Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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Il fut exposé aux insultes et aux moqueries
de la multitude.

MOQUETTE. n. f. Étoffe à chaîne et à
trame de fil, veloutée en laine, dont on fait
des tapis. Moquette unie, à dessins. Moquette
rouge. Tapis de moquette. Le parquet était recouvert
d'une moquette.

MOQUEUR, EUSE. adj. Qui se moque,
qui raille, qui a l'habitude de se moquer,
de railler. Air moqueur. Rire moqueur. Il a
l'humeur moqueuse.

Il s'emploie aussi substantivement. C'est un
moqueur, une moqueuse.

MORAILLES. n. f. pl. Instrument de maréchal,
sorte de tenailles, avec lesquelles on
pince le nez d'un cheval impatient, vicieux,
pour le ferrer ou lui faire subir quelque opération.
Mettez-lui les morailles.

MORAILLON. n. m. Pièce de fer fixée
au battant d'une porte ou au couvercle d'un
coffre ou d'une malle, et garnie d'un demi-
anneau qu'on passe dans une lunette et qu'on
ferme au moyen d'un pêne ou d'un cadenas.

MORAINE. n. f. T. de Géologie. Terrain
escarpé au bord d'un torrent, d'une rivière,
d'un lac.

Il se dit particulièrement d'un Amas de
pierres que les glaciers ont déposé sur leurs
bords, en leur milieu et à leur extrémité, inférieure.
Moraine latérale, médiane, terminale.

MORAL, ALE. adj. Qui concerne les moeurs.
Doctrine, philosophie, théologie morale. Les oeuvres
morales de Plutarque. Préceptes moraux.
Réflexions morales. Contes moraux.

MORAL signifie encore Qui a rapport à la
règle des moeurs.

Loi morale, Loi que chacun porte en soi et
qui nous dicte ce qu'il faut faire et ne pas
faire.

Conscience morale, Connaissance intime de
ce qui est conforme ou contraire à la loi morale.

Sens moral, Discernement de ce qui est
conforme ou contraire à la loi morale. Avoir
perdu tout sens moral.

MORAL signifie aussi Qui a des moeurs, qui
a des principes et une conduite conforme à
la morale. Cet homme, qui passait pour fort
moral, n'était qu'un hypocrite.

Il se dit aussi des Choses et signifie Qui
est conforme aux bonnes moeurs. Ce livre, ce
récit est très moral.

Il se dit encore de Ce qui ne tombe point
sous les sens. Dans cette acception, il est
opposé à Physique. Le monde moral. Causes
morales. Preuves morales. Sciences morales.
Malgré l'affaiblissement de ses forces physiques,
ses forces morales, ses facultés morales n'ont
rien perdu de leur énergie. Souvent on supporte
plus facilement le mal physique que le mal
moral. Ce mot s'emploie au sens moral dans
beaucoup d'acceptions.

Certitude morale, Certitude fondée sur de
fortes probabilités. Il est opposé à Certitude
matérielle. Nous n'en avons point la preuve
matérielle, mais nous en avons la certitude morale.

Dans la langue théologique, Vertus morales,
Celles qui ont pour principe les seules lumières
de la raison, par opposition à Vertus surnaturelles.
S'il n'eut pas les vertus chrétiennes,
il eut du moins les vertus morales.

MORAL s'emploie substantivement, au masculin,
et désigne l'Ensemble de nos facultés
morales. Le physique influe beaucoup sur le
moral, et le moral sur le physique. Il est mieux
partagé au physique qu'au moral. Cet homme
est bien malade, le moral même est affecté.

Il signifie encore État d'esprit, dispositions,
sentiments. Remonter le moral. Le moral des
troupes était excellent.

MORALE. n. f. Doctrine relative aux
moeurs. Morale pure, austère. Morale facile,
relâchée. La morale des païens. La morale

chrétienne. La morale de JÉSUS-CHRIST. La
morale de l'Évangile. Ce système renverse toute
la morale. Traité, cours de morale. Leçon de
morale. Les règles, les principes de la morale.
Il prêche la morale plus qu'il ne la pratique.
Il n'y a pas deux morales. La morale publique.

Il signifie quelquefois Traité de morale.
La Morale d'Aristote. On dit aussi Les Morales
d'Aristote,
parce que ce philosophe a fait plusieurs
traités sous ce titre.

Faire de la morale à quelqu'un signifie Le
réprimander, l'avertir d'avoir à s'amender.

La morale d'un ouvrage, La leçon morale qui
s'en dégage, ou encore Les quelques phrases
de vers ou de prose qui la résument. La morale
d'une fable de La Fontaine.

MORALEMENT. adv. Suivant les règles
de la morale. Comme il est privé de sa raison,
il ne peut rien faire qui soit moralement
mal. Action moralement bonne, moralement
mauvaise.

Moralement parlant, Vraisemblablement, et
selon les règles de la certitude morale. Cela
est vrai moralement parlant.
On dit dans le
même sens : Cela est moralement impossible.

MORALISATEUR, TRICE. adj. Qui moralise.
Influence moralisatrice.

MORALISER. v. intr. Faire des réflexions,
des dissertations, des leçons morales. Les vicissitudes
de la fortune sont une ample matière à
moraliser.

MORALISER s'emploie aussi transitivement
pour signifier Rendre moral. Moraliser un
peuple.

Il signifie aussi, familièrement, Faire la
morale à quelqu'un. On a beau le moraliser,
il ne change pas de conduite.

MORALISEUR, EUSE. n. Celui, celle qui
aime à moraliser. Il ne se dit qu'en plaisanterie.
C'est un grand moraliseur, un éternel
moraliseur.

