Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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AU BOUT DU COMPTE. locut. adverbiale et familière qui signifie, Tout considéré, après tout. Au bout du compte, que lui en peut-il arriver? Au bout du compte, il n'a pas de grands torts.

À BOUT. loc. adv. qui a différentes acceptions. Être à bout, Se trouver dépourvu de toute espèce de ressource, ne savoir plus que devenir. Mettre quelqu'un à bout, Le réduire à ne savoir plus que faire ni que dire. Pousser quelqu'un à bout, mettre, pousser sa patience à bout, Le mettre en colère à force d'abuser de sa patience. Sa patience est à bout, Sa patience est épuisée. Pousser quelqu'un à bout, en parlant D'une discussion, signifie, Le réduire à ne pouvoir répondre.

À BOUT DE. loc. prépositive qui a également différentes acceptions. Être à bout de voie, Ne savoir plus quel moyen employer, être à la fin de ses ressources. Venir à bout d'un dessein, d'une entreprise, Réussir dans un dessein, dans une entreprise. Venir à bout de faire une chose, à bout d'une chose, Parvenir à faire une chose, parvenir à la fin d'une chose, en trouver la fin. Il est venu à bout de l'épouser. C'est un livre si ennuyeux, que je n'ai jamais pu venir à bout de le lire en entier. La chose est difficile, mais nous en viendrons à bout. Il est venu à bout de son argent, il n'en a plus. Ils sont venus à bout d'une douzaine de bouteilles de vin. On dit aussi, Venir à bout de quelqu'un, Le réduire à la raison, le réduire à faire ce qu'on veut. Il est venu à bout de cet entêté.

BOUT À BOUT. loc. adv. qui se dit en parlant De certaines choses qu'on joint, qui sont jointes par leurs extrémités. Coudre deux bandes de toile bout à bout. Des tuyaux assemblés bout à bout.

Fig. et fam., Mettre bout à bout, se dit en parlant De l'énumération et de l'assemblage de certaines choses, qui ne sont presque rien à les prendre séparément, mais qui forment un tout considérable, si on les réunit. Si on mettait bout à bout le chemin qu'il fait chaque jour dans son jardin, on trouverait qu'à la fin de l'année, il aurait fait plus de cinq cents lieues.

DE BOUT EN BOUT. loc. adv. D'une extrémité à l'autre. Parcourir la France de bout en bout. Courir la ville de bout en bout. Cette locution a vieilli.

D'UN BOUT À L'AUTRE. loc. adverbiale, et quelquefois prépositive D'une extrémité à l'autre, ou Depuis le commencement jusqu'à la fin. Courir la ville d'un bout à l'autre. Aller d'un bout à l'autre du parc. Il faut de la patience pour lire ce livre d'un bout à l'autre. Il m'a conté d'un bout à l'autre tout ce qui s'est passé.

ET HAÏE AU BOUT. loc. adv. et fam. Et quelque chose de plus. Il a dix mille francs de rente, et haïe au bout. Cette manière de parler a vieilli.

BOUTADE. s. f. Caprice, saillie d'esprit et d'humeur. Quelle boutade vous prend? Il a des boutades. N'agir que par boutade. Composer par boutade. C'est une boutade qui lui a pris.

BOUTANT. adj. m. T. d'Archit., qui a le même sens que Butant, et qui ne s'emploie qu'avec le mot Arc. Voyez ARCBOUTANT.

BOUTARGUE ou BOTARGUE. s. f. Sorte de mets qu'on prépare, en Italie et dans le midi de la France, avec des oeufs de poisson salé, confits dans le vinaigre. La boutargue est excitante et sert d'assaisonnement.

BOUT-DEHORS ou BOUTE-HORS. s. m. T. de Marine. Il se dit de Pièces de bois longues et rondes qu'on ajoute, par le moyen d'anneaux de fer, à chaque bout de vergue du grand mât et du mât de misaine, et qui servent à porter des bonnettes, quand le vent est faible, ou quand on veut accélérer la marche du navire.

BOUTÉ, ÉE. adj. T. de Manége. Il se dit D'un cheval qui a les jambes droites depuis le genou jusqu'à la couronne. Cheval bouté.

BOUTE-EN-TRAIN. s. m. T. de Haras. Cheval entier dont on se sert pour mettre les juments en chaleur.

Il se dit aussi d'Un petit oiseau qui sert à faire chanter les autres.

Il se dit, familièrement, d'Un homme qui excite les autres à la joie, qui met tout le monde en train. C'est le boute-en-train de la compagnie.

BOUTE-FEU. s. m. Baguette garnie à son extrémité d'une mèche d'étoupe qui sert à mettre le feu à certaines pièces de canon. Devant l'ennemi le boute-feu est toujours allumé.

Il se dit également de Celui qui met le feu au canon ou à des pièces d'artifice. Ce sens a vieilli, et n'est plus usité dans l'Artillerie.

Il signifie quelquefois, Un incendiaire, un homme qui de dessein formé met le feu à un édifice, à une ville. On surprit des boutefeux. Ce sens est peu usité.

