Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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figuré, il précède en général le nom, et il le
suit quand il est employé au propre. Ainsi un
pauvre écrivain n'est pas la même chose qu'un
écrivain pauvre; dans le premier cas l'écrivain
manque de talent, dans le second cas il manque
de fortune.

Il ne m'a pas dit un pauvre mot, Pas un seul
mot de politesse, de consolation.

Fig. et fam., Un pauvre sire, Un homme
sans considération, sans mérite.

Un pauvre homme, Celui qui manque
d'adresse, de volonté, d'énergie. Vous êtes un
pauvre homme de vous laisser mener ainsi, de
vous laisser duper de la sorte. J'ai cru qu'il était
malhonnête : ce n'est qu'un pauvre homme.

PAUVREMENT. adv. Dans l'indigence,
dans la pauvreté; D'une manière qui indique
la pauvreté. C'est un homme qui vit pauvrement.
Il est pauvrement logé.

Être vêtu pauvrement, Être mal habillé, être
habillé comme quelqu'un qui est dans la
misère.

Une maison pauvrement meublée, Une maison
mal meublée et d'une manière insuffisante.

PAUVRESSE. n. f. Femme pauvre qui
mendie. Donner l'aumône à une pauvresse.

PAUVRET, ETTE. n. Diminutif de Pauvre :
ternie de commisération, d'affection. Le pauvret,
la pauvrette ne sait où aller.
Il est familier.

PAUVRETÉ. n. f. Indigence, manque des
choses nécessaires à la vie. Tomber dans une
extrême pauvreté. Tirer quelqu'un de la pauvreté.

Par extension, Cette région est d'une
grande pauvreté.

Prov., Pauvreté n'est pas vice, Pour être
pauvre, on n'est pas malhonnête homme.

En termes de Dévotion, Pauvreté évangélique,
La renonciation volontaire aux biens
temporels, suivant le conseil de l'Évangile.
Pauvreté d'esprit, Le détachement entier des
biens de la terre.

Il se dit aussi figurément et désigne l'État
de ce qui est insuffisant. L'abondance des mots
couvre mal la pauvreté de la pensée. La pauvreté
de la langue. Il a montré la pauvreté de son
esprit.

PAUVRETÉ se dit encore, figurément et familièrement,
de Certaines choses insignifiantes
qu'on dit ou qu'on fait, de Ce qui est commun,
plat, mauvais, dans les oeuvres littéraires ou
artistiques. Un grand diseur de pauvretés. Il y
a dans cet ouvrage beaucoup de pauvretés
.

PAVAGE. n. m. Surface pavée. Pavage de
grès, de pierre dure, de lave. Pavage de bois.

Il se dit aussi du Travail du paveur et des
Matériaux fournis par lui. J'ai payé une assez
grosse somme pour le pavage de ma cour
.

PAVANE. n. f. Sorte d'ancienne danse grave
et sérieuse. Danser la pavane, une pavane.

PAVANER (SE). v. pron. Marcher d'une
manière fière, superbe, comme un paon qui fait
la roue. Sa vanité éclate dans la façon dont il se
pavane.

Il signifie aussi Faire le fier. Il se pavane dans
sa nouvelle dignité
.

PAVÉ. n. m. Morceau de grès, de pierre dure,
de bois, etc., dont on se sert pour paver. Le
grès de Fontainebleau fait de bons pavés. Soulever
un pavé. Un cent de pavés. Un tas de pavés
de bois.

Gros pavé, Celui dont on se sert pour les rues
et les routes. Petit pavé, Celui que l'on emploie
pour paver les cours, les cuisines, etc.

Pavé refendu, Pavé qui n'a que la moitié de
l'épaisseur du pavé ordinaire et dont on se
sert pour les lieux où les voitures ne circulent
pas.

PAVÉ se dit aussi de l'Ensemble des pavés
qui couvrent une surface, une rue, une route.
On a refait le pavé de cette rue. Pavé à compartiments
de diverses couleurs. Pavé de mosaïque.
Pavé uni, raboteux. Le pavé de l'église est tout
de marbre. Le pavé d'une cour, d'une cuisine,

d'une écurie, d'une antichambre, d'une salle à
manger, d'une salle de bains.

