LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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Page 553
SÉDUCTEUR, TRICE
SÉDUCTEUR, TRICE. s. Celui,
celle qui séduit, qui fait tomber en erreur
ou en faute. Mahomet étoit un séducteur.
Séducteur de jeunes gens. Séductrice
de femmes, de filles.
Il est aussi adjectif. Un discours, un
ton séducteur. On appelle Le diable, L'esprit
séducteur.
SEDUCTION
SEDUCTION. subst. fémin. Action
par laquelle on séduit. Séduction de la
jeunesse. La séduction est manifeste. Il
employa l'argent et les promesses, et tout
ce qui peut contribuer à la séduction.
La séduction de l'esprit. La séduction du
coeur. Rapt de séduction. Séduction detémoins.
On dit aussi, La séduction, En parlant
De la propriété que certaines
choses ont de séduire. La séduction des
richesses, de la jeunesse, de l'esprit,
du pouvoir. Les séductions de la vie sont
innombrables, pressantes, inévitables.
Séduction
Séduction, se dit aussi au sens
d'Attrait, agrément.
On dit d'Un Écrivain, d'un homme
dont le style, dont l'esprit, ont un agrément
propre à séduire, qu'Il a de la
séduction dans le style, dans l'esprit. Il se
dit en bonne part.
SÉDUIRE
SÉDUIRE. verb. a. (Il se conjugue
comme Réduire.) Tromper, faire tomber
dans l'erreur par ses insinuations,
par ses écrits, par ses discours, par
ses exemples. Cet hypocrite séduisoit les
peuples.
Il signifie de même, Faire tomber en
faute, abuser, corrompre, débaucher.
Séduire des témoins. Séduire des domestiques,
des valets, pour les faire parler
contre leur maître. C'est un jeune homme
qu'on a séduit. Il s'est laissé séduire. Cette
fille se laissa séduire sous prétexte de
mariage.
Il se dit aussi absolument. Ce discours
est dangereux et très--propre à séduire.
Il signifie aussi, Toucher, plaire,
persuader. Cela séduit. Son ton séduit.
Sa manière de lire séduit.
Séduit, ite
Séduit, ite. participe.
SÉDUISANT, ANTE
SÉDUISANT, ANTE. adject. Qui
séduit. Discours séduisant. Conversation
séduisante. Ton séduisant. Air séduisant.
Il se dit ordinairement en bonne part.
SEG
SEGMENT
SEGMENT. s. mas. Terme de Géométrie.
Partie d'un cercle comprise
entre un arc quelconque et sa corde.
Segment de cercle.
SÉGRAIRIE
SÉGRAIRIE. s. f. Terme d'Eaux et
Forets. Bois possédé par indivis ou en
commun, soit avec le Roi, soit avec
des particuliers.
SÉGRAIS
SÉGRAIS. s. m. Terme d'Eaux et
Forêts. Bois séparé des grands bois, et
qu'on exploite à part.
SÉGRÉGATION
SÉGRÉGATION. s. f. Action par
laquelle on met quelqu'un ou quelque
chose à part.
SEI
SEIGLE
SEIGLE. s. mas. Sorte de blé plus
menu, plus long et plus brun que le
froment. Seigie vieux. Seigle nouveau.
Un setier de seigle. En ce pays--là, on ne
mange que du seigle. Le pain de seigle est
moins blanc et moins nourrissant que le
pain--de froment.
Il se dit aussi Du seigle avec la
paille. Une gerbe de seigle. Terre à seigle.
Paille de seigle. Les seigles sont maigres
cette année. Couper les seigles. Battre les
seigles.
On dit, Faire les seigles, pour dire,
Couper les seigles.
SEIGNEUR
SEIGNEUR. s. m. Maître, possesseur
d'un Pays, d'un État, d'une Terre.
Seigneur souverain. Seigneur d'une Ville,
d'un Bourg, d'un Village. Seigneur de plusieurs
États. Il est Seigneur de plusieurs
grandes Terres. Les habitans le reconnurent
pour Seigneur. Il résista à son Seigneur.
Faire le Seigneur, le petit Seigneur.
Il signifie aussi, Maître, possesseur
d'une Terre qui a sous elle des Fiefs
qui en relèvent. Seigneur suzerain. Rendre
foi et hommage à son Seigneur. On
confisque le bien d'un Vassal qui refuse de
rendre hommage à son Seigneur. En matière
de Fiefs, la plupart des Coutumes
portent cette maxime, Nulle Terre sans
Seigneur. Il y en a un petit nombre qui
tiennent au contraire, Nul Seigneur sans
Terre. Seigneur haut Justicier, moyen
Justicier, bas Justicier.
On dit proverbialement, Tandis que
le Vassal dort, le Seigneur veille, pour
dire, que Le Seigneur profite des fruits
d'un Fief mouvant de lui, lorsque le
Vassal néglige de lui rendre foi et hommage.
On donne le titre de Seigneur à quelques
personnes distinguées par leur
dignité ou par leur rang, pour leur
faire plus d'honneur. Haut et puissant
Seigneur. Les Seigneurs tels. Une assemblée
de Seigneurs.
