Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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Par extension, Orateur monotone, Orateur
dont le débit n'est pas varié.

MONOTONE se dit, figurément, des Choses
qui sont uniformes, qui manquent de variété.
Mener une vie monotone. Des occupations monotones.
Un style, une parole monotone.

MONOTONIE. n. f. Caractère de ce qui est
monotone. Sa manière de réciter est d'une
monotonie fatigante. Cette musique rebute par
sa monotonie. Sa vie est de la plus ennuyeuse
monotonie.

MONS. (On prononce l'S.) n. m. Abréviation
du mot Monsieur. Il ne s'emploie que
dans le langage familier et par plaisanterie.

MONSEIGNEUR. n. m. Titre d'honneur que
l'on donne en parlant ou en écrivant à certaines
personnes distinguées par leur naissance
ou par leur dignité. Monseigneur le prince.
Monseigneur l'évêque de Troyes. Monseigneur
l'archevêque de Paris. Donner du monseigneur
à quelqu'un. Traiter quelqu'un de monseigneur.

On écrit, par abréviation, Mgr. Absolument,
Qu'en pense Monseigneur? Monseigneur est
venu, est reparti.

MESSEIGNEURS. Pluriel de Monseigneur,
dont on se sert quand on s'adresse aux personnes
qui ont droit au titre de Monseigneur.

NOSSEIGNEURS. Autre pluriel de Monseigneur,
dont on se sert quand on parle des personnes
qui ont droit à ce titre. Nosseigneurs
les évêques de France.

MONSEIGNEUR ou Pince-monseigneur se dit
d'une Sorte de levier dont les cambrioleurs
se servent pour forcer les portes, les serrures.

MONSEIGNEURISER. v. tr. Honorer quelqu'un
du titre de monseigneur. Je l'ai monseigneurisé.
Il ne s'emploie qu'ironiquement.

MONSIEUR. (ON se prononce E et R ne se
prononce pas.) n. m. Pluriel : MESSIEURS.
Qualité, titre que l'on donne à celui ou à ceux
à qui on parle ou à qui on écrit, par déférence,
par civilité. Monsieur, soyez le bienvenu. Présentez-moi
à ces messieurs.
On en fait aussi
précéder, par politesse, le nom d'un homme
vivant. On écrit alors, le plus souvent, par
abréviation, au singulier M. et au pluriel MM.

MESSIEURS se disait autrefois absolument,
au parlement et dans les autres cours souveraines.
Un de messieurs. L'avis de messieurs.
Il se dit encore des Membres de nos cours et
tribunaux. Messieurs de la Cour.

MONSIEUR se dit, par les domestiques d'une
maison, du Chef, du maître de cette maison.
Vous demandez monsieur, il est sorti.

MONSIEUR sert aussi à désigner Tout homme
dont le langage et les manières annoncent
quelque éducation. Il est venu un monsieur
vous demander.

C'est un monsieur se dit de Quelqu'un qui
a les dehors d'un bourgeois.

Pop., Il fait le monsieur, Il fait l'homme
de conséquence. Il est devenu un gros monsieur,
Il a fait fortune, il a acquis une situation
importante. C'est un beau monsieur, Il
est élégamment vêtu.

Fam., C'est un vilain monsieur, se dit d'un
Homme peu estimable.

Fam., Mon petit monsieur se dit à quelqu'un
qu'on traite de haut. Que veut donc ce petit
monsieur?

MONSIEUR se joint quelquefois à un terme
de reproche. Monsieur l'insolent.

MONSIEUR, employé absolument, s'est dit
de l'Aîné des frères du roi. La maison de
Monsieur.

Prune de Monsieur, Sorte de prune ronde,
d'un beau violet.

Monsieur de Paris, Le bourreau.

MONSTRANCE. n. f. Pièce d'orfèvrerie religieuse
dans laquelle des reliques sont conservées
sous verre et exposées.

