Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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est présent devant lui. Voyez à la fin de l'article VENIR.

Il se dit figurément Du bien-être, de l'état de fortune que l'on peut espérer. J'assure un avenir à mes enfants. Cet homme n'a plus d'avenir, n'a aucun avenir. Il est inquiet sur son avenir.

Il signifie quelquefois figurément, La postérité. L'avenir vous contemple. Que dira l'avenir?

À L'AVENIR. loc. adv. Désormais, dorénavant. Vous en userez à l'avenir comme il vous plaira. Ne faites plus cela à l'avenir. À l'avenir les séances auront lieu tel jour.

AVENIR. s. m. T. de Pratique. Sommation de l'avoué d'une partie à l'avoué de l'autre partie, de comparaître à l'audience au jour déterminé par l'acte. Donner un avenir. Faire signifier un avenir.

AVENT. s. m. Le temps destiné par l'Église catholique pour se préparer à la fête de Noël. L'avent a été plus long cette année-ci que l'autre. Le premier dimanche de l'avent. On dit au pluriel, Les avents de Noël. C'est aux avents qu'on a coutume de planter.

Prêcher l'avent, jeûner l'avent, Pendant l'avent.

AVENTURE. s. f. Ce qui arrive d'inopiné, d'extraordinaire à quelqu'un. Aventure heureuse, bizarre, étrange. Il lui est arrivé une aventure singulière. Il doit s'attendre à quelque aventure fâcheuse. Raconter une aventure. Une aventure galante. Ce roman est plein d'aventures surprenantes. Aventure comique, burlesque, romanesque.

Fam., Cette femme, cette fille a eu des aventures, Elle a eu des intrigues amoureuses.

Dire la bonne aventure, Prédire par la chiromancie, ou de toute autre manière, ce qui doit arriver à quelqu'un. Elles faisaient profession de dire la bonne aventure. Se faire dire sa bonne aventure. Croire aux diseuses de bonne aventure.

AVENTURE dans les anciens romans de chevalerie, Entreprise hasardeuse, mêlée quelquefois d'enchantement. Aventure périlleuse, difficile, dangereuse. Chercher, achever, mettre à fin les aventures, une aventure. Cette aventure était réservée à tel chevalier.

Par extension, Aimer les aventures, courir après les aventures, Aimer les entreprises extraordinaires, hasardeuses.

Fam., Tenter l'aventure, Essayer de réussir dans quelque affaire dont le succès est fort incertain. Nous ne réussirons peut-être pas, mais tentons l'aventure. Il voulut tenter l'aventure.

AVENTURES au pluriel, est Le titre de certains ouvrages qui contiennent le récit d'aventures ordinairement imaginaires. Les Aventures de Robinson Crusoé.

AVENTURE signifie familièrement, Hasard. C'est grande aventure si je n'en viens pas à bout. Ce sens est peu usité.

En termes de Commerce, Mettre à la grosse aventure, Mettre une somme d'argent sur quelque navire de commerce, au hasard de la perdre si le navire périt. Cette locution a vieilli: les négociants disent, Prêter à la grosse.

Mal d'aventure. Nom vulgaire du panaris.

À L'AVENTURE. loc. adv. Au hasard, sans dessein, sans réflexion. Marcher, errer à l'aventure. Faire toutes choses à l'aventure.

D'AVENTURE, PAR AVENTURE. loc. adverbiales et familières Par hasard. Si d'aventure il venait quelqu'un. Si par aventure il arrive.

AVENTURER. v. a. Hasarder, mettre à l'aventure. Il aventura tout son bien. Je veux bien aventurer cette petite somme. Il faut aventurer quelque chose.

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel. Vous vous aventurez fort. Il ne faut pas tant s'aventurer. Elle s'est aventurée plus qu'il ne fallait.

AVENTURÉ, ÉE. participe Cela est bien aventuré. Cette affaire est extrêmement aventurée. C'est de l'argent fort aventuré. Un procès bien aventuré.

AVENTUREUX, EUSE. adj. Qui s'aventure, qui hasarde. Il a l'humeur aventureuse. C'est un homme qui est fort aventureux dans ses entreprises, au jeu, etc. On dit dans un sens analogue, Une vie, une existence aventureuse.

AVENTURIER. s. m. Celui qui aime les aventures extraordinaires, qui court le monde et s'engage volontiers dans les entreprises hasardeuses où il peut espérer quelque avantage. Ces hardis aventuriers ne s'effrayèrent point des difficultés de l'entreprise. Son armée n'était qu'un ramas d'aventuriers accourus de tous les pays. Il mène la vie d'aventurier.

Il s'est dit anciennement, dans une acception plus restreinte, de Ceux qui allaient volontairement à la guerre, sans recevoir de solde, et sans s'obliger aux gardes et aux autres fonctions militaires qui ne donnent que de la fatigue. Beaucoup de ces soldats qu'on nommait aventuriers, passèrent les monts avec lui. Les aventuriers firent merveille dans ce combat.

