Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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personne qui pousse la bonté, la crédulité jusqu'à la bêtise.

Faire la bête, Affecter la bêtise. Vous faites la bête, mais vous me comprenez fort bien. Il signifie aussi, Refuser quelque chose mal à propos, contre ses véritables intérêts. On vous offre un bel établissement, ne le refusez pas, et n'allez pas faire la bête, ne vous avisez point de faire la bête.

BÊTE s'emploie aussi adjectivement, dans l'acception de Sot, stupide. Cet homme-là, cette femme-là est bien bête. Il est impossible d'être plus bête. Il est bête à manger du foin.

Il se dit souvent De la conduite, des propos, des manières, etc. Une conduite bête. Un propos bête. Voilà une réponse bien bête. Rien de si bête que ce qu'il vient de dire, que ce qu'il a fait. Il écoutait d'un air bête.

Prov. et par ellipse, Pas si bête, Je ne suis pas assez sot pour consentir à faire telle chose. Il voulait m'entraîner à faire un mauvais marché; mais pas si bête.

BÊTE signifie aussi, Une sorte de jeu de cartes, auquel on joue à trois, à quatre, ou à cinq. Jouer à la bête.

Il se dit également, à différents Jeux de cartes, de La somme que l'on dépose quand on a perdu un coup, et qui reste au jeu pour être payée à celui qui gagnera le coup d'après ou un des coups suivants. Ma bête est sur le jeu. Les deux bêtes vont ensemble. On fait la bête au jeu de l'hombre, du reversi, etc.

Faire la bête, Perdre ce qui, d'après les règles du jeu, exige qu'on mette une bête. Mettre sa bête, La déposer. Tirer la bête, gagner la bête, Gagner le coup, lorsqu'il y a une bête au jeu.

BÉTEL. s. m. Plante que l'on cultive dans plusieurs parties de l'Inde, et qui grimpe comme la vigne.

Il se dit aussi d'Un masticatoire dont les feuilles de bétel sont le principal ingrédient, et qui est d'un usage habituel dans toutes les contrées équatoriales de l'Asie. Mâcher du bétel. Présenter du bétel à un étranger. L'usage du bétel affermit les gencives et fortifie l'estomac.

BÊTEMENT. adv. En bête, sottement, stupidement. Il parle et agit bêtement. Il est familier.

BÊTISE. s. f. Défaut d'intelligence, de jugement, de bon sens, ou des notions les plus communes. Il est d'une bêtise extrême. C'est sa bêtise qui l'a perdu.

Il se dit aussi Des actions et des propos bêtes. Il a dit, il a fait une bêtise, une grande bêtise, une grosse bêtise, une lourde bêtise. Il passe sa journée à dire et à faire des bêtises. Dans les deux acceptions, il est familier.

BÉTOINE. s. f. T. de Botan. Plante labiée, fort commune, qui a une odeur pénétrante, et dont on fait usage en médecine. Tisane de bétoine. Les feuilles de la bétoine sont sternutatoires.

BÉTON. s. m. T. de Maçonnerie. Espèce de mortier fait de chaux, de sable et de gravier, et dont on se sert principalement pour les constructions hydrauliques, parce qu'il a la propriété de se durcir dans l'eau.

BETTE. s. f. Plante potagère, dont les feuilles ont une côte épaisse et large. Bette blanche, rouge, jaune. Une planche de bettes. Manger des bettes. Les feuilles de bette sont émollientes. On la nomme aussi Poirée.

BETTERAVE. s. f. Espèce de bette, de poirée, dont les racines, appelées également Betteraves, sont grosses, charnues, d'une saveur sucrée, et se mangent ordinairement en salade, après avoir été cuites au four ou bouillies. Planter des betteraves. Un champ de betteraves. Betteraves rouges. Betteraves jaunes. Salade de betteraves. Couleur de betterave. Sucre de betterave.

Fam., Avoir le nez rouge comme une betterave, ou Avoir un nez de betterave, Avoir le nez très-rouge et bourgeonné.

BÉTYLE. s. m. Espèce de pierre employée à faire les plus anciennes idoles, auxquelles on attribuait des vertus merveilleuses.

BEUGLEMENT. s. m. Meuglement, mugissement; le cri du taureau, du boeuf et de la vache. Le beuglement des vaches et des boeufs. De longs beuglements.

BEUGLER. v. n. Meugler, mugir. Il ne désigne proprement que le cri du taureau, du boeuf et de la vache. Des boeufs et des vaches qui beuglent.

Il signifie aussi, familièrement et par exagération, Jeter de hauts cris. Il se mit à beugler.

