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Ce mot est purement Latin & signifie agneau de Dieu, nom qu'on lui a donné à cause de l'empreinte qu'il porte.
L'origine de cette cérémonie vient d'une coûtume ancienne dans l'Eglise de Rome. On prenoit autrefois le Dimanche in albis, le reste du cierge Pascal béni le jour du Samedi saint, & on le distribuoit au peuple par morceaux. Chacun les brûloit dans sa maison, dans les champs, les vignes, &c. comme un préservatif contre les prestiges du démon, & contre les tempêtes & les orages. Cela se pratiquoit ainsi hors de Rome: mais dans la ville, l'Archidiacre au lieu du cierge Pascal, prenoit d'autre cire sur laquelle il versoit de l'huile, & en faisant divers morceaux en figures d'agneaux, il les bénissoit & les distribuoit au peuple. Telle est l'origine des agnus Dei que les Papes ont depuis bénis avec plus de cérémonies. Le Sacriste les prépare long - tems avant la bénédiction. Le Pape revêtu de ses habits Pontificaux, les trempe dans l'eau - benite & les bénit. Après qu'on les en a retirés, on les met dans une boëte qu'un Soûdiacre apporte au Pape à la Messe après l'agnus Dei, & les lui présente en repétant trois fois ces paroles: ce sont ici de jeunes agneaux qui vous ont annoncé l'alleluia; voilà qu'ils viennent à la fontaine pleins de charité, alleluia. Ensuite le Pape les distribue aux Cardinaux, Evêques, Prélats, &c. On croit qu'il n'y a que ceux qui sont dans les Ordres sacrés qui puissent les toucher; c'est pourquoi on les couvre de morceaux d'étoffe proprement travaillés, pour les donner aux laïques. Quelques Ecrivains en rendent bien des raisons mystiques, & leur attribuent plusieurs effets. L'ordre Romain. Amalarius, Valafr>d Strabon, Sirmond dans ses notes sur Ennodius; Théophile, Raynaud.
Voilà l'histoire de l'agnus scythicus, ou de la plante merveilleuse de Scaliger, de Kircher, de Sigismond, d'Hesberetein, d'Hayton Arménien, de Surius, du Chancelier Bacon, (du Chancelier Bacon, notez bien ce témoignage) de Fortunius Licetus, d'André Lebarrus, d'Eusebe de Nuremberg, d'Adam Olearius, d'Olaus Vormius, & d'une infinité d'autres Batanistes.
Seroit - il bien possible qu'après tant d'autorités qui attestent l'existence de l'agneau de Scythie, après le détail de Scaliger, à qui il ne restoit plus qu'à savoir comment les piés se formoient, l'agneau de Scythie fût une fable? Que croire en Histoire naturelle, si cela est?
Kempfer, qui n'étoit pas moins versé dans l'Histoire naturelle que dans la Medecine, s'est donné
tous les soins possibles pour trouver cet agneau dans
la Tartarie, sans avoir pû y réussir.
M. Hans - Sloane dit que l'agnus scythicus est une
racine longue de plus d'un pié, qui a des tubérosités,
des extrémités desquelles sortent quelques tiges
longues d'environ trois à quatre pouces, & assez
semblables à celles de la fougere, & qu'une grande
partie de sa surface est couverte d'un duvet noir jaunatre,
aussi luisant que la soie, long d'un quart de
pouce, & qu'on emploie pour le crachement de
sang. Il ajoûte qu'on trouve à la Jamaïque plusieurs
plantes de fougere qui deviennent aussi grosses qu'un
arbre, & qui sont couvertes d'une espece de duvet
pareil à celui qu'on remarque sur nos plantes capillaires;
& qu'au reste il semble qu'on ait employé l'art
pour leur donner la figure d'un agneau, car les raci<pb->
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