Nicot, Thresor de la langue francoyse
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comme, Ce Capitaine a exposé ses soldats à la boucherie, Hosti ad
caedem
obiecit. Liu. lib. 22.
bouchimbarbe
Boukimbarbe, f. penac. Est une espece
d'herbe qui a le tige court, les fueilles jaunes comme saffranées, la racine
longue, douce, la fleur dorée, issant de bouton. Laquelle par beau temps
s'espanouyt, et en temps nubileux se reclost. De son bouton clos il pend
comme
une barbe blanche, à cause de laquelle le nom luy est donné, comme
Theophraste
escrit au li. 7. cha. 7. Lequel elle retient en toutes langues. Car
les Grecs l'appellent tragopôgôn, les Latins
Hircibarbula, les Italiens
Barba di becco, (combien qu'ils l'appellent aussi Sassefrica) les
Espagnols
Barba de cabron, et les Allemands Bockbart. On use de sa
racine l'hyver és salades.
bouchement
Boucle, f. penac. Soit de fer, cuyvre, argent,
ou autre metail, est faite ores
ronde, ores quarrée, ores à quart de cercle, à deux passans divisez d'un
diametre, auquel un espinon ou hardillon est accroché, servant à ficher la
courroye qui est passée par iceux, passant sur ledit diametre, Fibula.
Le
Languedoc l'appelle Fivele, et Sivele, dudit nom Latin.
L'espinon ou hardillon d'une boucle, Acicula fibulae.
boucler
Boucler, act. acut. Est mettre une boucle à quelque
chose. Ainsi on dit,
boucler une jument, quand pour empescher qu'elle ne soit saillie des chevaux,
on luy clost la nature avec des boucles ou annelets de cuyvre, Fibulare,
Infibulare. Et par translation, boucler est parfaire et achever un
affaire. Selon ce on dit, cela est serré et bouclé, c'est à dire, parachevé,
clos et fermé à demeurer. Boucler en verbe neutre, et par translation,
signifie bossuer en forme de boucle, (car elle bossue en l'endroit de son
diametre ou aisseul, pour rendre plus aisé le passer de la courroye) mot
usité
entre maçons. Ainsi ils disent que une muraille boucle, quand elle
bossue, ce que les Latins par mesme raison dient, Paries facit ventrem.
bouclier
Boucon, Venenum, Toxicum.
Empoisonner et bailler boucons, Spargere venena, Miscere toxicum.
Bailleur de boucon et empoisonneur, Veneficus, Venenarius.
boudin
Boudine, ou Boüe, et fange, Eluuies, Limus, Lutum,
Coenum.
Boüe meslée parmy de la paille, Lutum paleatum.
¶ La boüe et ordure qui sort d'un clou, ou d'une playe, apostume, et
semblables,
Pus, puris, Tabes.
Enduire et massonner de boüe, Lutare.
Se tourner et convertir en boüe, Lutescere.
boüeux
Boüeux, ou plein de boüe, Limosus, Lutosus, Lutulentus,
Coenosus.
bouffée
bouffons
Bouge, penac. Tantost est masculin, et signifie
ce qui est comme renflé,
et sortant en tumeur hors oeuvre platte. Ainsi l'on appelle le Bouge d'un
bouclier, la bossette qui est au milieu d'iceluy, eslevée en rond, (de
laquelle
façon estoient les boucliers des Romains) Vmbo. Aussi est-il
comme le nombril d'iceluy. Et le Bouge d'une chambre, le petit reduit qui
est joignant la chambre et hors le mur d'icelle, qui ne merite le nom de
garderobe. En aucuns lieux on appelle aussi Bouge la bouclure d'une muraille,
qui se desment et se courbe, qu'on dit en Latin Ventrem facere,
et en François Boucler. Et tantost est feminin, duquel le diminutif
est Bougete, c'est à dire, une petite bouge. Et est un mot naïf Gaulois,
comme dit Sext. Pompon. Festus, duquel les Gaulois appeloient ces petits
sacs de cuir, que ceux qui alloient aux champs portoient pendants à
leurs bras, (comme adjouste Nonius Marcellus) ausquels ils mettoient
leurs petites besongnes, comme se peut comprendre de ce vers du 16. livre
des Satyres de Lucilius, parlant d'un qui n'avoit nul equippage, Cui
neque iumentum est, nec seruus, nec comes vllus, Bulgam et
quicquid habet numorum, Secum habet ipse. Cum bulga coenat,
dormit, lauat, omnis in vna, Spes hominis bulga, hac deuincta
est caetera vita. L'usage de porter laquelle bouge, pendant au
bras quand on alloit aux champs, estoit encores, n'y a pas long temps, en