MORALISTE. n. m. Écrivain qui traite
des moeurs. Un profond moraliste. Montaigne,
Pascal, La Rochefoucauld, La Bruyère sont les
principaux moralistes français.

MORALITÉ. n. f. Réflexion morale. Il y
a de belles moralités à tirer de cette histoire.
Un recueil de moralités.
Dans ce sens, il vieillit.

MORALITÉ désigne aussi le Sens moral que
renferme un discours fabuleux ou allégorique.
La moralité d'une table, d'un apologue. Chez
la plupart des fabulistes, la moralité est indifféremment
placée avant ou après le récit.

Il s'est dit anciennement de Certains poèmes
dramatiques qui représentaient une action
morale à l'aide de personnages allégoriques.
Au moyen âge, la comédie comprenait les farces,
les soties et les moralités. La
Condamnation de
Banquet est une de nos plus fameuses moralités.

MORALITÉ se dit encore pour Discernement
moral. La moralité des actions humaines, Le
rapport de ces actions avec les principes de la
morale.

MORALITÉ désigne aussi le Caractère moral,
les principes, les moeurs d'une personne. Il est
d'une moralité irréprochable. Sa moralité a toujours
été tenue pour douteuse.

MORASSE. n. f. T. de Typographie. Dernière
épreuve d'un journal mis en pages.

MORATOIRE. adj. des deux genres. T. de
Droit administratif
. Qui formule ou qui établit
un délai. Sentence moratoire. Intérêts moratoires,
Intérêts dus sur une créance dont le
paiement est retardé et à proportion du retard.

Il s'emploie aussi comme nom masculin
dans le sens de MORATORIUM.

MORATORIUM. (UM se prononce OME.)
n. m. Suspension momentanée des paiements,
autorisée par un décret ou une loi dans certaines
circonstances.

MORBIDE. adj. des deux genres. T. de
Médecine
. Qui a rapport à la maladie. Phénomènes
morbides.
Fig., Littérature morbide,
Genre d'ouvrages qui s'attachent à décrire les
mauvais côtés de la nature humaine.

MORBIDE s'est dit figurément, en termes de
Beaux-Arts, des Chairs mollement et délicatement
rendues.

MORBIDESSE. n. f. T. de Beaux-Arts.
Mollesse et délicatesse des chairs dans une
figure.

Il désigne aussi une Sorte de grâce maladive
en art.

MORBLEU. Interjection. Euphémisme du
juron Par la mort de Dieu.

MORCEAU. n. m. Partie séparée d'un
corps solide et continu. Un morceau d'étoffe,
de bois, de pain, de viande, etc. Mettre en morceaux.

Il se dit spécialement d'une Portion séparée
d'une chose solide qui peut être mangée. Gros,
petit, bon morceau. Morceau délicat, friand.
Couper un morceau. Vous faites les morceaux
trop gros.

En termes de Boucherie, Les bas morceaux.
Voyez BAS.

Pop. et absolument, Manger un morceau,
Faire un repas fort léger. J'ai mangé un morceau
avant de partir.

Aimer les bons morceaux, Aimer la bonne
chère.

Fig. et fam., S'ôter les morceaux de la bouche,
Se priver du nécessaire pour secourir ou obliger
quelqu'un.

Fig., Acheter quelque chose pour un morceau
de pain,
L'acheter dans des conditions très
avantageuses.

Fig. et fam., C'est un morceau de roi, se dit
d'une Jolie personne.

Fig. et fam., C'est un gros morceau, C'est
une affaire difficile à faire, un succès difficile
à obtenir.

Fait de pièces et de morceaux, Fait de morceaux
empruntés à diverses étoffes et qui ne
vont pas bien ensemble. Un vêtement fait de
pièces et de morceaux.
Il signifie, figurément,
Qui n'est pas bien coordonné, dont les parties
n'ont pas la même origine et ne tiennent pas
bien ensemble. Ce livre est fait de pièces et de
morceaux. Cet État est fait de pièces et de morceaux.

MORCEAU désigne aussi une Portion, une
partie non séparée, mais distincte et considérée
à part, d'un tout solide et continu.
Morceau de terre.

Fam., Il a attrapé un bon morceau de cette
succession,
Il en a eu une bonne partie.

Il se dit, dans le même sens, des Parties,
des fragments d'un ouvrage de l'esprit ou
d'une oeuvre d'art. Il y a de beaux morceaux
dans ce poème, dans ce tableau, dans cet édifice.
Il a traduit plusieurs morceaux de Virgile. Un
recueil de morceaux choisis.

MORCEAU se dit quelquefois d'un Objet
entier, d'un tout considéré par rapport au
genre ou à l'espèce dont il fait partie. La
colonnade du Louvre est un beau morceau. Ce
discours est un morceau achevé. Cette élégie,
cette églogue sont de beaux morceaux de poésie.
Un morceau d'anthologie. Cette ouverture est
un beau morceau de musique. Ce concerto est
un morceau très difficile.

Morceau de concours, Morceau choisi pour
être exécuté par chacun de ceux qui prennent
part à un concours.

En termes de Musique, Morceau, Pièce de
musique. Morceau d'ensemble, Morceau à diverses
parties, chanté par plusieurs voix ou
exécuté par plusieurs instruments.

MORCELER. v. tr. Diviser par morceaux.
Morceler une terre, un domaine, un pays.

Fig., Morceler un sujet, une démonstration.

MORCELLEMENT. n. m. Action de morceler.
Le morcellement de la propriété.

MORDANT, ANTE. adj. Qui mord. En termes
de Chasse, Bêtes mordantes, Le blaireau,
le renard, l'ours, le loup, la loutre, etc.

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