Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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que cela ne fût pas arrivé, se dit Pour marquer
un extrême désir ou un extrême chagrin de
quelque chose. Il est vieux.

Fig. et fam., Se faire une pinte de bon sang,
Éprouver un vif contentement, bien s'amuser.

PINTER. v. intr. Boire avec excès. C'est un
homme qui ne fait que pinter, qui n'aime qu'à
pinter.
Il est populaire.

PIOCHE. n. f. Outil de fer, recourbé, à
deux pointes et à manche de bois, dont les
terrassiers, les carriers et les maçons se servent
pour remuer la terre, tailler des pierres, démolir
des murs, etc. Creuser à la pioche. Détacher
des roches avec une pioche
.

PIOCHER. v. tr. Fouir, remuer avec une
pioche. Piocher une vigne. Piocher la terre.

Il s'emploie aussi intransitivement. Il faut
piocher en cet endroit.

PIOCHER, employé intransitivement, signifie
au figuré Travailler avec ardeur, avec
assiduité. J'ai bien pioché aujourd'hui. Il me
faudra beaucoup piocher pour préparer cet
examen.
Il est familier.

PIOCHEUR. n. m. Celui qui manie la pioche.
Il ne s'emploie guère que figurément et familièrement
pour désigner un Travailleur opiniâtre.
Cet écolier est un piocheur.

PIOLET. n. m. Sorte de petite pioche emmanchée
dans un long bâton ferré, dont les
ascensionnistes se servent pour les excursions
de montagne.

PION. n. m. La plus petite pièce de certains
jeux, tels que dames, échecs, etc. Il y a huit
pions de chaque côté au jeu des échecs. Le pion
du roi. Il joue mieux que moi, il me donne un
pion.

Fig. et fam., Damer le pion à quelqu'un,
L'emporter sur lui avec une supériorité marquée.

PION désigne aussi familièrement, dans le
langage des écoliers, un Surveillant.

PIONNER. v. intr. T. des Échecs et du jeu
de Dames
. Il se dit d'un Joueur qui s'attache
à prendre beaucoup de pions, qui se trouve
obligé de prendre trop souvent des pions.

PIONNIER. n. m. Travailleur dont on se
sert dans une armée pour aplanir les chemins,
pour creuser des lignes et des tranchées, et
pour remuer la terre dans différentes occasions.

Il se dit, en parlant de l'Amérique du Nord,
des Premiers colons qui s'établissent sur des
terres incultes et désertes pour les défricher.

Il désigne figurément un Homme qui s'attache
à une entreprise nouvelle, qui fait gagner
un terrain nouveau à une influence. Les
pionniers de la civilisation.

PIOT. n. m. Vin, boisson. Humer le piot.
Il est populaire.

PIPE. n. f. Grande futaille pour mettre du
vin ou d'autres liquides. Une pipe de vin, de
cidre. Une demi-pipe. Une pipe d'eau-de-vie.

Dans quelques pays, il désigne une Mesure
de capacité équivalant à ce genre de futaille.
Une pipe de chaux. Une pipe de blé.

PIPE. n. f. Instrument composé d'un petit
fourneau emmanché d'un tuyau et dont on se
sert pour fumer. Mettre du tabac dans sa pipe.
Bourrer sa pipe.

Allumer sa pipe, Allumer le tabac qui est
dans le fourneau de la pipe.

Fumer une pipe, Consumer le tabac qui
tient dans le fourneau d'une pipe. Il fume sa
pipe tous les matins. Fumer deux pipes, trois
pipes.

Pop., Casser sa pipe, Mourir.

PIPEAU. n. m. Flûte champêtre, chalumeau.
Danser au son du pipeau, des pipeaux.
Il ne s'emploie guère qu'en poésie.

En termes de Chasse, il désigne un Petit
Instrument servant à contrefaire le cri de différents
oiseaux, pour les appeler et pour les
prendre.

