Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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terre sautées. Substantivement, Du sauté de
veau. Un sauté de chevreuil.

SAUTEREAU. n. m. Lame de bois garnie
d'un morceau de plume, qui, en sautant par le
mouvement de la touche, fait sonner la corde
d'un clavecin, d'une épinette. Il manque deux
ou trois sautereaux à ce clavecin.

SAUTERELLE. n. f. Insecte ailé qui avance
en sautant à l'aide de ses deux pattes postérieures.
Sauterelle verte, grise. Une nuée de sauterelles.

En termes de Maçonnerie, de Charpenterie,
etc., il se dit d'une Fausse équerre mobile,
instrument formé de deux règles assemblées à
l'une de leurs extrémités par une charnière, et
qui sert à prendre et à tracer toutes sortes
d'angles.

SAUTERIE. n. f. Réunion où l'on danse
sans cérémonie. Donner une petite sauterie.
Improviser une sauterie. Inviter à une sauterie.

Il est familier.

SAUTE-RUISSEAU. n. m. Petit clerc d'avoué,
de notaire, etc., qui fait les courses. Il
est familier.

SAUTEUR, EUSE. n. Celui, celle qui saute;
Celui, celle dont la profession est de faire des
sauts et des tours de force. Les danseurs de
corde et les sauteurs.

Fig. et fam., C'est un sauteur, se dit d'un
Homme sans caractère, sur lequel on ne peut
nullement compter. Il est familier.

SAUTEUR se dit, en termes de Manège, d'un
Cheval dressé à exécuter les différents sauts.
Ce cheval est bon sauteur.

SAUTEUSE se dit d'une Sorte de danse.

Il se dit aussi d'une Casserole plate qui sert
à faire sauter les viandes, les légumes.

SAUTILLANT, ANTE. adj. Qui sautille, qui
ne fait que sautiller. Un oiseau sautillant.

Fig., Un sigle sautillant, Un style saccadé,
haché, qui manque de suite et de gravité.

SAUTILLEMENT. n. m. Action de sautiller,
d'avancer en faisant de petits sauts. La plupart
des oiseaux vont par sautillement. Un sautillement
continuel.

SAUTILLER. v. intr. Faire de petits sauts
redoublés. Les pies, les moineaux sautillent au
lieu de marcher.

Fig., Ne faire que sautiller, Changer souvent
et brusquement de sujet dans la conversation,
n'observer aucune liaison dans ses discours,
dans ses écrits.

SAUTOIR. n. m. Disposition de deux objets
en X, en croix de Saint-André. On ne l'emploie
guère que dans la locution En sautoir. Deux
pièces de bois mises en sautoir. Deux épées
étaient placées en sautoir sur le cercueil.

Porter un ordre en sautoir, En porter le ruban,
le cordon en forme de collier sur la poitrine
et soutenant l'insigne. L'insigne de la
Toison d'or se porte en sautoir.

SAUTOIR se dit spécialement en termes de
Blason. Deux clefs passées en sautoir. Cinq besants
posés en sautoir.
On dit de même : Porter
d'argent au sautoir de gueules.

Il se dit aussi, en termes d'Orfèvrerie, d'une
Longue chaîne de perles que les dames portent
au cou et qui descend très bas sur la poitrine.

SAUVAGE. adj. des deux genres. Il se dit
proprement de Certains animaux qui vivent
en liberté dans les bois, dans le désert, etc.
Les lions, les tigres, les ours sont des animaux
sauvages et carnassiers. Les cerfs, les daims, les
sangliers sont des animaux sauvages.

Il signifie aussi Qui n'est point apprivoisé.
En ce sens, il se dit généralement de Tous les
animaux qui ne sont point domestiques. Les
animaux sauvages et les animaux domestiques.
Un canard sauvage. Un chat sauvage. Une oie
sauvage.

Il se dit également de Certaines plantes,
de certains fruits qui poussent naturellement,
sans qu'on prenne soin de les greffer, de les
cultiver. Olivier sauvage. Figuier sauvage.
Pommier sauvage. Laitue sauvage. Prunes sauvages.