Il se dit particulièrement en parlant d'un
Chemin, d'une rue, etc. Ne quittez pas le pavé.
Suivez le pavé. Entretenir le pavé. Le pavé est
mauvais, est glissant.

Sur le pavé de Paris, Dans Paris, en tout
Paris. Vous ne trouverez pas la pareille sur le
pavé de Paris.

Fig. et fam., Être sur le pavé se dit d'une
Personne qui n'a point de domicile, qui ne
trouve pas où loger. Il signifie aussi Être sans
place, sans condition, sans emploi.

On l'a mis sur le pavé, On l'a fait sortir de
son logement, sans qu'il sache où en trouver
un autre. Il signifie encore : On lui a ôté sa
place, ses moyens d'existence. On a mis ses
meubles sur le pavé,
On les a mis dans la rue.

Fam., Battre le pavé, Aller par les rues, courir
par la ville pour se dépenser en démarches qui
restent sans résultat. Depuis qu'il a perdu son
emploi, il ne fait que battre le pavé.

Le haut du pavé, La partie du pavé qui est
du côté des maisons, et qui était considérée
comme la meilleure, à l'époque où le milieu de
la rue était occupé par le ruisseau. Prendre,
céder, disputer le haut du pavé.

Fig. et fam., Tenir le haut du pavé, Être au
premier rang, jouir d'une grande considération
dans une ville, dans une compagnie. On
dit de même figurément Disputer le haut du
pavé.

Fig. et fam., Brûler le pavé, Aller très vite
à cheval ou en voiture.

Fig. et fam., Le pavé de l'ours, Acte, geste
bien intentionné, mais lourd et maladroit, par
allusion à la fable de La Fontaine. C'est le pavé
de l'ours.

PAVÉ se dit encore, par analogie, d'un Bloc
carré qui a l'apparence d'un pavé. Un pavé de
pain d'épices.

PAVEMENT. n. m. Action de paver. Le
pavement des rues de Paris n'eut lieu que sous
Philippe-Auguste.

Il se dit aussi des Matériaux qu'on emploie
pour cet effet et, plus particulièrement, des
Ouvrages de luxe et de goût qui forment les
pavages intérieurs. Le pavement en mosaïque
d'une église. Le pavement des édifices grecs et
romains était souvent de marbre de couleur.

PAVER. v. tr. Couvrir le terrain, le sol d'un
chemin, d'une rue, d'une cour, d'une écurie,
d'une salle, etc., avec du grès, du marbre, de la
brique, du bois, etc., pour le rendre plus solide
et plus uni, pour permettre d'y marcher ou
d'y faire passer des voitures plus commodément.
Faire paver une écurie. Paver une église
de dalles, de pierre de liais. Paver une salle à
manger de carreaux de marbre. Salle pavée en
mosaïque.

Absolument, Les voitures ne peuvent point
passer dans cette rue, on y pave
.

Prov. et fig., L'enfer est pavé de bonnes intentions,
Voyez INTENTION.

Fig. et fam., Il a le gosier pavé, se dit d'un
Homme qui mange ou boit extrêmement chaud
ou qui fait un grand usage soit d'épices, soit de
liqueurs fortes.

PAVESADE. n. f. T. de Marine. Toile ou
étoffe qu'on tendait en dehors autour des bords
d'une galère, le jour d'un combat, pour dérober
aux ennemis la vue de ce qui se faisait, de
ce qui se passait sur le pont. Tendre la pavesade.

PAVEUR. n. m. Celui dont le métier est de
paver.

PAVIE. n. m. Sorte de pêche dont la chair
est adhérente au noyau. Pavies rouges.

PAVILLON. n. m. Il se disait d'une Sorte de
tente de forme ronde ou carrée, et terminée en
pointe par en haut, qui servait jadis au campement
des gens de guerre. Les pavillons étaient
ordinairement faits de coutil. L'arbre
ou le mât
d'un pavillon. Les cordages d'un pavillon. Tendre
un pavillon.

