Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Page 414

Il aspire à cette Charge, à cette place. Il recherche cette fille en mariage, il y a long-temps qu'il la couche en joue. Il étoit dans un coin, il la regardoit, il la couchoit en joue.

COUCHER signifie aussi Mettre au jeu. Il est grand joueur, il couche cent pistoles sur une carte. Il couche gros.

On dit figurément & familièrement, Coucher gros, pour dire, Hasarder beaucoup, quoique ce soit hors du jeu.

On dit aussi figurément & familièrement, qu'Un homme couche gros, pour dire, qu'Il promet, ou qu'il avance des choses extraordinaires, & au-dessus de ses forces. Il ne parle que de cinquante mille livres de rente, il couche gros.

On dit figurément, & dans le discours familier, Vous couchez gros, ou vous ne couchez pas gros, pour dire, Vous vous engagez trop, ou vous ne vous engagez guère.

COUCHÉ, ÉE, participe .

On dit, À soleil couché, pour dire, Un peu après que le soleil est couché.

On dit aussi, Avant soleil couché. Après soleil couché.

On dit proverbialement, qu'On est plus couché que debout, pour dire, que Le temps que dure la vie est peu considérable au prix de celui qui la suit.

COUCHER. s.m. Action de se coucher. Il étoit à son coucher. Il se trouve au lever & au coucher du Roi. On lui a apporté le vin du coucher.

On dit aussi, Le coucher du Soleil & des Astres.

On appelle Le petit coucher du Roi, L'espace de temps qui reste depuis que le Roi a pris sa chemise, & donné le bon soir, jusqu'à ce qu'il se mette au lit. Un tel étoit au petit coucher du Roi, ou simplement, Au petit coucher. Il n'est pas du petit coucher. Cela fut dit au petit coucher du Roi.

COUCHER signifie aussi L'usage du lit, la façon dont on est couché, soit bien, soit mal. Il ne lui coûte rien pour son coucher, pour le coucher. Il est délicat pour le boire, pour le manger, & pour le coucher.

COUCHER. s.m. La garniture d'un lit, comme matelas, lit de plume, &c. Un bon, un mauvais coucher.

COUCHETTE. s.f. Petit lit, petite couche sans piliers & sans rideaux.

COUCHEUR, EUSE. s. Qui couche avec un autre. Bon, commode coucheur. Mauvais, méchant, incommode coucheur. C'est une mauvaise, une méchante coucheuse.

COUCHIS. s.m. Poutre, sable & terre qui sont sous le pavé d'un pont.

COUCOU. s.m. Oiseau gros comme un pigeon, qui a tiré son nom de son chant. J'ai ouï chanter le coucou.

COUCOU en termes de Jardinage, se dit d'un fraisier qui fleurit beaucoup & ne produit point de fruit.

COUDE. s.m. La partie extérieure du bras à l'endroit où il se plie. Il étoit appuié sur son coude, sur le coude. Il lui [alt p. 289] donna un coup de coude. Il a les coudes fort pointus. Manger avec ses amis en liberté les coudes sur la table.

On dit figurément & bassement, Hausser le coude, pour dire, Boire beaucoup. On dit aussi familièrement, qu'Un homme a haussé le coude, pour dire, qu'Il a trop bu.

COUDE se dit encore De l'endroit de la manche qui couvre le coude. Son habit ne vaut rien, il a les coudes percés, il est percé par les coudes.

On dit figurément, qu'Une muraille fait un coude, pour dire, qu'Elle fait un angle extérieur.

On le dit encore d'Une rivière. La Seine fait un coude en cet endroit.

COUDÉE. s.f. Signifie toute l'étendue du bras depuis le coude jusqu'au bout du doigt du milieu. En ce sens il ne se dit que dans les phrases suivantes. Avoir ses coudées franches, pour dire, Avoir la liberté du mouvement des bras, les pouvoir étendre à droit & à gauche. Quand il est à table, il veut avoir ses coudées franches.

On dit aussi figurément & familièrement, qu'Un homme a ses coudées franches, pour dire, qu'Il n'est point contraint ni gêné en ce qu'il veut faire. Il peut faire son parc, son bâtiment si grand qu'il voudra, il a ses coudées franches. Personne ne contrôle plus ses actions, il n'est plus en tutelle, il a ses coudées franches.

COUDÉE s.f. Certaine mesure ou longueur prise sur l'étendue qu'il y a depuis le coude jusqu'au bout du doigt du milieu, & qui est d'un pied & demi. Cette muraille, cette colonne, &c. avoit tant de coudées de haut, étoit de tant de coudées, avoit tant de coudées en hauteur, en largeur.

COUDE-PIED. s.m. La partie supérieure du pied qui se joint à la jambe. Le coude-pied droit, le coude-pied gauche.

COUDER. v.a. Plier en forme de coude. Couder une barre de fer.

COUDÉ, ÉE, participe .

COUDOYER. v.a. Heurter quelqu'un du coude. Pourquoi m'a-t-il coudoyé?

COUDRAIE. s.f. Lieu planté de coudres. Dans la coudraie.

COUDRE. s.m. Arbre qui porte des noisettes. Coudre franc. Bois de coudre. Baguette de coudre. Cerceaux de coudre.

COUDRE. v.a. Je couds, tu couds, il coud. Nous cousons. Je cousois. J'ai cousu. Je cousis. Je coudrai. Couds. Que je cousisse, qu'il cousît. Cousant. Attacher & joindre deux ou plusieurs choses ensemble avec du fil, de la soie, &c. passée dans une aiguille ou autre chose semblable. Coudre proprement & habilement. Coudre deux choses ensemble. Coudre une chose avec une autre. Coudre du linge. Coudre en linge. Coudre des manchettes à une chemise. Coudre des boutons à un habit. Bottes bien cousues. Souliers bien cousus, &c. Coudre des cahiers à un livre. Coudre une plaie, les bords, les lèvres d'une plaie. Coudre à grands points, à points rabattus. Il s'est piqué en cousant. Ce Tailleur coud bien. Cela est cousu avec du gros fil, avec de la soie, &c. Cousu à la hâte, mal cousu. Coudre une pièce à un habit.

On dit figurément & familièrement d'Un mal arrivé ou prêt d'arriver, qu'On ne sait quelle pièce y coudre, pour dire, qu'On ne fait quel remède y apporter. Quelle pièce y coudrons-nous?

On dit figurément, Coudre la peau du renard à celle du lion, pour dire, Joindre la ruse à la force.

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