LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 336

Se couronner

Se couronner, S'orner, s'embellir. Le Ciel se couronna d'étoiles après cet affreux orage. Dans les Fêtes champêtres, les jeunes Bergères se couronnoient de fleurs.

Couronner

Couronner, se dit aussi Des choses sur lesquelles l'on peint ou l'on grave des couronnes, pour ornement, ou pour marque de dignité. Son écu étoit couronné d'une couronne de Duc, de Comte, etc. Ses chiffres sont couronnés de lauriers, de fleurs.

On dit, que Des arbres se couronnent, pour dire, que Des arbres vieillissent, et qu'ils se dessèchent par la tête.

Couronné, ée

Couronné, ée. participe. Le port est couronné de hautes montagnes, pour dire, Est environné.

On appelle en termes d'Architecture militaire, Ouvrage couronné, Un ouvrage avancé vers la campagne, fait en forme de couronne, pour défendre les approches d'une Place. On l'appelle aussi Ouvrage à couronne.

On appelle les Empereurs et les Rois, Têtes couronnées. La République de Venise a les honneurs des têtescouronnées.

On appelle Arbre couronné, Celui qui ne pousse plus qu'à l'extrémité de ses branches; et Cheval couronné, Un cheval qui s'est souvent blessé aux genoux en tombant, et à qui le poil du genou est tombé. Ce cheval ne vaut rien, il est couronné.

COURRIER

COURRIER. s. m. Celui qui court la poste pour porter les dépêches. C'est le meilleur courrier, et qui fait le plus de diligence. Courrier ordinaire. Courrier extraordinaire. Courrier du Cabinet du Roi, ou simplement Courrier du Cabinet. Recevoir, envoyer, dépêcher, expédier, faire partir un courrier. Il est arrivé un courrier. Courrier d'un tel Prince. Le courrier de Lyon. Le courrier de Flandre. Le courrier de Rome, etc.

Il se prend aussi pour Tout homme qui court la poste, quoiqu'il ne porte aucune dépêche. Vous n'êtes guère bon courrier. J'ai rencontré quatre courriers. Toute la route étoit pleine decourriers.

COURRIÈRE

COURRIÈRE. s. fém. Il ne se dit guère qu'en Poésie. La Lune est appelée l'inégale Courrière des nuits.

COURROIE

COURROIE. s. fém. Pièce de cuir coupée en long, étroite, et qui sert à lier, à attacher quelque chose. Attacher avec des courroies. Mettre, attacher des courroies. Les courroies d'une cuirasse. La courroie des souliers. Nouer, dénouer les courroies. Serrer, lâcher la courroie.

On dit proverbialement et figurément, Étendre la courroie, pour dire, Étendre ses droits, et les pousser audelà des bornes de l'équité. Il a bien fallu alonger la courroie pour en venir là. Ses droits n'iroient pas si haut, s'il n'avoit étendu, alongé la courroie.

On dit aussi figurément, Serrer la courroie à quelqu'un, pour dire, Rétrécir ses moyens. Il auroit voulu plus d'argent, mais on lui a serré la courroie.

On dit proverbialement, Faire du cuir d'autrui large courroie, pour dire, Être libéral du bien d'autrui.

On dit par une façon de parler tirée de l'Écriture--Sainte, que Quelqu'un n'est pas digne de dénouer la courroie des souliers d'un autre, pour dire, qu'Il est beaucoup au--dessous de lui.

COURROUCER

COURROUCER. v. act. Mettre en courroux, irriter. Ses crimes ont courroucé le Ciel contre lui. Craindre de courroucer les Puissances. Le Prince estcourroucé. Son plus grand usage est dans le style soutenu.

Il est aussi réfléchi. Dieu se courrouce contre les méchans.

On le dit aussi figurément De la mer. Quand la mer se courrouce, est courroucée.

Courroucé, ée

Courroucé, ée. participe. Flots courroucés.

COURROUX

COURROUX. s. mas. Colère. Son plus grand usage est dans le style soutenu et dans la Poésie. Juste courroux. Le courroux de Dieu. Le courroux du Ciel. Le courroux d'un Prince, d'un père. Être en courroux. Entrer, se mettre en courroux. Éviter, apaiser, fuir le courroux. Irriter, provoquer le courroux. Qui pourro t soutenir son courroux?

Il se dit aussi De quelques animaux nobles et féroces. Le courroux du lion, du taureau, de l'éléphant, etc.

Il se dit aussi figurément De la mer agitée par la tourmente. Le courroux de la mer. Les flots en courroux.

En ce même sens, on dit poétiquement, Le courroux de Neptune.

On dit aussi poétiquement: Le courroux du Ciel. L'Enfer en courroux.