MONSTRE. n. m. Être qui a une conformation
contre nature. Monstre hideux. Un
monstre à deux têtes. Cette femme est accouchée
d'un monstre.

Il se dit aussi des Végétaux. Les fleurs
doubles sont des monstres.

MONSTRE se dit encore de Certains êtres
imaginaires qui figurent dans les fables des
anciens. Les Centaures, la Chimère, le Minotaure,
les Cyclopes étaient des monstres.

Fig., Se faire un monstre de quelque chose,
S'imaginer qu'une chose est extraordinaire,
très difficile.

MONSTRE signifie aussi Être d'une grandeur
démesurée. Les monstres marins, Les
grands cétacés.

Par apposition et familièrement, il désigne
un Être ou une Chose énorme, extraordinaire.
Un poisson monstre. Un bouquet monstre. On
a servi un déjeuner monstre.

MONSTRE se dit, par exagération, de Ce qui
est extrêmement laid. Cette femme est affreusement
laide, c'est un monstre.
On dit dans le
même sens Un monstre de laideur.

Il se dit, figurément, d'une Personne cruelle
et dénaturée. Néron était un monstre. C'est un
monstre qu'il faudrait étouffer.

C'est un monstre d'ingratitude, un monstre
d'avarice, un monstre de cruauté,
se dit d'une
Personne qui montre une grande ingratitude,
qui est d'une sordide avarice, etc.

Il se dit encore, dans le langage familier, de
Personnes à qui l'on fait des reproches. Ce
monstre d'homme. Petit monstre!

En termes d'Arts, il désigne le Modèle type
d'une machine, d'un dispositif.

Il se dit encore, dans le langage familier,
d'un Premier projet, d'une ébauche. Avant de
vous mettre à la rédaction définitive de votre
ouvrage, vous m'en soumettrez un monstre.

MONSTRUEUSEMENT. adv. D'une façon
monstrueuse.

MONSTRUEUX, EUSE. adj. Qui a une conformation
contre nature. Un enfant monstrueux.
Un animal monstrueux.

Il signifie encore Qui est contraire aux lois
de la nature. Accouplement monstrueux.

Il s'emploie aussi au figuré. Union, association
monstrueuse d'idées, d'expressions.

Il signifie encore Qui est prodigieux, excessif
dans son genre. Cet enfant a la tête monstrueuse.
Une femme d'une laideur monstrueuse. Un
homme d'une grandeur, d'une grosseur monstrueuse.

Fig., Une avarice, une prodigalité, une profusion,
une fortune monstrueuse. Un crime, un
événement monstrueux. Son action est une chose
monstrueuse. Une erreur monstrueuse.

MONSTRUOSITÉ. n. f. Caractère de ce qui
est monstrueux. Il se dit au propre et au figuré
et s'emploie plus ordinairement pour désigner
une Chose monstrueuse. C'est une monstruosité
que la tête de ce malheureux enfant. Une telle
action est une monstruosité.

MONT. n. m. Grande masse de terre ou de
roche élevée au-dessus du terrain qui l'environne.
Il s'emploie surtout dans certaines
expressions géographiques consacrées par
l'usage. Le mont Blanc. Le mont Dore. Le mont
Athos. Le mont Sinaï, etc.
Au pluriel, le terme
géographique est généralement suivi de la préposition
de. Les monts du Velay. Les monts du
Rouergue. Les monts d'Auvergne.
Dans l'usage
courant on dit plutôt Montagne.

MONTS, au pluriel et pris absolument, désigne
ordinairement les Alpes. Passer, repasser
les monts. Au-delà des monts. Deçà les monts.

Fig. et fam., Promettre monts et merveilles à
quelqu'un,
Lui promettre de grandes richesses,
de grands avantages.

Adverbialement, Par monts et par vaux, En
toute sorte d'endroits, de tous côtés. Aller,
courir par monts et par vaux. On le cherche
par monts et par vaux.

