Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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répondre nettement, il battit la campagne. Pendant deux heures, le malade a battu la campagne.

Poétiq. et fig., Les campagnes de l'air, L'air ou les airs.

CAMPAGNE se dit aussi Des champs en général, d'une étendue quelconque de pays, considérée surtout par rapport à sa culture, à ses productions. Campagne fertile. Campagne stérile. La campagne est belle, on peut espérer une abondante récolte. De riches campagnes. La grêle a désolé nos campagnes. Des campagnes ravagées par la guerre. Toute la campagne est inondée. Mes fenêtres donnent sur une campagne agréable, sur la campagne.

Il se dit également par opposition à La ville. Maison de campagne. La vie de la campagne. Il n'est pas chez lui, il est allé à la campagne, à sa campagne, il est à la campagne. Les médecins lui ont conseillé l'air de la campagne. Les habitants de la campagne.

Gentilhomme de campagne, Gentilhomme qui demeure ordinairement à la campagne.

Habit de campagne, Habit qu'on porte quand on est à la campagne.

Comédiens de campagne, Comédiens qui ne jouent que dans la province.

À la Bassette et au Pharaon, Paroli de campagne, Paroli qu'un joueur a la friponnerie de marquer, sans que sa carte soit venue en gain. Les joueuses de profession sont sujettes à faire des parolis de campagne. On dit de même, au Trictrac, Case de campagne, Case qu'on n'avait pas le droit de faire.

CAMPAGNE se dit, par extension, Du mouvement, du campement, et de l'action des troupes. Les armées sont en campagne. Les troupes se mettront bientôt en campagne, doivent entrer bientôt en campagne. Elles tiennent la campagne. Faire une campagne, la campagne. Ouvrir la campagne. Commencer la campagne. La campagne de Hollande. Les campagnes d'Italie, d'Allemagne, etc.

Pièces de campagne, Les pièces légères d'artillerie qu'on mène aisément en campagne.

Fig. et fam., Mettre ses amis, mettre bien des gens en campagne, Les faire agir pour le succès d'une affaire.

Fig. et fam., Se mettre en campagne, Se donner des mouvements pour découvrir quelque chose. Il s'est mis en campagne depuis hier pour découvrir la demeure de cette personne.

Fig., fam. et ironiq., Il a fait une belle campagne, Il a fait des courses, des démarches inutiles.

Fig. et fam., Son imagination est en campagne, se dit D'une personne qui s'inquiète, dont le cerveau travaille.

CAMPAGNE signifie aussi, Le temps durant lequel les armées sont ordinairement en campagne, qui est le printemps, l'été et l'automne. La campagne a été longue cette année, elle a commencé de bonne heure et fini bien tard. Voilà une glorieuse campagne. Cet officier a servi longtemps, il a fait vingt campagnes. Il commence à porter les armes, voici sa première campagne. On le dit dans un sens analogue en parlant Du service de mer.

Il se dit également de La saison propre aux travaux de certains ouvriers. Cette maison sera bâtie dans trois campagnes.

CAMPAGNOL. s. m. T. d'Hist. nat. Espèce de mulot, de souris des champs, brune et à queue courte.

CAMPANE. s. f. Ouvrage de soie, d'argent filé, etc., avec de petits ornements en forme de cloches, faites aussi de soie, d'or, etc. Une belle, une riche campane. La campane d'un lit, d'un carrosse. Orner d'une campane.

Il se dit aussi d'Un ornement de sculpture, d'où pendent des houppes en forme de clochettes, pour un dais d'autel, de trône, de chaire à prêcher, etc.

Il désigne, en Architecture, Le corps du chapiteau corinthien et celui du chapiteau composite, parce qu'ils ressemblent à une cloche renversée.

CAMPANILE. s. m. T. d'Archit. Clocher à jour; petite tour ouverte et légère, haute, et souvent isolée, dans laquelle sont suspendues des cloches. Le campanile de Florence est incrusté de marbre. Quelques-uns disent Campanille, et font ce mot du féminin.

CAMPANULE. s. f. T. de Botan. Genre de plantes dont il existe un très-grand nombre d'espèces, qui toutes portent des fleurs en forme de cloches, et que l'on cultive, pour la plupart, dans les jardins d'agrément.

CAMPANULÉ, ÉE. adj. T. de Botan. En forme de cloche. Corolle campanulée.

CAMPÊCHE. s. m. Arbre d'Amérique, dont le bois, très-dur et très-pesant, fournit une belle teinture rouge. Bois de campêche.

