LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 608

liqueur. Sucer le lait. Sucer un os, la moelle d'un os. Les loups sucent le sang des brebis. La belette suce le sang des pigeons. Faire sucer une plaie par quelqu'un. On applique des sangsues, afin qu'elles sucent le sang. Les abeilles sucent les fleurs.

On dit figurément d'Un homme qui a de bonne heure été imbu d'une bonne ou d'une mauvaise doctrine, ou qui a contracté de bonne heure quelque habitude que ce soit, qu'Il l'a sucée avec le lait. Il a sucé la vertu, la piété avec le lait. C'est une aversion de famille qu'il a sucée avec le lait.

Sucer

Sucer, signifie figurément et familièrement, Tirer peu à peu le bien, l'argent d'une personne. Il a des Procureurs, des Solliciteurs qui le sucent. C'est une vraie sangsue qui le suce jusqu'aux os, jusqu'à la moelle des os.

Sucé, ée

Sucé, ée. participe.

SUCEUR

SUCEUR. s. m. Il n'est guère d'usage qu'en parlant De certaines personnes qui sucent les plaies pour les guérir.

SUÇOIR

SUÇOIR. subst. masc. Ce qui sert à sucer. La tête de cet insecte est garnie de suçoirs.

SUÇON

SUÇON. s. masc. Espèce d'élevure qu'on fait à la peau en la suçant violemment.

SUÇOTER

SUÇOTER. v. act. Sucer plusieurs fois et à plusieurs reprises. Il est familier.

SUCRE

SUCRE. s. m. Suc très agréable et très--doux, qui se tire d'une espèce de cannes qui viennent dans les Pays chauds, et se cultivent surtout aux Indes Occidentales, qui s'épaissit, se durcit par le moyen du feu, et qu'on blanchit par le raffinage. Canne à sucre. Moulin à sucre. Faire du sucre. Épurer, raffiner le sucre. Sucre fort blanc. Sucre raffiné. Pain de sucre. Raper, égruger du sucre. Ce vaisseau a apporté tant de caisses de sucre. Rôtie au sucre. Faire fondre du sucre, etc.

On appelle Sucre brut, Le sucre qui après avoir été cuit, n'est pas encore raffiné; Sucre raffiné, Le sucre brut qu'on fait fondre dans une quantité proportionnée d'eau de chaux; on le clarifie avec des blancs d'oeufs dans de l'eau sur un feu gradué, et on le cuit ensuite; Sucre royal, Le sucre qui a été raffiné deux fois; Sucre noir, Le sucre brut qui n'a pas un bel oeil, et qu'on n'a pas assez essuyé et écumé quand on l'a cuit; le sucre bis est fait de ce sucre noir.

On appelle Sucre candi, Du sucre crystallisé; Sucre d'orge, Une composition faite avec du sucre et de l'eau d'orge, et de laquelle on se sert ordinairement pour le rhume; Sucre tors, Une composition faite de sucre et de jus de réglisse, qui est en petits bâtons tortillés, et dont on se sert pour la même incommodité; et Sucre rosat, Du sucre blanc cuit dans de l'eau rose et réduit en tablettes.

On fait aussi une espèce de sucre avec le suc tiré par incision de l'órable et aussi du bouleau.

On appelle Confitures à mi--sucre, Les confitures où l'on ne met que la moitié du sucre qu'on a coutume de mettre aux autres.

On dit figurém. et familièrem. d'Un homme, qu'Il est tout sucre et tout miel, pour dire, qu'Il est fort doucereux.

SUCRER

SUCRER. v. a. Mettre du sucre en masse ou en poudre sur quelque chose. Ces confitures sont trop sucrées. Sucrer des fraises.

Sucré, ée

Sucré, ée. participe.

On appelle familièrement, Pois sucrés, Des dragées rondes, et particulièrement celles qui sont faites avec de l'anis; mais ce n'est guère qu'avec des enfans qu'on se sert de cette façon de parler.

On dit d'Un fruit fort doux qui a le goût de sucre, qu'Il est sucré. Ces poires sont sucrées. Melons sucrés.

On dit proverbialement et figurém. d'Une femme qui par des manières affectées fait la modeste, l'innocente, la scrupuleuse, qu'Elle fait la sucrée.

SUCRERIE

SUCRERIE. subst. fém. Lieu destiné pour faire le sucre. Il y a tant de sucreries dans l'île de la Martinique. Il signifie aussi Le lieu où on le raffine. Il y a une belle sucrerie dans cette Ville--là.

Sucrerie

Sucrerie, se dit encore De certaines choses où il entre beaucoup de sucre, comme dragées, confitures, tourtes, massepains, etc. Et en ce sens il n'est guère d'usage qu'au pluriel. Je n'aime point les sucreries. Il a les dents gâtées pour avoir mangé trop de sucreries.

