LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 110

Un cheval qui a les avives fort enflées, Battre les avives à un cheval. Les avives ont étranglé ce cheval. Il est mort des avives. Il a eu les avives, pour avoir bu trop tôt étant échauffé.

AVO

AVOCASSER

AVOCASSER. v. neut. Faire la profession d'Avocat. Il y a tant d'années qu'il avocasse. Il est familier, et il ne se dit guère qu'en mauvaise part.

AVOCAT

AVOCAT. sub. mas. Celui qui fait profession de défendre des causes en Justice. Avocat fameux, célèbre, éloquent. Savant Avocat. Avocat au Parlement. Avocat au Conseil. Plaider par Avocat.

On appelle Avocat Général, Un Magistrat qui plaide pour le Roi, et pour l'intérêt public, dans une Cour supérieure; et Avocat du Roi, Un Magistrat qui fait les mêmes fonctions dans les Tribunaux inférieurs.

On appelle Avocat Consultant, Un Avocat qui ne plaide point, et qui donne seulement son avis et son conseil par écrit, sur les affaires litigieuses.

Avocat

Avocat, se dit figurément De celui qui intercède pour un autre, qui en soutient, qui en défend les intérêts auprès de quelqu'un. Vous avez un bon Avocat en sa personne. Je serai votre Avocat auprès de lui.

En ce sens, on dit aussi Avocate. Sa mère fut son Avocate. Et on appelle la Sainte -- Vierge, l'Avocate despécheurs.

AVOINE

AVOINE. s. f. (On prononce assez communément Avène.) Sorte de grain, qui sert ordinairement à la nourriture des chevaux. Avoine blanche. Avoine noire. Cette avoine est bonne, elle est fort pesante. Avoine légère. Un picotin d'avoine. Une mesure d'avoine. Cribler l'avoine. Donner l'avoine aux chevaux. Ce cheval mange bien l'avoine. Il a bien travaillé, on lui a fait gagner son avoine. Paille d'avoine. Balle d'avoine, de la balle d'avoine.

Avoines

Avoines, au pluriel, se dit De l'avoine quand elle est encore sur terre. Les avoines sont belles. Voilà un bon temps pour les avoines. Faucher les avoines. Faire les avoines.

AVOIR

AVOIR. v. a. J'ai, tu as, il a; nous avons, vous avez, ils ont. J'avois. J'eus. J'ai eu. J'aurai. Aye ou aie, ayez. Que j'aye ou que j'aie, que tu ayes ou que tu aies, qu'il ait; que nous ayons, que vous ayez, qu'ils ayent ou qu'ils aient. Que j'eusse. J'aurois. Que j'aye eu, ou que j'aie eu. Que j'eusse eu. Ayant. Ayant eu. Posséder de quelque manière que ce soit. Avoir du bien. Avoir une Charge. Avoir un Bénéfice. Avoir de l'argent. Avoir une maison à vendre, à louer. Avoir un cheval d'emprunt. Avoir le bien d'autrui.

En ce sens, on dit proverbialement, Il n'est rien tel que d'en avoir, pour dire, que Si on n'a du bien, on n'est point considéré dans le monde; et d'Un homme avide et âpre à l'argent, qu'Il en veut avoir à quelque prix que ce soit.

Avoir

Avoir, s'emploie aussi pour dire, Être le sujet d'une passion, d'une impression, d'un mal, d'une sensation, d'un sentiment, d'une habitude, etc. Avoir des pensées, des opinions. Avoir de l'amour. Avoir de la haine. Avoir de la douleur, de la honte, de la joie, du plaisir. Avoir faim. Avoir soif. Avoir patience. Avoir tort. Avoir raison. Avoir en horreur. Avoir en estime. Avoir quelque soupçon. Avoir de l'âge. Avoir l'âge de raison. Avoir l'honneur en recommandation. Avoir la crainte de Dieu devant les yeux. Avoir un procès. Avoir une querelle. Avoir la migraine. Avoir mal à la tête. Avoir la fièvre. Avoir le bras cassé. Avoir un coup d'épée.

On dit par menace à un homme, Vous en aurez, pour dire, Vous serez châtié, maltraitè; et par raillerie à un homme qui a reçu quelque coup, quelque disgrâce, etc. Il en a. On dit aussi d'Une personne dont on espère se venger, qu'On l'aura, qu'on saura bien l'avoir.

On dit dans le discours familier, L'avoir beau, l'avoir belle, pour dire, Avoir une occasion favorable de faire quelque chose.

On dit aussi, Il a beau dire, il a beau faire, il a beau crier, pour dire, Quoi qu'il puisse dire, quoi qu'il puisse faire, il crie en vain.

Avoir

Avoir, se met souvent avec la préposition à, devant un infinitif; et alors il sert à marquer L'état, la disposition, la volonté où l'on est de faire ce que l'infinitif du verbe signifie. J'ai à faire une visite. J'ai à vous remercier. J'ai à parler à un tel. Il a à choisir. Il a plusieurs Bénéfices à donner. Il a beaucoup de choses à vous dire.

