Nicot, Thresor de la langue francoyse

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Page 166

il se voit à Rome en maintes statues de gents d'icelles contrées. Les traducteurs Latins l'ont rendu par ce mot Fimbria. Duquel vient le mot François frange.

crespir

Crespir, actiu. acut. Est enduire un mur de chaux, et de gros sable gromeleux, et non sassé, ce que communéement est usité és murs de dehors, tout ainsi que l'enduit qui est fait avec chaux et sable, sassé et delié est usité és murailles qui sont à couvert. Incrustatione crispata inducere murum, atque integere, Il semble venir de Crispare, verbe Latin. Aussi le crespi est un enduit crespelu, estant jetté contre le mur sans pressure de truele. Et Claudian livr. 2. De rapt. Proserpin. dit, Buxus crispata cacumine, Ainsi que Valere, lib. 1. Argonaut. crispans pelagus. Et Pline au 28. Crispari capillum. Et Columelle au livre 10. Crispari terram.

crespi

Crespi, m. ac. Est une espece d'enduit qui se fait avec de la chaux, et du sable gros, grommeleux, et non sassé, dont les murs de dehors sont couverts pour resister à la pluye, et semble estre appelé ainsi par ce que c'est un enduit tout grommeleux et crespelu. Crispata incrustatio.

crespissure

Crespissure, ou blanchissure d'une massonnerie, Albarium siue Opus albarium, Incrustatio.

crespons

Les crespons d'une chevelure crespée.

cresserelle

Cresserelle, Rubitarius accipiter, quae humiuola est.

cresson

Cresson, Sisymbrium aquaticum.

Cresson alenois, Cardamon, siue Cardamina, Nasturtium.

cressonniere

Cressonniere. f. Tantost est substantif, et signifie le lieu où le Cresson croist à plante, tantost est adjectif, et signifie la femme qui tient estallé et en vente du cresson.

creste

Creste, f. penac. Crista.

Petite creste, Cristula.

La creste des oiseaux, Apex.

Creste et huppe qui est sus la teste d'aucuns oiseaux, comme d'une alloüette, et autres, Cirri.

Cresté, qui a creste, Cristatus.

Une sorte d'herbe qu'on appelle creste à geline, Crista galli.

Une herbe qu'on appelle Creste au coq, Horminum.

Une sorte d'herbe qu'on appelle de la Bacille, ou Creste marine, dequoy on use en sallades, Batis, Crithmon, Crithamon.

creu

Creu, et Creuë, voyez Croistre.

crever

Se Crever, et rompre, Crepare, Rumpi, Dirumpi.

Crever les yeux à aucun, Priuare aliquem oculis, Excaecare aliquem.

Crever de despit qu'on a d'aucuns qui ne laissent rien à faire, qui leur vienne à plaisir, Rumpi licentia quorumdam.

Crever de douleur, Dolore dirumpi.

Se crever de manger, Ingurgitare se.

crevecoeur

Crevecoeur, m. acut. Est un mot composé de Crever, et coeur, et signifie une douleur d'esprit extreme, qui accravante le coeur. Cordolium. Que l'Italien dit, Cordoglio, mais ne l'un ne l'autre n'exprime l'energie dudit mot François. Animi ingens aegritudo, grauis cura qua cor saucium est, Comme dit Virgile. A cela est correspondante cette forme de parler, Le coeur me creve de douleur, de rage, de despit, Disrumpor corde prae aegritudine animi. Crevecoeur aussi est le nom d'une petite ville en Picardie, assise entre Beauvais et Amiens.

crevasse

Une Crevasse, ou creveure ou fente, Rima.

crevasser

Se crevasser, Agere rimas.

La chaleur crevasse la terre, Cogit hiare.

creuset

Creuset, voyez Creux.

creux

Creux, Cauus, Concauus.

Un creux, ou taniere, Cauus siue cauum, Antrum.

Un creux parmi les champs et desers, où les bestes se retirent, et les hermites, Mandra.

Le creux de l'oeil, Recessus in oculo.

Un lieu creux, cave, ou vuide, Cauus.

Qui est creux et fait comme une fossette, Lacunatus.

Maison qui n'est point creuse, Plani pedis aedificium.

creuser

Creuser, Cauare, Excauare, Incauare.

Creuser une montagne, Montem suffodere.

Qui creuse et cave, Cauator.

creuset

Creuset d'orfevre.

cri

Cri, m. Sans adjonction c'est voix exaucée, haute voix, Clamor, Quiritatus. Duquel mot il vient. voyez Crier. Nicot en ses Odes. Sus mon Ame Qu'on entâme Un dueil plus amer que fiel: Sus ma voix, De mes esmois, Jette un cri amont le ciel. Pline epist. 106. dit, Quiritatus infantium. Et parce que le cri est voix hautaine, de là est procedé qu'on dit Les cris de Paris pour les voix haut-sonnantes de ceux qui portent à vendre quelque chose que ce soit parmi la ville: mais avec adjonction on lit en Oolin Bas cri pour voix basse, Summissa vox.

Le cri et bruit du peuple d'une ville, Quiritatus, huius quiritatus.

En bas cri, c'est tout bas, Summissa voce, Les barons dirent en bas cri, en Oolin, c'est entre eux et secrettement, Consultantes inter se, Qu'on dit aussi Basse-noise.

Un grand vilain cri, et nullement accordant, Clamor absonus.

Un cri se prend à sonner tout autour des ennemis, Circunsonat hostes clamor.

Avec cri, Cum clamore.

Faire un petit cri, Concrepare.

Faire cri et commandement que chacun ait à prendre les armes, Vocare ad arma.

