

Fig. et fam., Faire contre mauvaise fortune,
contre fortune bon coeur.
Voyez BON.

Il désigne encore la Pensée intime, les
dispositions secrètes de l'âme. Dieu sonde
les coeurs. Dieu connaît les coeurs, voit le fond
des coeurs. Vous lisez dans mon coeur. Il pénètre
dans les replis les plus cachés du coeur. Au
fond du coeur. Descendre dans son coeur, au
fond de son coeur. Connaître tous les secrets du
coeur humain. Le langage du coeur. Son coeur
a parlé. Son coeur démentait sa bouche. Quand
il vous offre ses services, on sent que cela sort
du coeur, vient du coeur, part du coeur.

Se parler coeur à coeur, Se parler avec la
plus grande franchise, sans aucune réserve.

Fig., Avoir le coeur sur les lèvres, Être
franc et sincère. Avoir le coeur sur la main,
Être très cordial, très accueillant, très généreux.

Ouvrir son coeur à quelqu'un, Lui confier
ses plus secrets sentiments. Ouvrez-moi votre
coeur. Puisque vous prenez tant d'intérêt
à ce qui me touche, il faut que je vous ouvre
mon coeur.

Parler à coeur ouvert, Parler avec une entière
franchise, sans aucun déguisement.

Parler d'abondance de coeur, Parler avec
épanchement, avec une pleine confiance.

Il se prend abusivement pour l'Estomac.
Mal de coeur. Il a mal au coeur. Il a le coeur
barbouillé. Cela lui fait mal au coeur. Il est
sujet à des maux de coeur. Cela lui fait soulever
le coeur.

Fig. et fam., Cela lui fait mal au coeur, il
en a mal au coeur,
Il ne voit cela qu'avec
déplaisir, il en est choqué. Cela me fait grand
mal au coeur. Pensez-vous qu'il n'ait pas bien
mal au coeur de voir...

Fig. et fam., Si le coeur vous en dit, Si vous
en avez envie.

Faire une chose de bon coeur, à contre-coeur,
La faire avec plaisir ou malgré soi.

Prov., S'en donner à coeur joie, En jouir
pleinement et abondamment, s'en rassasier.

Il se dit aussi de Certains bijoux, ornements,
etc., qui ont à peu près la forme
d'un coeur. Une croix d'or surmontée d'un
coeur.
On dit dans un sens analogue, en termes
de Botanique, Une feuille en coeur, des pétales
en coeur, etc.

Fam., Faire la bouche en coeur, Donner à
sa bouche une forme mignarde, affectée. Il
signifie figurément Faire l'aimable avec excès.

Il se dit particulièrement d'Une des quatre
couleurs du jeu de cartes, dont les points
sont figurés par des coeurs. Roi de coeur.
Dix de coeur. Il a trois coeurs dans son jeu.

Il désigne encore, par analogie, le Milieu de
quelque chose, particulièrement d'un État
ou d'une ville. Le coeur de la ville. Le coeur
du royaume. Il est logé au coeur de la ville.
L'ennemi était au coeur du royaume.

Au coeur de l'hiver, au coeur de l'été, Au
plus fort de l'été, au plus fort de l'hiver,
par le plus grand chaud, par le plus grand
froid.

On dit de même figurément Être au coeur
du sujet, au coeur d'une question.

Il désigne également la Partie centrale
du tronc d'un arbre. Du coeur de chêne. Du
coeur de poirier. Une table faite de coeur de
noyer. Coeur de cormier.

Il se dit aussi du Milieu d'un fruit, particulièrement
d'une pomme et d'une poire.
Cette pomme, cette poire est gâtée dans le
coeur. Le coeur de cet ananas est gâté.
On dit
dans un sens analogue Le coeur d'une laitue.

PAR COEUR, loc. adv. De mémoire.
Apprendre une chose par coeur. Savoir des
vers, un discours, etc., par coeur. Réciter par
coeur.

Fig. et fam., Savoir un homme par coeur,
Connaître parfaitement son caractère, ses
habitudes.