Il s'est dit particulièrement de Certains corsaires qui pirataient sur les mers de l'Amérique, et qu'on appelait autrement Flibustiers et Boucaniers.

Il se dit le plus souvent d'Une personne qui est sans état et sans fortune, et qui vit d'intrigues. C'est un aventurier. En ce sens, il a un féminin. Ce n'est qu'une aventurière.

AVENTURIER s'emploie aussi quelquefois adjectivement, dans le sens d'Aventureux. Il y a des hommes hardis et aventuriers qui... Vie aventurière.

AVENTURINE. s. f. Sorte de pierre jaune ou brune qui est semée de points brillants, dorés ou argentins, dont les reflets ont beaucoup d'éclat.

Il se dit aussi d'Une composition imitant l'aventurine, faite avec de la poudre d'or, jetée à l'aventure sur du vernis ou sur du verre fondu. Une boîte d'aventurine. Un bâton d'aventurine.

AVENUE. s. f. Chemin par lequel on arrive en quelque lieu. Les gardes occupaient toutes les avenues du palais. L'armée s'empara de toutes les avenues des montagnes. Fermer, boucher les avenues. Les avenues de cette ville sont très-belles. L'avenue de Neuilly.

Il se dit particulièrement d'Une allée plantée d'arbres qui conduit à une habitation. On arrive à sa maison, à son château par une grande avenue. Il a planté une avenue d'ormes, de tilleuls, de noyers, etc., devant la porte de son château.

Par extension, Ouvrir des avenues dans un bois, Y ouvrir des allées.

AVÉRER. v. a. S'assurer et faire voir qu'une chose est vraie. On a avéré ce fait-là. C'est une chose qu'on ne peut avérer.

AVÉRÉ, ÉE. participe C'est un fait avéré. Une chose avérée.

AVERSE. s. f. Pluie subite et abondante. Nous essuyâmes une averse. Il est familier.

À VERSE. loc. adv. Voyez VERSE (À).

AVERSION. s. f. Haine, antipathie, répugnance extrême. Avoir quelque chose en aversion. Avoir de l'aversion contre quelqu'un, pour quelqu'un. Prendre quelqu'un en aversion. Avoir de l'aversion pour l'étude. Avoir de l'aversion pour le vin. J'ai grande aversion pour cela. Il a de l'aversion pour les chats. L'araignée est ma bête d'aversion.

Fig. et fam., C'est ma bête d'aversion, se dit D'une personne pour laquelle on éprouve une forte aversion.

AVERTIN. s. m. Maladie d'esprit qui rend opiniâtre, emporté, furieux.

Il se dit, par extension, de Ceux qui sont tourmentés de cette maladie. Le peuple appelait saint Mathurin le patron des avertins.

Il se dit aussi de La maladie des moutons que l'on nomme ordinairement Tournis. Dans les trois sens, il est vieux.

AVERTIR. v. a. Donner avis; instruire, informer quelqu'un de quelque chose. Je vous avertis qu'un tel est arrivé. Je l'ai averti de tout. Je l'ai averti à temps. Il faut avertir les parents. Avertir du danger. Avertir d'un accident. Avertir du feu. Avertir par une lettre, par un cri, par un signal, par un geste, etc.

Prov. et fig., Avertir quelqu'un de son salut, Lui donner un avis très-important.

En termes de Manége, Avertir un cheval, L'exciter au moyen de quelques aides, lorsqu'il se néglige dans son exercice.

AVERTI, IE. participe Être bien averti, Être bien informé de tout ce qui se passe; ou Se tenir sur ses gardes, lorsqu'on est menacé.

Fam., Tenez-vous pour averti, se dit, par menace, Lorsqu'on veut faire entendre à une personne qu'on l'avertit une dernière fois, une fois pour toutes, de ce qui lui arrivera si elle fait ou ne fait pas certaine chose.

Prov., Un bon averti en vaut deux, Lorsqu'on a été prévenu de ce qu'on doit craindre ou de ce qu'on doit faire, on est, pour ainsi dire, doublement en état de prendre ses précautions ou ses mesures. Il se dit aussi par forme de menace, et signifie: Prenez-y garde; si vous ne tenez compte de l'avertissement que je vous donne, vous vous en repentirez.

AVERTISSEMENT. s. m. Avis qu'on donne à quelqu'un de quelque chose, afin qu'il y prenne garde. Avertissement salutaire. Donner, envoyer, recevoir un avertissement.

Fig., C'est un avertissement du ciel, se dit D'un événement qui doit porter à des réflexions sérieuses.

AVERTISSEMENT est particulièrement Le titre qu'on donne à une espèce de petite préface, mise à la tête d'un livre, pour avertir le lecteur de quelque chose. Avertissement de l'éditeur.

Fig. et fam., C'est un avertissement au lecteur, se dit D'un événement ou de toute

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