Il se dit, figurément, de Celui qui excite des discordes et des querelles. Il a été le boutefeu de la sédition. C'est un vrai boute-feu.

BOUTE-HORS. s. m. Espèce de jeu qui n'est plus en usage. On dit figurément et familièrement, Ils jouent au boute-hors, en parlant De deux hommes qui tâchent de se débusquer l'un l'autre de quelque emploi, de quelque place.

BOUTE-HORS est aussi un terme de Marine. Voyez BOUT-DEHORS.

BOUTEILLE. s. f. Vase à goulot, de formes diverses et d'une capacité plus ou moins grande, destiné à contenir du vin, ou d'autres liquides. Bouteille de verre, de terre, de grès, de cuir bouilli. Bouteille ronde, carrée, plate. Bouteille à l'encre. Bouteille au vinaigre. Bouteille qui tient chopine. Bouteille de chopine, de pinte, de demi-litre. Demi-bouteille. Le ventre, le cou, le goulot, le cul d'une bouteille. Le bouchon d'une bouteille. Bouteille coiffée. Boucher, coiffer, déboucher, décoiffer une bouteille. Bouteille cassée, fêlée, étoilée. Remplir une bouteille. Vider une bouteille. Rincer des bouteilles. Tirer, mettre une pièce de vin en bouteilles. Mettre du vin en bouteilles.

Vider une bouteille, signifie quelquefois, Boire le vin qu'elle contient. Ils vidèrent une bouteille au cabaret.

Fig. et fam., N'avoir rien vu que par le trou d'une bouteille, N'avoir aucune connaissance des choses du monde, aucun usage du monde.

Fig. et fam., C'est la bouteille à l'encre, se dit D'une affaire très-obscure.

En termes de Physique, Bouteille de Leyde, Appareil qui produit la commotion électrique par la réunion soudaine de deux quantités d'électricité de différente nature accumulées sur ses deux surfaces. Cet appareil fut inventé à Leyde, et formé d'abord d'une simple bouteille de verre recouverte de feuilles de métal.

BOUTEILLE se dit aussi de La liqueur qui est contenue dans une bouteille. Une bouteille de bière, d'eau-de-vie, de rhum, de vin. Employé absolument, il se dit toujours d'Une bouteille de vin. Boire une bouteille. Boire bouteille.

Pop., Payer bouteille, Payer le prix d'une bouteille de vin qu'on boit au cabaret avec quelqu'un.

Fam., Aimer la bouteille, Aimer le vin, être adonné au vin.

BOUTEILLE se dit aussi d'Une bulle, d'un petit globe rempli d'air, qui se forme, soit sur l'eau quand il pleut, soit sur un liquide en ébullition, ou de quelque autre manière. La pluie fait des bouteilles en tombant. Les enfants font de grosses bouteilles en soufflant de l'eau de savon avec un chalumeau. Ce sens a vieilli: on dit ordinairement, Bulle.

BOUTEILLER. s. m. Voyez BOUTILLIER.

BOUTEILLES. s. f. pl. T. de Marine. Les lieux d'aisance, dans un vaisseau, où ils sont ordinairement placés à la poupe. Aller aux bouteilles.

BOUTER. v. a. Mettre. Vieux mot qui n'est plus usité que dans le bas langage, ou en termes de Marine. Bouter au large, Pousser une embarcation au large. Voyez BOUTE-EN-TRAIN, BOUTE-FEU, BOUTE-SELLE, ETC.

BOUTÉ, ÉE. participe

BOUTER. v. n. Il se dit D'un vin qui pousse au gras. Les vins de ce cru sont sujets à bouter. Cette cave fait bouter.

BOUTEROLLE. s. f. Garniture qu'on met au bout d'un fourreau d'épée. Une bouterolle d'acier. Une bouterolle d'argent. Il s'emploie aussi en termes de Blason.

BOUTE-SELLE. s. m. T. de Guerre. Signal qui se donne avec la trompette, pour avertir les cavaliers de seller leurs chevaux, et de se tenir prêts à monter à cheval. Sonner le boute-selle.

BOUTILLIER. s. m. (On mouille les L.) Échanson. Il ne s'emploie que dans cette dénomination ancienne, Grand boutillier de France, Grand officier de la couronne qui avait l'intendance de tout ce qui concernait la bouche, et spécialement du vin. Le grand boutillier avait séance entre les princes, et disputait le pas au connétable. On dit aussi, Bouteiller.

BOUTIQUE. s. f. Lieu où un marchand étale et vend sa marchandise, où un artisan travaille. Les boutiques sont ordinairement au rez-de-chaussée des maisons, et ouvertes sur la rue. Boutique de planches. Les boutiques de la rue Saint-Denis, du Palais-Royal. Les boutiques de la foire, d'un bazar. Grande boutique. Belle boutique. Petite boutique. Boutique en plein vent. Boutique bien garnie, bien fournie. Boutique de mercier, d'épicier, de perruquier, de cordonnier. Tenir boutique. Avoir boutique. Fermer, ouvrir sa boutique. Garçon de boutique. Fille de boutique. Mettre un jeune homme en boutique.

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