Fig. et fam., Dîner par coeur, Se passer
de dîner. S'il ne vient à l'heure, il dînera par
coeur.

COEXISTANT, ANTE. adj. Qui coexiste.

COEXISTENCE. n. f. Le fait de coexister.

COEXISTER. v. intr. Exister simultanément.
Les luthériens soutiennent que le pain et le vin
coexistent dans l'Eucharistie avec le corps et le
sang de
JÉSUS-CHRIST.

COFERMIER. n. m. Celui qui prend une
ferme en s'associant avec une autre personne.

COFFIN. n. m. Réceptacle contenant de l'eau
où le faucheur porte sa pierre à aiguiser.

COFFRAGE. n. m. Charpente d'une galerie
de mine.

COFFRE. n. m. Sorte de meuble qui a la
forme d'une caisse en bois ou en métal, propre
à enfermer diverses choses et qu'on ouvre en
soulevant le couvercle. Coffre de bois. Coffre
de fer. Le coffre au linge. Le coffre à l'avoine.
Un coffre plein. Le fond du coffre. Mettre dans
un coffre. Enfermer, serrer dans un coffre.

Fig., Les coffres du roi, s'est dit pour le
Trésor royal. On dit encore, dans le même
sens, Les coffres de l'État.

Par extension, Le coffre d'une voiture, La
partie d'une voiture sur laquelle on met les
coussins pour s'asseoir et qui a un couvercle
qui se lève et qui s'abaisse comme celui d'un
coffre.

Coffre d'autel, La table d'un autel, avec
l'armoire qui est au-dessous.

Fig. et fam., Avoir le coffre bon, avoir un
bon coffre,
Avoir un bon estomac, une bonne
poitrine. Cet homme a les jambes en mauvais
état, mais il a le coffre bon.

COFFRE-FORT. n. m. Coffre de métal,
généralement en forme d'armoire, destiné à
serrer de l'argent et les objets précieux, et
construit de telle façon qu'il soit à l'abri du
feu et des voleurs. Les coffres-forts sont munis
de serrures à secret.

COFFRER. v. tr. Emprisonner. Il fit coffrer
son voleur. Il a été coffré ce matin.
Il est
familier.

COFFRET. n. m. Petit coffre. Coffret d'écaille.
Coffret garni d'argent.

COFIDÉJUSSEUR. n. m. T. de Jurisprudence.
Chacun de ceux qui ont cautionné
un même débiteur pour une même dette.

COGÉRANCE. n. f. Action de gérer une
entreprise avec une ou plusieurs autres personnes.

COGÉRANT, ANTE. n. Celui, celle qui est
chargé d'une cogérance.

COGNAC. n. m. Eau-de-vie réputée qui a
son centre de production dans la région de
Cognac.

COGNASSE. n. f. Coing sauvage.

COGNASSIER. n. m. Arbre de la famille
des Rosacées qui porte des coings ou des
cognasses.

COGNAT. (Dans ce mot et dans le suivant,
GN ne se mouille pas.) n. m. T. de Jurisprudence.
Celui qui fait partie d'une famille par
la cognation.

COGNATION. n. f. T. de Jurisprudence.
Lien de parenté par les femmes.

COGNÉE. n. f. Instrument tranchant fait
en forme de hache et qui sert à couper du
gros bois. La cognée d'un bûcheron. Emmancher
une cognée. Sa cognée est démanchée, est bien
emmanchée, est ébréchée, est émoussée.

Prov. et fig., Jeter le manche après la cognée.
Voyez MANCHE.

Prov. et fig., Mettre la cognée à l'arbre,
Commencer une entreprise, et spécialement
Entreprendre la destruction de quelque chose.

COGNER. v. tr. Frapper fort sur une chose
pour la faire entrer ou pour la faire joindre
avec une autre. Cogner un clou. Cogner
une cheville.

Il signifie aussi simplement Frapper avec
violence. Il s'est cogné la tête contre la muraille.

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