Cri public, C'est proclamation faite par authorité de personne publique envers le peuple, et de chose concernant le public, Praeconium publicum. Car tout cri publiquement fait n'est pas entendu par ces mots, Cri public: ainsi dit-on à son de trompe, et cri public. Selon ce on dit faire un cri par le Roy. Iussu Regis facere praeconium, Ouid. lib. 3. Amor. Eleg. 11.

Publier à son de trompe et cri public, Praeconio promulgare. B.

Il fait un cri, etc. Perfertur clamor circa collem.

Cri de joustes, tournois, ou batailles, est la proclamation que un heraut ou Roy d'armes fait des tiltres, honneurs et blason de l'assaillant quand il vient sur les rangs pour faire armes et s'esprouver contre le tenant. Jean le Maire au premier des illustrations de Gaule chap. 141. parlant de Helicaon assaillant au pas tenu par Hector: Apres qu'il se fut acquitté vers les dames, et que Ideus le souverain Roy des Herauts à tout sa riche cotte d'armes eut epilogué ses tiltres en ses blasons, et au chap. 142. parlant de Paris, aussi assaillant en ce pas. Lors Ideus le Roy d'armes, qui ne sçavoit autrement son nom, sinon qu'il l'avoit ouy renommer gentilhomme, se print à escrier en cette maniere. Or est venu l'escuyer incognu, portant d'argent à un chef d'or, par artifice de nature, qui veut faire armes pour honneur acquerir. A ce cri le Prince Hector sortit devant sa tente. En tels cris on ne donnoit à nul champion venant sur les rangs le tiltre de preux, ains de fils de preux sans plus, si de tel pere il estoit venu. Jean Petit en son plaidoié justificatif du Duc de Bourgongne, touchant le meurtre par luy perpetré en la personne de Loys de France Duc d'Orleans, couché au livre 1. chap. 39. de Monstrelet, Il n'est si bon chevalier au monde, qui ne puisse bien faire une faute si grande, que tous les biens par luy faits auparavant en seront anichilez, et pource on ne crie aux joustes, ne aux batailles, Aux preux. Mais on crie bien, Au fils de preux, apres le decez de son pere: Car nul chevalier ne peut estre jugé preux, si ce n'est apres son trespassement. La raison est prinse du dire d'Ovide liv. 3. Metamorph. Vltima semper exspectanda dies homini est, dicique beautus Ante obitum nemo, supremaque funera debet. Que Joachim, du Bellay a rendu ainsi, Nul tant qu'il ne meure Heureux ne demeure.

crier

Crier, actiu. acut. C'est eslever et poulser sa voix, Clamorem edere. Cic. 2. de diuin. In editum vocem mittere. Comme, Il crie de force du mal, Prae dolore clamat, Vocem querulam attollit. Crier aussi est publier et faire sçavoir le commandement et ordonnance du Prince, ou du magistrat, Edicere. Suivant ce on dit, On a crié que chacun s'armast Edictum fuit, vt quisque arma prehendat. Et cela se dit ainsi, parce que telles publications se font non seulement à son de trompettes et clairons, ains aussi à haute voix. De ce sont appelez les Crieurs de Paris, ceux qui font à sçavoir à haute voix le convoy d'un trespassé. Ainsi dit on Le ban et arrieban a esté crié, Nobilium conuentus fuit edictus. Liu. lib. 23. voyez Ban. L'Italien dit, Gridare. Mais il le prend aussi pour debatre, Contendere verbis elatis, altercari. Et l'Espagnol, Gritar, Les trois viennent du Latin, Quiritare, Qui signifie, comme Varro dit, appeler à haute voix l'aide, secours, et support des Quirites, c'est à dire des Romains, comme en Normandie, clamer, harol, Quiritum fidem implorare. D'où est procedé, comme dit Nonius Marcellus, que Quiritare, a esté usupé pour Clamare tractum ab iis qui Quirites inuocant. Ce qui est nostre crier, l'Espagnol et l'Italien ne font que syncoper ledit mot Latin usans de la consonante moyenne, loco tenuis. Tout ainsi que le Languedoc, qui dit, Grida, ac. Et pour estre le mot François plus esloigné dudit Latin Quiritare, Qui l'extrairoit du verbe Grec, kridzo, Qui signifie aussi crier, il ne seroit despourveu de raison. Car ni de kradzô, ni de kraugadzô ou de kraugê, dont est tiré ce verbe Rauge, usité en aucunes contrées de ce Royaume, Il n'y a propos aucun, et moins de ce verbe kara acut. Hebrieu, quoy que lesdits Grecs signifient crier et cri, Et cestuy appeler.

Crier ensemblément, Conclamare.

Souvent crier, ou dire, Clamitare.

Crier devant tous tant qu'on peut, Proclamare.

Crier à haute voix, Clamorem efferre, vel tollere, Proclamare, Vociferari.

Je crieray tant que je pourray, Quantum potero voce contendam.

Crier à aucun et le requerir à son secours, Quiritare et Quiritari.

Crier contre aucun, Aliquem inclamare, Occlamitare.

Crier à l'encontre, et ne vouloir consentir, Reclamare.

Crier apres aucun, Aliquem clamore pascere.

Crier au meurtre et à l'aide, Quiritare, vel Quiritari. B.

Crier apres aucun, et le menacer, Clamore ac minis aliquem insequi.

Crier quelque chose aux oreilles d'aucun, Personare aures alicuius voce aliqua.

A qui criera le plus fort, Certatim alter alteri obstrepunt.

Action où on crie bien haut, Clamosa actio.

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.