Chicorée sauvage, Espèce de chicorée verte
et amère.

Ce fruit a un goût sauvage, Il a un goût âpre
et désagréable.

SAUVAGE se dit encore des Peuples qui vivent
en dehors des sociétés civilisées. Les
peuples sauvages de l'Amérique, de l'Afrique.

En ce sens, il s'emploie substantivement et
désigne les Hommes qui font partie de ces
peuples. Les sauvages de l'Amérique. Il a vécu
longtemps parmi les sauvages.
On dit au féminin
Sauvagesse.

Il se dit figurément d'une Personne qui se
plaît à vivre seule et qui, soit par bizarrerie,
soit par timidité, soit par indépendance ombrageuse,
évite la fréquentation du monde.
C'est un homme très sauvage, d'une humeur
sauvage.
En ce sens il s'emploie aussi substantivement.
On ne le voit jamais dans le monde :
c'est un sauvage.

Il signifie également Qui a quelque chose de
rude, de farouche. Cet homme a quelque chose de
dur et de sauvage dans toutes ses manières. Air
sauvage. Manières sauvages. Une vertu sauvage.

Il se dit encore des Lieux incultes et inhabités.
Un pays sauvage. Ces lieux ont un aspect
sauvage. Un site sauvage. Une nature sauvage.

SAUVAGEMENT. adv. D'une manière sauvage.
Il vivait fort retiré et sauvagement.

SAUVAGEON. n. m. T. d'Agriculture. Jeune
arbre venu spontanément et sans culture. Greffer
un sauvageon. Greffer sur sauvageon.

Il se dit aussi d'un Arbre venu de semis et
qui n'a pas encore été greffé. Les sauvageons
portent des fruits âpres.

SAUVAGERIE. n. f. État des hommes sauvages.

Il signifie aussi Manière, humeur, habitudes
sauvages. Il est d'une sauvagerie peu commune.
Il est familier.

SAUVAGESSE. n. f. Voyez SAUVAGE.

SAUVAGIN, INE. adj. Il n'est guère usité
que dans cette locution : Goût sauvagin, Goût,
odeur qu'ont quelques oiseaux de mer, d'étang,
de marais. Cela a un goût sauvagin qui me
déplaît.

Il s'emploie aussi comme nom masculin.
Cela sent le sauvagin.

SAUVAGINE. n. f. Ensemble des oiseaux
de mer, d'étang et de marais qui ont le goût
sauvagin. C'est un pays de lacs et d'étangs, tout
y est plein de sauvagine, on y trouve beaucoup
de sauvagine.

Il se dit aussi de l'Odeur de ces oiseaux.
Cela sent la sauvagine.

Il se dit encore de Toutes les pelleteries communes
et non apprêtées, telles que peaux de
renards, de blaireaux, de fouines.

SAUVEGARDE. n. f. Protection accordée
par une autorité quelconque. Il est en la protection
et sauvegarde du roi. Il s'est placé sous
la sauvegarde de la justice. Le magistrat l'a
pris sous sa sauvegarde.

Il se dit également du Titre, de l'écrit par
lequel cette protection est accordée.

Il se dit figurément d'une Personne ou
d'une chose qui sert de garantie, de défense
contre un danger qu'on redoute. Venez avec
moi; comme je redoute sa colère, vous serez ma
sauvegarde. Son obscurité lui servit de sauvegarde
contre la proscription.

SAUVEGARDER. v. tr. Prendre sous sa
sauvegarde. Il se dit en parlant des Personnes
et des choses. Sauvegarder des biens, des droits,
une situation. Sauvegarder l'honneur, la réputation
de quelqu'un.

SAUVE-QUI-PEUT. n. m. Fuite en désordre
de plusieurs personnes, débandade où chacun
se tire d'affaire comme il peut. Ce fut un sauve-
qui-peut général.

