ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 5:977

& non suffocatoire: 3° en idiopathique & en sympathique: 4° en épidémique & sporadique. Quelques auteurs distinguent encore l'angine en suppuratoire, en gangréneuse, en convulsive; en celle qui est accompagnée de tumeurs, & en celle qui est sans tumeurs apparentes.

Le siége de cette maladie est principalement dans les différentes parties qui composent le larynx & le pharynx; & toutes celles qui les avoisinent, telles que la langue, les amygdales, le voile du palais, la luette, la trompe d'Eustachi, & toutes les membranes musculeuses qui tapissent le fond de la gorge; la concavité de la voûte osseuse formée au - dessus du larynx & du pharynx, où il se forme quelquefois des concrétions polypeuses, des sarcomes, qui en grossissant peuvent souvent boucher l'ouverture des arriere - narines, tenir baissé le voile du palais, descendre jusque sur le larynx, couvrir la glotte, la boncher, la presser. Le vice qui constitue l'angine s'étend aussi très - souvent à la membrane pituitaire, à celle qui revêt l'intérieur de sa trachée - artere & de l'oesophage, & aux glandes dispersées dans toutes ces parties.

Les causes de l'esquinancie sont aussi différentes que les especes. Dans celle qui provient d'inflammation, il se forme subitement un obstacle à la circulation du sang dans les extrémités des vaisseaux sanguins, qui s'engorgent, se dilatent, se distendent. Les orifices des vaisseaux lymphatiques qui en naissent, sont ouverts à mesure, sont forcés à transmettre les globules rouges: la tumeur & tous les symptomes de l'inflammation s'ensuivent. Voyez Inflammation. Dans l'angine oedémateuse ce n'est que l'humeur lymphatique qui s'arrête dans ses conduits, ensuite de la compression des veines dans lesquelles ils s'évacuent; de l'obstruction dans le follicule des glandes muqueuses, ou dans leurs excrétoires; du froid qui resserre l'extrémité de ces mêmes vaisseaux; de la lenteur du mouvement des fluides: cette humeur s'y accumule, d'où naît le plus grand volume des parties affectées, qui cause l'empêchement de l'exercice des organes destinés à la respiration ou à la déglutition. Si le dépôt de cette humeur dure pendant quelque tems, il se fait une séparation des parties les plus fluides; les grossieres qui restent se durcissent; & forment la matiere d'un skitrhe; d'où l'angine skirrheuse, qui peut ensuite devenir chancreuse par des causes particulieres. Voyez Skirrhe, Chancre.

La cause de l'angine suffocatoire est celle de l'inflammation même, qui a son ége dans l'intérieur du larynx; ensorte qu'il en résulte un si grand resserrement de la glotte, qu'elle ne permet pas l'entrée de l'air dans les poumons. Dodonée fait mention dans ses observations, de plusieurs esquinancies de cette espece, entr'autres à l'égard d'un boucher, qui s'étant plaint sur le midi d'une douleur à la gorge, d'une difficulté de respirer & d'avaler, mourut comme étranglé la nuit suivante.

La cause de l'angine non suffocatoire, est celle de l'inflammation de l'oedeme ou du skirrhe, ou toute autre qui a son siége dans des parties qui n'intéressent pas notablement la respiration.

L'angine idiopathique provient de l'une de ces causes mentionnées ci - devant, qui a son siége dans quelques - unes des parties même de la gorge, sans qu'elle provienne d'aucune autre maladie qui ait précédé, ni d'aucun vice des parties voisines.

La sympathique est causée par le vice de quelque autre partie qui influe sur celles de la gorge par communication, comme la luxation d'une vertebre du cou, occasionnée par une tumeur ou par quelque accident; les vents arrêtés dans l'oesophage, qui compriment les différentes parties de la gorge; le resserrement convulsif, ou le trop grand relâchement de ces mêmes parties, qui empêche l'exercice de leurs fonctions.

Les causes de l'esquinancie épidémique doivent être déduites de celles de l'épiderme en général (voyez Epiderme): elles ne sont pas encore assez connues, pour qu'on puisse déterminer pourquoi elles affectent plûtôt une partie du corps qu'une autre; tout ce que l'on peut dire, c'est que si le vice est dans l'air que l'on respire, il doit affecter plûtôt les parties auxquelles il s'applique immédiatement & sans interruption, que toute autre; par conséquent toutes celles de la gorge, vû sur - tout la grande délicatesse de leur tissu. L'esquinancie sporadique ne peut être attribuée qu'au mauvais usage que l'on fait des choses appellées non naturelles.

Pour ce qui est de l'angine suppuratoire, elle doit sa cause à l'inflammation qui a précédé; elle en est une suite, une terminaison, de même que la gangréneuse. Voyez Suppuration, Gangrene.

Le différent siége de l'engorgement des vaisseaux qui constitue le plus souvent l'esquinancie, étant intérieur ou extérieur, établit en - dehors ou en - dedans la tumeur dont elle est accompagnée dans ce cas; ce qui la rend apparente ou non apparente. Il arrive aussi quelquefois qu'il n'y en a pas du tout ni en - dehors ni en - dedans, dans des cas où l'esquinancie provient, par exemple, du relâchement ou de la paralysie de la partie affectée.

Tout ce qui vient d'être dit des causes prochaines de l'esquinancie considérée dans ses différentes especes, réduit toutes les distinctions qu'on en fait, à deux principales; savoir à l'esquinancie vraie & à la fausse, puisque toutes ces différences doivent être rapportees à l'une & à l'autre. La vraie, qui est toûjours causée par l'inflammation, est accompagnée souvent de symptomes si funestes, que la cause qui les produit ne laisse pas le tems d'y apporter aucun remede, ou rend inutiles ceux qu'on peut employer; l'angine vraie est par conséquent celle qui exige le plus d'attention: l'ordre mene à en rechercher les causes les plus eloignées.

Toutes celles qui peuvent contribuer à établir l'inflammation en général, peuvent produire l'angine inflammatoire; mais il y a aussi bien d'autres causes particulieres qui peuvent déterminer l'inflammation sur les parties qui sont le siége de l'angine: telles sont la disposition particuliere du sujet qui en est affecté. Les jeunes gens y sont plus sujets que les vieillards, comme aussi ceux qui sont d'un tempérament sanguin. Sydenham a remarqué que les personnes qui ont le poil roux, sont plus souvent atteintes de cette maladie que d'autres. Quelques auteurs prétendent aussi qu'elle attaque moins les femmes que les hommes: ils appuient leur opinion sur un passage d'Hippocrate, liv. VI. des Epidémies, sect. vij. dans lequel, en décrivant une constitution épidémique, il assûre que parmi un grand nombre de personnes qui avoient été malades par des péripneumonies, des rhumes, des angines, il s'étoit trouvé très - peu de femmes; ce que l'on pourroit attribuer à ce qu'elles s'exposent moins aux différentes causes occasionnelles qui peuvent produire ces sortes de maladies épidémiques, & qu'elles ont en général le sang moins chaud.

Aussi voit - on que tout ce qui peut en augmenter l'activité, contribue à procurer l'angine, comme la fin du printems, l'entrée de l'été; les exercices violens, & sur - tout ceux de la gorge, tels que les déclamations soûtenues, le chant, les cris; la sécheresse de cette partie, causée par l'air chaud que l'on respire au soleil ou dans un lieu chaud quelconque, comme un poële, &c. la course à cheval contre le vent froid, les grandes agitations du corps dans un

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.