Avoir

Avoir, s'emploie aussi à l'impersonnel dans le sens d'Être; et alors il se joint toujours avec la particule y. Il y a un an. Il y a deux ans. Il y a beaucoup de gens. Il y a lieu de croire. Il y a sujet de craindre. Il n'y a personne. Il y avoit plus de mille personnes. Il n'y a rien qu'il étoit ici. Il n'y a rien que je ne fasse pour vous. Il n'y a rien à faire. Il y a tout à espérer.

Avoir

Avoir, est aussi verbe auxiliaire, et sert à former la plupart des prétérits des autres verbes. Avoir lu. Avoir écrit. J'ai donné. Il a plu toute la nuit. Nous en avons parlé ensemble. Vous avez été sages. Ils ont vécu. Il en auroit donné cent pistoles.

Il est aussi quelquefois auxiliaire de lui--même. J'ai eu raison. Il auroit eu tort de faire telle chose. Il auroit eu peur.

Eu, eue

Eu, eue. participe. Il n'est guère d'usage qu'étant joint à quelque autre temps du verbe Avoir. Les choses qu'il a eues. Le bien qu'il a eu. Sans lui j'aurois eu dîné de meilleure heure. On dit dans le discours familier, Dès qu'il a eu fait, pour dire, Sitôt qu'il a eu achevé. Dès qu'il a eu fait, il est parti.

On dit, Eu égard à sa grande jeunesse, on lui a pardonné. Il est familier.

AVOIR

AVOIR. s. m. Ce qu'on possède de bien. Voilà tout mon avoir. C'est tout son avoir. Il est familier.

Il se dit aussi d'Une possession, d'un bien. Cette maison se loue bien; c'est un bel avoir. C'est aussi un terme de comptabilité, opposé à Dette. L'avoir surpasse de très--peu la dette. Les Livres de compte portent d'un côté, Avoir, de l'autre, Doit.

AVOISINER

AVOISINER. v. act. Être proche, être voisin. Il ne se dit que De la proximité de lieu. Les terres qui avoisinent la forêt. Les Provinces qui avoisinent la France.

Il se met avec le pronom personnel, et signifie, Se rapprocher. La recette ne tardera pas à s'avoisiner de la dépense. Ces deux Plaideurs semblent vouloir s'avoisiner, Entendre à un accommodement.

On dit en Poésie, qu'Un arbre, qu'un rocher avoisine les cieux, pour dire, qu'Il est fort élevé.

Avoisiné, ée

Avoisiné, ée. participe.

AVORTEMENT

AVORTEMENT. s. m. Accouchement avant terme. Causer un avortement. Procurer un avortement.

AVORTER

AVORTER. v. n. Accoucher avant terme. Il ne se dit guère qu'en parlant d'Un accouchement causé par un accident ou par un crime. Cette femme reçut un coup qui la fit avorter. On la soupçonna d'avoir pris des breuvages pour se faire avorter.

Avorter

Avorter, se dit ordinairement en parlant Des femelles des animaux. Cette cavale a eu un coup de pied qui l'a fait avorter. Les vaches avortent quand elles mangent de certaines herbes.

En parlant Des femmes, Avortement et avorter, ne se disent guère que d'Un avorlement volontaire. Cette malbeureuse femme prit des breuvages qui causèrent son avortement, qui la firent avorter. Quand l'accouchement avant terme arrive par des causes imprévues, on l'appelle Fausse--couche. Voyez Couche.

Il se dit, par extension, Des fruits qui ne parviennent pas à la grosseur et à la maturité requises. Il y a des vents qui font avorter les fruits.

Il se dit figurément, en parlant De dessein, d'affaire, d'entreprise. Ainsi on dit, qu'Une entreprise est avortée, pour dire, qu'Elle a été tellement éventée ou traversée, qu'elle n'a pu être mise à exécution. Ce dessein avorta. Cet accident fit avorter l'entreprise.

Avorté, ée

Avorté, ée. partic. Il n'est guère d'usage que dans le figuré, en parlant De dessein, d'affaire, d'entreprise. Dessein avorté. Entreprise avortée. Son affaire est avortée.

AVORTON

AVORTON. sub. masc. Animal né avant terme.

Il se dit, par extension, Des animaux qui sont fort au--dessous de la grandeur dont naturellement ils devroient être. C'est un, avorton, un petit avorton, un avorton de nature.

Il se dit aussi Des arbres et des plantes. Les plus beaux arbres, les plus belles plantes, produisent souvent quelque avorton. Cette tulipe n'est qu'un avorton.

En parlant d'Un petit homme mal fait et mal bâti, on dit figurément, Ce n'est qu'un avorton.

Il se dit aussi figurément Des productions d'esprit trop précipitées, et auxquelles on n'a pas donné assez de soin et assez de temps, C'est un ouvrage

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