BEURRE. s. m. Substance alimentaire, grasse, onctueuse, et plus ou moins jaune, que l'on extrait de la crème en la battant. Battre le beurre. Beurre frais. Beurre frais battu. Beurre salé. Beurre fondu. Beurre gras. Beurre de Bretagne, de la Prévalais. Des rôties au beurre. Des tartines de beurre. Une livre de beurre. De la friture au beurre. Un potage au beurre. Étendre du beurre sur du pain.

Pot de beurre, tinette de beurre, Pot, tinette où il y a du beurre. Pot à beurre, Pot à mettre du beurre.

Beurre fort, Beurre qui a une odeur et un goût forts.

Lait de beurre, Espèce de petit lait qui demeure dans la baratte, après qu'on a fait le beurre.

Beurre noir, Beurre fondu qu'on a laissé noircir dans la poêle. Des oeufs au beurre noir. Raie au beurre noir.

Fig. et pop., Avoir les yeux pochés au beurre noir, Avoir les yeux gonflés, meurtris et noirs.

Prov. et fig., Promettre plus de beurre que de pain, Promettre plus qu'on ne veut ou qu'on ne peut tenir.

BEURRE se dit aussi de Quelques substances grasses et concrètes que l'on retire de différents végétaux. Beurre de coco. Beurre de muscade. Beurre de cacao. Etc.

BEURRE dans l'ancienne Chimie, se disait improprement de Certaines préparations, qui sont des chlorures métalliques. Beurre d'antimoine. Beurre d'arsenic. Beurre de bismuth. Beurre de zinc. Voyez CHLORURE.

BEURRÉ. s. m. Sorte de poire fondante. Beurré blanc. Beurré gris. Beurré doré. Beurré rouge. Une poire de beurré.

BEURRÉE. s. f. Tranche de pain sur laquelle on a étendu du beurre. Donner une beurrée à un enfant.

BEURRER. v. a. Étendre du beurre sur du pain. Il ne s'emploie guère qu'au participe.

BEURRÉ, ÉE. participe Du pain beurré. Une tartine beurrée.

BEURRIER, IÈREs. Celui, celle qui vend du beurre.

Fig. et fam., Il faut envoyer ce livre à la beurrière, il n'est bon que pour la beurrière, se dit D'un mauvais livre qui ne se vend point.

BÉVUE. s. f. Méprise, erreur où l'on tombe par ignorance, par inadvertance. Il a fait une infinité de bévues dans son livre, dans sa traduction. Relever une bévue. Une étrange bévue. Une lourde bévue. Une bévue grossière. Il n'entend rien aux affaires, il y fait à toute heure des bévues.

BEY. s. m. Titre qui signifie Seigneur, et que les Turcs donnent au gouverneur d'une province ou d'une ville. Le bey de Tunis.

BEZESTAN. s. m. Nom donné, dans les principales villes de Turquie, à des marchés publics, qui sont des espèces de halles couvertes.

BEZET. s. m. T. de Trictrac. Voyez BESET.

BÉZOARD. s. m. Concrétion pierreuse qui se forme dans le corps de certains animaux, et à laquelle on attribuait jadis de grandes vertus. Bézoard de porc-épic, de chèvre, de gazelle, etc. Vrai bézoard. Pierre de bézoard. On employait surtout les bézoards pour combattre les effets du poison.

Il s'est dit aussi de Diverses autres concrétions pierreuses, naturelles ou factices, que l'on croyait douées des mêmes propriétés. Bézoard fossile. Bézoard minéral. Il y avait différentes sortes de bézoards factices: le bézoard de Saturne, le bézoard mercuriel, le bézoard martial, etc.

Bézoard végétal, Concrétion pierreuse que l'on trouve dans les cocos.

B-FA-SI Ancien terme de Musique, par lequel on désignait le ton de si. Le ton de b-fa-si. Cet air est en b-fa-si.

BIAIS. s. m. Obliquité; ligne oblique, sens oblique. Il y a du biais dans ce bâtiment, dans cette chambre. On a fait cette palissade pour cacher le biais du mur. Cette maison est de biais. Ce parterre est de biais, tout de biais. Couper une étoffe de biais, en biais. Vous ne coupez pas cela droit, vous allez de biais. Prendre de biais.

Couper une étoffe du bon biais, du mauvais biais, La couper du bon sens, du mauvais sens, suivant l'usage auquel on la destine.

Fig. et fam., Prendre quelqu'un de biais, Le gagner avec habileté. Prendre une affaire de biais, Employer des moyens détournés pour la faire réussir.

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