Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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MUTATION. n. f. Remplacement d'une personne
par une autre. Il y a eu de nombreuses
mutations dans ce régiment, dans cette administration.

En termes d'Administration, il se dit également
des Choses. Mutation de propriété. Droits
de mutation.

MUTILATION. n. f. Retranchement d'un
membre ou de quelque autre partie extérieure
du corps.

Il se dit aussi en parlant des Statues, des
tableaux, des édifices, et même des productions
littéraires. Réparer les mutilations d'une
statue, d'un tableau, d'un arc de triomphe, d'un
manuscrit, d'un texte. Celui qui a publié cet
ouvrage lui a fait subir de graves mutilations.

MUTILER. v. tr. Retrancher un membre
ou quelque autre partie extérieure du corps.
Mutiler quelqu'un d'un bras, d'un pied. Qui
l'a ainsi mutilé?
Le participe passé s'emploie
substantivement. Les mutilés de la guerre.

Il se dit aussi en parlant des OEuvres d'art,
des ouvrages de l'esprit. Mutiler une statue.
On a mutilé ce chapiteau. Ce tableau a été mutilé
à coups de couteau. Mutiler un texte.

MUTIN, INE. adj. Qui est espiègle, qui aime
à badiner, à se moquer. Enfant mutin. Substantivement,
Faire le mutin. Par extension, Air
mutin, gaieté mutine.

Il signifie aussi Qui est séditieux, révolté.
Substantivement, Les mutins durent se soumettre.

MUTINER (SE). v. pron. Se porter à la sédition,
à la révolte. Des troupes mutinées. Le
peuple se mutinait.
Absolument, Cet ordre rigoureux
fit mutiner le peuple.

Il se dit aussi d'un Enfant qui se dépite et
manque à l'obéissance. Cet enfant se mutine
à chaque instant.

Poétiquement, Les flots, les vents mutinés,
Les flots agités, les vents impétueux.

MUTINERIE. n. f. Action de se mutiner.
Une mutinerie éclata dans cette caserne. Réprimer
une mutinerie.

Par extension, Les mutineries de cet écolier
sont insupportables.

MUTISME. n. m. État de celui qui est muet,
Le mutisme est ordinairement une suite de la
surdité de naissance.

Par extension, il signifie Attitude de celui
qui se tait volontairement et par système.
Il persiste dans son mutisme.

MUTUALISTE. n. des deux genres. Adhérent
d'une mutualité ou du mouvement mutualiste.
Adjectivement, Doctrine mutualiste.

MUTUALITÉ. n. f. Groupement fondé sur
l'idée de solidarité en vue d'une organisation
sociale de la prévoyance et dont chaque
membre s'assure et assure les autres membres
contre les risques de chômage, de maladie,
contre les dommages agricoles, etc. Mutualités
familiales, scolaires. Mutualités de crédit.

MUTUEL, ELLE. adj. Qui est réciproque
entre deux ou plusieurs personnes, entre deux
ou plusieurs choses. Amour mutuel. Haine
mutuelle. Ils s'aiment d'une affection mutuelle.
Obligation mutuelle entre le mari et la femme.
Devoirs mutuels d'un père et d'un fils. Le mari
et la femme se sont fait un don mutuel de leurs
biens. Donation mutuelle. Société de secours
mutuels. Enseignement mutuel. Compagnie d'assurance
mutuelle. Pari mutuel.

MUTUELLEMENT. adv. Réciproquement.
Ils s'aident mutuellement. Ils se sont fait mutuellement
des concessions.

MUTULE. n. f. T. d'Architecture. Ornement
propre à l'entablement dorique et qui, sous le
larmier, correspond au triglyphe. C'est ce
qu'on appelle Modillon dans les autres ordres.

MYCÉLIUM. n. m. T. de Botanique et de
Biologie
. Filaments des champignons, des moisissures.

MYÉLITE. n. f. T. de Médecine. Inflammation
de la moelle épinière.

