Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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un sens analogue Le service de la bouche.
Les offices mêmes où l'on apprêtait à manger
pour le roi s'appelaient également La
bouche.

Il se dit aussi des Personnes mêmes, par
rapport à la nourriture qu'elles consomment.
Il a tous les jours dix bouches à nourrir. Les
vivres commençant à manquer dans la place,
on en fit sortir toutes les bouches inutiles,
Toutes
les personnes qui consommaient une partie des
vivres sans être capables de contribuer à la
défense.

Il désigne quelquefois la Conformation ou
la Partie extérieure de la bouche. Avoir une
grande bouche, une jolie bouche. Baiser à la
bouche, sur la bouche. Sa bouche me souriait.
Les coins de la bouche.

Fig., Faire la petite bouche, Faire le difficile,
le dégoûté, le dédaigneux sur quelque
chose.

Fam., Faire la bouche en coeur, Donner à sa
bouche une forme mignarde, affectée. Il
signifie figurément Manifester une amabilité
extrême et affectée.

Il se dit encore en parlant des Chevaux
et de quelques autres bêtes de somme et
d'attelage. La bouche d'un cheval, d'un mulet,
d'un âne.

Ce cheval est fort en bouche, il n'a point de
bouche,
Il n'obéit point au mors; et Il n'a
ni bouche, ni éperon,
Il est fort en bouche et
dur à l'éperon.

Il se dit aussi en parlant de Certains poissons,
des grenouilles et de certains autres
animaux, etc. Bouche de saumon, de carpe.

Il se dit, par analogie, de Plusieurs sortes
d'ouvertures. La bouche d'un volcan, d'un four,
d'un tuyau, d'un puits, d'un égout, etc. La
bouche d'un canon, d'un mortier.

Bouche à feu est le terme générique par
lequel on désigne les Canons, mortiers, obusiers,
etc. Il y avait tant de bouches à feu.

Bouche de chaleur, Ouverture pratiquée sur
les côtés d'une cheminée, d'un poêle ou sur le
parcours d'un calorifère, pour donner passage
à l'air chaud.

Bouche d'eau, Bouche d'arrosage, Ouverture
pratiquée dans une conduite d'eau et à
laquelle on peut adapter un appareil d'arrosage.

Bouche d'incendie, Ouverture pratiquée
dans une conduite d'eau pour servir à l'alimentation
des pompes ou des tuyaux en cas
d'incendie.

Il se dit encore, surtout au pluriel, des
Embouchures par où de grands fleuves se
déchargent dans la mer. Les bouches du Nil.
Les bouches du Danube. Les bouches du Gange.
Le département des Bouches-du-Rhône.

BOUCHÉE. n. f. Morceau d'aliment solide
qu'on met dans la bouche en une seule fois.
Une bouchée de pain. Une bouchée de viande.
Il n'y en a qu'une bouchée.

Par exagération, Ne faire qu'une bouchée
de quelque mets,
Le manger avidement et
promptement. On lui servit un poulet dont il
ne fit qu'une bouchée.
Fig. et fam., Il n'en
ferait qu'une bouchée,
se dit pour exprimer la
Facilité avec laquelle un homme grand et fort
aurait raison dans une lutte d'un adversaire
beaucoup plus faible que lui.

Il se dit aussi, par extension, de Certaines
pâtisseries. Bouchées à la reine.

BOUCHER. v. tr. Fermer une ouverture
ou ce qui présente une ouverture. Boucher un
trou. Boucher un tonneau. Boucher une bouteille.
Boucher une porte. Boucher une fenêtre.
Se boucher le nez. Se boucher les oreilles. Se
boucher les yeux. L'ouverture s'est tout à fait
bouchée.

Boucher les vues d'une maison, Murer celles
de ses fenêtres qui voient de trop près sur
une propriété voisine, contrairement à la coutume,
à la loi. On l'a obligé à boucher ses vues.

