Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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PAUVRETÉ se dit encore, figurément et familièrement, de Certaines choses basses et méprisables qu'on dit ou qu'on fait. Il ne m'a dit, il ne m'a écrit que des pauvretés. C'est un grand diseur de pauvretés. Quelle pauvreté!

Il se dit également de Ce qui est commun, plat, mauvais, dans les ouvrages de l'art. Il y a bien des pauvretés dans cet ouvrage. Ses épîtres, ses odes ne sont que des pauvretés.

PAVAGE. s. m. Ouvrage fait avec du pavé. Un pavage bien fait. Pavage de grès, de pierre dure, de lave.

Il se dit aussi Du travail du paveur, et des matériaux fournis par lui. J'ai payé tant pour le pavage de ma cour. Un mémoire de pavage.

PAVANE. s. f. Sorte d'ancienne danse grave et sérieuse. Danser la pavane. Danser une pavane.

PAVANER (SE). v. pron. Marcher d'une manière fière, superbe, comme un paon qui fait la roue. Voyez comme il se pavane. Il aime à se pavaner.

PAVÉ. s. m. Morceau de grès, de pierre dure, de marbre, etc., dont on se sert pour paver. Le grès de Fontainebleau fait de bon pavé. Il manque quelques pavés de marbre dans cette salle à manger. Lorsqu'on ne désigne pas de quelle espèce sont les pavés dont on parle, on entend ordinairement Des pavés de grès ou de caillou, servant à paver les rues, les cours, etc. Lever un pavé. Arracher un pavé. Un cent de pavés. Une charretée de pavés.

Gros pavé, Celui dont on se sert pour les rues et les grands chemins. Petit pavé, Celui que l'on emploie pour paver les cours, les cuisines, les écuries.

Pavé refendu, Pavé qui n'a que la moitié de l'épaisseur du pavé ordinaire, et dont on se sert pour les lieux où les voitures ne circulent pas.

PAVÉ se dit aussi de L'assemblage de pavés qui couvre une aire, une surface. Pavé de grès, de cailloux, de marbre, de brique, de lave, de pierre de liais. Ce pavé est bien fait, est mal fait. Pavé à compartiments de diverses couleurs. Pavé de mosaïque. Pavé uni, raboteux. Le pavé de l'église est tout de marbre. Le pavé d'une cour, d'une cuisine, d'une écurie, d'une antichambre, d'une salle à manger, d'un cabinet de bains.

Il se dit particulièrement en parlant D'un chemin, d'une rue, etc. Ne quittez pas le pavé. Suivez le pavé. Entretenir le pavé. Avoir soin du pavé. Le pavé de Paris à Orléans. On a refait le pavé de cette rue. Le pavé est mauvais, est glissant, est rompu en plusieurs endroits. D'ici à tel endroit, c'est tout pavé.

Fam., Se promener sur le pavé de Paris, Se promener dans les rues de Paris.

Prov., Être sur le pavé, se dit D'une personne qui n'a point de domicile, qui ne trouve pas où loger. Il signifie aussi, Être sans place, sans condition, sans emploi.

On l'a mis sur le pavé, On l'a fait sortir de son logement, sans qu'il sache où en trouver un autre. On a mis ses meubles sur le pavé, On les a mis dans la rue.

Prov. et fig., Être sur le pavé du roi, Être sur la voie publique, être dans un lieu où l'on a droit d'être comme tout le monde, et d'où l'on ne peut être exclu par personne. On n'a rien à lui dire, il est sur le pavé du roi.

Bride en main sur le pavé, Il est dangereux de galoper sur le pavé.

Prov. et fig., Bride en main sur le pavé, Il ne faut rien précipiter dans les affaires délicates, et qui peuvent avoir des suites fâcheuses.

Fam., Battre le pavé, Aller par les rues, courir par la ville sans aucune affaire et pour perdre le temps. Il ne fait que battre le pavé.

Fam., Batteur de pavé, Fainéant qui passe son temps à courir les rues.

Le haut du pavé, La partie du pavé qui est du côté des murailles. Prendre, céder, disputer le haut du pavé.

Fig. et fam., Tenir le haut du pavé, Être au premier rang, jouir d'une grande considération dans une ville, dans une compagnie. Il tient le haut du pavé dans ce pays-là. On dit de même: Je ne connais ici personne qui puisse lui disputer le haut du pavé. Il a pris le haut du pavé sur toutes les personnes de son état, de sa profession.

Fig. et fam., Ce médecin, ce maître de danse, de musique, etc., gagne beaucoup sur le pavé de Paris; le pavé de Paris lui vaut beaucoup, Il a beaucoup de pratiques, beaucoup d'écoliers dans Paris.

Fig. et fam., Faire quitter le pavé à quelqu'un, Le faire retirer, faire qu'il n'ose plus paraître.