France. Et le mesme autheur au livre 26. appelle Bouge par metaphore,
la matrice de la femme grosse, dans laquelle l'enfant à naistre est
estuyé, comme dans un sachot ou bourse, Ita, dit-il, vt quisque
nostrum
e bulga est matris in lucem editus. A present on appelle
bouges, ces deux gibbecieres de gros cuyr quarrées, entre-tenans ensemble
par deux larges courroyes de cuyr, que les marchands allans aux
champs portent pendants de l'arçon de derriere de la selle, lesquelles
anciennement
on appeloit Anforges. Et les gros estuits de gros cuyr, dans
lesquels est portée sur un cheval, la vaisselle d'argent d'un grand Seigneur,
qui va par les champs et en voyage. Esquelles diverses significations dudit
mot Bouge, est tousjours retenuë la raison d'iceluy, qui est le renflage,
esleveure et tuberosité de la chose portant ce mot, soit le Vmbo du
bouclier,
soit le petit reduit en saillie d'une chambre, soit le sac de cuyr porté
en voyage, soit la bource, soit l'estuy à porter la vaisselle. Aussi
l'Allemand
dit Bog zum schiessen, pour un Arc, et den bogen spannen,
pour tendre l'Arc, et frummen bogen, pour une voulte, qui
est pour revenir à la mesme raison de la signification de Bouge. És
protocoles
de lettres de passage et saufconduit, il est escrit Voulge, et Vouge,
qui est nom commun à l'arme, que les Veneurs portent à la chasse. Et par
ce que les anciens y portoient aussi leur viatique d'argent contant (dont
est és lettres de passage, et saufconduit cette clause ordinaire, males,
bouges,
bahus) les Latins mesmes, comme rapporte iceluy Non. Marcellus, appeloient
jadis la bourse Bulga, c. Bouge, dont en demeure le proverbe en
France, lequel y a cours par tout, Il a bien remply ses bouges, ce qu'on dit
en autre maniere, Il a bien foncé le poignet, c. Il a bien gaigné et
mis
en serre de l'argent. Ce qui est maintefois usurpé en mauvaise part
pour dire, Il a bien desrobé en sa charge, en son estat, en sa
commission.
bougete
Bougete, f. penacut. Est le diminutif de Bouge,
Bulgula, qui est un mot
que les Latins ont imité des anciens Gaulois. Mais le François par ce
diminutif,
entend ce petit coffret de bois de bahu, et tenve couvert de cuyr,
feutré ou bourré entre cuyr et bois par dessous, afin qu'il ne blesse le
cheval,
et ferré de petites listes de fer blanc par dessus le couvercle qui est
vouté, et d'un pied et demi de long ou environ, quelque peu moins de large,
fermant à serrure et à clef, que les femmes portoient anciennement
penduë à courroyes de cuyr double, à l'arçon de devant de la selle de leur
palefroy quand elles alloient aux champs, en laquelle elles portoient leurs
bagues, joyaux et menus affiquets. Et parce qu'elles y portoient leurs
meubles plus precieux, comme bagues, joyaux, attours, affiquets, et choses
de cabinet qui sont leur chevance et pecule, que les Latins appellent
Mundus muliebris, il est venu en usage, que les Seigneurs appellent
bougete, non seulement telle espece de coffret, ains la layete, où ils
tiennent
l'argent comptant de leurs espergne, qu'ils appellent aussi boite, du
mot Grec kibôtos par aphairese de la premiere syllabe, qui
signifie chasse
au caisse, Arca.
bougetier
Bougetier. m. acut. L'artisan et l'ouvrier qui
faict des Bougetes, comme si
on disoit Bulgarum opifex, ou Bulgarifex, comme Aurifex,
car
combien que le nom de l'artisan soit formé du diminutif dessus dict Bougete,
ce neantmoins il est entendu aussi pour celuy qui fait les bouges.
bougete
Bougete de cuir, Bulga, Bulgae, Sacciperium, et
Sacciperio, Vidulum,
Hippopera, Cistula.
bougeon
Bouger, Se bouger et partir du lieu et place
où on est, Demigrare
loco.
Ne se bouger d'une place, et ne s'en partir, Non declinare a loco
aliquo,
Persidere, Loco stare, Locum tenere, Tenere se loco.
Ne se bouger, et estre en une place sans se mouvoir, Cessare.
Ne bouger d'avec aucun, Non discedere ab aliquo, Affixum alicui
esse.
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