ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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vais pas, & ne donnerent point l'affreuse comédie qu'ils avoient préparée.

Bien des gens admirent que les peuples ayent pû si long - tems se figurer que les épreuves fussent des moyens sûrs pour découvrir la vérité, tandis que tout concouroit à démontrer leur incertitude, outre que les ruses dont on les voiloit auroient dû desabuser le monde; mais ignore - t - on que l'empire de la superstition est de tous les empires le plus aveugle & le plus durable?

Au reste les curieux peuvent consulter Heinius, Ebelingius, Cordemoy, du Cange, le P. Mabillon, le célebre Baluze, & plusieurs autres savans qui ont traité fort au long des épreuves, ou pour mieux dire, des monumens les plus bisarres qu'on connoisse de l'erreur & de l'extravagance de l'esprit humain dans la partie du monde que nous habitons. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Epreuve

Epreuve, s. f. c'est dans l'Artillerie les moyens qu'on employe pour s'assûrer de la bonté des pieces de canon & de mortiers, & de celle de la poudre.

Suivant l'article xj. de l'ordonnance du 7 Octobre 1732, l'épreuve des pieces de canon doit être faite de la maniere suivante.

« Les pieces seront mises à terre, appuyées seulement sous la volée près les tourillons sur un morceau de bois ou chantier; elles seront tirées trois fois de suite avec des boulets de leur calibre, la premiere sois chargées de poudre à la pesanteur de leur boulet, la seconde aux trois quarts, & la troisieme aux deux tiers. Si la piece soûtient cette épreuve, on y brûlera de la poudre pour la flamber, & aussi - tôt en bouchant la lumiere, on la remplira d'eau que l'on pressera avec un bon écouvillon pour connoître si elle ne fait point eau par quelqu'endroit. Après ces deux épreuves, on examinera avec le chat & une bougie allumée, ou le miroir lorsqu'il fera soleil, s'il n'y a point de chambres dans l'ame de la piece, si les métaux sont bien exactement partagés, & si l'ame de la piece qui doit être droite & concentrique n'est point égarée & ondée ».

Par une autre ordonnance du 11 Mars 1744, les pieces doivent être tirées pour l'épreuve cinq fois de suite avec des boulets de leur calibre, mais chargées seulement les deux premieres fois d'une quantité de poudre égale aux deux tiers du poids du boulet, & les trois autres de la moitié du boulet.

Pour l'épreuve des mortiers, on les examine en gratant intérieurement avec un instrument bien aceré les endroits où l'on soupçonne qu'il y a quelque défaut; & ceux où l'on n'en a point reconnu d'essentiels, sont mis sur leur culasse en terre, les tourillons appuyés sur des billots de bois pour empêcher qu'ils ne s'enterrent. On les fait tirer trois fois avec des bombes de leur diametre, la chambre remplie de poudre, & les bombes pleines de terre mêlée de sciure de bois. On bouche ensuite la lumiere, & on remplit le mortier d'eau pour voir s'il s'y est fait quelque évent ou ouverture; & après l'avoir fait laver, on le visite de nouveau avec le gratoir pour examiner s'il n'y a point de chambres. S'il ne s'en trouve point, le mortier est reçu.

Pour l'épreuve de la poudre, voyez Poudre & Éprouvette. (Q)

Epreuve

Epreuve, dans l'usage de l'Imprimerie, s'entend des premieres feuilles que l'on imprime sur la forme après qu'elle a été imposée: la premiere épreuve se doit lire à l'Imprimerie sur la copie; c'est sur cette premiere épreuve que se marquent les fautes que le compositeur a faites dans l'arrangement des caracteres. La seconde qu'on envoye à l'auteur ou au correcteur, devroit uniquement servir pour suppléer à ce qui a été omis à la correction de la premiere: mais presque tous les auteurs ne voyent les épreuves que pour se corriger eux - mêmes, & font des changemens qui en occasionnent une troisieme, & quelquefois même une quatrieme; ce qui pour l'ordinaire dérange toute l'économie d'un ouvrage, & prolonge les opérations à l'infini.

Epreuve

Epreuve, dans l'Imprimerie en taille - douce, se dit de la feuille de papier imprimée sur une planche, dont avant on avoit rempli toutes les gravûres d'encre, qui est un noir à l'huile fort épais: ce noir sort au moyen de la pression de la presse des gravûres du creux de la planche, & s'attache à la feuille de papier qui représente trait pour trait, mais en sens contraire, toutes les hachures de la planche: en ce sens toutes les planches du Dictionnaire Encyclopédique seront des épreuves des cuivres gravés qui auront servi à les imprimer.

EPROUVETTE

EPROUVETTE, sub. f. c'est, dans l'Artillerie, une machine propre à faire juger de la bonté de la poudre.

Il y a des éprouvettes de plusieurs especes; la plus ordinaire représentée Planche II. Art milit. figure 2. consiste dans une maniere de batterie F de pistolet, avec son chien & son bassinet, montée sur un petit sût de bois, dont le canon G, qui est de fer & long d'un peu plus d'un pouce, est placé verticalement pour recevoir la poudre que l'on veut éprouver. Ce canon est couvert d'un petit couvercle de fer qui tient à une roue dentelée H, dont les crans sont arrêtés par un ressort I qui est au bout du fût. Quand on lache la détente de la batterie, la poudre voulant sortir du canon chasse la roue avec violence, & lui fait parcourir un certain nombre de crans, qui est ce qui marque la bonne ou la mauvaise poudre; ce nombre néanmoins, pour la qualité de la poudre en général, n'est point fixé; ainsi ce n'est que par la comparaison d'une poudre avec une autre, que l'on peut se rendre certain de la bonté de celle qu'on éprouve.

La figure 3. de la même Planche II. représente une autre éprouvette qui ne differe guere de la précédenté, qu'en ce que le canon qui contient la poudre est placé en K d'une maniere différente: sa lumiere est en L; M est le couvercle du canon K, qui est élevé par la poudre, & qui s'arrête dans la roue au moyen des crans qui y sont renfermés, & qui ne se voyent point par le profil.

N, est une clé ou vis, laquelle pressant le ressort O; le lâche & le serre comme on veut.

La fig. 4. est aussi une éprouvette d'une autre espece: elle est composée d'une plaque de cuivre jaune A, A, sur laquelle est creusé le bassinet où se met l'amorce, & qui répond à la lumiere. Elle a un canon B, où se met la charge de la poudre. C'est un poids massif, qui s'éleve plus ou moins haut suivant la force de la poudre, & qui est retenu par les erans de la cremailliere D. E & E sont deux tenons qui s'ouvrent lorsque le poids s'éleve, & qui l'empêchent de descendre quand il est une fois élevé.

Toutes les différentes sortes d'éprouvettes qu'on vient de décrire, ne peuvent servir qu'à faire juger de plusieurs especes de poudres quelle peut être la meilleure. C'est pourquoi pour avoir quelque chose de plus précis, le feu roi Louis XIV, par une ordonnance du 18 Septembre 1686, qui est encore en usage aujourd'hui, a ordonné que l'épreuve de la poudre se feroit avec un petit mortier qui chasseroit un boulet de 60 livres à la distance au moins de 50 toises avec trois onces de poudre seulement. Si le boulet va à une plus petite distance, la poudre n'est pas reçue dans les arsénaux de Sa Majosté.

La figure 5. de la Planche Il. Art milit. fait voir ce mortier, qu'on nomme aussi éprouvette à cause de son usage. Voci ses dimensions suivant l'ordonnance de 1686.

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