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Lorsqu'on avoit choisi deux champions pour décider
de la vérité ou de la fausseté d'une accusation,
il falloit avant qu'ils en vinssent aux mains, qu'il intervint
sentence pour autoriser le combat. Quand le
juge l'avoit prononcée, l'accusé jettoit un gage
(d'ordinaire c'étoit un gant); ce gage de bataille
étoit relevé par l'accusateur: après quoi on les mettoit
l'un & l'autre sous une garde sûre jusqu'au jour
marqué pour le combat. Voy.
Si dans l'intervalle l'un des deux prenoit la fuite, il étoit déclaré infame, & convaincu d'avoir commis le crime qu'on lui imputoit; l'accusé, non plus que l'accusateur, n'obtenoit la permission de s'en tenir là, qu'en satisfaisant le seigneur pour la confiscation qu'il auroit dû avoir des effets du vaincu, si le combat avoit eu lieu.
Avant que les champions entrassent dans la lice,
on leur rasoit la tête, & ils faisoient serment qu'ils
croyoient que les personnes dont ils soûtenoient la
cause, avoient raison, & qu'ils les défendroient de
toutes leurs forces. Leurs armes étoient une épée &
un bouclier. Quelques - uns disent qu'en Angleterre
c'étoit le bâton & le bouclier. Lorsque les combats
se faisoient à cheval, on armoit les combattans de
toutes pieces; les armes étoient bénites par un prêtre
avec beaucoup de cérémonies; chacun des combattans
juroit qu'il n'avoit point de charmes sur lui;
& pour s'animer, l'action commençoit par des injures
réciproques; puis les champions en venoient aux
mains au son des trompettes: après qu'ils s'étoient
donnés le nombre de coups marqués dans le cartel,
les juges du combat jettoient une baguette, pour
avertir les champions que le combat étoit sini: s'il
duroit jusqu'à la nuit, ou qu'il sinît avec un avantage
égal des deux côtés, l'accusé étoit alors réputé
vainqueur; la peine du vaincu étoit celle que les
lois portoient contre le crime dont il étoit question:
si le crime méritoit la mort, le vaincu étoit desarmé,
traîné hors du champ, & exécuté aussi - tôt,
ainsi que la partie dont il soûtenoit la cause: s'il
avoit combattu pour une femme, on la brûloit.
Voyez
C'est un spectacle curieux, dit l'illustre auteur de l'Esprit des Lois, de voir ce monstrueux usage du combat judiciaire réduit en principes, & de trouver le corps d'une jurisprudence si finguliere. Les hommes, dans le fond raisonnables, soûmettoient à des regles leurs préjugés même. Rien n'étoit plus contraire au bon sens que le combat judiciaire; mais ce point une fois posé, l'exécution s'en fit avec une certaine prudence. L'auteur célebre que nous venons de citer, entre à ce sujet dans un détail très curieux sur les regles de ces combats, qu'on pourroit appeller le code des hor>icides; mais ce qui est encore plus précieux, ce sont les réflexions philosophiques qu'il fait sur ce sujet. La loi Salique, ditil, n'admettoit point l'usage des preuves négatives, c'est - à - dire, qu'elle obligeoit également l'accusateur & l'accusé de prouver: aussi ne permettoit - elle pas le combat judiciaire. Au contraire, la loi des Francs ripuaires admettant l'usage des preuves négatives, il semble qu'il ne restoit d'autre ressource à un guerrier sur le point d'être confondu par une simple assertion ou négation, que d'offrir le combat à son adversaire pour venger son honneur.
L'auteur cherche dans les moeurs des anciens Germains la raison de cet usage si bisarre, qui fait dépendre l'innocence du hasard d'un combat. Chez
Cette preuve par le combat avoit quelque raison fondée sur l'expérience. Dans une nation uniquement guerriere, la poltronnerie suppose d'autres vices qui l'accompagnent ordinairement, comme la fourberie & la fraude.
La jurisprudence du combat judiciaire, & en général des épreuves, ne demandant pas beaucoup d'étude, fut une des causes de l'oubli des lois saliques, des lois Romaines, & des lois capitulaires: elle est aussi l'origine du point d'honneur & de la fureur de notre nation pour les duels, de l'ancienne chevalerie, & de la galanterie. Voyez l'ouv> que nous abrégeons, liv. XXVIII. ch. xiij. & suiv. (O)
C'est en 1377, dans la cérémonie du couronnement de Richard II. ce prince déposé dans la suite pour avoir voulu se mettre au - dessus des lois, que l'histoire d'Angleterre fait mention pour la premiere fois d'un champion qui alla se présenter, armé de toutes pieces, dans la salle de Westminster où le roi mangeoit: & qui ayant jetté son gantelet > terre, désia tous ceux qui voudroient disputer au roi ses justes droits sur la couronne.
On ignore l'origine de cotte coûtume, qui s'est
conservée jusqu'à présent; mais il est certain qu'elle
est plus ancienne que le couronnement de Richard
II. puisque le chevalier Jean Dimmock, qui sit alors
l'office de champion, y fut admis en vertu d'un droit
attaché à une terre qu'il possédoit dans le comté de
Lincoln, savoir le manoir de Scrivelby, qu'il avoit
du chef de sa femme. Voyez Rapin, tom. III. Walsingham, & Froissard. Cet article est de M. le chevalier
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