Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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qu'on met devant les portes des chambres, pour empêcher le vent d'y entrer; et qui se referme de lui-même après qu'on l'a ouvert.

Porte feinte, Imitation de porte qui sert à faire symétrie avec une ou plusieurs portes véritables.

Porte perdue, Porte à laquelle on a donné le même arasement et la même décoration qu'au lambris où elle est pratiquée, afin de ne pas déranger la symétrie de l'appartement.

Refuser la porte à quelqu'un, Ne vouloir pas le laisser entrer en quelque endroit. Il se présenta pour entrer au bal, et on lui refusa la porte.

Faire refuser sa porte à quelqu'un, Ne vouloir pas recevoir sa visite. Fermer sa porte à quelqu'un, Ne plus vouloir l'admettre chez soi.

Absol., Fermer sa porte, Ne plus recevoir de visites; et, Ouvrir, rouvrir sa porte, Commencer, recommencer à recevoir.

Faire défendre sa porte, Défendre de laisser entrer personne chez soi. Je n'ai pu le voir, il avait fait défendre sa porte. On dit dans le même sens, Sa porte était défendue.

Fig., Forcer la porte de quelqu'un, Entrer chez lui, quoique sa porte soit défendue.

La porte de cette maison est ouverte à tous les honnêtes gens, Tous les honnêtes gens sont bien reçus dans cette maison.

Être logé à la porte de quelqu'un, Avoir une maison, une habitation tout auprès de la sienne. On dit dans le même sens, Ils sont logés porte à porte, Ils habitent des maisons fort voisines l'une de l'autre; et dans un sens analogue, Il a une maison à la porte, aux portes de la ville, Il a une maison qui est fort près de la ville.

L'ennemi est à nos portes, L'ennemi est tout près de notre ville.

Mettre quelqu'un à la porte, Le chasser de chez soi. Mettre un domestique à la porte, Le congédier avec mécontentement.

Fam., Fermer à quelqu'un la porte au nez, sur le nez, Fermer une porte avec quelque vivacité, pour empêcher quelqu'un d'entrer. On dit aussi, Pousser la porte au nez.

Fig. et fam., Prendre la porte, Se retirer, s'échapper, s'évader à propos d'un lieu où l'on est, et où l'on a quelque chose à craindre. Il fit bien de prendre la porte, sans quoi il aurait été mal traité. Prenez-moi la porte, et bien vite. On dit dans le même sens, Passez la porte, passez-moi la porte, enfilez-moi la porte bien vite.

Fig. et fam., Mettre la clef sous la porte, Quitter furtivement sa maison, parce qu'on a de mauvaises affaires.

Fig., Heurter, frapper à toutes les portes, S'adresser à toutes sortes de personnes, et chercher toutes sortes de moyens pour réussir dans une affaire. On dit dans un sens analogue, Il a frappé à la bonne porte, Il s'est adressé où il fallait.

Prov. et fig., Il est entré, il est sorti par une belle porte, Il a obtenu, il a perdu ou quitté son emploi d'une manière honorable. On dit dans des sens analogues, Entrer, sortir par une bonne porte, par une mauvaise, par une vilaine porte.

Fig., Se morfondre à la porte d'un ministre, Le solliciter longtemps sans rien obtenir.

Se présenter à la porte de quelqu'un, Se présenter à sa demeure pour lui rendre visite. Je me suis présenté à votre porte, on m'a dit que vous étiez sorti.

Se faire écrire à la porte de quelqu'un, Se faire écrire sur la liste du portier, afin que le maître sache qu'on s'est présenté chez lui. On dit dans un sens à peu près semblable, Passer à la porte de quelqu'un.

Trouver porte close, Ne trouver personne, ou n'être pas reçu dans la maison où l'on va.

Fig., Toutes les portes lui sont ouvertes, Son crédit, la considération dont il jouit dans le monde, lui rendent toutes les entrées faciles.

Prov. et fig., Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée, Il faut prendre un parti, il faut se déterminer d'une manière ou d'une autre.

Ouvrir ses portes au vainqueur, se dit D'une ville qui met quelque empressement à capituler, à recevoir le vainqueur. On dit quelquefois dans le sens contraire, Fermer ses portes.

Fig., Porte de derrière, Faux-fuyant, défaite, échappatoire. Ne vous fiez pas à cet homme-là, il a toujours une porte de derrière.

Porte de secours, Porte d'une citadelle, donnant sur la campagne, et par laquelle on peut introduire du secours.

Fam., Écouter aux portes, Être aux aguets pour surprendre le secret de quelqu'un. On dit de même, C'est un écouteur aux portes.

Fig. et fam., Cela vous apprendra à écouter aux portes, se dit À une personne qui est punie d'une curiosité indiscrète.

