Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Page 521

occupe le dessus, & moi le dessous. Le dessus de la main. Le dessus de la tête. Le dessus d'une table. Le dessus d'un livre. Le dessus d'un pain.

DESSUS se dit figurément De quelque avantage remporté. Nous avons eu le dessus dans ce combat.

On appelle Le dessus, La suscription, l'adresse d'une lettre ou d'un paquet de lettres. Mettez le dessus de cette lettre. Il oublioit de mettre le dessus à cette dépêche.

En termes de Marine, Gagner, prendre le dessus du vent, être au-dessus du vent, C'est se placer ou demeurer entre le lieu d'où le vent souffle, & le vaisseau sur lequel, ou l'on prend, ou l'on conserve cet avantage.

Figurément, en parlant De la fortune & des affaires de quelqu'un, on dit, qu'Il est au-dessus du vent, pour dire, que Ses affaires sont en si bon état, qu'il n'a plus rien à craindre.

DESSUS signifie en termes de Musique, La partie qui est la plus haute, & qui est opposée à la basse. La basse de cet air me plaît fort, mais je n'en aime pas le dessus. Premier dessus. Second dessus. On dit d'Une personne qui chante le dessus, que C'est un dessus, un beau dessus, un bon dessus. Et on appelle Dessus de viole, dessus de violon, La viole ou le violon sur quoi on joue le dessus. On le dit aussi de la personne qui en joue.

PAR-DESSUS. Préposition Sur, au-delà, par-delà, outre. Il porte un gros manteau par-dessus son juste-au-corps. Par-dessus les murailles. Je lui ai donné dix pistoles par-dessus ce que je lui devois. Il est riche, il est jeune, & par-dessus cela il est sage.

En parlant d'Un grand embarras d'affaires, on dit figurément & familièrement, qu'On en a par-dessus les yeux, par-dessus la tête.

On dit aussi proverbialement & figurément d'Une chose qu'on a achetée trop cher, que C'est l'avoir achetée, l'avoir payée par-dessus les maisons. Et en voulant finir un conte qui n'a point proprement de fin, on dit proverbialement & figurément, Je jetai mon bonnet par-dessus les moulins, & je ne sais plus ce qu'il devint.

On dit proverbialement & populairement, Par-dessus l'épaule, pour dire, Point du tout. Il l'a payé par-dessus l'épaule.

Il est aussi adverbe. On lui a donné ce qu'il demandoit, & quelque chose encore par-dessus.

On appelle Par-dessus de viole, Un instrument encore plus petit, & monté plus haut que le dessus de viole.

AU-DESSUS. Préposition Plus haut qu'un autre lieu, qu'un autre corps. Au-dessus des Cieux. Au-dessus de la montagne. Au-dessus des nues.

Il signifie aussi Par-delà. Cela est au-dessus de ses forces, au-dessus de son génie. Ce prodige est au-dessus de la nature.

On dit, qu'Un homme est au-dessus de ses affaires, pour dire, que Sa fortune est bien établie, & qu'il a plus de bien qu'il n'en dépense.

On dit, qu'Un homme est au-dessus des louanges, pour dire, qu'Il n'y a point de louanges qui égalent son mérite, ou qu'il n'est point touché des louanges.

On dit encore, qu'Un homme est au-dessus de la calomnie, au-dessus de l'envie, pour dire, que La calomnie, que l'envie ne lui peuvent nuire.

On dit aussi d'Un homme qui ne se met point en peine de tout ce qu'on peut dire, qui ne se soucie point des bienséances du monde, qu'Il s'est mis au-dessus de tout ce qu'on peut dire de lui, qu'il s'est mis au-dessus des bienséances, qu'il s'est mis au-dessus de tout.

Il est quelquefois adverbe. Il occupe le [alt p. 365] premier étage, & ses domestiques logent au-dessus.

LÀ-DESSUS pour dire, Sur cela, à ces mots, dans le moment, &c. Là-dessus il nous quitta.

DESTIN. s.m. Fatalité. Les Philosophes Païens appeloient ainsi un enchaînement nécessaire de causes subordonnées les unes aux autres, qui produisoit infailliblement son effet. Destin irrévocable. Destin immuable. Et les Poëtes entendoient par-là une puissance à laquelle les Dieux mêmes étoient soumis. L'ordre du destin. L'arrêt du destin.

Les Poëtes disent indifféremment, Destin & Destins. Le destin ennemi, les destins favorables.

DESTIN se prenoit aussi & se prend encore présentement pour le sort particulier de chaque personne, ou de chaque chose, & pour ce qui arrive ordinairement de bien ou de mal à chacun. On ne peut fuir son destin. C'est le destin des grands hommes. C'est le destin des grands États.

DESTINATION. s.f. La disposition que l'on fait de quelque chose dans son esprit. La destination des deniers. Suivant la destination qui en avoit été faite.

Il s'emploie aussi dans le sens actif. On ne doit pas changer la destination des Fondateurs.

DESTINÉE. s.f. Destin. Il est plus en usage en prose que Destin; & la plupart du temps il se prend au singulier pour l'effet du Destin. Fatale destinée. Le cours des destinées. Heureuse & malheureuse destinée. Remplir ses destinées.

On dit communément, qu'Il faut suivre sa destinée, qu'on ne peut fuir, qu'on ne peut vaincre sa destinée.

On dit, Finir sa destinée, pour dire, Finir sa vie.

DESTINER. v.n. Projeter, se proposer de faire quelque chose. J'ai destiné de faire cela.

DESTINER est aussi actif, & signifie, Disposer de quelque chose dans son esprit. Il a destiné cet argent pour acheter une maison. Il a destiné cet argent aux pauvres, ou pour les pauvres. Destiner ses enfans à l'Église.

DESTINÉ, ÉE, participe .

On dit, qu'Un homme étoit destiné à une chose, pour dire, que Son destin l'y portoit. Cet homme étoit destiné à mourir de mort violente.

DESTITUABLE. adj. de t. g. Qui peut être destitué. Officier destituable. Officier non destituable à volonté.

DESTITUER. v.a. Déposer, ôter, priver quelqu'un de la charge, de l'emploi, de la fonction qu'il exerçoit. Destituer un Officier. On l'a destitué de son emploi, de sa commission.

DESTITUÉ, ÉE, participe .

On dit, qu'Un homme est destitué de tout secours, pour dire, qu'Il manque de tout secours. Destitué de bon sens, de raison, &c.

DESTITUTION. s.f. Déposition, privation d'une charge, d'un emploi, d'une commission. Depuis sa destitution, il ne s'est mêlé de rien.

DESTRIER. s.m. Vieux mot qui signifioit un cheval de main, de bataille. Il étoit opposé à Palefroi, qui étoit un cheval de cérémonie.

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