Fig. et fam., Brûler le pavé, Aller très-vite à cheval ou en voiture.

Fig. et fam., Tâter le pavé, Agir avec circonspection.

PAVEMENT. s. m. Il se dit de L'action de paver, et Des matériaux qu'on emploie pour cet effet. Il en a coûté tant pour le pavement de cette cour.

Il se dit, plus particulièrement, Des ouvrages de luxe et de goût qui forment les pavages intérieurs. Le pavement en mosaïque d'une église. Le pavement des édifices grecs et romains était souvent de marbre de couleur.

PAVER. v. a. Couvrir le terrain, le sol d'un chemin, d'une rue, d'une cour, d'une écurie, d'une salle, etc., avec du grès, de la pierre dure, du caillou, du marbre, de la brique, etc., pour le rendre plus solide et plus uni, pour y marcher, ou y faire passer des voitures plus commodément. Paver un chemin, une rue, une cour. Faire paver une écurie. Paver une église de dalles, de pierre de liais. Paver une salle à manger de carreaux de marbre. Paver de grès, de brique, de cailloux.

Il s'emploie quelquefois absolument. Chacun fut obligé de faire paver devant sa porte. Les voitures ne peuvent point passer dans cette rue, on y pave.

PAVÉ, ÉE. participe Chemin pavé. Salle pavée de marbre, pavée de petits carreaux, pavée en mosaïque.

Prov. et fig., Les rues en sont pavées, se dit en parlant De choses dont il y a une grande abondance dans une ville, et De certaines gens dont il y a une multitude. Les oranges étaient autrefois fort rares, maintenant les rues en sont pavées. Les rues de cette ville sont pavées de filous.

Fig. et fam., Il a le gosier pavé, se dit D'un homme qui mange ou boit extrêmement chaud, ou qui fait un grand usage soit d'épices, soit de liqueurs fortes.

PAVESADE. s. f. T. de Marine. Toile ou étoffe qu'on tendait en dehors autour des bords d'une galère, le jour d'un combat, pour dérober aux ennemis la vue de ce qui se faisait, de ce qui se passait sur le pont. Tendre la pavesade.

PAVEUR. s. m. Celui dont le métier est de paver des rues, des chemins, des cours. C'est un bon paveur. Faire marché avec les paveurs.

PAVIE. s. m. (On prononce Pavi.) Sorte de pêche dont la chair est adhérente au noyau. De gros pavies. Pavies rouges. Pavies jaunes. Le pavie nous a été apporté de Lombardie.

PAVILLON. s. m. Espèce de logement portatif de forme ronde ou carrée, et terminé en pointe par en haut, qui servait jadis au campement des gens de guerre. Les pavillons étaient ordinairement faits de coutil. L'arbre ou le mât d'un pavillon. Les cordages d'un pavillon. Tendre un pavillon.

PAVILLON en termes de Tapissier, Tour de lit plissé par en haut, et suspendu au plancher, ou attaché à un petit mât vers le chevet. Un pavillon de taffetas, de toile des Indes, de serge. On dit aujourd'hui, Couronne.

PAVILLON se dit aussi d'Un tour d'étoffe dont on couvre le tabernacle, dans quelques églises.

Il se dit également Du tour d'étoffe qu'on met sur le saint ciboire.

PAVILLON en Architecture, Corps de bâtiment ordinairement carré, appelé ainsi, à cause de la ressemblance de sa forme avec celle des pavillons d'armée. Sa maison ne consiste qu'en un pavillon. Il a bâti un pavillon au bout de son jardin. Un corps de logis entre deux pavillons. Un corps de logis ayant un pavillon au milieu. Gros pavillon.

PAVILLON signifie aussi, L'extrémité évasée d'une trompette, d'un cor, d'un porte-voix, etc.

En termes d'Anat., Le pavillon de l'oreille, Le cartilage de l'oreille.

PAVILLON en termes de Marine, Espèce de bannière ou d'étendard, qui est en forme de carré long, et dont le principal usage est de faire connaître à quelle nation appartient le bâtiment sur lequel il est arboré. Quand il a cet usage, on le place au mât de l'arrière: placé à d'autres mâts, il sert à indiquer le rang de l'officier général de mer qui commande. Il n'y a que l'amiral qui porte le pavillon au grand mât. Le pavillon de France. Le pavillon d'Angleterre. Arborer le pavillon. Mettre le pavillon bas. Baisser le pavillon.

Amener le pavillon, Le baisser par déférence ou par force.

Assurer son pavillon, Tirer un coup de canon, en arborant le pavillon de sa nation.

Mettre le pavillon en berne, Le plier dans sa hauteur, de manière qu'il ne fasse qu'un faisceau, pour rappeler ceux de l'équipage

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