Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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vaut quinze, Cela est remarquable, cela est plaisant.

À Paris, Les Quinze-Vingts, L'hôpital fondé par saint Louis pour trois cents aveugles. L'hôpital des Quinze-Vingts. L'administration des Quinze-Vingts. On dit familièrement, Un Quinze-Vingt, Un des aveugles reçus dans cet hôpital.

QUINZE se prend quelquefois pour Quinzième. Chapitre quinze. Page quinze. Ligne quinze. Grégoire quinze, pape. Le roi Louis quinze. On écrit ordinairement, Grégoire XV, Louis XV.

QUINZE, s'emploie aussi comme substantif masculin Quinze, multiplié par trois, donne quarante-cinq. On dit de même: Le nombre quinze. Numéro quinze.

Il signifie quelquefois, Le quinzième jour d'une période. Nous sommes au quinze du mois. Je partirai le quinze. Il est au quinze de sa maladie.

Il se dit aussi d'Un jeu de cartes où gagne celui des joueurs qui compte quinze par les points de ses cartes, ou qui approche le plus de ce nombre. Il a perdu cent louis au quinze.

QUINZE signifie encore, au Jeu de paume, Un des quatre coups dont un jeu est composé. Il a gagné le premier quinze. Quinze et bisque.

J'ai quinze à trente, J'ai quinze contre trente.

Donner quinze, Donner l'avantage de quinze, à chaque jeu de la partie.

Demi-quinze, L'avantage de quinze qu'on donne à prendre, de deux jeux l'un, dans tout le cours de la partie.

Fig. et fam., Avoir quinze sur la partie, Avoir déjà quelque avantage dans l'affaire dont il s'agit.

Fig. et fam., Cet homme pourrait donner quinze et bisque à tel autre en telle chose, Il lui est fort supérieur en telle chose.

QUINZIÈME. adj. des deux genres Nombre d'ordre qui suit immédiatement le quatorzième. Au quinzième jour. Au quinzième mois. Le quinzième siècle. Le quinzième jour de la lune. Il n'est que le quinzième sur la liste.

La quinzième partie, Chaque partie d'un tout qui en a quinze.

QUINZIÈME, s'emploie quelquefois substantivement et signifie, Le quinzième jour. Le quinzième de la lune. Le quinzième du mois. Le quinzième de sa maladie.

Il signifie aussi, Une quinzième partie ou portion. Il est dans cette affaire pour un quinzième. Les sept quinzièmes.

QUINZIÈMEMENT. adv. En quinzième lieu.

QUIPOS. s. m. pl. Cordons noués qui servaient d'écriture aux anciens Péruviens.

QUIPROQUO. s. m. Expression empruntée du latin, pour signifier, Une méprise. Il a fait un quiproquo, un étrange quiproquo. Cet homme fait sans cesse des quiproquo. Il est familier.

Un quiproquo d'apothicaire, Un médicament donné par méprise en place d'un autre. Les quiproquo d'apothicaire sont très-dangereux.

QUITTANCE. s. f. Écrit que l'on donne à quelqu'un, et par lequel on déclare qu'il a payé, acquitté quelque somme d'argent, quelque redevance, quelque droit, etc. Quittance générale. Quittance d'à-compte. Quittance finale. Quittance sous seing privé. Quittance par-devant notaire. Quittance sur papier timbré, sur papier libre. Quittance comptable. Donner quittance. Payer en deniers ou en quittance valable. Fournir une quittance. Compter sur quittance. Cela vaut quittance. Cela sert de quittance. J'ai reçu telle somme de M. ***, dont quittance.

Quittances de finance, Les quittances des sommes qui étaient versées dans les coffres du roi, pour prix d'un office, d'une charge, d'une augmentation de gages, d'un domaine aliéné, etc.

QUITTANCER. v. a. Décharger une obligation, un contrat, etc., en écrivant au dos, au bas ou à la marge, que le débiteur a payé tout ou partie de la somme qu'il devait. Quittancer un contrat, une obligation. Quittancer un mémoire d'ouvrages faits, de marchandises fournies.

QUITTANCÉ, ÉE. participe

QUITTE. adj. des deux genres Qui est libéré de ce qu'il devait, qui ne doit plus rien. Quand vous aurez payé, vous serez quitte. Quitte en payant. Reçu tant, payé tant, et partant quitte. Je suis quitte envers vous. Je vous tiens quitte de ce que vous pouvez me devoir. Il m'a vendu ce bien franc et quitte de toutes dettes et hypothèques. Après avoir joué deux heures, nous sommes sortis quittes.

Par extension, Être quitte envers quelqu'un, S'être acquitté envers lui de ce qu'exigeait la reconnaissance. Il m'avait rendu de grands services, mais je lui ai sauvé la vie; ne suis-je pas quitte envers lui?

Ironiq., Je l'en tiens quitte, se dit en parlant De quelqu'un dont les services sont à charge ou suspects, et signifie, Je l'en dispense.

