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Les Juifs attribuoient aussi les mêmes vertus à ces phylacteres ou bandes de parchemin qu'ils affectoient de porter, par une fausse interprétation du précepte qui leur o>donnoit d'avoir continuellement la loi de Dieu devant les yeux, c'est - à - dire, de la méditer & de la pratiquer.
Les Latins les nommoient encore proefiscini, c'est - à - dire, préservatifs contre la fascination; & ceux qu'ils
pendoient à cet effet au cou des enfans étoient d'ambre
ou de corail, & représentoient des figures obscenes
& autres. Voyez Plan. VI. d'Antiq.
Delrio rapporte que dans cette armée de Reistres, qui sous le regne d'Henri III. passa en France commandée par le baron de Dhona, & fut défaite par le duc de Guise à Vimori & à Auneau. presque tous les soldats qui resterent sur le champ de bataille portoient des amuletes, comme on le reconnut en les dépouillant après la victoire. Le peuple a encore foi à certaines branches de corail, ou autres végétaux qu'on pend au cou des enfans, & qu'on regarde comme des préservatifs contre la colique ou d'autres maux. Delrio, liv. I. ch. iv. quoest. 4. page 53. & suiv.
Les Arabes aussi bien que les Turcs ont beaucoup
de foi aux talismans & aux amuletes. Les Negres les
appellent des gris - gris; ces derniers sont des passages
de l'Alcoran, écrits en petits caracteres sur du papier
ou du parchemin. Quelquefois au lieu de ces
passages, les Mahométans portent de certaines pierres
auxquelles ils attribuent de grandes vertus. Les
Dervis leur vendent fort cher ces sortes d'amuletes,
& les dupent, en leur promettant des merveilles qui
n'arrivent point; & quoique l'expérience eût dû détromper
ceux qui les achetent, ils s'imaginent toûjours
que ce n'est pas la vertu qui a manqué, mais
qu'eux - mêmes ont manqué à quelque pratique ou
circonstance qui a empêché la vertu des amuletes.
Ils ne se contentent pas d'en porter sur eux, ils en
attachent encore au cou de leurs chevaux, après
les avoir enfermés dans de petites bourses de cuir:
ils prétendent que cela les garantit de l'effet des
yeax malins & envieux. Les Provençaux appellent
ces amuletes cervelami, & par - là on voit qu'ils sont
dans la même erreur, soit qu'ils aient apporté cette
superstition de l'Orient où ils trafiquent, soit qu'ils
l'aient tirée des Espagnols, qui l'ont eux - mêmes reçûe
des Mores ou Arabes, qui ont été maîtres de
leur pays pendant quelques siecles. Le chevalier
d'Arvieux, de qui nous empruntons ceci, dit que
les chevaux Arabes dont quelques Emirs lui firent
présent dans ses voyages, avoient au cou de ces amuletes dont on lui vantoit fort la vertu, & qu'on lui
recommandoit de ne point ôter à ses chevaux, à
moins qu'il ne voulût bientôt les voir périr. Voyez
Le concile de Laodicée défend aux ecclésiastiques de porter de ces amuletes ou phylacteres, sous peine de dégradation. S. Chrysostôme & S. Jérôme ont montré aussi beacoup de zele contre cette pratique. Hoc apud nos, dit ce dernier, superstitiosoe mulierculoe, in parvulis evangelüs & in crucis ligno, & istiusmodi rebus, quoe habent quidem zelum Dei, non juxtà scientiam, usque hodie factitant. Voyez Kirch. OEdip. AEgypt.
Les amuletes ont à présent bien perdu de leur
crédit: cependant le fameux M. Boyle les allegue
comme des preuves qui constatent par le grand nombre
d'émanations qui passent de ces médicamens
dans le corps humain, combien ce dernier est poreux
& facilement pénétrable. Il ajoûte qu'il est persuadé
que quelques - uns de ces médicamens ne sont
pas sans effet; parce que lui - même ayant été sujet à
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