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Cardinal se dit aussi d'offices séculiers: ainsi les premiers ministres de la cour de Theodose sont aussi appellés cardinaux. Et Cassiodore, liv. VII. form. 31. fait mention du prince cardinal de la ville de Rome. On trouve parmi les officiers du duc de Bretagne en 1447, un Raoul de Thorel, cardinal de Quillart, chancelier & serviteur du vicomte de Rohan; ce qui montre que c'étoit un office subalterne. (G)
Anciennement dans l'Eglise Latine, le carême n'étoit que de trente - six jours. Dans le cinquieme siecle, pour imiter plus précisément le jeûne de quarante jours, que Jesus - Christ souffrit au desert; quelques-uns ajoûterent quatre jours, & cet usage a été suivi dans l'Occident, si l'on en excepte l'église de Milan, qui a conservé l'ancien usage, de ne faire le carême que de trente - six jours.
Suivant S. Jérôme, S. Léon, St. Augustin, & plusieurs autres, le carême a été institué par les Apôtres. Voici comment ils raisonnent: tout ce que l'on trouve établi généralement dans toute l'Eglise, sans en voir l'institution dans aucun concile, doit passer pour un établissement fait par les Apôtres; or tel est le jeûne du carême. On n'en trouve l'institution dans aucun concile; au contraire, le premier concile de Nicée, celui de Laodicée, aussi bien que les peres Grecs & Latins, sur - tout Tertullien, parlent du carême comme d'une chose générale & très - ancienne.
Calvin, Chemnitius, & les Protestans prétendent que le jeûne du carême a été d'abord institué par une espece de superstition, & par des gens simples qui voulurent imiter le jeûne de Jesus - Christ; ils prétendent prouver ce fait par un mot de S. Irénée, cité par Eusebe. Preuve très - foible, ou pour mieux dire de nulle valeur, quand on a contre elle le témoignage constant de tous les autres peres, & la pratique de l'Eglise universelle.
D'autres disent que ce fut le pape Telesphore, qui l'institua vers le milieu du second siecle; d'autres conviennent que l'on observoit à la vérité le carême dans l'église, c'est - à - dire, un jeûne de quarante jours avant Pâques, du tems des Apôtres; mais que c'étoit volontairement; & qu'il n'y eut de loi que vers le milieu du troisieme siecle. Le précepte ecclésiastique quand il seroit seul, formeroit une autorité que les réformateurs auroient dû respecter, s'ils avoient moins pensé à introduire le relâchement dans les moeurs que la réforme.
Les Grecs different des Latins par rapport à l'abstinence du carême; ils le commencent une semaine plûtôt, maîs ils ne jeûnent point les samedis comme les Latins, excepté le samedi de la semainesainte.
Les anciens moines Latins faisoient trois carêmes; le grand, avant Pâque; l'autre, avant Noël, qu'on appelloit de la S. Martin; & l'autre, de S. Jean - Baptiste, après la Pentecôte; tous trois de quarante jours.
Outre celui de Pâques, les Grecs en observoient quatre autres qu'ils nommoient les carêmes des Apôtres, de l'Assomption, de Noël, & de la Transfiguration: mais ils les réduisoient à sept jours chacun; les Jacobites en font un cinquieme, qu'ils appellent de la pénitence de Ninive; & les Maronites six, y ajoûtant celui de l'exaltation de la Sainte - croix.
Le huitieme canon du concile de Tolede ordonne que ceux qui, sans une nécessité évidente, auront mangé de la chair pendant le carême, n'en mangeront point pendant toute l'année, & ne communieront point à Pâque.
Quelques - uns prétendent que l'on jeûne les quarante
jours que dure le carême, en mémoire du déluge,
qui dura autant de tems; d'autre, des quarante
années pendant lesquelles les Juifs errerent dans le
desert; d'autres veulent que ce soit en mémoire des
quarante jours qui furent accordés aux Ninivites pour
faire pénitence; les uns, des quarante coups de fouets
que l'on donnoit aux malfaiteurs pour les corriger;
les autres, des quarante jours de jeûne que Moyse
observa en recevant la loi, ou des quarante jours que
jeuna Elie, ou enfin des quarante jours de jeûne
qu'observa Jesus - Christ.
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