Fig., Il a écouté aux portes, se dit De quelqu'un qui paraît avoir deviné un secret. Il se dit aussi, dans un sens ironique, D'un homme qui répète mal quelque chose qu'il n'a entendu qu'à moitié, ou qu'il a mal compris.

Fig. et fam., Enfoncer une porte ouverte, Faire un effort pour vaincre un obstacle qui n'existe pas. On dit de même, C'est un enfonceur de portes ouvertes.

Fig. et fam., Chassez-le par la porte, il rentrera par la fenêtre, se dit D'un importun dont on ne peut se débarrasser.

Fig., Cette place est la porte de tel pays, Sa possession donne le moyen d'entrer facilement dans ce pays.

Fermer la porte, les portes d'un pays à une nation, Ne pas lui en permettre l'entrée. Les Chinois ont fermé la porte de leur empire aux Européens.

Fig., Être aux portes de la mort, Être à l'extrémité.

Dans le style de l'Écriture, Les portes de l'enfer, Les puissances de l'enfer. Les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre l'Église.

Poétiq., Fermer les portes de la guerre, les portes du temple de Janus, Faire la paix.

PORTE s'emploie figurément, pour Entrée, introduction. La géométrie est la porte des sciences mathématiques. Cet emploi est la porte qui mène aux dignités.

La porte des emplois, des honneurs, des grandeurs lui est fermée, se dit en parlant D'un homme qui n'a pas ou qui n'a plus les moyens d'obtenir des places, des dignités.

Ouvrir la porte aux abus, aux scandales, aux désordres, etc., Donner occasion ou facilité d'en commettre.

PORTE se dit aussi de Ce qui ferme certains meubles ou certaines constructions servant à divers usages. Les portes d'une armoire, d'un buffet, d'un placard, d'une bibliothèque, d'une alcôve. La porte d'une cage. La porte d'un four, d'un fourneau. La porte d'une écluse. Les portes d'un bassin à construire et à radouber les vaisseaux.

Bateau-porte, Bateau que l'on coule à fond à la porte d'un bassin pour la fermer.

La porte d'une agrafe, Espèce de petit anneau où l'on fait entrer le crochet d'une agrafe, et qui sert à la retenir.

PORTE se dit, dans une acception particulière, pour désigner La cour de l'empereur des Turcs. La Porte Ottomane. La Sublime Porte. Ambassadeur à la Porte. Un ambassadeur, un envoyé de la Porte.

PORTES au pluriel, signifie quelquefois, Pas, gorge, défilé. Les portes du Caucase, de la Cilicie.

DE PORTE EN PORTE. loc. adv. De maison en maison. Aller de porte en porte. Solliciter de porte en porte. Mendier de porte en porte.

À PORTE CLOSE. loc. adv. En secret, sans témoin. Cela s'est fait à porte close. Nous raisonnerons de cela, quand nous serons à porte close.

À PORTE OUVRANTE, À PORTES OUVRANTES et À PORTE FERMANTE, À PORTES FERMANTES. Locutions adverbiales dont on se sert en parlant Des places de guerre et autres villes où l'on ouvre et où l'on ferme les portes à certaines heures précises. J'en suis sorti à portes ouvrantes. J'y suis rentré à portes fermantes.

PORTE. adj. f. T. d'Anat. Il n'est usité que dans cette locution, Veine porte, Tronc de veine assez considérable qui reçoit le sang de l'estomac, de la rate, du pancréas, et des intestins, et qui le distribue dans le foie.

PORTE-AIGUILLE Pour ce mot et tous les autres mots semblables, formés du verbe Porter, voyez après PORTER.

PORTÉE. s. f. Ventrée, totalité des petits que les femelles des animaux quadrupèdes portent et mettent bas en une fois. Première, seconde portée. Il y a des chiennes qui font jusqu'à neuf et dix chiens d'une portée, en une portée. Ces deux chiens sont de la même portée.

PORTÉE se dit aussi de La distance à laquelle un canon, un fusil, un pistolet, un arc, etc., peut lancer un boulet, une balle, une flèche. Camper hors de la portée du canon. S'avancer à demi-portée du canon. S'avancer à la portée du fusil. S'avancer à une portée de pistolet. Nous sommes hors de la portée des balles. Tirer une perdrix hors de portée.

Une portée de fusil, se dit d'Une distance peu considérable. Il n'y a qu'une portée de fusil d'ici à ce château. Je vais à une portée de fusil de la ville.

Être à la portée de la main, se dit D'une chose qui est assez près de quelqu'un, pour qu'il y puisse atteindre avec la main. Cela est, cela n'est pas à la portée de ma main. On dit dans le même sens, Cela est à ma portée, n'est pas à ma portée.

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