Boucher la vue d'un objet, Empêcher de
l'apercevoir. Ce bâtiment, ce bois, ce mur
bouche la vue du jardin.

Fig., Se boucher les yeux, Ne vouloir point
voir; et Se boucher les oreilles, Ne vouloir
point écouter.

Fig. et fam., Boucher un trou, Payer quelque
dette et dédommager de quelque perte avec
une somme d'argent.

Le participe passé s'emploie comme adjectif.
Fig. et fam., Avoir l'esprit bouché, être bouché,
Avoir peu d'intelligence, ne pouvoir comprendre
les choses les plus simples. Il a
aujourd'hui l'esprit si bouché qu'on ne peut
rien lui faire comprendre. Il faut que ce garçon-
là soit bien bouché pour n'avoir pas compris
une chose si simple!

BOUCHER. n. m. Celui qui tue des boeufs,
des moutons, etc., et qui en vend au détail la
chair crue. L'étal d'un boucher. Un couteau
de boucher. Garçon boucher.

Fig., C'est un boucher, un vrai boucher, C'est
un homme cruel et sanguinaire.

Il a un féminin, BOUCHÈRE, qui désigne
Celle qui aide le boucher dans la vente au
détail de la viande.

BOUCHERIE. n. f. Endroit où l'on abat
les bêtes dont la chair doit être vendue.
Envoyer un boeuf à la boucherie. On dit plutôt
aujourd'hui ABATTOIR.

Il désigne plus ordinairement le Commerce
que font les bouchers. La boucherie a haussé
ses prix. La boucherie est soumise à certains
règlements.

Il signifie au figuré Tuerie, massacre, carnage.
Ce ne fut pas un combat, ce fut une
boucherie. Il se fit une grande boucherie dans
ce combat. Ces malheureux ne pouvaient se
défendre, on en fit une horrible boucherie.
Mener, envoyer des soldats à la boucherie,
Les
exposer à une mort presque certaine.

BOUCHE-TROU. n. m. Personne qui ne
sert qu'à faire nombre, à laquelle on n'a
recours qu'au besoin, pour remplir, tant bien
que mal, une place vide, un emploi vacant.
Ce comédien n'est pas bon, c'est un bouche-trou.
Être invité en bouche-trou.
Au pluriel, Des
bouche-trous.

BOUCHOIR. n. m. Grande plaque de fer
qui sert à fermer la bouche d'un four.

BOUCHON. n. m. Poignée de paille tortillée
ou de foin tortillé. Faire un bouchon de paille
pour frotter un cheval. Mettre un bouchon de
paille à la queue d'un cheval pour indiquer qu'il
est à vendre.

Bouchon de linge, Paquet de linge tortillé.
Mettre du linge en bouchon, Le chiffonner et
le mettre tout en un tas.

Il se dit aussi d'un Rameau de verdure,
d'une couronne de lierre ou de quelque autre
signe qu'on attache à une maison pour faire
connaître qu'on y vend du vin. Un bouchon
de cabaret.

Il se dit quelquefois, par extension, du
Cabaret même. Il n'y a dans ce village qu'un
mauvais bouchon.

Il désigne aussi Ce qui sert à boucher une
bouteille ou quelque autre vase de même
nature. Bouchon de liège. Bouchon de bois.
Bouchon de papier. Bouchon de filasse. Bouchon
de verre, de cristal. Le bouchon d'une
bouteille.

Faire sauter le bouchon, Faire partir avec
bruit le bouchon qui ferme une bouteille de
vin fumeux, tel que le vin de Champagne
mousseux.

Jouer au bouchon, Jouer à qui abattra, de
loin, avec des palets, les pièces de monnaie
placées sur un bouchon de liège ou de bois.

En termes de Pêche, il désigne la Partie
de la ligne qui sert de flotteur.

BOUCHONNER. v. tr. Mettre en bouchon,
chiffonner. Bouchonner du linge.

Bouchonner un cheval, Le frotter avec un
bouchon de paille.