On appelle en Angleterre, La Chambre
haute, La Chambre des Seigneurs.
On dit, Vivre en Seigneur, en grand
Seigneur, pour dire, Vivre magnifiquement.
Vêtu, logé comme un Seigneur,
Très--bien vêtu, logé.
On dit proverbialement, À tous Seigneurs,
tous honneurs; à tout Seigneur,
tout honneur.
Dans le langage de l'Écriture, Dieu
est appelé par excellence; Le Seigneur;
et Jésus--Christ est appelé ordinairement,
Notre--Seigneur.
On appelle communément L'Empereur
des Turcs, Le Grand--Seigneur.
SEIGNEURIAGE
SEIGNEURIAGE. s. mas. Droit du
Seigneur. Il ne se dit que Du droit que
le Roi ou quelque autre Souverain
prend sur la fabrication des monnoies.
Droit de Seigneuriage. Il revient au Roi
tant par marc, pour droit de Seigneuriage.
SEIGNEURIAL, IALE
SEIGNEURIAL, IALE. adject. Qui
appartient au Seigneur. Titre seigneurial.
Droits seigneuriaux. On appelle
Maison seigneuriale, La maison affectée
à l'habitation du Seigneur du lieu.
Seigneurial
Seigneurial, signifie aussi, Qui
donne des droits de Seigneur. Terre
seigneuriale. Cette Terre est fort seigneuriale.
Il y a des Terres plus seigneuriales
les unes que les autres.
SEIGNEURIE
SEIGNEURIE. s. f. Droit, puissance,
autorité qu'un homme a sur la
Terre dont il est Seigneur, et sur tout
ce qui en relève. Une Seignourie qui a
de beaux droits. C'est une Seigneurie très--ancienne, La Terre et Seigneurie d'un tel
lieu. La Seigneurie de cette Terre s'étend
bien loin.
Quand on dit, qu'Un homme a vendu
une Terre, et qu'il s'en est réservé la Seigneurie,
on veut donner à entendre,
qu'Il s'en est réservé les mouvances,
qu'il en a retenu le Fief.
Seigneurie
Seigneurie, signifie quelquefois,
Terre seigneuriale. Il a acheté une belle
Seigneurie. Le Roi a érigé cette Seigneurie
en Marquisat.
En parlant De la République de Venise,
on appelle Seigneurie, L'assemblée
de ceux qui ont la principale part
au Gouvernement. Le Doge accompagne
de toute la Seigneurie.
Seigneurie
Seigneurie, est aussi Un terme
d'honneur et de civilité pris de l'Italien,
dont les Ministres et les Secrétaires
d'État se sont servis long--temps eu
France, en parlant ou en écrivant aux
Nonces du Pape, et ils y joignoient
celui d'Illustrissime. Du reste, on ne
se sert du terme de Seigneurie tout seul,
que par plaisanterie, et avec des gens
avec qui on est très--familier. Je baise
les mains à votre Seigneurie. Serviteur à
votre Seigneurie.
SEIME
SEIME. s. fém. Fente ou division de
l'ongle du cheval à sa naissance, c'est--à--dire, dès la couronne. Elle peut se
continuer jusqu'à la pince. L'espèce de
Seime qui partage le sabot par le milieu,
se nomme Soie ou Pied--de--Boeuf>
La Seime qui affecte un des quartiers,
retient le nom de Seime. Quelques--uns
la nomment Seime--quarte.
SEIN
SEIN. substant. masculin. La partie
du corps, humain qui est depuis
le bas du cou jusqu'au creux de l'estomac.
Cette femme est morte d'un cancer
au sein.
On le dit plus particulièrement, pour
signifier Les mamelles des femmes.
Elle a le sein découvert. Son enfant dormoit
sur son sein. Elle a mal au sein. Et
c'est dans ce sens que l'on dit, qu'On
a coupé le sein droit, ou le sein gauche
à une femme, pour dire, qu'On lui a
coupé la mamelle droite, ou la mamelle
gauche.
Sein
Sein, se dit quelquefois De la partie
où les femmes conçoivent, et où elles
portent leur fruit. Le fruit que cette femme
porte dans son sein.
Dans le style de l'Écriture--Sainte,
Le sein d'Abraham, se dit Du lieu de
repos où étoient les âmes des Élus
avant la venue de Jésus--Christ. Et
en termes de Théologie, Le sein de
la gloire, se dit Du sejour des Bienheureux.
On dit figurément, Le sein de l'Église,
pour dire, La Communion de l'Église
Catholique. Il est rentré dans le sein de
l'Église Catholique.
On dit dans le même sens, Il est mort
dans le sein de l'hérésie.
On dit figurément, Le sein de la terre,
le sein de la mer, pour dire, Ce qui est
au--dessous de la surface de la terre,
de la mer. Ouvrir le sein de la terre pour
en tirer les trésors qui y sont. Il y a bien
des richesses cachées dans le sein de la
mer, dans le sein des mers.
On dit, Porter la guerre dans le sein
d'un Royaume, d'une Province, pour
dire, Porter la guerre au milieu d'un
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