ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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d'un orateur & le zele d'un chrétien: Si te ut letoe celebritatis
& festorum amantem saltare oportet, salta tu
quidem, sed non inhonestoe illius Herodiadis saltationem
quoe Baptistoe necem attulit, verum Davidis ob arcoe
requiem.
Quoique la danse sacrée ait été successivement retranchée
des cérémonies de l'Eglise, cependant elle
en fait encore partie dans quelques pays catholiques.
En Portugal, en Espagne, dans le Roussillon,
on exécute des danses solennelles en l'honneur de nos
mysteres & de nos plus grands saints. Toutes les veilles
des fêtes de la Vierge, les jeunes filles s'assemblent
devant la porte des églises qui lui sont consacrées,
& passent la nuit à danser en rond & à chanter
des hymnes & des cantiques à son honneur. Le
cardinal Ximenès rétablit de son tems dans la cathédrale
de tolede l'ancien usage des messes mosarabes,
pendant lesquelles on danse dans le choeur &
dans la nef avec autant d'ordre que de dévotion: en
France même on voyoit encore vers le milieu du
dernier siecle, les prêtres & tout le peuple de Limoges danser en rond dans le choeur de S. Léonard, en
chantant: sant Marciau pregas per nous, & nous epingaren
per bous. Voyez Brandon. Et le P. Menetrier
Jesuite, qui écrivoit son traité des ballets en 1682,
dit dans la préface de cet ouvrage, qu'il avoit vû encore
les chanoines de quelques églises qui le jour de Pâques prenoient par la main les enfans - de - choeur, & dansoient
dans le choeur en chantant des hymnes de réjoüissance.
C'est de la religion des Hébreux, de celle des
Chrétiens, & du Paganisme, que Mahomet a tiré les
rêveries de la sienne. Il auroit donc été bien extraordinaire
que la danse sacrée ne fût pas entrée pour
quelque chose dans son plan: aussi l'a - t - il établie dans
les mosquées, & cette partie du culte a été reservée
au seul sacerdoce. Entre les danses des religieux Turcs,
il y en a une surtout parmi eux qui est en grande considération: les dervis l'exécutent en piroüettant avec
une extrème rapidité au son de la flûte. Voyez Moulinet.
La danse sacrée qui doit sa premiere origine, ainsi
que nous l'avons vû, aux mouvemens de joie & de
reconnoissance qu'inspirerent aux hommes les bienfaits
récens du Créateur, donna dans les suites l'idée
de celles que l'allégresse publique, les fêtes des particuliers,
les mariages des rois, les victoires, &c. firent
inventer en tems différens; & lorsque le génie,
en s'échauffant par degrés, parvint enfin jusqu'à la
combinaison des spectacles réguliers, la danse fut une
des parties principales qui entrerent dans cette grande
composition. Voy. Danse théatrale. On croit
devoir donner ici unc idée de ces danses différentes,
avant de parler de celles qui furent consacrées aux
théatres des anciens, & de celles qu'on a porté sur
nos théatres modernes. Mursius en fait une énumération immense, que nous nous garderons bien de copier.
Nous nous contentons de parler ici des plus importantes.
(B)
Danse armée
Danse armée; c'est la plus ancienne de toutes
les danses profanes: elle s'exécutoit avec l'épée, le
javelot, & le bouclier. On voit assez que c'est la même
que les Grecs appelloient memphitique. Ils en attribuoient
l'invention à Minerve. Voyez Memphitique.
Pyrrhus qui en renouvella l'usage, en est encore
tenu pour l'inventeur par quelques anciens auteurs.
La jeunesse greque s'exerçoit à cette danse, pour
se distraire des ennuis du siége de Troie. Elle étoit
très - propre à former les attitudes du corps; & pour
la bien danser il falloit des dispositions très - heureuses, & une très - grande habitude.