BOUCHONNIER. n. m. Celui qui fait, qui
vend des bouchons de liège pour les bouteilles.

BOUCLE. n. f. Sorte d'anneau de diverses
formes, garni d'une ou de plusieurs pointes
mobiles fixées sur un axe et qui sert à tendre
à volonté une ceinture, une courroie, une
sangle, etc. Des boucles de souliers. Une paire
de boucles. Une ceinture à boucle. Une boucle
de ceinture. Des boucles de jarretières. Les
boucles d'un harnais, etc. Boucle d'argent,
d'acier, de cuivre. Boucle ronde, carrée, ovale.
L'ardillon, les ardillons d'une boucle.

Il se dit aussi d'une Espèce d'anneau que
les femmes portent à leurs oreilles comme
ornement. Des boucles d'oreilles. Des boucles
d'or. Des boucles de diamants.

Il se dit encore des Anneaux de cuivre qu'on
met aux juments pour les empêcher d'être
saillies.

Il se dit, en termes de Marine, de Gros
anneaux de fer où l'on attache un câble, un
cordage et particulièrement ceux qui, dans
un port, sont destinés à recevoir les amarres
des bâtiments.

Il se dit figurément des Anneaux que
forment les cheveux, naturellement ou par
la frisure. Ses cheveux tombaient en boucles
sur ses épaules. Une boucle de cheveux. Friser
à boucles, en boucles, à grandes boucles, à
grosses boucles, à petites boucles. Les boucles
d'une coiffure, d'une perruque.

En termes d'Architecture, il désigne un Petit
cercle en forme d'anneau qui sert d'ornement
à une moulure ronde.

En termes d'Aviation, il se dit de l'Évolution
en forme de boucle que le pilote fait
dessiner dans les airs à son appareil.

BOUCLER. v. tr. Attacher, serrer avec
une boucle. Boucler ses souliers, ses jarretières,
sa ceinture.

Fig. et fam., Boucler quelqu'un. Le mettre
en prison.

Boucler une jument, Lui mettre des boucles
pour empêcher qu'elle ne soit saillie. Boucler
un porc,
Lui mettre une boucle au groin pour
l'empêcher de fouir la terre.

Boucler un dossier, Enfermer dans une
enveloppe les pièces d'un dossier dont on n'a
plus besoin. D'où Terminer, clore une affaire.
Voilà une affaire bouclée!

Boucler le budget, Le mettre en équilibre.

Il signifie aussi Faire prendre la forme
de boucles à des cheveux, mettre des cheveux
en boucles. Boucler des cheveux. Boucler
une perruque. Boucler un enfant. Elle est, tous
les soirs, une heure à se friser, à se boucler.

Il est quelquefois intransitif, dans le même
sens. Ses cheveux bouclent naturellement.

En termes de Maçonnerie, Ce mur boucle,
Les parements de ce mur s'écartent, faute de
liaison suffisante dans la construction.

Raie bouclée, Nom donné à l'espèce de raie
dont la peau est semée d'aspérités analogues
à des boutons.

BOUCLIER. n. m. Arme défensive que les
gens de guerre portaient au bras gauche et
dont ils se servaient pour protéger leur corps.
Un bouclier rond. Un bouclier ovale. Un bouclier
de fer, d'airain, de cuir. Se couvrir de son
bouclier. Parer du bouclier.

Levée de boucliers, Démonstration par
laquelle les soldats romains témoignaient
leur résistance aux volontés de leur général.
Il signifie figurément Opposition bruyante
ou Attaque à main armée. Faire une levée de
boucliers. De quoi leur a servi cette grande
levée de boucliers?

Par extension, Faire un bouclier de son
corps à quelqu'un,
Se mettre au-devant de
quelqu'un pour le préserver des coups qui lui
sont portés.

Il se dit figurément, au sens moral, de Ce
que l'on considère comme une sauvegarde,
une protection, une défense. Son âge, sa faiblesse

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