AGRICULTURE, s. s. (Ordre Encycl. Histoire
de la Nat. Philos. Science de la Nat. Botan. Agricult.)
L'agriculture est, comme le mot le fait assez entendre,
l'art de cultiver la terre. Cet art est le premier,
le plus utile, le plus étendu, & peut - être le plus essentiel
des arts. Les Egyptiens faisoient honneur de
son invention à Osiris; les Grecs à Cerès & à Triptoleme son fils; les Italiens à Saturne ou à Janus leur
Roi, qu'ils placerent au rang des Dieux en reconnoissance
de ce bienfait. L'agriculture fut presque
l'unique emploi des Patriarches, les plus respectables
de tous les hommes par la simplicité de leurs
moeurs, la bonté de leur ame, & l'élevation de leurs
sentimens. Elle a fait les délices des plus grands hommes
chez les autres peuples anciens. Cyrus le jeune
avoit planté lui - même la plûpart des arbres de
ses jardins, & daignoit les cultiver; & Lisandre de
Lacédemone, & l'un des chefs de la République,
s'écrioit à la vûe des jardins de Cyrus: O Prince,
que tous les hommes vous doivent >stimer heureux, d'avoir
sü joindre ainsi la vertu à tant de grandeur & de dignité!
Lisandre dit la vertu, comme si l'on eût pensé dans ces
tems qu'un Monarque agriculteur ne pouvoit manquer
d'être un homme vertueux; & il est constant
du moins qu'il doit avoir le goût des choses utiles &
des occupations innocentes. Hiéron de Syracuse, Attalus, Philopator de Pergame, Archelaüs de Macédoine, & une infinité d'autres, sont loüés par Pline &
par Xenophon, qui ne loücient pas sans connoissance,
& qui n'étoient pas leurs sujets, de l'amour qu'ils
ont eu pour les champs & pour les travaux de la campagne.
La culture des champs fut le premier objet du
Législateur des Romains; & pour en donner à ses
sujets la haute idée qu'il en avoit lui - même, la fonction
des premiers Prêtres qu'il institua, fut d'offrir
aux Dieux les prémices de la terre, & de leur demander
des recoltes abondantes Ces Prêtres étoient
au nombre de douze; ils étoient appellés Arval>s,
de arva, champs, terres labourables. Un d'entr'eux
étant mort, Romulus lui - même prit sa place; & dans
la suite on n'accorda cette dignité qu'à ceux qui pouvoient
prouver une naissance illustre. Dans ces premiers
tems, chacun faisoit valoir son héritage, & en
tiroit sa subsistance. Les Consuls trouverent les choses
dans cet état, & n'y firent aucun changement.
Toute la campagne de Rome fut cultivée par les vainqueurs
des Nations. On vit pendant plu>eurs siecles,
les plus célebres d'entre les Romains, passer de la
campagne aux premiers emplois de la République,
&, ce qui est infiniment plus digne d'être observé,
revenir des premiers emplois de la République aux
occupations de la campagne. Ce n'étoit point indolence;
ce n'étoit point dégoût des grandeurs, ou
éloignement des affaires publiques: on retrouvoit
dans les besoins de l'Etat nos illustres agriculteurs,
toujours prêts à devenir les défenseurs de la patrie.
Serranus semoit son champ, quand on l'appella à la
tête de l'Armée Romaine: Quintius Cincinnatus la<pb->
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