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Les Advocats à Rome, quant à la plaidoirie, faisoient la même fonction que nos Advocats font au Barreau; car pour les conseils ils ne s'en mêloient point: c'étoit l'affaire des Jurisconsultes.
Les Romains faisoient un grand cas de la profession d'Advocat: les siéges du Barreau de Rome étoient remplis de Consuls & de Sénateurs, qui se tenoient honorés deda qualité d'Advocats. Ces mêmes bouches qui commandoient au peuple étoient aussi employées à le défendre.
On les appelloit Comites, Honorati, Clarissimi, &
même Patroni; parce qu'on supposoit que leurs cliens
ne leur avoient pas de moindres obligations que les
esclaves en avoient aux Maîtres qui les avoient affranchis.
Voyez
Mais alors les Advocats ne vendoient point leurs services. Ceux qui aspiroient aux honneurs & aux charges se jettoient dans cette carriere pour gagner l'affection du peuple; & toûjours ils plaidoient gratuitement: mais lorsque le luxe se fut introduit à Rome, & que la faveur populaire ne servit plus à parvenir aux dignités, leurs talens n'étant plus récompensés par des honneurs ni des emplois, ils devinrent mercenaires par nécessité. La profession d'Advocat devint un métier lucratif; & quelques - uns pousserent même si loin l'avidité du gain, que le Tribun Cincius, pour y pourvoir, fit une loi appellée de son nom Cincia, par laquelle il étoit expressément défendu aux Advocats de prendre de l'argent de leurs cliens. Frédéric Brummerus a fait un ample Commentaire sur cette loi.
Il avoit déjà été défendu aux Advocats de recevoir aucuns présens pour leurs plaidoyers: l'Empereur Auguste y ajoûta une peine: mais nonobstant toutes ces mesures, le mal étoit tellement enraciné, que l'Empereur Claudius crut avoir fait beaucoup que de leur défendre de prendre plus de dix grands sesterces pour chaque cause; ce qui revient à 437 liv. 10 s. de notre monnoie.
Il y avoit à Rome deux sortes d'Advocats; les plaidans & les Jurisconsultes: distinction que nous faisons aussi au Palais entre nos Advocats, dont les uns s'appliquent à la plaidoirie, & les autres se renferment dans la consultation. Il y avoit seulement cette différence que la fonction des Jurisconsultes qui donnoient simplement leurs conseils, étoit distincte de celle des Advocats plaidans, qu'on appelloit simplement Advocats, puisqu'on n'en connoissoit point d'autres. Les Jurisconsultes ne plaidoient point: c'étoit une espece de Magistrature privée & perpétuelle, principalement sous les premiers Empereurs. D'un autre part, les Advocats ne devenoient jamais Jurisconsultes; au lieu qu'en France les Advocats deviennent Jurisconsultes; c'est - à - dire, qu'ayant acquis de l'expérience & de la réputation au Barreau, & ne pouvant plus en soûtenir le tumulte & la fatigue, ils deviennent Advocats consultans.
Pris en ce sens, c'est la même chose qu'Advoüé, Défenseur, Conservateur, OEconome, Causidicus, mundiburdus,
Tuteur, Acteur, Pasteur lai, Vidame, Scholastique, &c. Voyez
Il a été employé pour synonyme à Patron; c'est - à - dire celui qui a l'advouerie ou le droit de présenter
en son propre nom. Voyez
Les Abbés & Monasteres ont aussi des Advocats ou
Advoüés. Voyez
Ce mot vient, ou du Latin Advocatus, appellé à l'aide, ou de advotare, donner son suffrage pour une chose.
Les Cathédrales, les Abbayes, les Monasteres, & autres Communautés ecclésiastiques, avoient leurs Advoüés. Ainsi Charlemagne prenoit le titre d'Advoüé de Saint Pierre; le Roi Hugues, de Saint Riquier: & Bollandus fait mention de quelques Lettres du Pape Nicolas, par lesquelles il établissoit le saint Roi Edouard & ses successeurs Advoüés du Monastere de Westminster, & de toutes les Eglises d'Angleterre.
Ces Advoüés étoient les Gardiens, les Protecteurs,
& en quelque sorte les Administrateurs du temporel
des Eglises; & c'étoit sous leur autorité que se faisoient
tous les contrats concernant ces Eglises. Voyez
Il paroît même par d'anciennes chartres que les donations qu'on faisoit aux Eglises étoient conférées en la personne des Advoüés.
C'étoient eux qui se présentoient en jugement pour les Eglises dans toutes leurs causes, & qui rendoient la justice pour elles dans tous les lieux où elles avoient jurisdiction.
C'étoient eux qui commandoient les troupes des
Eglises en guerre, & qui leur servoient de champions
& de duellistes. Voyez
On prétend que cet office fut introduit dès le tems de Stilicon dans le IV. siecle: mais les Bénédictins n'en font remonter l'origine qu'au VIII. act. S. Bened. S. III. P. I. Proef. p. 9. &c.
Dans la suite, les plus grands Seigneurs même firent
les fonctions d'Advoüés, & en prirent la qualité,
lorsqu'il fallut défendre les Eglises par leurs armes,
& les protéger par leur autorité. Ceux de quelques
Monasteres prenoient le titre de Conservateurs: mais
ce n'étoit autre chose que des Advoüés sous un autre
nom. Voyez
Il y eut aussi quelquefois plusieurs Sous - advoüés ou Sous - advocats dans chaque Monastere, ce qui néanmoins sit grand tort aux Monasteres, ces Officiers inférieurs y introduisant de dangereux abus; aussi furent - ils supprimés au Concile de Rheims en 1148.
A l'exemple de ces Advoüés de l'Eglise, on appella
aussi du même nom les maris, les tuteurs, ou au<pb->
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