MONTAGE. n. m. Action de transporter
quelque chose de bas en haut. Payer le montage
du bois, des grains.

MONTAGE se dit aussi en parlant d'Ouvrages
d'orfèvrerie, de serrurerie, de menuiserie,
etc., dont on assemble les pièces les
unes avec les autres.

MONTAGNARD, ARDE. adj. Qui habite les
montagnes. Les peuples montagnards. Animaux
montagnards.

Il est plus ordinairement employé comme
nom. Les montagnards d'Écosse. C'est un montagnard.

MONTAGNARD s'est dit des Membres d'un
parti que formèrent, sous la Convention, un
certain nombre de députés qui siégeaient sur
les bancs les plus élevés de l'assemblée et qui
professaient des opinions démagogiques. Les
Montagnards dominèrent la Convention depuis
la chute des Girondins.
Ce mot a servi depuis
à désigner des Personnes ayant des opinions
révolutionnaires exaltées.

MONTAGNE. n. f. Synonyme de Mont, qu'il
a remplacé dans la plupart de ses emplois.
Montagne élevée, rude, escarpée. Le sommet,
le haut, la cime d'une montagne. Le penchant,
la pente, les flancs, le revers, le versant, le pied
d'une montagne. Gravir, escalader, descendre,
passer, traverser une montagne. Les brigands
se sont retirés dans les montagnes. Les montagnes
d'Auvergne. Pays de montagnes. Pays
hérissé de montagnes.

MONTAGNE a aussi le sens général de Région
élevée où l'on séjourne pour son plaisir ou pour
sa santé. Aller à la montagne. Passer plusieurs
mois à la montagne. On lui a ordonné l'air de
la montagne.

Mal de montagne, Malaise causé dans les
ascensions en montagne par la raréfaction
progressive de l'air à mesure que l'on s'élève.

Une chaîne de montagnes, Une suite de
montagnes qui tiennent l'une à l'autre.

Prov. et fig., La montagne a enfanté une
souris,
se dit Lorsque de grands projets n'aboutissent
à rien.

Fam., Il ferait battre des montagnes se dit
de Quelqu'un qui réussit à semer partout la
discorde.

Fig., Se faire une montagne d'une chose, S'exagérer
l'importance, la difficulté d'une chose.

Montagne de glace, Amas considérable de
glace qu'on rencontre principalement dans
les mers polaires. On dit plutôt aujourd'hui
ICEBERG. Voyez ce mot.

MONTAGNE s'est dit, sous la Convention,
des Bancs les plus élevés de cette assemblée,
de ceux où siégeaient les députés démocrates
qui furent appelés le parti de la Montagne ou
simplement la Montagne. Il siégeait sur la
Montagne. Il appartenait à la Montagne.
Par
allusion, il se dit quelquefois du Groupe qui,
dans une assemblée parlementaire, représente
les opinions les plus avancées.

MONTAGNETTE. n. f. Petite montagne. Il
est familier.

MONTAGNEUX, EUSE. adj. Où il y a beaucoup
de montagnes. Pays montagneux. Région
montagneuse.

MONTANT, ANTE. adj. Il se dit de Tout
ce qui monte. Un chemin montant. La marée
montante.

Robe montante, Robe dont le corsage monte
jusqu'au cou.

En termes de Musique, Gamme montante,
Gamme qui va des notes graves aux notes
élevées.

En termes de Maçonnerie, Joint montant,
Joint vertical de deux pierres.

En termes militaires, Garde montante, Celle
qu'on place dans un poste, par opposition à
celle qu'on relève et qu'on appelle Garde descendante.

En termes de Chemins de fer, Train montant,
Voie montante,
Train, Voie qui vient de
Paris ou de l'origine de la ligne, par opposition
à Train descendant, Voie descendante,
Train, Voie qui va vers Paris ou vers l'origine
de la ligne.

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