MYOCARDE. n. m. T. d'Anatomie. Partie
musculaire du coeur.

MYOCARDITE. n. f. T. de Médecine. Inflammation
du muscle cardiaque.

MYOLOGIE. n. f. Partie de l'anatomie qui
traite des muscles.

MYOPE. n. des deux genres. Celui, celle qui
a la vue fort courte et qui ne peut voir les
objets éloignés sans le secours d'un verre concave.
Un lorgnon, des lunettes de myope.

Adjectivement, Il est myope. Un enfant
myope. Il a la vue myope.

Fig., Il s'est montré myope dans beaucoup de
circonstances,
Il a montré combien ses vues
étaient courtes.

MYOPIE. n. f. État de ceux qui sont myopes.
Une légère, une forte myopie. Corriger la myopie.

MYOSOTIS. (On prononce l'S finale.) n. m.
Plante du genre des Borraginées, que l'on
nomme communément Ne m'oubliez pas.

MYOTOMIE. n. f. Partie de l'anatomie qui
a pour objet la dissection des muscles.

MYRIA. Préfixe emprunté du grec. Dix
mille. Il sert à composer un certain nombre
de termes scientifiques ou techniques dont
nous ne citons ci-après que les principaux.

MYRIADE. n. f. T. d'Antiquité. Nombre de
dix mille.

Il se dit, dans le langage ordinaire, d'une
Quantité indéfinie et innombrable. Il y a des
myriades d'étoiles qu'on ne peut apercevoir à l'oeil
nu. Des myriades de sauterelles, de cousins.

MYRIAGRAMME. n. m. Mesure de poids
qui vaut dix mille grammes.

MYRIAMÈTRE. n. m. Mesure de longueur
qui vaut dix mille mètres, ou deux lieues et
et demie.

MYRIAPODE. n. m. T. d'Entomologie.
Classe d'arthropodes à pattes très nombreuses.
Voyez MILLE-PIEDS.

MYRMIDON. n. m. Voyez MIRMIDON.

MYRRHE. n. f. Sorte de gomme odorante
qui vient de l'Arabie. L'encens et la myrrhe.

MYRRHIS. (On prononce les deux R et l'S).
n. m. Plante ombellifère dont les feuilles sont
assez semblables à celles de la ciguë. On la
nomme aussi Cerfeuil musqué.

MYRTE. n. m. Arbrisseau toujours vert,
dont les feuilles sont menues et qui porte de
petites fleurs blanches d'une odeur agréable.
Chez les anciens le myrte était consacré à Vénus.
Une couronne de myrte.

MYRTIFORME. adj. des deux genres. T.
d'Anatomie
. Qui a la forme d'une feuille de
myrte. Les caroncules myrtiformes.

MYRTILLE. n. f. T. de Botanique. Sorte
d'airelle.

MYSTAGOGUE. n. m. T. d'Antiquité grecque.
Prêtre qui initiait aux mystères de la
religion.

MYSTÈRE. n. m. Ce qu'une religion a de
plus caché, ce qui n'est connu que des initiés.
Toutes les religions ont leurs mystères. Les mystères
d'Éleusis, de Mithra, d'Isis et d'Osiris.
Être initié aux mystères. Les anciens punissaient
sévèrement ceux qui avaient violé, révélé
les mystères.

Il signifie plus particulièrement, dans la
religion chrétienne, Vérité de foi contenue dans
la révélation et qui, sans contredire la raison,
la dépasse. Le mystère de la Trinité, de l'Incarnation.
Le mystère du corps et du sang de
JÉSUS-
CHRIST. Les principaux mystères de la foi.

Par extension, Les saints mystères, Le sacrifice
de la messe. Célébrer les saints mystères.
Participer aux saints mystères.

