Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 2:545

le sceau; et, Lettres scellées sur double queue, Celles dont le sceau est sur une bande de parchemin qui passe au travers des lettres.

La queue d'un g, d'un p, d'un q, etc., Ce qui excède par en bas le corps de ces différentes lettres.

La queue d'une note, Le trait qui tient au corps de la note, et qui monte ou descend perpendiculairement à travers la portée.

La queue d'une comète, La longue traînée de lumière qui suit le corps de la comète. Une comète à longue queue. Cette comète avait la queue tournée vers l'orient.

La queue d'une poêle, La longue pièce de fer qui sert à tenir une poêle. On dit de même, La queue d'un gril, d'une casserole, d'une lèchefrite, etc.

Prov. et fig., Il n'y en a point de si empêché que celui qui tient la queue de la poêle, Celui qui est le principal agent d'une affaire, est le plus embarrassé.

La queue d'un moulin, Cette grande pièce de bois qui sert à faire tourner un moulin à vent sur son pivot.

Piano à queue, Piano dont la forme se rapproche beaucoup de celle des anciens clavecins, et dont les cordes se prolongent horizontalement sur une surface plus étendue que dans les pianos ordinaires.

La queue d'un manteau, d'une robe, etc., L'extrémité d'un manteau, d'une robe, etc., lorsqu'elle traîne par derrière. Robe à queue, à queue traînante. Les prélats, les princesses, etc., se font porter la queue. La queue d'une chape de cardinal.

QUEUE en Architecture, L'extrémité d'une pierre longue qui entre dans la construction d'un mur ou d'une voûte. Cette pierre, ce claveau n'a pas assez de queue.

QUEUE au Jeu de billard, Instrument dont on se sert le plus communément à ce jeu pour pousser les billes. Une bonne queue. Le gros, le petit bout d'une queue. Il joue mieux de masse que de queue. Se servir de la grande queue. On appelait autrefois Queue du billard, Le petit bout de l'instrument de ce nom qui servait au même usage.

Queue à procédé, Celle dont le petit bout est garni d'un morceau de cuir, et avec laquelle on exécute des coups qui seraient impossibles avec la queue ordinaire, tels que celui d'imprimer à la bille un mouvement composé et rétrograde.

Faire fausse queue, Toucher la bille à faux avec la queue.

QUEUE s'emploie figurément pour signifier, Le bout, la fin de quelque chose. La queue d'un étang. À la queue du bois, de la forêt. La queue de l'hiver a été rude. Le proverbe dit: Mi-mai, queue d'hiver.

Fam., La queue d'une affaire, Les derniers soins qu'elle exige quelquefois, après qu'elle semble terminée. Cette affaire aura une longue queue.

Fam., Ne point laisser, ne point faire de queue dans un payement, Effectuer ce payement en entier.

Fam., On a pris cette affaire par la tête et par la queue, On l'a tournée et examinée de toutes les manières.

Prov. et fig., Prendre le roman par la queue, Avant le mariage, vivre maritalement.

QUEUE à certains Jeux, se dit d'Une somme indépendante de l'enjeu principal. Au Piquet à écrire, par exemple, on appelle Queue des jetons, La totalité des jetons qu'on a mis aux paris; et Queue des paris, Ce qui revient au joueur qui a gagné le plus de paris. Mettre à la queue. Voyez PARI.

QUEUE signifie aussi, La dernière partie, les derniers rangs de quelque corps, de quelque compagnie. La queue d'une procession, d'un cortége. La queue d'un régiment, d'une armée. C'est le dernier reçu, il est à la queue, tout à la queue. Se mettre à la queue. Mettre un soldat à la queue de la compagnie pour fait d'indiscipline. Prendre la queue. Charger une armée, un régiment, etc., en queue. Donner en queue. Donner sur la queue d'une armée. Prendre en flanc et en queue. La queue d'une flotte.

À la queue, en queue, signifie quelquefois, À la suite, immédiatement après. Il était à la queue de la tranchée, à la queue des travailleurs. Le bagage suivait en queue, était à la queue. Ce régiment était à la queue des chariots. Il suit en queue. C'est un bon chasseur, il est toujours à la queue des chiens.

À la queue, en queue, signifie encore, À la poursuite de quelqu'un, aux trousses de quelqu'un. Avoir les ennemis en queue. Il a fait un mauvais coup, les gendarmes sont à sa queue. Il a les gendarmes en queue. Laissez-moi faire, je lui mettrai en queue un homme qui le fera bien aller. Les trois dernières phrases sont du style familier et vieillissent.

Fam., Faire queue, Se ranger par ordre, les uns derrière les autres, afin de passer chacun à son tour à une audience, à une distribution, etc. On faisait queue à la porte des boulangers. Il est fort ennuyeux de faire queue à la porte d'un spectacle. On dit de même: La queue s'étendait jusqu'à tel endroit. Se mettre à la queue. Aller à la queue. Etc.

