Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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contractée, soit par certaines maladies, soit par certains accidents qui, selon l'opinion des juifs, rendent immonde.

SOÛL, OÛLE. adj. (On ne prononce pas l'L de Soûl.) Pleinement repu, extrêmement rassasié. Il a bien dîné, il est bien soûl. Elle est soûle. Il est si soûl, qu'il crève. Soûl à crever. Ce sens est peu usité.

Pop., Être soûl de quelque chose, En être rassasié jusqu'au dégoût. Cet homme est soûl de perdrix, de cailles, etc.

Fig. et fam., Être soûl de musique, de vers, etc., En être rebuté, ennuyé. On dit dans le même sens: Je suis si soûl de cet homme-là, de ses façons, que je ne puis le souffrir. Vous en serez bientôt soûl. Ces manières de parler vieillissent.

SOÛL signifie plus ordinairement, Ivre, plein de vin. Cet homme est toujours soûl. Cette femme est soûle dès le matin. On dit proverbialement dans le même sens, Être soûl comme une grive.

SOÛL s'emploie comme substantif avec les pronoms possessifs Mon, ton, son, etc., pour dire, Autant qu'il suffit, autant qu'on veut. J'en ai tout mon soûl. Il a bu et mangé son soûl. Les pauvres gens ne mangent pas à demi leur soûl. Il a mangé son soûl de légumes, de viande, de ce pâté.

Il s'emploie figurément dans le langage familier, et alors il se met quelquefois avec l'article Le. Il a eu du mal, de la peine, tout le soûl, tout son soûl. Si vous aimez les procès, il vous en donnera tout le soûl, tout votre soûl. Il a dormi tout son soûl. Il parla tout son soûl. Laissez crier cet enfant tout son soûl.

SOULAGEMENT. s. m. Diminution de mal, de douleur; adoucissement d'une peine de corps ou d'esprit. Grand soulagement. Donner, apporter, recevoir du soulagement. Sentir, demander, attendre, espérer du soulagement. Il a reçu, éprouvé beaucoup de soulagement de ce remède. C'est un grand soulagement d'esprit. C'est un soulagement à nos peines. Elle consacre sa vie au soulagement des malades, des malheureux.

SOULAGER. v. a. Délivrer, débarrasser d'une partie de quelque fardeau. Ce crocheteur est trop chargé, il faut lui ôter une partie de sa charge pour le soulager. Il faut soulager ce mulet, sa charge est trop lourde.

Soulager une poutre, soulager un plancher, Diminuer la charge que porte une poutre, un plancher.

Soulager un navire dans une tempête, Jeter à la mer une partie de sa plus grosse charge.

SOULAGER s'emploie figurément, et signifie, Diminuer et adoucir le travail, la peine, le mal, la douleur de quelqu'un. Il faut lui donner un aide pour le soulager dans son travail. Il a un commis qui le soulage beaucoup. Soulager quelqu'un dans sa douleur. Soulager la douleur, le mal, la misère de quelqu'un. Soulager les malheureux. La médecine qu'il a prise l'a fort soulagé. Cette pensée soulage. J'ai dormi une heure, et je me trouve, je me sens bien soulagé.

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel. Il avait un emploi qui l'accablait, il a pris deux commis pour se soulager. En resserrant ce vaste plan de travail, il s'est considérablement soulagé. Il s'est soulagé par cet aveu. La douleur se soulage par la plainte.

Absol., Se soulager, Satisfaire quelque besoin naturel.

SOULAGÉ, ÉE. participe

SOÛLANT, ANTE. adj. Qui soûle, qui rassasie. C'est un mets bien soûlant. C'est une viande soûlante. Il est bas et vieux.

SOULAS. s. m. Soulagement, consolation. Il est vieux.

SOÛLER. v. a. Rassasier avec excès, gorger de vin, de viande. Il aime le gibier, le poisson, on l'en a soûlé. On l'emploie avec le pronom personnel. J'aime ce mets, je m'en suis soûlé. Il est populaire.

Fig., Soûler ses yeux de sang, de carnage, Prendre plaisir à voir répandre le sang.

Fig., Se soûler de plaisirs, de toutes sortes de plaisirs, Prendre toutes sortes de plaisirs avec excès.

SOÛLER s'emploie absolument, et signifie, Enivrer. On l'a tant fait boire, qu'on l'a soûlé. Il ne faut que deux verres de vin pour le soûler. Il se soûle d'abord.

SOÛLÉ, ÉE. participe

SOULEUR. s. f. Frayeur subite, saisissement. Son apparition subite m'a fait, m'a causé, m'a donné une souleur. En apprenant cette nouvelle, il eut une grande souleur. Vous lui avez causé bien des souleurs. Il est familier et peu usité.

SOULÈVEMENT. s. m. Il n'est guère d'usage au propre que dans ces locutions, Le soulèvement des flots, La grande agitation des flots; et, Soulèvement de coeur, Mal d'estomac causé par le dégoût et l'aversion qu'on a pour quelque chose. Cela me donna un soulèvement de coeur.

