Nicot, Thresor de la langue francoyse

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Page 85

comme, Ce Capitaine a exposé ses soldats à la boucherie, Hosti ad caedem obiecit. Liu. lib. 22.

bouchimbarbe

Boukimbarbe, f. penac. Est une espece d'herbe qui a le tige court, les fueilles jaunes comme saffranées, la racine longue, douce, la fleur dorée, issant de bouton. Laquelle par beau temps s'espanouyt, et en temps nubileux se reclost. De son bouton clos il pend comme une barbe blanche, à cause de laquelle le nom luy est donné, comme Theophraste escrit au li. 7. cha. 7. Lequel elle retient en toutes langues. Car les Grecs l'appellent tragopôgôn, les Latins Hircibarbula, les Italiens Barba di becco, (combien qu'ils l'appellent aussi Sassefrica) les Espagnols Barba de cabron, et les Allemands Bockbart. On use de sa racine l'hyver és salades.

bouchement

Boucle, f. penac. Soit de fer, cuyvre, argent, ou autre metail, est faite ores ronde, ores quarrée, ores à quart de cercle, à deux passans divisez d'un diametre, auquel un espinon ou hardillon est accroché, servant à ficher la courroye qui est passée par iceux, passant sur ledit diametre, Fibula. Le Languedoc l'appelle Fivele, et Sivele, dudit nom Latin.

L'espinon ou hardillon d'une boucle, Acicula fibulae.

boucler

Boucler, act. acut. Est mettre une boucle à quelque chose. Ainsi on dit, boucler une jument, quand pour empescher qu'elle ne soit saillie des chevaux, on luy clost la nature avec des boucles ou annelets de cuyvre, Fibulare, Infibulare. Et par translation, boucler est parfaire et achever un affaire. Selon ce on dit, cela est serré et bouclé, c'est à dire, parachevé, clos et fermé à demeurer. Boucler en verbe neutre, et par translation, signifie bossuer en forme de boucle, (car elle bossue en l'endroit de son diametre ou aisseul, pour rendre plus aisé le passer de la courroye) mot usité entre maçons. Ainsi ils disent que une muraille boucle, quand elle bossue, ce que les Latins par mesme raison dient, Paries facit ventrem.

bouclier

Boucon, Venenum, Toxicum.

Empoisonner et bailler boucons, Spargere venena, Miscere toxicum.

Bailleur de boucon et empoisonneur, Veneficus, Venenarius.

boudin

Boudine, ou Boüe, et fange, Eluuies, Limus, Lutum, Coenum.

Boüe meslée parmy de la paille, Lutum paleatum.

La boüe et ordure qui sort d'un clou, ou d'une playe, apostume, et semblables, Pus, puris, Tabes.

Enduire et massonner de boüe, Lutare.

Se tourner et convertir en boüe, Lutescere.

boüeux

Boüeux, ou plein de boüe, Limosus, Lutosus, Lutulentus, Coenosus.