Queue à queue, À la file, immédiatement l'un après l'autre. Ces loups se suivaient queue à queue. Attacher des chevaux queue à queue. Ces bateaux étaient queue à queue.

Fig., À la queue leu leu. Jeu d'enfants, ainsi appelé parce qu'à ce jeu on marche à la suite les uns des autres, comme marchent les loups, qu'on appelait autrefois Leux.

Fam., Ils sont venus à la queue leu leu, Ils sont venus à la suite les uns des autres.

QUEUE. s. f. Sorte de futaille contenant environ un muid et demi. Mettre du vin dans des queues. C'est un vin qui se vend cent écus la queue. Défoncer une queue de vin. Les maraudeurs lui burent deux ou trois queues de vin en un jour.

Demi-queue, Futaille contenant la moitié de ce que contient une queue. Il a mis son vin dans des demi-queues.

QUEUE. s. f. Sorte de pierre à aiguiser. Il faut repasser ce rasoir sur la queue. Queue à faux. Queue à l'huile. On écrit aussi, Queux.

QUEUSSI-QUEUMI. loc. adv. et fam. Absolument de même. Ce remède ne lui fera pas plus de bien que les autres; ce sera queussi-queumi. Vous avez entendu ce qu'il vient de dire; eh bien, moi, je dis queussi-queumi.

QUEUTER. v. n. T. de Billard. Pousser d'un seul coup les deux billes avec sa queue. Quand on queute, on perd un point, et si l'on fait la bille, elle ne compte pas.

QUEUX. s. m. Vieux mot qui signifiait autrefois, Cuisinier. Les traiteurs de Paris se qualifiaient de maîtres queux. Il y avait des maîtres queux dans la maison du roi.

QUEUX signifie aussi, Pierre à aiguiser. On écrit plus ordinairement, Queue.

QUI. Pronom relatif des deux genres et des deux nombres Lequel, laquelle. L'homme qui raisonne. La femme qui a soin de son ménage. Le livre qui traite de cette matière. Le meuble qui renferme ces objets. Précédé d'une préposition, il ne s'emploie ordinairement qu'en parlant Des personnes. Celui, celle de qui je parle, à qui j'ai donné cela. Les gens à qui j'ai appris cette nouvelle, à qui j'ai dit votre affaire. Celui pour qui, contre qui je plaide. C'est vous à qui je parle. On dit plus ordinairement, C'est à vous que je parle.

Il s'emploie aussi d'une manière absolue. Je croirai qui vous voudrez. Je m'en rapporte à qui vous voudrez. Vous trouverez à qui parler. Aimez qui vous aime. Jouera qui voudra. Je nommerai à cette place qui je voudrai. On ne sait qui meurt ni qui vit. Qui observera les commandements de Dieu, sera sauvé. Qui prend, s'engage. Voilà qui vous en dira des nouvelles. C'est à qui l'aura. C'est à qui mieux mieux. On est entré secrètement; devinez qui. Cherchez qui. Dites-moi qui. J'ignore qui a fait cela. Je ne me souviens plus qui c'est. Je ne sais qui m'a dit cela. Je ne sais qui. Il tient cela de je ne sais plus qui.

Il s'emploie quelquefois de cette même manière en parlant Des choses. Voilà qui est beau. Voici qui me plaît. Voici qui va bien. Qui plus est. Qui pis est.

Subst. et fam., Un je ne sais qui, Un homme de nulle considération. Il est toujours avec des je ne sais qui.

Qui que ce soit, qui que ce puisse être, etc., Quiconque, quelque personne que ce soit, etc. Qui que ce soit, qui que ce puisse être qui ait fait cela, c'est un habile homme. Qui que ce soit qui vous l'ait dit, il s'est trompé. Quand il est employé avec la négative, il signifie, Nul, aucune personne. Il n'y a qui que ce soit. Je n'y ai trouvé qui que ce soit.

QUI s'emploie encore absolument, et par interrogation, pour dire, Quel homme, quelle personne? Qui d'entre vous oserait? À qui pensez-vous parler? Avare, pour qui amassez-vous tant d'argent? Je connais un homme capable d'en prendre soin; et qui? me dit-il. Qui l'aurait cru? Qui vous l'a dit? Qui est là? Qui va là? Qui vive? Qui sont ceux qui prétendent à cette place? Qui demandez-vous? Qui a fait cela?

QUI répété, est quelquefois distributif, et signifie, Ceux-ci, ceux-là, les uns, les autres. Ils étaient dispersés qui çà, qui là. Qui d'un côté, qui de l'autre. Ils coururent aux armes, et se saisirent, qui d'une épée, qui d'une pique, qui d'une hallebarde. Il vieillit dans cette acception; cependant on en fait encore usage quelquefois dans la poésie familière.

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.