COURS

COURS. s. m. Flux, mouvement de quelque chose de liquide. Il se dit particulièrement De l'eau des rivières et des ruisseaux. Cours rapide. Cours lent. Cours impétueux. Arrêter, empêcher, retarder, détourner, couper, rompre le cours. S'opposer au cours. Il faut que les eaux aient leur cours. La rivière a pris son cours par là. Le cours de cette rivière est long de plus de quatre cents lieues. Son cours est insensible. Donner cours à l'eau.

On le dit aussi Des mauvaises humeurs dans le corps des animaux. Il faut que cette humeur ait son cours. Il lui faut donner cours.

On appelle Cours de ventre, Le dévoiement ou le flux de ventre.

Cours

Cours, se dit encore Du mouvement réel ou apparent du Soleil et des Astres. Le cours du Soleil, de la Lune. Le cours des Astres est réglé. L'Astronomie traite du cours des Astres. Le cours apparent du Soleil est d'Orient en Occident.

On le dit Du temps, des années, de la vie. Pendant le cours de dix ou douze ans. Finir, achever le cours de sa vie. La morten coupa, en interrompit le cours. Le cours de ses années. Le cours de son règne. Suivant le cours de la nature.

On appelle en termes de Marine, Les longs voyages sur mer, et en Pays fort éloignes, Voyages de long cours.

Cours

Cours, se dit aussi figurément Des affaires. Nous verrons quel cours prendra cette affaire. Arrêtèr, retarder le cours d'une affaire, d'un procès. Suspendre le cours de la Justice.

Il signifie aussi Progrès. Le cours de ses victoires. Le cours de son bonheur, de ses malheurs. Le cours du mal. Le mal a pris son cours, Il faut que le mal ait son cours. Arrêter le cours d'une dangereuse doctrine. Couper cours à la saction, aux erreurs qui se glissent. Le cours des opinions. Se laisser aller au cours de l'opinion.

On dit, Donner cours à un bruit, pour dire, Aider à le répandre. Donner cours à une opinion, à un préjugé, à une maxime, pour, L'accréditer.

Cours

Cours, signifie encore L'étude que l'on fait de suite en toutes les parties d'une science. Il a fait son cours en Philosophie, ou de Philosophie, en Théologie, en Médecine, en Chimie, en Mathématiques, dans un tel Collége, sous un tel Maître. A la fin de son cours il s'est fait passer Maître--ès--Arts. Un tel Régent commencera cette année un cours, le cours de Philosophie.

Il se prend quelquefois pour Les écrits dans lesquels est contenue la science; et d'Une suite de leçons sur une matière. Cours abrégé. Cours complet. J'ai fait transcrire, j'ai fait relier mon cours. Un tel Régent a fait imprimer son cours de Philosophie.

Cours

Cours, se dit encore Des choses qui sont en vogue. Cette chanson, ce bruit eut cours pendant quelque temps. Les dentelles, les passemens ont cours, n'ont plus de cours.

On le dit aussi De la monnoie. Cette monnoie a cours, n'a plus de cours. La somme a été payée en louis d'or et d'argent et monnoie, le tout bon et ayant cours. Donner cours à la monnoie étrangère.

On dit figurément, qu'Une chose, une manière, un mot, n'a cours que parmi la populace, que dans la Province, pour dire, qu'Elles n'on d'usage que parmi le bas peuple, etc.

On dit, Le cours du marché, pour dire, Le prix auquel se vendent les choses dans le marché. Je ne vendrai ni n'acheterai rien, que je n'aie vu le cours du marché.

On le dit aussi figurém. pour signifier L'état et la disposition d'une affaire, et des personnes qui la traitent. Ne vous engagez point si vite en ce parti, en telle affaire; voyez auparavant le cours du marché, le cours de la place.

Cours

Cours, signifie aussi L'étendue, sans avoir égard à la hauteur. Une tapisserie de six aunes de cours.

Cours

Cours, signifie aussi Un lieu agréable, destiné ou choisi ordinairement auprès des grandes Villes, pour s'y promener en carrosse. Il y avoit plus de cinq cents carrosses au cours. Le cours est beau de ce côté là. Le cours est en un tel endroit. Il va souvent au cours.

COURSE

COURSE. s. f. Action, mouvement de celui qui court. Course légère. Longue course. Course pénible. Il est léger à la course, vite à la course. Prendre les lièvres, les chevreuils à la course. Les courses des Jeux Olympiques, etc. La course des chevaux, des chariots, etc. Il a gagné le prix à la course, le prix de la course. Il a fourni sà course d'une même force, d'une même vitesse. Course de tournois. En trois courses il rompit trois lances. Il a fait une belle course. Course de bague. Course de têtes, etc. A toutes les courses il a remporté le prix. Il l'a gagné de deux, de trois courses. Il saute bien sans prendre sa course.

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