Il se dit aussi des Petites branches ou brins
de paille qu'on enduit de glu pour prendre les
oiseaux. Disposer des pipeaux.

Il se dit, figurément et familièrement, des
Petits artifices par lesquels une personne rusée
cherche à tromper. J'ai évité ses pipeaux. Il
est vieux.

PIPÉE. n. f. Sorte de chasse dans laquelle on
contrefait le cri de la chouette, ou leur propre
cri, pour attirer des oiseaux dans un arbre dont
les branches sont remplies de gluaux où ils
se prennent. Aller à la pipée. Prendre des
oiseaux à la pipée.

Faire une pipée signifie aussi Préparer tout
ce qui est nécessaire pour la chasse dont il
s'agit.

PIPER. v. tr. Prendre à la pipée. Piper des
oiseaux.

Il signifie, figurément et familièrement,
Tromper. On a voulu me piper. Ils l'ont pipé
au jeu et lui ont gagné tout son argent.

Piper des dés, Préparer des dés afin de tromper
au jeu. Fig., Les dés sont pipés, On nous a
dressé un piège.

Pop., Ne pas piper, Ne rien dire. Il n'a pas
pipé quand je lui ai dit son fait
.

PIPERIE. n. f. Tromperie au jeu. Il faut
qu'il y ait de la piperie. Cela n'a pu se faire
sans piperie.

Il se dit aussi de Toute sorte de tromperie,
de fourberie. Il n'y a que piperie dans le monde.
Il est vieux.

PIPETTE. n. f. Petit tube servant à transvaser
ou à décanter les liquides.

PIPEUR. n. m. Celui qui pipe au jeu. C'est
un grand pipeur. Un pipeur insigne. Un pipeur
fieffé.

Il désigne aussi Celui qui trompe de quelque
manière que ce soit. Avec ses belles promesses,
ce n'est qu'un pipeur
. Il est vieux.

PIPI. n. m. Dans le langage des enfants :
Faire pipi, Uriner.

PIQUAGE. n. m. Action de piquer. Le
piquage d'une pièce d'étoffe. Piquage à la
machine, à la main. Piquage des choux, d'un
plant de navets, des fraisiers
.

PIQUANT, ANTE. adj. Qui pique. Les
branches des rosiers sont piquantes. Les orties
sont piquantes.

Il signifie aussi Qui fait une impression vive
sur l'organe du goût ou de l'odorat. Du vin
piquant. Une sauce piquante. Du vinaigre piquant.
De la moutarde piquante
. Fig., Le sel
piquant de ses bons mots, de ses reparties, de ses
plaisanteries.

Il se dit également de la Température,
quand elle est très froide. Un froid piquant.
Un vent piquant. Une bise extrêmement piquante.

PIQUANT signifie, au figuré, Qui est offensant,
et il se dit principalement des Discours.
Ils se sont dit des mots piquants, des paroles
piquantes. Il lui a répondu d'une manière piquante.
Raillerie piquante.

Il se dit aussi, figurément, dans une acception
différente, de Tout ce qui fait une impression
vive et agréable sur l'esprit, sur les sens,
et particulièrement des Discours, des écrits et
des ouvrages d'art qui plaisent par quelque
chose de fin et de vif. Nous eûmes un spectacle
très piquant. La surprise lui a rendu ce plaisir
plus piquant. Sa conversation abonde en traits
piquants. Il n'y a rien de piquant dans ce qu'il
écrit.

Il se dit, dans une acception analogue,
des Personnes qui plaisent par la vivacité et
par l'agrément de leur physionomie plus que
par la régularité de leurs traits. Cette femme
est piquante. Elle n'est pas belle, mais elle a
l'air piquant, la physionomie piquante.

Il s'emploie quelquefois substantivement.
Le piquant de l'aventure. Le piquant de la
chose
.

PIQUANT. n. m. Il se dit des Pointes qui
poussent à certaines plantes, à certains arbrisseaux.
Ces chardons sont pleins de piquants.
Les piquants des feuilles de houx.

