Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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BLESSANT, ANTE. adj. Qui blesse. Il ne
s'emploie guère qu'au figuré. Un propos blessant.
Des paroles blessantes. Cet homme m'a
paru blessant dans son langage.

BLESSER. v. tr. Frapper d'un coup qui
fait une contusion, une plaie, une fracture.
Blesser quelqu'un; le blesser légèrement, grièvement,
dangereusement; le blesser à mort. Il a
été blessé d'un coup d'épée, d'un coup de bâton,
d'un coup de pierre.
Quand il est question de la
Guerre, il ne se dit que de Coups qui font une
plaie ou une fracture. Cet officier n'a point
encore fait de campagne qu'il n'ait été blessé.
Il n'a pas été blessé, il n'a reçu qu'une contusion.

Il signifie également Occasionner, par choc,
pression ou frottement, quelque plaie ou
contusion. Il est tombé sur une pierre qui l'a
blessé à la tête. Le joug peut blesser les jeunes
boeufs. Cette selle blesse mon cheval.

Il signifie, par extension, Causer seulement
quelque gêne, quelque douleur. Ces
souliers me blessent.

Fig. et fam., Vous ne savez pas où le bât le
blesse.
Voyez BÂT.

Il signifie au figuré Causer une impression
désagréable à la vue, à l'ouïe. Les couleurs
trop éclatantes blessent la vue. Ces objets
hideux blessent les regards. Ce son blesse
l'oreille.

Il signifie, au sens moral, Offenser, choquer,
déplaire. Qu'a donc ce discours qui vous blesse?
Je ne vois rien là qui puisse blesser. Un tel
procédé le blesserait, l'a blessé profondément,
l'a blessé au vif. Son orgueil en fut blessé. Blesser
quelqu'un dans son honneur.

Fig., Blesser quelqu'un au coeur, L'offenser
dans ses affections, dans ses sentiments les
plus chers. L'ingratitude de son fils l'a blessé
au coeur.

Ces images, ces paroles blessent la pudeur,
Sont contraires à la pudeur.

Blesser les convenances, la vraisemblance,
Faire ou dire quelque chose de contraire aux
convenances, ou qui s'écarte de la vraisemblance.
On dit de même Blesser les usages,
les règles, les principes, le goût, etc.

Il signifie aussi Faire tort, faire préjudice,
porter dommage. Cela ne blesse personne. La
clause de cette transaction, de ce contrat blesse
mes intérêts.

Blesser l'honneur, la réputation de quelqu'un,
blesser l'amitié, blesser la bonne foi, la justice,
etc.,
Faire quelque chose contre l'honneur,
contre la réputation de quelqu'un, contre ce
qu'on doit à l'amitié, à la bonne foi, à la justice,
etc.

SE BLESSER signifie Se faire du mal à soi-
même par accident, par mégarde ou à dessein.
Prenez garde de vous blesser en maniant cette
arme. Ce poltron s'est blessé lui-même légèrement
pour faire croire qu'il a pris part au
combat. Il s'est blessé en tombant. Ils se sont
blessés l'un l'autre.

Il signifie aussi figurément S'offenser de
quelque chose. C'est un homme qui se blesse
d'un rien. C'est un homme qui se blesse aisément,
qui se blesse de tout.

Le participe passé BLESSÉ se prend aussi
comme nom. Avoir soin des blessés. Les morts
et les blessés.

BLESSURE. n. f. Plaie ou fracture produite
par un coup ou un choc. Grande blessure.
Petite blessure. Blessure profonde, dangereuse,
mortelle. Recevoir une blessure. Guérir une
blessure. Mourir d'une blessure. Ses blessures
se sont rouvertes.
On le dit plus communément
des Coups qui entament les chairs. Il n'a pas
reçu de blessure, il a seulement une contusion.

Il se dit figurément, en parlant des Atteintes
à l'honneur, à la réputation, à l'amour-propre.
Les blessures faites à l'honneur, à l'amour-
propre sont plus sensibles que les autres. Rouvrir
une blessure,
Renouveler le souvenir d'une
injure, d'une douleur passée.

