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Voici la maniere exacte de préparer ces peaux; nous ne séparerons point le travail du Chamoiseur de celui de Mégissier, parce que la manoeuvre de l'un differe très - peu de la manoeuvre de l'autre, sur - tout dans le commencement du travail.
Quand on a acheté les peaux, on peut les garder, en attendant qu'on les travaille, & qu'on en ait une assez grande quantité. Pour cet effet, on les étend sur des perches où elles se séchent; il faut avoir soin de les battre pour en chasser les insectes appellés artusons, & autres qui les gâteroient. Cette précaution est sur - tout nécessaire dans les mois de Juin, de Juillet & d'Août, les plus chauds de l'année. On en travaille plus ou moins à la fois, selon qu'on a plus ou moins de peaux & d'ouvriers.
Quand on a amassé des peaux, on les met tremper
soit dans une riviere, quand on en a une à sa
proximité, soit dans des pierres ou des vaisseaux de
bois, qu'on appelle en quelques endroits timbres. Si
la peau est fraîche, on peut la laver sur le champ;
il ne faut guere qu'un jour à un ouvrier pour laver
un cent de peaux. Si au contraire elle est seche, il
faut la laisser tremper un jour entier, sans y toucher.
On lave les peaux en les agitant dans l'eau,
& en les maniant avec les mains, comme on le voit
exécuter,
Au sortir du timbre, on les met sur le chevalet,
Quand une peau a été retalée une sois, on la jéttê dans de l'eau nouvelle & dans un nouveau timbre; ainsi il est à propos que dans un attelier de Chamoiseur il y en ait plusieurs. Un ouvrier peut retaler en un jour vingt douzaines. Quand fa tâche est faite, il prend toutes ses peaux retalées & mises en un tas, & il les jette toutes dans l'eau nouvelle: il les y laisse passer la nuit, en quelque tems que ce soit; cependant l'eau étant plus chaude ou moins dure en été, le lavage se fait mieux. Le premier retalage se fait de poil ou de laine. Le second jour il se fait un second retalage; à ce second retalage, on les étend sur le chevalet, comme au premier; on y passe le fer, mais sur le côté de la chair; cette operation nettoye ce côté & rend la peau molle. Il est à propos que ce second retalage ait été précédé d'un lavage, & que les peaux aient, été maniées dans l'eau. Il ne faut pas moins de peine & de tems pour ce second retalage que pour le premier.
A mesure que le second retalage s'avance, l'ouvrier remet ses peaux en tas les unes sur les autres; & au bout de la journée, il remplit les timbres de nouvelle eau, y jette ses peaux, les y laisse une nuit, & les retale le lendemain pour la troisiemè fois. Ce troisieme retalage ne differe aucunement des précédens; il se fait sur le chevalet, & se donne du côté de la laine.
Il est à propos d'observer que ces trois retalages de fleur & de chair ne sont que pour les peaux seches. Lorsque les peaux sont fraiches, on les retale trois fois, à la vérité, mais seulement du côté de la laine; le côté de la chair étant frais, il n'a besoin d'aucune préparation; l'ouvrage est alors biert abregé, puisqu'un ouvrier pourroit presque faire en un jour ce qu'il ne fait qu'en trois.
Après le troisieme retalage des peaux, on les rejette dans l'eau nouvelle, dans laquelle on les lave sur le champ; il faut bien se garder de les laisser en tas, car elles s'échaufferoient & se gâteroient. Quand elles sont lavées, on les fait égoutter; pour cet effet, on les étend sur un treteau, toutes les unes sur les autres, & on les y laisse pendant trois heures.
Au bout de ce tems, on les met en chaux. Pour
mettre en chaux, on est deux; on prend une peau,
on l'étend à terre, la laine contre la terre, & la
chair en - haut; on étend bien la tête & les pattes
d'un côté, la queue & les pattes de l'autre; on
prend une seconde peau qu'on étend sur la premiere,
tête sur tête, queue sur queue; la laine de la seconde
est sur la chair de la premiere; la laine de la troisieme
sur la chair de la seconde, & ainsi de suite
jusqu'à la concurrence de dix à douze douzaines.
Quand elles sont toutes étendues, comme nous venons
de le dire, on a à côté de soi un baquet; il y
a dans ce baquet de la chaux, cette chaux est fondue
& délayée à la consistence de celle dont les macons
se servent pour blanchir. Alors on prend une
peau sans laine, cette peau s'appelle un cuiret: on
saisit ce cuiret avec la tenaille par le milieu, après
l'avoir plié en plusieurs doubles; ou on l'attache à
l'extrémité d'un bâton, à - peu - près sous la forme d'un
torchon, comme on voit Next page
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