PIQUE. n. f. Sorte d'arme formée d'un long
bois dont le bout est garni d'un fer plat et
pointu. Longue pique. Pique de bois de frêne.
Armé d'une pique. Ils marchèrent les uns contre
les autres les piques baissées. Les piques ont été
longtemps en usage dans l'infanterie.

Demi-pique, Pique plus courte de moitié
que les piques ordinaires. Il n'avait qu'une
demi-pique.

PIQUE s'est dit d'une Mesure de longueur
de la grandeur de cette arme. Il y a une pique
d'eau dans ce fossé.

Fig. et fam., Vous en êtes à cent piques, à
mille piques,
se dit d'une Personne qui, voulant
deviner quelque chose, est très éloignée
de la vérité.

Fig. et fam., Être à cent piques au-dessus,
au-dessous de quelqu'un, de quelque chose,
Lui
être fort supérieur, fort inférieur. Ce poème
est à cent piques au-dessus des autres. Il est à
cent piques au-dessous de ses rivaux.

PIQUE se disait aussi, par extension, des
Soldats qui portaient la pique dans un régiment.
Faire défiler les piques. Il y avait tant de
piques dans ce régiment.

PIQUE. n. f. Brouillerie, aigreur entre deux
ou plusieurs personnes. Il a fait cela par
pique. Il y a de la pique entre eux. Il est en
pique avec son voisin
. Il est familier.

PIQUE. n. m. T. de Jeu de Cartes. Une des
quatre divisions d'un jeu de cartes. L'as de
pique. Il a tout le pique, tous les piques. Jouer
du pique. Il tourne du pique, il retourne pique
.

PIQUÉ. n. m. Sorte d'étoffe formée de
deux tissus appliqués l'un sur l'autre et unis
par des points formant des dessins; Tissu dont
la trame imite ces dessins. Un gilet de piqué.

PIQUE-ASSIETTE. n. m. Celui qui vit en
parasite. Il est familier.

PIQUE-FEU. n. m. Tige de fer qui sert à
attiser le foyer d'une cheminée, d'un poêle,
d'une chaudière à vapeur.

PIQUE-NIQUE. n. m. Repas dans lequel
chacun paie son écot ou apporte son plat.
Organiser un pique-nique entre amis. Nous
avons fait plusieurs pique-niques le mois dernier
.

EN PIQUE-NIQUE, loc. adv. Faire un repas
en pique-nique. Dîner en pique-nique.

PIQUER. v. tr. Percer, entamer légèrement
avec quelque chose de pointu. Une épingle
l'a piqué. Il y a des épines qui piquent fort.
Piquer quelqu'un jusqu'au sang. Je me suis
piqué. Je me suis piqué le doigt
.

Piquer un papier, Y faire de petits trous.

PIQUER se dit aussi des Serpents, de la vermine,
des insectes qui mordent, qui entament
la peau. Être piqué par un serpent. Être piqué
par un moustique, par une guêpe. Les mouches
piquent les chevaux
.

Fig. et fam., Quelle mouche le pique, l'a
piqué?
se dit d'un Homme qui se fâche, qui
s'est fâché sans sujet apparent.

PIQUER se dit également des Insectes qui
entament le bois, les étoffes, etc. Les miles, les
vers ont piqué ce manteau. Ce livre est piqué des
vers.

Fig. et fam., Voilà qui n'est pas piqué des
vers,
Cela n'est pas mauvais, cela a du mérite.

En termes de Maréchal, Piquer un cheval,
Lui faire entrer la pointe du clou jusqu'à la
chair vive, en le ferrant.

En termes de Manège, Piquer un cheval et,
absolument, Piquer, Donner des éperons à un
cheval et le pousser au galop. Il piqua son
cheval, qui partit au galop.

Piquer des deux, Faire sentir les deux éperons
à un cheval afin d'accélérer sa marche.

En termes d'Équitation, Piquer un galop.

PIQUER signifie aussi Enfoncer, faire pénétrer

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