bouffée

bouffons

Bouge, penac. Tantost est masculin, et signifie ce qui est comme renflé, et sortant en tumeur hors oeuvre platte. Ainsi l'on appelle le Bouge d'un bouclier, la bossette qui est au milieu d'iceluy, eslevée en rond, (de laquelle façon estoient les boucliers des Romains) Vmbo. Aussi est-il comme le nombril d'iceluy. Et le Bouge d'une chambre, le petit reduit qui est joignant la chambre et hors le mur d'icelle, qui ne merite le nom de garderobe. En aucuns lieux on appelle aussi Bouge la bouclure d'une muraille, qui se desment et se courbe, qu'on dit en Latin Ventrem facere, et en François Boucler. Et tantost est feminin, duquel le diminutif est Bougete, c'est à dire, une petite bouge. Et est un mot naïf Gaulois, comme dit Sext. Pompon. Festus, duquel les Gaulois appeloient ces petits sacs de cuir, que ceux qui alloient aux champs portoient pendants à leurs bras, (comme adjouste Nonius Marcellus) ausquels ils mettoient leurs petites besongnes, comme se peut comprendre de ce vers du 16. livre des Satyres de Lucilius, parlant d'un qui n'avoit nul equippage, Cui neque iumentum est, nec seruus, nec comes vllus, Bulgam et quicquid habet numorum, Secum habet ipse. Cum bulga coenat, dormit, lauat, omnis in vna, Spes hominis bulga, hac deuincta est caetera vita. L'usage de porter laquelle bouge, pendant au bras quand on alloit aux champs, estoit encores, n'y a pas long temps, en France. Et le mesme autheur au livre 26. appelle Bouge par metaphore, la matrice de la femme grosse, dans laquelle l'enfant à naistre est estuyé, comme dans un sachot ou bourse, Ita, dit-il, vt quisque nostrum e bulga est matris in lucem editus. A present on appelle bouges, ces deux gibbecieres de gros cuyr quarrées, entre-tenans ensemble par deux larges courroyes de cuyr, que les marchands allans aux champs portent pendants de l'arçon de derriere de la selle, lesquelles anciennement on appeloit Anforges. Et les gros estuits de gros cuyr, dans lesquels est portée sur un cheval, la vaisselle d'argent d'un grand Seigneur, qui va par les champs et en voyage. Esquelles diverses significations dudit mot Bouge, est tousjours retenuë la raison d'iceluy, qui est le renflage, esleveure et tuberosité de la chose portant ce mot, soit le Vmbo du bouclier, soit le petit reduit en saillie d'une chambre, soit le sac de cuyr porté en voyage, soit la bource, soit l'estuy à porter la vaisselle. Aussi l'Allemand dit Bog zum schiessen, pour un Arc, et den bogen spannen, pour tendre l'Arc, et frummen bogen, pour une voulte, qui est pour revenir à la mesme raison de la signification de Bouge. És protocoles de lettres de passage et saufconduit, il est escrit Voulge, et Vouge, qui est nom commun à l'arme, que les Veneurs portent à la chasse. Et par ce que les anciens y portoient aussi leur viatique d'argent contant (dont est és lettres de passage, et saufconduit cette clause ordinaire, males, bouges, bahus) les Latins mesmes, comme rapporte iceluy Non. Marcellus, appeloient jadis la bourse Bulga, c. Bouge, dont en demeure le proverbe en France, lequel y a cours par tout, Il a bien remply ses bouges, ce qu'on dit en autre maniere, Il a bien foncé le poignet, c. Il a bien gaigné et mis en serre de l'argent. Ce qui est maintefois usurpé en mauvaise part pour dire, Il a bien desrobé en sa charge, en son estat, en sa commission.

bougete

Bougete, f. penacut. Est le diminutif de Bouge, Bulgula, qui est un mot que les Latins ont imité des anciens Gaulois. Mais le François par ce diminutif, entend ce petit coffret de bois de bahu, et tenve couvert de cuyr, feutré ou bourré entre cuyr et bois par dessous, afin qu'il ne blesse le cheval, et ferré de petites listes de fer blanc par dessus le couvercle qui est vouté, et d'un pied et demi de long ou environ, quelque peu moins de large, fermant à serrure et à clef, que les femmes portoient anciennement penduë à courroyes de cuyr double, à l'arçon de devant de la selle de leur palefroy quand elles alloient aux champs, en laquelle elles portoient leurs bagues, joyaux et menus affiquets. Et parce qu'elles y portoient leurs meubles plus precieux, comme bagues, joyaux, attours, affiquets, et choses de cabinet qui sont leur chevance et pecule, que les Latins appellent Mundus muliebris, il est venu en usage, que les Seigneurs appellent bougete, non seulement telle espece de coffret, ains la layete, où ils tiennent l'argent comptant de leurs espergne, qu'ils appellent aussi boite, du mot Grec kibôtos par aphairese de la premiere syllabe, qui signifie chasse au caisse, Arca.

bougetier

Bougetier. m. acut. L'artisan et l'ouvrier qui faict des Bougetes, comme si on disoit Bulgarum opifex, ou Bulgarifex, comme Aurifex, car combien que le nom de l'artisan soit formé du diminutif dessus dict Bougete, ce neantmoins il est entendu aussi pour celuy qui fait les bouges.

bougete

Bougete de cuir, Bulga, Bulgae, Sacciperium, et Sacciperio, Vidulum, Hippopera, Cistula.

bougeon

Bouger, Se bouger et partir du lieu et place où on est, Demigrare loco.

Ne se bouger d'une place, et ne s'en partir, Non declinare a loco aliquo, Persidere, Loco stare, Locum tenere, Tenere se loco.

Ne se bouger, et estre en une place sans se mouvoir, Cessare.

Ne bouger d'avec aucun, Non discedere ab aliquo, Affixum alicui esse.

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