SUCRIER

SUCRIER. substant. mas. Pièce de vaisselle dans laquelle on met du sucre en poudre, ou en morceau. Sucrier d'argent. Sucrier de vermeil. Sucrier de porcelaine, etc.

SUCRIN

SUCRIN. adj. m. Qui a le goût de sucre. Il ne se dit guère qu'en parlant Des melons. Melon sucrin.

SUCTION

SUCTION. s. f. Voyez Succion.

SUD

SUD

SUD. subst. mas. (On pron. le D.) Le Midi, la partie du monde opposée au Nord, au Septentrion. Le vaisseau courut tant de degrés vers le Sud. Naviguer du côté du Sud. Le vent du Sud, de Sud.

On dit absolument Le Sud, pour dire, Le vent du Sud. Le Sud est bon pour passer de France en Angleterre. Le Sud souffle depuis long--temps.

SUD--EST

SUD--EST. subst. mas. Vent qui est entre le Sud et l'Est. On dit aussi, Sud Sud--Est, pour marquer Le vent qui est entre le Sud--Est et le Sud.

Sud--est

Sud--est, se dit en Géographie, pour marquer La partie du monde qui est entre le Sud et l'Est.

SUD--OUEST

SUD--OUEST. subst. mascul. Vent qui est entre le Sud et l'Ouest. On dit aussi, Sud Sud--Ouest, pour marquer Le vent qui est entre le Sud et le Sud--Ouest. Les Marins disent par corruption, Sur--Ouest.

Sud--ouest

Sud--ouest, se dit en Géographie, pour marquer La partie du monde qui est entre le Sud et l'Ouest.

SUDORIFÈRE

SUDORIFÈRE, et plus communément SUDORIFIQUE. adj. des 2 g. Qui provoque la sueur. Poudres sudorifiques. Breuvages sudorifiques.

Il est aussi substantif. On lui a donné un sudorifique.

SUE

SUÉE

SUÉE. subst. fém. Inquiétude subite et mêlée de crainte. Il est populaire. On leur donna une terrible suée. Il eut une rude suée.

SVELTE

SVELTE. adj. des 2 g. Terme de Peinture et de Sculpture. Léger, délié, élégant. Il se dit principalement Des figures. Les figures des tableaux du Poussin sont sveltes.

On dit aussi d'Une personne, qu'Elle a la taille svelte; et d'Une colonne qui a les mêmes qualités, qu'Elle est svelte.

SUER

SUER. v. n. Rendre par les pores une humeur liquide. Suer à grosses gouttes. Suer de foiblesse. Suer pour s'être trop échauffé. Se faire suer. Suer de la tête, du visage, de tout le corps. Les mains lui suent.

En parlant De l'humidité qui paroît sur les murailles dans les temps de dégel, on dit par extension, que Les murailles suent.

On dit aussi figurém. et familièrem. qu'Un homme sue de l'encre, de l'huile, pour dire, que Sa sueur a quelque chose de noir, de gluant, d'huileux.

On dit, Suer du sang. Dans cet exemple et dans le précédent Suer est pris activement.

Suer

Suer, signifie figurément, Travailler beaucoup, se donner beaucoup de peine pour venir à bout de quelque chose. J'ai bien sué pour cette affaire. Il m'a bien fait suer. Il a bien sué sur cet ouvrage.

En parlant d'Un homme dont la conversation est pesante et importune, on dit, C'est un homme qui fait suer.

On dit figurément, familiérement, et par exagération, Suer sang et eau. Il a fallu suer sang et eau, pour le réduire à la raison. Dans cette phrase, il se prend activement.

On dit, Suer la vérole, pour dire, Se faire suer pour guérir de la vérole; et dans cette phrase, il se prend encore activement. On dit aussi absolument, Suer, dans le même sens. Il ne guérira point s'il ne sue, s'il ne se fait suer.

SUETTE

SUETTE. subst. fém. Maladie épidemique et contagieuse qui consiste dans une sueur abondante, avec fièvre maligne, et plusieurs autres accidens.

SUEUR

SUEUR. substant. fém. Humeur liquide, sérosité qui sort par les pores quand on sue. Sueur abondante. Sueur copieuse. Sueur bénigne. Sueur aigre. Sueur fétide. Sueur colliquative. Une sueur froide. La sueur de la mort. La sueur me vint au front. La sueur lui couloit sur le visage. Il étoit tout en sueur, dégouttant de sueur. Son mal s'en ira par les sueurs. La crise est parfaite, quand la sueur est universelle. Cela provoque la sueur, Il lui prit une petite sueur. Il lui prend des sueurs de temps en temps.

On dit proverbialement, Gagner son pain, gagner sa vie à la sueur de son corps, à la sueur de son visage, de son front, pour dire, En travaillant beaucoup, en se donnant beaucoup de peine. Ce sont de pauvres gens qui gagnent leur vie à la sueur de leur corps. Dieu, après le péché d'Adam, lui dit, qu'il mangeroit son pain à la sueur de son front.

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