QUITTE s'emploie adverbialement dans les phrases suivantes: Jouer à quitte ou à double, à quitte ou double; et plus ordinairement, Jouer quitte ou double, Jouer une dernière partie qui doit acquitter celui qui a déjà perdu, ou doubler le gain de celui qui a déjà gagné. On dit absolument, dans le même sens, Quitte ou double.

Fig. et fam., Jouer à quitte ou à double, à quitte ou double, et plus ordinairement, quitte ou double, Risquer, hasarder tout, pour se tirer d'une mauvaise affaire.

Être quitte à quitte, au jeu, dans les affaires, dans les comptes que l'on se rend les uns aux autres, Ne se devoir plus rien de part ni d'autre. Nous voilà quitte à quitte. Nous sommes quitte à quitte. On dit familièrement, dans le même sens, Faisons quitte à quitte; ou absolument, Quitte à quitte; et quelquefois, proverbialement, Quitte à quitte et bons amis.

Fig. et fam., Nous voilà quitte à quitte, se dit Lorsqu'on a reçu quelque déplaisir de quelqu'un, et qu'on lui a rendu la pareille.

QUITTE signifie aussi, Qui est délivré, débarrassé de quelque chose. Me voilà quitte de la corvée, du compliment, de la visite que j'avais à faire. Cette affaire me donnait beaucoup de peine, m'en voilà quitte, j'en suis quitte. Il a un procès, une affaire fâcheuse, il voudrait en être quitte pour mille écus. Vous n'avez eu que trois accès de fièvre, vous en êtes quitte à bon marché. On croyait qu'il perdrait sa place, mais il en a été quitte pour une réprimande. Il a couru un grand danger, mais il en a été quitte pour la peur. Il est quitte de sa fièvre. Croyez-vous en être quitte pour dire que vous vous êtes trompé?

Il s'emploie quelquefois absolument, dans le style familier. Quitte pour être grondé. Quitte à être grondé. Eh bien, vous dites que j'aurai la fièvre, quitte pour l'avoir.

QUITTEMENT. adv. T. de Palais. Il s'emploie seulement Pour exprimer que la chose qu'on vend, qu'on achète, dont on hérite, dont on compose, etc., est franche de toutes dettes; et il se joint toujours avec le mot Franchement. On lui a vendu tel bien franchement et quittement. Il a vieilli.

QUITTER. v. a. Laisser quelqu'un en quelque endroit, se séparer de lui. Je viens de le quitter à deux pas d'ici. Je vous quitte pour un moment. Où avez-vous quitté vos gens? Il a quitté la compagnie en tel endroit. Il est fâcheux de quitter ses amis, de quitter ce qu'on aime. Quitter père et mère. Quitter sa femme et ses enfants. Il ne le quitte ni jour ni nuit. Il ne le quitte non plus que l'ombre fait le corps. On l'emploie souvent avec le pronom réciproque. Ils ne se pouvaient quitter. Ils se promirent en se quittant. .. Ils se sont quittés bons amis.

Cet homme a quitté sa femme, Il l'a abandonnée.

Son portrait ne me quitte pas, Je le porte toujours sur moi. Au sens moral: Son image ne me quitte pas, Son image est sans cesse présente à mon esprit. Ce souvenir ne me quittera jamais, Je me souviendrai toujours de cela. La fortune l'a quitté, Il a cessé d'être heureux. Il vient un âge où nos facultés nous quittent l'une après l'autre, S'affaiblissent, s'anéantissent successivement. Quand l'âme quitte le corps, Lorsque l'âme abandonne le corps, s'en sépare.

QUITTER signifie aussi, Se retirer de quelque lieu. Il a quitté la maison où il logeait pour en prendre une autre. Il a quitté la maison pour quelques jours. Il quitta Paris pour aller vivre en province. Il quitta la cour pour vivre dans la retraite. Il a quitté son pays. Il a été contraint de quitter le pays pour quelque temps. Les ennemis ne purent jamais lui faire quitter son poste.

Quitter la chambre, Sortir. Ce malade n'est pas encore assez bien pour quitter la chambre. Il ne quitte pas la chambre.

Quitter le lit, Se lever. Il quitte le lit au point du jour. Depuis un mois, il n'a pas quitté le lit.

Quitter le grand chemin, S'écarter, se détourner du grand chemin.

Fig., Quitter le droit chemin, S'écarter de son devoir.

Fig., Quitter le barreau, le théâtre, Renoncer à la profession d'avocat, de comédien. Quitter le trône, Abdiquer le pouvoir royal.

Prov. et pop., Qui quitte sa place la perd, Quand on a abandonné sa place, on n'y a plus de droit.

QUITTER signifie aussi, Abandonner une chose, y renoncer, s'en désister, cesser de s'y appliquer, de s'y adonner. Il a quitte

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