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Croisade entreprise pour l'extirpation du paganisme. Il y en eut une de prêchée en Dannemark, dans la Saxe & dans la Scandinavie, contre des payens du Nord, qu'on appelloit Slaves ou Sclaves. Ils occupoient alors le bord oriental de la mer Baltique, l'Ingrie, la Livonie, la Samogetie, la Curlande, la Poméranie & la Prusse. Les chrétiens qui habitoient depuis Breme jusqu'au fond de la Scandinavie, se croiserent contr'eux au nombre de cent mille hommes; ils perdent beaucoup de monde, ils en tuent beaucoup davantage, & ne convertissent personne.
Croisade entreprise pour l'extirpation de l'hérésie. Il y en eut une de formée contre des sectaires appellés Vaudois, des vallées du Piémont; Albigeois, de la ville d'Alby; bons - hommes, de leurs régularités; & manichéens, d'un nom alors commun à tous les hérétiques. Le Languedoc étoit sur - tout infecté de ceux ci, qui ne vouloient reconnoître de lois que l'évangile. On leur envoya d'abord des juges ecclésiastiques. Le comte de Toulouse, soupçonné d'en avoir fait assassiner un, fut excommunié par Innocent III. qui délia en même tems ses sujets du serment de fidelité. Le comte qui savoit ce que peut quelquefois une bulle, fut obligé de marcher à main armée contre ses propres sujets, au milieu du duc de Bourgogne, du comte de Nevers, de Simon comte de Montfort, des évêques de Sens, d'Autun & de Nevers. Le Languedoc fut ravagé. Les évêques de Paris, de Lisieux & de Bayeux allerent aussi grossir le nombre des croisés; leur présence ne diminua pas la barbarie des persécuteurs, & l'institution de l'inquisition en Europe fut une sin digne de couronner cette expédition.
On voit par l'histoire abregée que nous venons de faire, qu'il y eut environ cent mille hommes de sacrifiés dans les deux expéditions de S. Louis.
Cent cinquante mille dans celle de Barberousse.
Trois cents mille dans celle de Philippe - Auguste & de Richard.
Deux cents mille dans celle de Jean de Brienne.
Seize cents mille qui passerent en Asie dans les croisades antérieures.
C'est - à - dire que ces émigrations occasionnées par un esprit mal - entendu de religion, coûterent à l'Europe environ deux millions de ses habitans, sans compter ce qui en périt dans la croisade du Nord & dans celle des Albigeois.
La rançon de S. Louis coûta neuf millions de notre monnoie. On peut supposer, sans exagération, que les croisés emporterent à - peu - près chacun cent francs, ce qui forme une somme de deux cents neuf millions.
Le petit nombre de chrétiens métifs qui resterent sur les côtes de la Syrie, fut bientôt exterminé; & vers le commencement du treizieme siecle il ne restoit pas en Asie un vestige de ces horribles guerres, dont les suites pour l'Europe furent la dépopulation de ses contrées, l'enrichissement des monasteres, l'apauvrissement de la noblesse, la ruine de la disci<cb->
Les croisées sont une des parties de la décoration la plus intéressante; leur multitude, leurs proportions, leurs formes & leurs richesses dépendant absolument de la convenance du bâtiment, on ne peut trop insister sur ces quatre manieres de considérer les croisées dans l'ordonnance d'un édifice: car comme elles se réiterent à l'infini dans les façades, c'est multiplier les erreurs que de négliger aucune des observations dont on va parler.
La trop grande quantité d'ouvertures dans un bâtiment,
nuit à la décoration des dehors; cependant
cet abus gagne au point, qu'on néglige l'ordonnance
des façades pour rendre, disent quelques - uns, les
dedans commodes & agréables. Il est vrai que les
anciens Architectes sont tombés dans un excès opposé;
mais est - il impossible de concilier ces deux
systèmes? La mode devroit - elle s'introduire jusque
dans les bâtimens? Quel contraste de voir dans une
ville où regne une température reglée, un sentiment
si opposé d'un siecle à l'autre, concernant la multiplicité
des croisées dans des édifices toûjours également destinés à l'habitation des hommes! Cette vicissitude
provient sans doute de ce que la plûpart des
Architectes ont regardé les beautés de leur art comme
arbitraires, d'où est née l'inégalité de leurs productions.
Pour prévenir cet abus il est un moyen cer<pb->
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