CAMPEMENT. s. m. Action de camper, ou Le camp même. Dans notre premier campement, nous eûmes nouvelles des ennemis. L'art des campements. Il n'a plus que trois campements à faire pour arriver à telle ville. Ce sens a vieilli, excepté dans les locutions, Matériel de campement, effets de campement, qui sont très-usitées.

Il se dit aussi d'Un détachement qu'on fait partir quelques jours à l'avance, pour s'emparer du terrain où doit camper l'armée, et pour tracer le camp. Le campement doit rester sous les armes jusqu'à l'arrivée du corps d'armée.

CAMPER. v. n. Il se dit proprement D'une armée qui dresse des tentes ou construit des baraques en quelque lieu, pour s'y loger en ordre, ou pour s'y retrancher. Nous campâmes en tel endroit. L'armée alla camper à la vue des ennemis. Faire camper son armée. Il entend admirablement bien l'art de camper.

Il signifie figurément, Ne faire qu'une courte station dans un lieu. Nous n'avons fait que camper dans cet endroit.

Fam., Il campe, se dit D'un homme qui n'a point de logis assuré, qui en change tous les jours.

CAMPER est aussi verbe actif. Ce général a campé son armée entre la montagne et la rivière. Avec le pronom personnel: Il se campe toujours avantageusement. Il s'était campé près de telle ville. Cet emploi est maintenant beaucoup plus rare que le premier.

Fig. et fam., Camper là quelqu'un, Le laisser, l'abandonner, lorsqu'on l'a mis ou qu'il s'est mis lui-même dans une situation embarrassante.

CAMPER avec le pronom personnel, signifie aussi, très-familièrement, Se placer. Il se campa dans un fauteuil. Il vint hardiment se camper dans la meilleure place. Où vous êtes-vous allé camper?

Il signifie encore, Se mettre en certaine posture, se placer sur ses pieds d'une certaine manière. Il se campe bien.

CAMPÉ, ÉE. participe Une armée campée.

Fig. et fam., Être bien campé, Être bien installé, bien placé en quelque endroit. Vraiment vous voilà bien campé. On dit aussi, Être bien campé sur ses jambes.

CAMPHORATA. s. f. Voyez CAMPHRÉE.

CAMPHRE. s. m. Substance concrète, blanche et demi-transparente, d'une odeur très-forte, d'une saveur amère et brûlante, qu'on extrait de certains végétaux, et principalement d'une espèce de laurier. Le camphre est volatil et très-inflammable. Le camphre est vénéneux à une certaine dose.

CAMPHRÉ, ÉE. adj. Qui contient du camphre. Potion camphrée. Esprit-de-vin camphré. Eau-de-vie camphrée.

CAMPHRÉE. s. f. T. de Botan. Plante fort commune dans le midi de la France, et dont on fait usage en médecine: on la nomme ainsi parce qu'elle a une forte odeur de camphre.

CAMPHRIER. s. m. T. de Botan. Espèce de laurier dont on retire une partie du camphre qui se débite dans le commerce.

CAMPINE. s. f. T. de Cuisine. Espèce de petite poularde fine.

CAMPOS. s. m. (On ne fait point sentir l'S.) Mot pris du latin, qui signifie proprement, Le congé qu'on donne à des écoliers. Des écoliers qui ont campos, qui demandent campos, auxquels on a donné campos.

Il se dit, par extension, Des heures, des jours où des personnes d'étude et de cabinet se donnent quelque relâche. Il a pris, il s'est donné campos aujourd'hui. Il est familier dans les deux sens.

CAMUS, USE. adj. Qui a le nez court et plat. Il est camus. Elle est camuse. On dit de même, Un nez camus.

Il se dit également De quelques animaux. Un chien camus. Un cheval camus.

Fig. et fam., Il est bien camus, se dit D'un homme qui a été trompé dans l'attente de quelque chose. Les voilà tous bien camus.

Fig. et fam., Rendre un homme camus, Le réduire à ne savoir que dire. Il voulait faire le capable, on l'a rendu bien camus.

CAMUS s'emploie aussi substantivement. Un vilain camus. Une petite camuse.

CANAILLE. s. f. coll. Terme de mépris, qui se dit de La plus vile populace. Il n'y avait là que de la canaille. Il fut insulté par la canaille. Toute la canaille s'attroupa dans la place publique. C'est un bateleur qui amuse la canaille.

Il se dit, par extension, Des gens de toute condition pour lesquels on veut témoigner du mépris. Il nous traita de canaille. Vile canaille. Hors d'ici, canaille! En ce sens, il peut s'employer au pluriel. Ce ne sont que des canailles. Ces canailles de domestiques me laissent toujours seul.

Il se dit quelquefois, par badinerie, Des

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