Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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R

R. (On prononce Erre.) n. f. La dix-huitième
lettre de l'alphabet. Elle représente une des
consonnes. Une R. Rouler les r.

R ne se prononce pas à la fin des noms et
des adjectifs en ier, comme Officier, coutelier,
grenier, pommier, entier, singulier,
qu'on prononce
Officié, coutelié, etc.; excepté dans Fier.
Elle ne se prononce pas non plus à la fin des
verbes en er, comme Aller, chanter, entrer;
excepté lorsque le mot suivant commence
par une voyelle : Aller au combat (Allé-rau
combat
). Elle ne se prononce pas à la fin des
quelques autres mots, tels que Berger, danger,
monsieur, etc.
Mais elle se prononce à la fin de
certains mots comme Amer, cher, mer, etc.

Quand R est redoublée, elle se prononce
comme si elle était simple, excepté dans Errer,
interrègne, narration, terreur,
et quelques
autres mots; dans la plupart des mots qui commencent
par irr : Irrégulier, irrévocable; ainsi
que dans le futur et le conditionnel des verbes
Acquérir, mourir, courir et ses dérivés : J'acquerrai,
je mourrai, je courrai; j'acquerrais, etc.

RABÂCHAGE. n. m. Défaut de celui qui
rabâche. Il est sujet au rabâchage.

Il se dit aussi des Discours, des écrits de
celui qui rabâche. Tout ce qu'il dit n'est que
du rabâchage. Il nous ennuie avec ses rabâchages.

Il est familier dans les deux sens.

RABÂCHER. v. intr. Revenir souvent et
inutilement sur ce qu'on a dit. Cet homme ne
fait que rabâcher.
Il est familier.

Il s'emploie aussi transitivement. Il rabâche
toujours les mêmes choses.

RABÂCHERIE. n. f. Il se dit de Propos
ou d'écrits pleins d'inutilités et de répétitions
fatigantes. J'ai lu ce discours, ce n'est
qu'une rabâcherie continuelle. Je suis forcé
d'entendre chaque jour ses éternelles rabâcheries.

Il est familier et il vieillit.

RABÂCHEUR, EUSE. n. Celui, celle qui
rabâche.

RABAIS. n. m. Acte par lequel un vendeur
consent une diminution sur le prix d'un objet
ou sur la rémunération d'un travail. Demander,
obtenir un rabais sur un achat. Vendre des marchandises
au rabais. Je vous ferai un rabais
de tant. Livres vendus au rabais. Travailler au
rabais.

RABAIS se dit encore d'un Mode d'adjudication
publique, suivant lequel les ouvrages,
les travaux, les fournitures sont adjugés à
celui des concurrents qui s'en est chargé au
moindre prix. Adjudication au rabais. Proposer
un ouvrage, une entreprise au rabais. Ces travaux
ont été donnés, adjugés au rabais. Il les a
pris au rabais. Il a proposé un rabais considérable.

RABAISSEMENT. n. m. Action de rabaisser,
de diminuer. Le rabaissement d'une corniche
trop haute. Le rabaissement des monnaies.
Le rabaissement de la contribution foncière. Il
est peu usité.

RABAISSER. v. tr. Mettre plus bas, placer
une chose au-dessous du lieu où elle était.
Ce tableau est trop haut, il faut un peu le rabaisser.
Il faudrait rabaisser cette corniche.

Cet oiseau a rabaissé son vol, Il est descendu
de la hauteur où il s'était élevé, il vole plus bas.

En termes de Manège, Rabaisser les hanches
du cheval,
Rasseoir un cheval disposé à s'élever
sur les jarrets ou à marcher et à travailler
sur les épaules.

RABAISSER signifie encore Réduire à une
valeur moindre. Rabaisser la puissance royale
Par cette loi, on croit nous rabaisser. Ses exigences
rabaissent le mérite des services qu'il a
rendus.

Fig., Rabaisser l'orgueil de quelqu'un, Réprimer
l'orgueil, la vanité de quelqu'un.

Fam., Rabaisser le caquet de quelqu'un, à
quelqu'un,
Confondre quelqu'un, le faire taire
par autorité ou par raison. Il a trouvé des gens
qui ont rabaissé son caquet, qui lui ont rabaissé
le caquet.
On dit plutôt aujourd'hui : Rabattre
le caquet.

RABAISSER signifie encore Déprécier, estimer
au-dessous de la valeur. Vous rabaissez trop
sa marchandise. On rabaisse trop cet homme-là.

RABAT. n. m. Pièce de l'ancien costume
français consistant en un col de toile, garni ou
non de dentelles, qui laissait le cou des hommes
découvert. Le Chrysale de Molière parle d'un
gros Plutarque à mettre ses rabats.

