ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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des esprits salins; & enfin elle devient l'ambre: ensuite de quoi la mer venant à s'agiter extraordinairement, & le vent poussant ses flots des côtes de la Suede à celles de la Prusse, c'est une nécessité que l'ambre suive ce mouvement, & donne aux pêcheurs occasion de s'enrichir, & de profiter de cette tempête. L'endroit donc de la mer Baltique où il y a le plus d'ambre, doit être au - dessous de ces arbres, & du côté de la Suede; & si la mer n'y étoit pas trop profonde, je ne doute pas qu'on n'y en trouvât en tout tems une grande quantité; & il ne faudroit pas attendre que le vent fût favorable, comme on fait aux côtes de la Prusse. Il ne répugne pourtant pas qu'on puisse trouver quelques morceaux d'ambre dans d'autres endroits de la mer Baltique, & même dans l'Océan avec lequel elle a communication; car l'eau de la mer étant continuellement agitée, elle peut bien en enlever quelques - uns, & les pousser sur des rivages fort éloignés: mais cela ne se doit pas faire si fréquemment & en si grande abondance que sur les côtes de Prusse. Au reste, il n'y a pas de difficulté à expliquer dans ce sentiment comment des mouches, des fourmis, & autres insectes, peuvent quelquefois se trouver au milieu d'un morceau d'ambre; car s'il arrive qu'un de ces insectes en se promenant sur les branches d'un arbre, rencontre une goutte de cette matiere résineuse qui coule à travers l'écorce, qui est assez liquide en sortant, il s'y embarrasse facilement; & n'ayant pas la force de s'en retirer, il est bientôt enseveli par d'autres gouttes qui succedent à la premiere, & qui la grossissent en se répandant tout à l'entour. Cette matiere, au milieu de laquelle il y a des insectes, venant à tomber, comme nous avons dit, dans la mer, elle s'y prépare & s'y endurcit; & s'il arrive ensuite qu'elle soit poussée sur un rivage, & qu'elle tombe entre les mains de quelque pêcheur, elle fait l'étonnement de ceux qui n'en savent pas la cause.

On demande au reste si l'ambre jaune deit passer pour une gomme ou pour une résine. Il est aisé de se déterminer là - dessus; car comme la gomme se fond à l'eau, & que la résine ne se fond qu'au feu, il semble que l'ambre, qui ne se fond que de cette derniere maniere, doit être mis au nombre des résines plûtôt qu'en celui des gommes. M. Kerkring avoit pourtant trouvé le secret de ramollir l'ambre autrement que par le feu, & d'en faire comme une pâte à laquelle il donnoit telle figure qu'il lui plaisoit. Voyez Jour. des Sav. Août 1672. Obser. cur. sur toutes les part. de la Phys. tome II. page 93. & suiv

Cette opinion sur l'origine & la formation de l'ambre a été suivie par plusieurs Auteurs, & en particulier par le P. Camelli, Transact. Phil. n°. 290.