SAUVER. v. tr. Garantir, préserver, tirer
du péril, mettre en sûreté. Il a sauvé la ville,
sauvé son pays. Je l'ai sauvé des mains, d'entre
les mains des ennemis. Sauver un homme du
supplice, de l'infamie, de la misère. Sauver quelqu'un
du naufrage. Le navire a échoué, on a sauvé
les marchandises. On considérait ce malade
comme perdu, ce médecin l'a sauvé. Sauver
son nom de l'oubli. Vous m'avez sauvé la vie.
Je lui ai sauvé l'honneur.

Il est sauvé se dit d'un Malade, d'un blessé
qui est hors de danger de mort.

SAUVER signifie spécialement, en termes de
Théologie, Soustraire aux peines de la vie
future; donner, assurer le salut éternel. Dieu
a envoyé son Fils pour sauver tous les hommes,
pour sauver le genre humain.

Il signifie aussi Épargner une chose à quelqu'un,
l'en exempter. Cela lui a sauvé beaucoup
de dépense. Vous m'avez sauvé une grande peine,
une grande fatigue, un grand travail.
Il est
vieux.

Sauver les dehors, sauver les apparences, sauver
la face,
Faire en sorte qu'il ne paraisse rien
au-dehors.

Fam., Sauver le premier coup d'oeil, Ne pas
laisser paraître l'étonnement, l'impression désagréable
que nous cause la première vue d'une
personne ou d'une chose qui nous déplaît.

SAUVER signifie encore Excuser, justifier.
On ne peut sauver sa conduite. Quelque excuse
qu'on allègue, on ne peut sauver cette action.
Il
est peu usité en ce sens.

SE SAUVER signifie S'échapper. Il s'est sauvé
à toutes jambes. Se sauver de sa prison.

Se sauver d'un péril, d'un danger, etc., S'en
tirer, s'y dérober par la fuite ou autrement.

Fam. et par ellipse, Sauve qui peut, Se
sauve qui pourra, se tire du péril qui pourra.
Le cri de sauve qui peut se fit entendre. Sauve
qui peut
s'emploie aussi comme nom masculin.
Voyez SAUVE-QUI-PEUT.

SE SAUVER signifie encore Aller dans un
lieu pour y chercher un asile, s'y réfugier. Il se
sauva dans une église. Il se sauva à l'ambassade.
Se sauver à l'étranger.
Il vieillit en ce sens.

Il signifie aussi, familièrement, Se retirer
promptement. Il se fait tard, il va pleuvoir, je
me sauve.

Il signifie en outre Se dédommager. Ce marchand
vend à bas prix, mais il vend beaucoup, et
il se sauve sur la quantité.

Il signifie, dans le langage religieux, Faire
son salut éternel. Il faut travailler à se sauver.

SAUVETAGE. n. m. Action de sauver un
navire, une embarcation en détresse, des marchandises
et des effets naufragés. Faire le
sauvetage d'un navire à la côte. Aider, travailler
au sauvetage.

Canot de sauvetage, Embarcation particulièrement
destinée au sauvetage.

SAUVETAGE désigne aussi l'Action de sauver
des hommes en danger de mort, dans un naufrage,
dans un incendie, etc.

Bouée de sauvetage, Couronne de liège qu'on
jette à la mer lorsqu'un homme y est tombé,
pour l'aider à se soutenir.

Ceinture de sauvetage, Appareil pour se tenir
flottant sur les eaux.

Échelle de sauvetage, Échelle dont se servent
les pompiers dans les incendies.

SAUVETEUR. n. m. Celui qui prend part
à un sauvetage. Il eut une médaille comme sauveteur.

Adjectivement, Un bateau sauveteur, Une
embarcation employée au sauvetage.

SAUVEUR. n. m. Celui qui sauve libérateur.
Joseph fut appelé le sauveur de l'Égypte.
Ce héros fut le sauveur de son pays. Ce médecin
a été mon sauveur.

Il se dit, par excellence, de Notre-Seigneur
JÉSUS-CHRIST et s'écrit alors avec une majuscule.
La Madeleine se jeta aux pieds du Sauveur.
Le Sauveur du monde. Le Sauveur de nos âmes.

JÉSUS-CHRIST notre Sauveur.

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