Il se disait aussi d'une Partie du costume
ecclésiastique consistant en un morceau de toile
noire divisé en deux portions oblongues et bordées
de blanc, et qui se rabattait sur le devant
du col. Grand rabat. Petit rabat. Empeser les
rabats.

Il se dit encore d'une Pièce de batiste, de
dentelle, etc., qui fait office de cravate dans le
costume officiel des magistrats, des avocats,
des membres de l'Université, etc.

En termes de Chasse, il désigne l'Action
de rabattre le gibier.

RABAT-JOIE. n. m. Il se dit d'une Personne
triste ou ennemie de la joie des autres.
C'est un rabat-joie. Avoir une mine de rabat-
joie. Des rabat-joie.
Adjectivement, Elle est
très rabat-joie.
Il est familier.

RABATTAGE. n. m. Action de rabattre.
Le rabattage du gibier.

RABATTEMENT. n. m. T. de Géométrie
descriptive
. Mouvement de rotation par lequel
on rabat une figure sur un plan.

RABATTEUR. n. m. T. de Chasse. Celui
qui rabat le gibier. Voyez RABATTRE.

Par extension et figurément, RABATTEUR,
RABATTEUSE se disent de Celui, de celle qui
se charge d'amener, par divers moyens de propagande,
des clients à une entreprise financière,
des adhérents à un parti, etc. Il se prend
souvent en mauvaise part.

RABATTRE. (Il se conjugue comme BATTRE.)
v. tr. Rabaisser, faire descendre. Rabattre
ses cheveux sur son front. Le vent rabat
la fumée. La fumée se rabat. Un col de chemise
qui se rabat sur les épaules.

Rabattre les plis d'une robe, Les aplatir.

Couture rabattue, Celle sur laquelle on a rabattu
le bord de, l'étoffe.

Col rabattu, Col qui se replie et se rabat sur
lui-même. Des cols droits et des cols rabattus.

En termes d'Escrime, Rabattre un coup,
Le détourner, le rompre en rabaissant le
fer de son ennemi. On lui porta un coup d'épée,
et il le rabattit.

En termes de Labourage, Rabattre les avoines,
Faire passer le rouleau sur les avoines
déjà levées, pour aplanir la terre.

Rabattre les ornières, les sillons, Les remplir
de la terre qui s'est élevée au bord.

Rabattre un arbre, Le couper de manière qu'il
ne soit plus aussi élevé. On dit de même : Rabattre
une branche,
La couper afin que la partie
conservée produise un rameau plus vigoureux.

RABATTRE s'emploie figurément et signifie
Abaisser, réprimer. Rabattre l'orgueil, la hauteur,
le ton, la fierté de quelqu'un.

Fam., Rabattre le caquet de quelqu'un, à quelqu'un,
Le faire taire.

RABATTRE signifie aussi Diminuer, retrancher
de la valeur d'une chose, du prix qu'on
en demande. Il faut rabattre beaucoup du prix
que vous demandez. Un marchand qui vend sa
marchandise sans en rien rabattre. Il n'en rabattrait
pas un sou.
Fig., Rabattre de l'estime qu'on
avait pour quelqu'un. Il y a beaucoup à rabattre
de ce qu'il dit. Il faut en rabattre de moitié.

Il n'en veut rien rabattre se dit d'un Homme
qui, dans une affaire, ne veut rien diminuer de ses
prétentions.

Fig. et fam., J'en rabats beaucoup, se dit en
parlant d'une Personne qui a donné lieu de
l'estimer moins qu'on ne faisait auparavant.

Fig. et fam., Il faut bien en rabattre, Il faut
bien revenir sur ce que l'on pensait, sur ce
qu'on avait espéré, sur ce que quelqu'un a dit.

Tout compté, tout rabattu ou Tout bien compté
et rabattu,
Tout bien examiné.

En termes de Procédure, Rabattre un défaut,
se dit lorsque, à l'audience, le juge révoque
le défaut qu'il avait donné contre une des
parties, faute par elle d'avoir comparu.

RABATTRE signifie encore Ramener vivement
vers un endroit. Le général rabattit l'ennemi
sur ses positions. L'armée ennemie se rabattit
sur telle place. Les perdrix se sont rabattues dans
cette pièce de blé.

En termes de Chasse, Rabattre le gibier,
Battre la campagne pour pousser le gibier vers
des filets ou des panneaux tendus, ou vers la
ligne des chasseurs. Il s'est fait rabattre le
gibier. On lui a rabattu le gibier.

RABATTRE est aussi intransitif, et alors il
signifie Quitter un chemin et se détourner
tout d'un coup pour passer dans un autre.
Quand vous serez en tel lieu, vous rabattrez à
main droite. Il faut rabattre par tel endroit.

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