Il se dit aussi d'un Tour d'étoffe dont on
couvre le tabernacle, dans quelques églises.

Il se dit également du Tour d'étoffe qu'on
met sur le saint ciboire.

Il désigne, en termes d'Architecture, un
Bâtiment isolé ou un Corps de bâtiment ordinairement
carré, appelé ainsi, à cause de la
ressemblance de sa forme avec celle des pavillons
d'armée. Un pavillon de chasse. Il a bâti
un pavillon au bout de son jardin. Un corps de
logis entre deux pavillons.

Il désigne aussi l'Extrémité évasée d'une
trompette, d'un cor, d'un porte-voix, etc.

En termes d'Anatomie, Le pavillon de
l'oreille,
Le cornet formé par la conque de
l'oreille.

PAVILLON désigne, en termes de Marine, une
Sorte de drapeau ou d'étendard, de forme rectangulaire,
et dont le principal usage est de
faire connaître à quelle nation appartient le
bâtiment sur lequel il est arboré. Quand il a
cet usage, on le place au mât de l'arrière : placé
à d'autres mâts, il sert à indiquer le rang de
l'officier général de mer qui commande. Il n'y
a que l'amiral qui porte le pavillon au grand
mât. Le pavillon de France. Le pavillon français.
Un vaisseau battant pavillon anglais. Naviguer
sous le pavillon des États-Unis. Arborer le pavillon.
Hisser le pavillon. Mettre le pavillon bas.
Baisser le pavillon. Rentrer le pavillon,
Le faire
descendre au moment du coucher du soleil.

Amener le pavillon, Le faire descendre avant
de se rendre à l'ennemi. Le vaisseau étant fortement
endommagé, on dut amener le pavillon.

Assurer son pavillon, Tirer un coup de canon
en arborant le pavillon de sa nation.

Pavillon en berne, Pavillon hissé, déployé à
mi-distance entre le sommet du mât et le pont
du navire, soit en signe de deuil, soit comme
signal de détresse, soit lorsqu'un homme vient
de tomber à la mer. Mettre le pavillon en berne.

Pavillon de compagnie, Insigne distinctif
d'une compagnie de navigation.

Capitaine de pavillon, Officier commandant
un vaisseau monté par un amiral.

Mât de pavillon, Mât spécial placé à l'arrière
du navire et sur lequel on hisse le pavillon
national.

Fig. et fam., Baisser pavillon ou Mettre pavillon
bas
, Céder et se reconnaître inférieur à
la personne à qui l'on se trouve comparé, avec
qui l'on est en concurrence, en contestation.
Pour cela, je baisse pavillon, et je reconnais
que vous l'emportez sur moi. C'est un homme
éminent, devant qui il faut mettre pavillon bas.
Vos raisons sont meilleures que les miennes, je
cède et je baisse pavillon. Je lui ferai baisser
pavillon
.

Fig., Se ranger sous le pavillon de quelqu'un,
Se mettre sous sa protection.

PAVILLON s'emploie quelquefois, figurément,
pour désigner les Vaisseaux, l'armée navale,
la puissance maritime d'une nation. On est
protégé, dans les parages étrangers, par le pavillon
de sa nation. Le pavillon anglais domine
sur ces mers. Cet amiral, dans la dernière guerre,
a soutenu l'honneur du pavillon français.

Le pavillon couvre la marchandise, Le commerce
des neutres doit être respecté par les
puissances belligérantes. Il signifie aussi que
Le transport d'une marchandise est légitimé
par le pavillon que porte le navire qui la transporte.
Il se dit encore, figurément, d'une
Chose qui a pour garantie le nom de celui qui
l'a produite, le crédit de l'endroit d'où elle provient.
Je ne sais ce que contient ce livre, mais le
pavillon couvre la marchandise
.

Trafiquer sous pavillon neutre, Employer, en
temps de guerre, des bâtiments neutres pour le
transport de ses marchandises.

PAVOIS. n. m. Sorte de grand bouclier. On
n'emploie guère ce mot qu'en parlant des
Usages de l'époque mérovingienne ou dans la
poésie. Lorsqu'on élisait un roi, on le hissait sur
le pavois.

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