MYSTÈRE se dit, figurément et par extension,
de Ce qu'il y a de caché, de secret dans
les phénomènes de la nature et dans les sentiments
de l'homme. Étudier, approfondir, pénétrer,
révéler les mystères de la nature, les mystères
du coeur humain.

Il désigne figurément Ce qu'il y a de caché,
de secret dans les affaires humaines. Le plus
profond mystère enveloppe toute cette aventure.
Il y a un mystère, du mystère là-dessous.

Il se dit aussi de Certains soins, de certaines
précautions que l'on prend pour n'être point
entendu, pour n'être point observé. Il m'a
entretenu, avec beaucoup de mystère, de tous ses
chagrins. Ils sont sortis tous deux en grand
mystère.

Ironiquement, Pourquoi faire tant de mystère
pour nous dire ce que tout le monde sait?
Faut-il faire tant de mystère pour si peu de
chose? Voilà bien des mystères, bien du mystère.
Il n'y a pas grand mystère à cela.

Faire mystère, un mystère d'une chose, La
tenir secrète, la cacher avec soin. Il nous a
fait mystère de sa naissance, de sa profession,
de sa méthode. Il fait mystère des moindres
choses. Il n'en fait pas mystère.
On dit dans le
même sens Mettre du mystère à quelque chose.

Il est tout mystère se dit d'un Homme qui a
coutume de faire le mystérieux.

MYSTÈRE est aussi le Nom que l'on donnait,
au moyen âge, à certaines pièces de théâtre,
d'inspiration religieuse, dont le sujet était
tiré de l'Écriture ou de la vie des saints. Le
mystère de la Passion. Le mystère du siège
d'Orléans. La représentation d'un mystère. Le
théâtre des mystères.

MYSTÉRIEUSEMENT. adv. D'une façon
mystérieuse. Les prophètes ont parlé mystérieusement.

Il signifie aussi D'une manière cachée, secrète.
C'est un homme qui se conduit mystérieusement
en tout, qui parle de tout mystérieusement.

MYSTÉRIEUX, EUSE. adj. Qui contient
quelque mystère, quelque secret, quelque sens
caché. Il se dit proprement en matière de
religion. Les sens mystérieux de la Bible.

Il se dit figurément en parlant des Affaires
humaines. Il y a quelque chose de mystérieux
dans cette affaire. C'est un homme qui a une
conduite mystérieuse. Ils ont eu ensemble un
entretien mystérieux.

Il se dit, par extension, des Personnes, et
signifie Qui fait mystère de beaucoup de
choses et souvent de choses qui n'en valent
pas la peine. C'est un homme fort mystérieux,
tout mystérieux. Il est mystérieux en toutes
choses.

MYSTICISME. n. m. Doctrine qui affirme
la possibilité d'une union directe de l'âme avec
Dieu, cette union constituant une forme supérieure
d'existence et de connaissance.

Il désigne aussi la Disposition d'une âme qui
tend à cette union, qui s'y détermine par une
série d'états, qui a le sentiment d'y être parvenue.

MYSTICITÉ. n. f. Caractère de ce qui est
mystique. Cet ouvrage respire une douce, une
tendre mysticité.

MYSTIFICATEUR, TRICE. n. Celui, celle
qui a le goût, l'habitude de mystifier.

MYSTIFICATION. n. f. Action de mystifier.

MYSTIFIER. v. tr. Abuser de la crédulité de
quelqu'un pour s'amuser à ses dépens. Il a été
mystifié de la manière la plus plaisante.

MYSTIQUE. adj. des deux genres. Qui a un
sens caché, relatif à la religion. Les Pythagoriciens
attribuent une signification mystique
aux nombres et aux figures.

Il signifie plus précisément Qui a rapport
au mysticisme, qui participe du mysticisme.
Des aspirations mystiques. Des idées mystiques.
Une philosophie mystique. Un livre mystique.

Substantivement, Un mystique, une mystique,
Celui, celle qui est adonné au mysticisme.

Testament mystique. Voyez TESTAMENT.

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