Il se dit aussi figurément des Peines
morales que font éprouver certaines passions
violentes. L'envie fait au coeur de ceux qui
l'éprouvent de profondes blessures.

BLET, ETTE. adj. Dont la chair s'est
ramollie, sans être encore gâtée, en parlant
des fruits. Des poires blettes.

BLETTE. n. f. T. de Botanique. Plante
potagère dite Épinard-fraise.

BLEU, UE. adj. Qui est de la couleur du
ciel quand il est pur. Satin bleu. Robe bleue.
Avoir les yeux bleus.

Il se dit quelquefois de la Couleur que certains
épanchements de sang ou certaines
contusions font prendre à la peau. Quand le
sang lui porte à la tête, il devient tout bleu.
L'endroit de la contusion est encore bleu.

En termes de Chimie, Cendres bleues, Carbonate
de cuivre artificiel.

Cordon bleu. Voyez CORDON.

Fig. et fam., Conte bleu, Récit fabuleux,
conte de fées ou Discours en l'air, mensonge.
Ce sont là des contes bleus.

Il se dit comme nom masculin de la Couleur
bleue. Bleu céleste. Bleu de ciel. Bleu pâle.
Bleu foncé. Bleu clair. Bleu de roi. Bleu mourant.
Bleu turquin. Bleu barbeau. Une étoffe
d'un beau bleu. Teindre en bleu. Le bleu du ciel.

Fig., Être dans le bleu, Nager dans le bleu,
se dit de Quelqu'un qui vit dans le rêve, dans
l'irréel.

Il se dit familièrement de l'Empreinte
laissée sur la peau par une contusion. Avoir
des bleus sur le corps. Faire un bleu à quelqu'un,
se faire un bleu.

En termes de Cuisine, Mettre une carpe, un
brochet au bleu,
Faire cuire ces poissons à
un court-bouillon au vin rouge, qui leur donne
une couleur bleuâtre.

En termes de Blanchisserie, Passer du linge
au bleu,
Tremper du linge, après l'avoir blanchi,
dans une eau imprégnée d'une couleur
bleue.

Fig. et fam., N'y voir que du bleu, Se
laisser tromper par les artifices de quelqu'un.
Elle lui conte des histoires invraisemblables,
il n'y voit que du bleu.

Passer au bleu une chose, Faire exprès de
ne plus s'occuper d'une chose.

Bleu d'azur, Verre coloré en bleu par
l'oxyde de cobalt et réduit en poudre.

Bleu de cobalt, Résultat de la calcination
d'un mélange de phosphate de cobalt et d'alumine.

Bleu de montagne, Carbonate de cuivre
naturel.

Bleu d'outremer, Poudre bleue qu'on retire
de la pierre appelée Lapis lazuli. Il y a du
bleu d'outremer artificiel aussi beau que celui
du lapis.

Bleu de Prusse, Matière d'un bleu foncé
qu'on vend ordinairement sous la forme de
petites masses faciles à pulvériser. Le bleu de
Prusse est un sel formé d'acide prussique et de
peroxyde de fer.

Boire du petit bleu, Boire un vin rouge de
qualité très médiocre.

Envoyer, recevoir un petit bleu, Envoyer,
recevoir une dépêche pneumatique dont la
couleur est bleue.

Vouer au bleu, Faire voeu que, pendant
quelques années, un enfant sera habillé de
bleu, en l'honneur de la Sainte Vierge, dont
cette couleur est le symbole.

BLEUS, Nom que les Chouans donnaient,
pendant la guerre de Vendée, aux soldats des
armées de la République.

BLEUS désigne aujourd'hui les Soldats
nouvellement incorporés avec leur classe.

BLEUÂTRE. adj. des deux genres. Qui tire
sur le bleu. Couleur bleuâtre. Fleur bleuâtre.
Flamme bleuâtre.