On a assûré que l'ambre - jaune étoit une congellation qui se formoit dans la mer Baltique, & dans quelques fontaines, comme la poix. D'autres ont crû que c'étoit un bitume qui coule dans la mer, qu'il y prend de la consistance, & qu'ensuite il est rejetté sur les côtes par les flots: mais il se trouve aussi de l'ambre dans les terres, & même en grande quantité. On a conclu de ce fait que l'ambre étoit un bitume fossile, & on a dit qu'il étoit produit par un suc bitumineux & par un sel vitriolique, & qu'il étoit plus ou moins pur & transparent, qu'il avoit plus ou moins de consistance, selon que les particules de sel & de bitume étoient plus ou moins pures, & qu'elles étoient mêlées en telle ou telle proportion. Agricola pensoit que l'ambre - jaune étoit un bitume, de natura fossilium, lib. IV. son sentiment a été confirmé par plusieurs Auteurs; il y en a même qui en ont été si bien convaincus, qu'ils ont assûré qu'il n'y a pas lieu d'en douter. M. Geoffroy l'a dit expressément dans le premier volume de son Traité de la matiere Médicale. Il distingue deux sortes d'ambre - jaune, qui toutes les deux sont absolument de la même nature. L'une est jettée sur les bords de certaines mers par l'agitation des flots; on tire l'autre du sein de la terre. On trouve la premiere sorte sur les côtes de la Prusse; les vagues en jettent des morceaux sur le rivage, les habitans du pays courent les ramasser, même pendant les orages & les tempêtes, de peur que les flots ne reportent dans la mer les mêmes morceaux qu'ils ont apportés sur le rivage. Cet ambre - jaune est de consistance solide: on dit cependant qu'il y en a quelques morceaux qui sont en partie liquides, & qu'on trouve sur les rives des petites rivieres dont l'embouchûre est sur les mêmes côtes dont on vient de parler; & même on en montre des morceaux sur lesquels on a imprimé des cachets lorsqu'ils étoient assez mous pour en recevoir les empreintes. Comme le terrein de ces côtes contient beaucoup d'ambrejaune, les eaux qui y coulent en entraînent des morceaux qui n'ont pas encore acquis un certain degré de consistance; l'agitation de ces eaux n'étant pas si forte que celle des eaux de la mer, les morceaux qui sont encore liquides en partie sont conservés & jettés dans leur entier sur les bords des petites rivieres ou des ruisseaux.

On trouve de l'ambre - jaune fossile en Prusse & en Poméranie, presque dans tous les endroits où on ouvre la terre à une certaine profondeur: souvent même on en voit dans les sillons de la charrue. Hartman, qui a fait un Traité de l'ambre - jaune, croit que tout le fond du territoire de Prusse & de Poméranie est d'ambre - jaune, à cause de la grande quantité que l'on en trouve presque partout dans ces pays: mais les principales mines sont des côtes de Sudwic. Il y a sur ces côtes des hauteurs faites d'une sorte de terre qui ressemble à des écorces d'arbres; desorte qu'on prendroit ces éminences de terre pour des monceaux d'écorces: la couche extérieure de ce terrein est desséchée, & de couleur cendrée: la seconde couche est bitumineuse, molle & noire. On trouve sous ces deux couches une matiere grise formée comme le bois, à cette différence près que dans le bois on remarque des fibres transversales; au lieu que la matiere dont nous parlons est simplement composée de couches plates & droites posées les unes sur les autres; cependant on lui a donné le nom de bois fossile. On trouve de prétendu bois fossile presque partout où il y a de l'ambre - jaune, & ils sont mêlés ensemble en grande quantité; c'est ce qui a sait croire à Hartman que cette matiere étoit la matrice ou la mine de l'ambre - jaune; en effet c'est une terre bitumineuse qui prend feu comme le charbon, & qui rend une odeur de bitume. On y trouve des minéraux qui participent du vitriol. On a crû que ce bois fossile venoit des arbres qui s'étoient entassés sur ces côtes, & qui avoient été conservés & comme embaumés par l'ambre - jaune: mais cette opinion n'a point du tout été prouvée. Voyez le premier vol. de la matiere Médicale de M. Geoffroy, & Hist. succinorum corpora aliena involventium, &c. Nathan. Sendelio, D. Med. &c.

On trouve de l'ambre - jaune dans les montagnes de Provence, auprès de la ville de Sisteron, & aux environs du village de Salignac, sur les côtes de Marseille; on en trouve en Italie dans la Marche d'Ancone, aux environs de la ville du même nom, dans le duché de Spolette, en Sicile aux environs de la ville de Catane & de celle de Gergenti, & sur les bords du Pô; en Pologne, en Silésre, en Suede: mais on n'y trouve de l'ambre qu'en très - petite quantité; il y en a un peu plus dans l'Allemagne septentrionale, en Suede, en Danemarck, dans le Jut<pb->

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