Il signifie au figuré, Commencement de révolte. Le soulèvement d'une ville, d'une province. Le soulèvement des habitants de cette ville. Apaiser, réprimer un soulèvement.

Il signifie quelquefois, Mouvement d'indignation. Ces paroles causèrent dans l'assemblée un soulèvement général contre lui.

SOULEVER. v. a. Élever quelque chose de lourd, et ne le lever qu'à une petite hauteur. Ce fardeau est si pesant, qu'on a peine à le soulever, qu'à peine le peut-on soulever. Soulever un malade dans son lit. Soulevez-lui un peu la tête. Il est si faible, qu'il faut deux personnes pour le soulever.

La marée soulève les navires qui sont sur la vase, Elle les détache de la vase et elle les met à flot. La tempête soulève les flots, Elle les agite. Le vent soulève la poussière, Il la fait voler en tourbillon. Etc.

SOULEVER se dit quelquefois, au propre et au figuré, en parlant De choses légères qui en cachent d'autres. Il voulut soulever le voile qui couvrait la figure de cette femme. Comment soulever le voile qui nous cache l'avenir?

SOULEVER signifie figurément, Exciter à la rébellion, à la révolte. Il a soulevé toute la province. Il souleva le peuple contre les magistrats.

Il signifie aussi figurément, Exciter l'indignation. Cette proposition souleva toute l'assemblée. Son insolence souleva tout le monde contre lui.

Il s'emploie avec le pronom personnel dans ses diverses acceptions. Soulevez-vous un peu. Il ne peut se soulever. La mer commence à se soulever. L'armée s'est soulevée contre son général. Les peuples se soulevèrent contre le tyran. Tout le monde s'est soulevé contre une proposition si hardie. Tout mon sang, tout mon coeur se soulève à la seule pensée de ce crime.

Neutralement, Le coeur lui soulève, Il a mal au coeur, il a envie de vomir. On dit de même, Cela fait soulever le coeur.

Fig., Cela fait soulever le coeur, se dit D'une chose qui cause du dégoût. Ses flatteries sont si fades, qu'elles font soulever le coeur.

Soulever une question, La faire naître, la proposer, en provoquer la discussion. Vous auriez mieux fait de ne pas soulever cette question.

SOULEVÉ, ÉE. participe

SOULIER. s. m. Chaussure qui est ordinairement de cuir, qui couvre tout le pied, ou seulement une partie du pied, et qui s'attache par-dessus. Soulier d'homme. Soulier de femme. Soulier pour homme. Soulier pour femme. Gros soulier. Soulier mignon. Soulier à simple semelle. Souliers à double couture. Souliers bronzés. Souliers de maroquin, de peau de chèvre, de veau, de castor, de prunelle, de satin, de taffetas, etc. Empeigne, semelle, talon, quartier, oreille de soulier. Des boucles, des cordons de souliers. Une paire de souliers. Décrotter, nettoyer, brosser, cirer des souliers. Chausser, mettre un soulier, des souliers. Voilà un soulier qui vous chausse bien. Ce soulier me gêne, me blesse. Mettre ses souliers en pantoufle.

Fig. et fam., N'avoir pas de souliers, Être fort pauvre.

Prov. et fam., Je ne m'en soucie non plus que de mes vieux souliers, se dit Pour exprimer qu'on ne se soucie nullement de quelque personne ou de quelque chose. On dit dans un sens encore plus méprisant, Je n'en fais pas plus de cas que de la boue qui est sous mes souliers, que de la boue de mes souliers.

Prov., Il n'est pas digne de dénouer les cordons des souliers d'un tel, Il lui est fort inférieur en mérite.

Prov. et fig., Être dans ses petits souliers, Être dans une situation gênante, critique, embarrassante. Pendant qu'on lui faisait ce reproche, il était dans ses petits souliers.

SOULIGNER. v. a. Tirer une ligne sous un mot, ou sous plusieurs mots. On souligne dans une copie manuscrite ce qui doit être imprimé en italique.

SOULIGNÉ, ÉE. participe

SOULOIR. v. n. Avoir coutume. Il soulait dire. Il soulait faire. Il est vieux, et ne s'est guère dit qu'à l'imparfait.

SOULTE. s. f. (Quelques-uns disent, Soute.) T. de Jurispr. Il s'emploie surtout en matière de successions et de partages, et signifie, Ce qu'un des copartageants doit payer aux autres, pour rétablir l'égalité des lots, lorsque celui qui lui est échu ne peut se diviser, et qu'il se trouve d'une plus grande valeur que les autres lots. Soulte de partage. Il a payé telle somme pour soulte de partage à son cohéritier, à ses cohéritiers.

Il se dit dans un sens analogue, en matière d'échanges, lorsque les héritages échangés ne sont pas d'égale valeur. Soulte d'échange.

Il se dit aussi Du payement qu'on fait

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