BLEUET. n. m. T. de Botanique. Espèce
de Centaurée dont les fleurs sont bleues et
qui croît dans les blés. On l'appelle aussi
BARBEAU.

BLEUIR. v. tr. Rendre bleu. Bleuir de
l'acier en le chauffant. Le froid bleuit les mains.

Il est aussi verbe intransitif et signifie
Devenir bleu. Certaines substances bleuissent
à l'air. La peau bleuit au froid.

BLINDAGE. n. m. T. de Guerre et de Marine.
Action de blinder ou Résultat de cette action.
Faire un blindage. Réparer un blindage.

BLINDER. v. tr. T. de Guerre. Garantir le
dessus d'un ouvrage de fortification au moyen
d'un plafond ou d'une voûte de charpente,
recouverte de terre, et résistant à la chute des
projectiles; et, d'une manière plus générale,
Protéger contre les projectiles au moyen de
pièces de bois, de fascines. Blinder une batterie,
un magasin à poudre, une casemate. Blinder
un passage, une poterne.

Il signifie également, en termes de Marine,
Couvrir de vieux câbles ou d'autres matières
le pont supérieur d'un vaisseau, pour le protéger
contre les obus et les bombes ou
Revêtir le vaisseau lui-même d'une armure
en plaques de tôle d'acier. Dans ce dernier
sens on dit de même Un wagon blindé.

BLINDES. n. f. pl. T. de Guerre. Pièces de
bois soutenant des fascines, etc., et mettant à
couvert les travailleurs, les canonniers, etc.

BLOC. n. m. Masse, gros morceau d'une
matière pesante et dure, telle que la pierre, le
marbre, le fer non encore travaillés. Un bloc
de marbre. Un bloc de bois, de fer, de plomb.

En termes de Géologie, Blocs erratiques.
Voyez ERRATIQUE.

Par extension, en termes d'Arts, Bloc
d'échantillon,
Bloc qui a été taillé avant d'être
transporté à pied d'oeuvre pour une construction.

Bloc de plomb se dit, dans une acception
particulière, du Billot de plomb sur lequel
les graveurs posent et arrêtent les ouvrages
qu'ils veulent graver.

Bloc de raffineur, Masse de bois d'où l'on
détache la forme du pain de sucre.

En termes de Papeterie, Bloc-notes et Bloc
de correspondance,
Feuillets de papier de même
format légèrement collés ensemble sur un seul
côté, de manière que l'on puisse les détacher
facilement un à un pour prendre des notes ou
écrire des lettres.

Il signifie figurément Amas, assemblage
de diverses choses, et principalement de
plusieurs marchandises. Faire un bloc de
diverses marchandises.

EN BLOC, loc. adv. En gros, en totalité,
Acheter en bloc toutes les marchandises d'un
fonds de commerce.

Fig., Prendre en bloc, Accepter sans entrer
dans la discussion des détails.

BLOC. n. m. Action de bloquer, de rendre
immobile. Il se dit spécialement, en termes
de jeu de Billard, de l'Action d'immobiliser
la bille de son adversaire en l'appuyant contre
une bande. On dit aussi BLOCAGE.

Fig. et pop., Mettre au bloc, Mettre en prison
un soldat, un marin qui a commis quelque
faute.

À BLOC, loc. adv., se dit, en termes de Marine,
de Tout ce qui est hissé le plus possible; du
Pavillon quand il touche la tête du mât; des
Amarres quand les poulies se touchent.

Il se dit aussi, en termes d'Arts, quand les
organes d'un mécanisme sont mis dans l'impossibilité
de faire aucun mouvement. Fermer
à bloc. Serrer à bloc.

BLOCAGE. n. m. Action de réunir en bloc.
Il se dit spécialement en termes de Typographie
et d'Architecture. Voyez BLOQUER.

Il désigne aussi, dans cette dernière acception,
les Matériaux, les moellons qui servent
à faire ce travail et, dans ce sens, on dit aussi
BLOCAILLE.

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