Toutes les différentes évolutions militaires entroient
dans la composition de cette danse, & l'on
verra dans les articles suivans qu'elle fut le germe
de bien d'autres. (B)
Danse astronomique
Danse astronomique. Les Egyptiens en furent
les inventeurs: par des mouvemens variés, des
pas assortis, & des figures bien dessinées, ils représentoient
sur des airs de caractere l'ordre, le cours
des astres, & l'harmonie de leur mouvement. Cette
danse sublime passa aux Grecs, qui l'adopterent
pour le théatre. Voyez Strophe, Epode, &c.
Platon & Lucien parlent de cette danse comme
d'une invention divine. L'idée en effet en étoit aussi
grande que magnifique: elle suppose une foule d'idées
précédentes qui font honneur à la sagacité de
l'esprit humain. (B)
Danses bacchiques
Danses bacchiques; c'est le nom qu'on donnoit
aux danses inventées par Bacchus, & qui étoient
exécutées par les Satyres & les Bacchantes de sa
suite. Le plaisir & la joie furent les seules armes qu'il
employa pour conquérir les Indes, pour soûmettre
la Lydie, & pour dompter les Tyrrhéniens. Ces danses étoient au reste de trois especes; la grave qui
répondoit à nos danses terre à terre; la gaie qui avoit
un grand rapport à nos gavotes légeres, à nos passepiés,
à nos tambourins; enfin la grave & la gaie mêlées
l'une à l'autre, telles que sont nos chacones &
nos autres airs de deux ou trois caracteres. On donnoit
à ces danses les noms d'emmelie, de cordace, &
de cycinnis. Voyez ces trois mots à leurs articles. (B)
Danses champêtres
Danses champêtres ou rustiques. Pan, qui
les inventa, voulut qu'elles fussent exécutées dans la
belle saison au milieu des bois. Les Grecs & les Romains avoient grand soin de les rendre très - solennelles dans la célébration des fêtes du dieu qu'ils en
croyoient l'inventeur. Elles étoient d'un caractere
vif & gai. Les jeunes filles & les jeunes garçons les
exécutoient avec une couronne de chêne sur la tête,
& des guirlandes de fleurs qui leur descendoient de
l'épaule gauche, & étoient rattachées sur le côté
droit. (B)
Danse des Curetes
Danse des Curetes & des Corybantes.
Selon l'ancienne mythologie, les curetes & les corybantes
qui étoient les ministres de la religion
sous les premiers Titans, inventerent cette danse:
ils l'exécutoient au son des tambours, des fifres,
des chalumeaux, & au bruit tumultueux des sonnettes,
du cliquetis des lances, des épées, & des
boucliers. La fureur divine dont ils paroissoient saisis,
leur fit donner le nom de corybantes. On prétend
que c'est par le secours de cette danse qu'ils sauverent
de la barbarie du vieux Saturne le jeune Jupiter, dont l'éducation leur avoit été confiée. (B)
Danse des festins
Danse des festins. Bacchus les institua à son
retour en Egypte. Après le festin le son de plusieurs
instrumens réunis invitoit les convives à de nouveaux
plaisirs; ils dansoient des danses de divers
genres: c'étoient des especes de bals où éclatoient
la joie, la magnificence & l'adresse.
Philostrate attribue à Comus l'invention de ces
danses; & Diodore prétend que nous la devons à
Terpsicore. Quoi qu'il en soit, voilà l'origine des
bals en regle qui se perd dans l'antiquité la plus reculée.
Le plaisir a toûjours été l'objet des desirs des
hommes; il s'est modifié de mille manieres différentes,
& dans le fond il a toûjours été le même. (B)
Danse des funérailles
Danse des funérailles.
« Comme la nature
a donné à l'homme des gestes relatifs à toutes ses
différentes sensations, il n'est point de situation de
l'ame que la danse ne puisse peindre. Aussi les anciens
qui suivoient dans les arts les idées primitives,
ne se contenterent pas de la faire servir dans
les occasions d'allegresse; ils l'employerent encore
dans les circonstances solennelles de tristesse &
de deuil.
Dans les funérailles des rois d'Athenes, une trou<pb->
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